Suicide dans le métro: un phénomène tabou
Brian Myles
Édition du mardi 22 novembre 2005
Le service de métro a été interrompu pendant environ 90 minutes, hier matin, en raison d'une intervention des ambulanciers sur la ligne verte, à la station Radisson. Fidèles à leur habitude, ni le Service de police de Montréal (SPVM) ni la Société de transport de Montréal (STM) n'ont voulu confirmer la raison de ce retard, car il s'agit d'un suicide, un drame faisant l'objet d'un tabou dans le paysage médiatique.
Depuis le début de l’année, 22 personnes ont essayé de se suicider dans le métro, contre 23 l’année précédente.
Jacques Nadeau
La police et la Société de transport ont choisi, au début des années 90, de ne plus faire état des suicides dans le métro sous prétexte que la publicité incitait d'autres malheureux à passer à l'acte dans les jours suivants. Les médias respectent en général cette prohibition, à quelques exceptions près. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ne détient aucune position officielle à ce sujet. La couverture (ou plutôt la non-couverture) des suicides dans le métro est laissée à la discrétion de chaque entreprise.
Ce pacte du silence pose un sérieux problème : comment parler de la prévention du suicide dans le métro, sans parler de cette triste réalité marginale, mais bien réelle ?
Brian Mishara, le directeur du Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie (CRISE-UQAM), refuse catégoriquement d'aborder la question, par conviction qu'un reportage de ce genre est de nature à susciter le passage à l'acte. Il se contente d'une mise en garde aux désespérés. «Il faut rappeler aux gens que le métro n'est pas une méthode certaine, immédiate ou sans douleur pour se tuer. La majorité des personnes qui font une tentative n'en meurent pas», dit-il.
Selon les données de la STM, à peine le quart des personnes qui se jettent devant les rails du métro trouvent la mort. Bon an mal an, pas plus cinq personnes y parviennent. Les survivants en sont quittes pour d'atroces douleurs et des séquelles permanentes. «Soixante-quinze pour cent d'entre eux sont handicapés à vie», précise Odile Paradis, la porte-parole de la STM.
Depuis le début de l'année, 22 personnes ont essayé de se suicider dans le métro, contre 23 l'année précédente. Grâce à la discrétion des médias et à la formation du personnel, la STM ne dépasse guère le cap des 25 tentatives annuelles.
Tous les employés de la Société de transport reçoivent une formation pour dépister les attitudes inhabituelles chez les usagers du métro, comme la tristesse, le désespoir, le refus de monter à bord. Le personnel sollicite l'intervention d'Urgences Santé une centaine de fois par année pour éviter le pire. «C'est une société qui met beaucoup d'énergie à former ses intervenants. Même les changeurs sont formés, c'est assez impressionnant», affirme Michel Presseault, coordonnateur des services d'intervention téléphonique à Suicide Action Montréal.
Un réseau ouvert
Cinq suicides par an dans le métro de Montréal, sur un total de quelque 1450 dans toute la province, c'est bien peu. «Mais un, c'est toujours un de trop», estime Michel Presseault. Surtout que les suicides dans le métro ne sont pas anonymes comme ceux commis sur les ponts. À ces lieux publics correspondent des drames publics, vus par des centaines de personnes à la fois, au risque de donner des idées à ceux qui broient du noir.
Michel Presseault sait trop bien qu'il ne pourra pas restreindre la vente de cordes ou de médicaments -- les principaux «instruments» du suicide. Mais il ne désespère pas de réduire encore le nombre de décès dans le métro.
Le Bureau du coroner se penche présentement sur les mesures à déployer dans le métro, dans la foulée des succès obtenus sur le pont Jacques-Cartier. À l'instigation du coroner Paul G. Dionne, la Société des ponts fédéraux a installé une barrière de sécurité le long des trottoirs de la cathédrale d'acier.
En raison de son accessibilité, le pont Jacques-Cartier était le deuxième fréquenté par les suicidaires en Amérique du Nord, après le Golden Gate de San Francisco. En 2003, sept personnes se sont lancées dans le fleuve. Avec l'installation de la barrière, en 2004, cinq suicides ont été enregistrés, et trois jusqu'ici en 2005.
