Opération honnêteté
Hugo Meunier
La Presse
Les Québécois sont-ils honnêtes ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les quotidiens du groupe Gesca aux quatre coins du Québec, en égarant volontairement 160 portefeuilles contenant chacun 25$ et de fausses cartes d’identité. Vingt portefeuilles ont été abandonnés la même journée dans chacune des villes suivantes : Montréal, Trois-Rivières, Sherbrooke, Québec, Saguenay, Granby, Gatineau et Ottawa. En moins de 10 jours, 127 des portefeuilles ont été rendus, dont 108 avec l’argent à l’intérieur. Analyse d’une enquête sans prétention, mais fort révélatrice.
Les Québécois passent haut la main le test de l'honnêteté, surtout ceux qui vivent à l'extérieur de Montréal.
La palme revient aux gens de Granby, qui ont restitué 18 des 20 portefeuilles "perdus ", dont 17 avec l'argent. Ils sont talonnés de près par les résidants de Québec, qui ont remis 17 portefeuilles complets à 100%.
En plus d'une somme de 25$, chaque portefeuille "perdu" renfermait des cartes d'identité avec photos du journaliste de La Presse , dont les coordonnées variaient selon les régions.
Les citoyens de Sherbrooke s'illustrent également avec 19 portefeuilles retournés, sauf que seulement 16 renfermaient les 25$. Les gens de Trois-Rivières font également preuve d'une grande honnêteté: sur les 15 portefeuilles retournés, 14 contenaient encore de l'argent. Ottawa arrive bonne dernière, avec 11 portefeuilles rendus. Ces derniers étaient cependant tous complets.
Avec un total de 17, Montréal fait partie du peloton de tête au chapitre des portefeuilles retournés. Le seul hic : l'argent avait disparu dans huit cas.
Les résultats de l'enquête abondent dans le sens de ceux obtenus par un sondage CROP-express, mené simultanément auprès de 1008 personnes partout dans la province, selon lequel 97% des Québécois remettraient en totalité le contenu d'un portefeuille perdu.
Un bon départ
L'enquête montréalaise s'est amorcée en lion, avec neuf portefeuilles retournés moins de 24 heures après leur abandon. Les autres ont été retrouvés les jours suivants, dont cinq par Postes Canada (voir encadré).
Au moment de mettre sous presse, trois portefeuilles manquaient toujours à l'appel.
L'enquête a donné lieu à quelques anecdotes savoureuses.
Un petit emprunt
"J'ai retrouvé ton portefeuille. T'avais 25$ dedans. Peux-tu me les prêter quelques jours ?" a demandé Gérard, quelques heures après avoir trouvé le portefeuille "oublié" sur un urinoir de la brasserie des Patriotes, située dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Trois jours plus tard, La Presse est allée réclamer le portefeuille au bar. Cigarette au bec, Gérard, qui a voulu conserver l'anonymat, semblait mal à l'aise de ne pas avoir l'argent en sa possession.
"Ça m'adonnerait mieux la semaine prochaine", a-t-il dit. L'homme de 54 ans a poussé un soupir de soulagement lorsqu'il a appris qu'il pouvait garder l'argent en récompense.
Les personnes qui ont remis des portefeuilles complets pouvaient garder l'argent ou l'offrir à une oeuvre caritative de leur choix.
"Je suis tellement comblée par la vie "
C'est attirée par le gruau en solde que Diane Sauvé a découvert le portefeuille déposé sur le plancher d'un supermarché, à l'angle des rues Molson et Masson.
De retour chez elle, cette femme de 57 ans s'est empressée de contacter le propriétaire du portefeuille.
"Bonjour M. Meunier, je crois que vous allez être content, j'ai retrouvé votre portefeuille intact", a fièrement lancé M me Sauvé.
Seule dans son modeste logement, cette résidante de Rosemont se préparait à dîner quand le "propriétaire" du portefeuille a frappé à sa porte. "Je ne veux pas un sou, rien! Je suis comblée par la vie! " a dit Mme Sauvé, avant même d'être mise au parfum de l'enquête.
"Il est cute, je vais l'appeler moi-même"
En trouvant un portefeuille abandonné dans l'ascenseur d'une tour à bureaux du centre-ville, Manon Poirier a choisi de joindre directement le propriétaire du portefeuille. "Je me suis dit : Il est cute, je vais l'appeler moi-même ", a raconté la courtière en assurances dans un éclat de rire.
La jeune femme a d'abord eu l'intention de garder le portefeuille jusqu'au jour de la paye. Elle a changé d'avis en voyant les papiers d'assurance automobile à l'intérieur. " J'ai pensé qu'il devait avoir encore moins d'argent que moi ", a-t-elle souligné.
Selon ces papiers, le propriétaire du portefeuille conduit une Honda Civic 1993.
Après avoir décliné la récompense, la samaritaine a choisi d'offrir les 25$ au Club des petits déjeuners. "Vous pouvez