L'ennui avec le métro, c'est qu'il est encore plus accessible que le pont. Avec 800 000 passagers quotidiens fourmillant dans ses 65 stations, il est utopique de prévenir la totalité des suicides. Pour y parvenir, il faudrait investir des millions de dollars dans l'aménagement, sur les quais, de barrières de sécurité qui ne s'ouvriraient pas avant que le train ne soit arrêté.
Dans l'immédiat, la STM poursuit ses efforts afin de cerner le profil des gens qui tentent de s'enlever la vie dans le métro, avec le concours de Brian Mishara. Le psychologue étudie notamment les motivations profondes les poussant à choisir le métro comme ultime destination. M. Mishara a déjà réalisé une recherche antérieure sur les tentatives de suicide dans le métro, portant sur une période de dix ans. La majorité des personnes se jetant devant le métro éprouvaient des problèmes psychiatriques, avait-il observé. La STM juge ces données essentielles afin d'adapter ses stratégies d'intervention.
Suicide dans le métro: un phénomène tabou
C'est un sujet que je trouve vraiment intéressant, et l'article suscite pas mal de questions ! J'ai entre autres hâte de voir les résultats des études dont ils parlent à la fin sur les motivations de se suicider dans un métro, en faire un 'drame public', comme ils disent dans le texte. Combien de colère et de désespoir et de demande ultime d'aide il y a dans un geste comme ça !
On dirait que les interviewés veulent que ca reste un tabou, et ca peut se comprendre. Perso, je doute qu'en disant qu'une méthode n'est pas infaillible et qu'on en tire d'atroces souffrances va la rendre moins populaire, exemple, crash de voiture, intoxication médicamenteuse... ca fait juste déplacer le problème ailleurs. Ca n'empêche pas les autorités, et je trouve ca plutôt bien, d'organiser des formations, de sensibiliser le personnel, de détecter les gens à risque.
Ensuite, et c'est perso comme opinion, et c'est sûrement discutable... mais c'est un peu ce que j'ai déduit du texte... les gens qui sont vraiment à risque d'un suicide complété quoi qu'on fasse, qui ont même pas l'énergie d'espérer un dernier sauveur, se tuent à la maison, se trouvent un fusil, se cachent dans le fond du bois, n'avertissent personne. Peu s'exposent au pont Jacques-Cartier ou au métro pour se lancer dedans à la première minute, sans espérer, et j'ai l'impression que l'étude va dire que les pauvres gens qui vont vers le métro laissent la chance à l'aide, sont en crise aigue, ou veulent exprimer leur grande colère, au monde entier ! Vont dans ce sens-là les chiffres du peu de suicides réussis (+les quelques tristes accidents) par rapport à la centaine de menaces relevées par année qui sont gérées avec succès. Et tant mieux si la loi du silence dont ils parlent fait en sorte que ca reste un aussi petit phénomène, et que ca ne soit pas plus sensationnalisé et publicisé, que ca ne devienne pas une mode triste et difficile à gérer (ex. les policiers sur le pont, qui enveniment un drame en essayant d'aider).
Mieux vaut que ca soit les ressources d'aide, de crise, elles, qui ne soient pas tabou, et que le suicide ne le soit jamais, jamais, non plus.
On dirait que les interviewés veulent que ca reste un tabou, et ca peut se comprendre. Perso, je doute qu'en disant qu'une méthode n'est pas infaillible et qu'on en tire d'atroces souffrances va la rendre moins populaire, exemple, crash de voiture, intoxication médicamenteuse... ca fait juste déplacer le problème ailleurs. Ca n'empêche pas les autorités, et je trouve ca plutôt bien, d'organiser des formations, de sensibiliser le personnel, de détecter les gens à risque.
Ensuite, et c'est perso comme opinion, et c'est sûrement discutable... mais c'est un peu ce que j'ai déduit du texte... les gens qui sont vraiment à risque d'un suicide complété quoi qu'on fasse, qui ont même pas l'énergie d'espérer un dernier sauveur, se tuent à la maison, se trouvent un fusil, se cachent dans le fond du bois, n'avertissent personne. Peu s'exposent au pont Jacques-Cartier ou au métro pour se lancer dedans à la première minute, sans espérer, et j'ai l'impression que l'étude va dire que les pauvres gens qui vont vers le métro laissent la chance à l'aide, sont en crise aigue, ou veulent exprimer leur grande colère, au monde entier ! Vont dans ce sens-là les chiffres du peu de suicides réussis (+les quelques tristes accidents) par rapport à la centaine de menaces relevées par année qui sont gérées avec succès. Et tant mieux si la loi du silence dont ils parlent fait en sorte que ca reste un aussi petit phénomène, et que ca ne soit pas plus sensationnalisé et publicisé, que ca ne devienne pas une mode triste et difficile à gérer (ex. les policiers sur le pont, qui enveniment un drame en essayant d'aider).
Mieux vaut que ca soit les ressources d'aide, de crise, elles, qui ne soient pas tabou, et que le suicide ne le soit jamais, jamais, non plus.
*Ève* a écritC'est un sujet que je trouve vraiment intéressant, et l'article suscite pas mal de questions ! J'ai entre autres hâte de voir les résultats des études dont ils parlent à la fin sur les motivations de se suicider dans un métro, en faire un 'drame public', comme ils disent dans le texte. Combien de colère et de désespoir et de demande ultime d'aide il y a dans un geste comme ça !
On dirait que les interviewés veulent que ca reste un tabou, et ca peut se comprendre. Perso, je doute qu'en disant qu'une méthode n'est pas infaillible et qu'on en tire d'atroces souffrances va la rendre moins populaire, exemple, crash de voiture, intoxication médicamenteuse... ca fait juste déplacer le problème ailleurs. Ca n'empêche pas les autorités, et je trouve ca plutôt bien, d'organiser des formations, de sensibiliser le personnel, de détecter les gens à risque.
Ensuite, et c'est perso comme opinion, et c'est sûrement discutable... mais c'est un peu ce que j'ai déduit du texte... les gens qui sont vraiment à risque d'un suicide complété quoi qu'on fasse, qui ont même pas l'énergie d'espérer un dernier sauveur, se tuent à la maison, se trouvent un fusil, se cachent dans le fond du bois, n'avertissent personne. Peu s'exposent au pont Jacques-Cartier ou au métro pour se lancer dedans à la première minute, sans espérer, et j'ai l'impression que l'étude va dire que les pauvres gens qui vont vers le métro laissent la chance à l'aide, sont en crise aigue, ou veulent exprimer leur grande colère, au monde entier ! Vont dans ce sens-là les chiffres du peu de suicides réussis (+les quelques tristes accidents) par rapport à la centaine de menaces relevées par année qui sont gérées avec succès. Et tant mieux si la loi du silence dont ils parlent fait en sorte que ca reste un aussi petit phénomène, et que ca ne soit pas plus sensationnalisé et publicisé, que ca ne devienne pas une mode triste et difficile à gérer (ex. les policiers sur le pont, qui enveniment un drame en essayant d'aider).
Mieux vaut que ca soit les ressources d'aide, de crise, elles, qui ne soient pas tabou, et que le suicide ne le soit jamais, jamais, non plus.
j,aime beaucoup ton analyse et tes réflections sur cette triste situation
On dirait que les interviewés veulent que ca reste un tabou, et ca peut se comprendre. Perso, je doute qu'en disant qu'une méthode n'est pas infaillible et qu'on en tire d'atroces souffrances va la rendre moins populaire, exemple, crash de voiture, intoxication médicamenteuse... ca fait juste déplacer le problème ailleurs. Ca n'empêche pas les autorités, et je trouve ca plutôt bien, d'organiser des formations, de sensibiliser le personnel, de détecter les gens à risque.
Ensuite, et c'est perso comme opinion, et c'est sûrement discutable... mais c'est un peu ce que j'ai déduit du texte... les gens qui sont vraiment à risque d'un suicide complété quoi qu'on fasse, qui ont même pas l'énergie d'espérer un dernier sauveur, se tuent à la maison, se trouvent un fusil, se cachent dans le fond du bois, n'avertissent personne. Peu s'exposent au pont Jacques-Cartier ou au métro pour se lancer dedans à la première minute, sans espérer, et j'ai l'impression que l'étude va dire que les pauvres gens qui vont vers le métro laissent la chance à l'aide, sont en crise aigue, ou veulent exprimer leur grande colère, au monde entier ! Vont dans ce sens-là les chiffres du peu de suicides réussis (+les quelques tristes accidents) par rapport à la centaine de menaces relevées par année qui sont gérées avec succès. Et tant mieux si la loi du silence dont ils parlent fait en sorte que ca reste un aussi petit phénomène, et que ca ne soit pas plus sensationnalisé et publicisé, que ca ne devienne pas une mode triste et difficile à gérer (ex. les policiers sur le pont, qui enveniment un drame en essayant d'aider).
Mieux vaut que ca soit les ressources d'aide, de crise, elles, qui ne soient pas tabou, et que le suicide ne le soit jamais, jamais, non plus.
j,aime beaucoup ton analyse et tes réflections sur cette triste situation
OUFF , j'ai une collègue de travail qui a assisté en direct a un suicide dans le métro...pas besoin de vous dire qu'elle s'en ai retourné chez elle au lieu d'aller travailler......
C'est une façon atroce de mourrir.......car on ne meurt pas nécéssairement sur le coup.........
C'est une façon atroce de mourrir.......car on ne meurt pas nécéssairement sur le coup.........
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Rénatane a écritOUFF , j'ai une collègue de travail qui a assisté en direct a un suicide dans le métro...pas besoin de vous dire qu'elle s'en ai retourné chez elle au lieu d'aller travailler......
C'est une façon atroce de mourrir.......car on ne meurt pas nécéssairement sur le coup.........
Il y a quelques années, j'ai aussi eu le malheur d'assister a un suicide dans le métro. J'étais à l'autre bout, donc, je n'ai rien vu de plus, que le gars qui se lance devant le métro. Mais crois-moi... juste ça, c'est traumatisant.
C'est une façon atroce de mourrir.......car on ne meurt pas nécéssairement sur le coup.........
Il y a quelques années, j'ai aussi eu le malheur d'assister a un suicide dans le métro. J'étais à l'autre bout, donc, je n'ai rien vu de plus, que le gars qui se lance devant le métro. Mais crois-moi... juste ça, c'est traumatisant.
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Citation :Selon les données de la STM, à peine le quart des personnes qui se jettent devant les rails du métro trouvent la mort. Bon an mal an, pas plus cinq personnes y parviennent. Les survivants en sont quittes pour d'atroces douleurs et des séquelles permanentes. «Soixante-quinze pour cent d'entre eux sont handicapés à vie», précise Odile Paradis, la porte-parole de la STM.
C'est justement de ça qu'ils devraient se servir pour décourager les gens.
Citation :Tous les employés de la Société de transport reçoivent une formation pour dépister les attitudes inhabituelles chez les usagers du métro, comme la tristesse, le désespoir, le refus de monter à bord. Le personnel sollicite l'intervention d'Urgences Santé une centaine de fois par année pour éviter le pire. «C'est une société qui met beaucoup d'énergie à former ses intervenants. Même les changeurs sont formés, c'est assez impressionnant», affirme Michel Presseault, coordonnateur des services d'intervention téléphonique à Suicide Action Montréal.
C'est ben beau tout ça, mais le changeur est souvent trop loin pour voir. Pour les autres employés, y en a rarement qui se promènent et un TCO (comme la cabine sur le quai de la station Honoré-Beaugrand) y en a pas à chaque station.
Le train entre en gare à maximum 45 km/heure.
C'est justement de ça qu'ils devraient se servir pour décourager les gens.
Citation :Tous les employés de la Société de transport reçoivent une formation pour dépister les attitudes inhabituelles chez les usagers du métro, comme la tristesse, le désespoir, le refus de monter à bord. Le personnel sollicite l'intervention d'Urgences Santé une centaine de fois par année pour éviter le pire. «C'est une société qui met beaucoup d'énergie à former ses intervenants. Même les changeurs sont formés, c'est assez impressionnant», affirme Michel Presseault, coordonnateur des services d'intervention téléphonique à Suicide Action Montréal.
C'est ben beau tout ça, mais le changeur est souvent trop loin pour voir. Pour les autres employés, y en a rarement qui se promènent et un TCO (comme la cabine sur le quai de la station Honoré-Beaugrand) y en a pas à chaque station.
Le train entre en gare à maximum 45 km/heure.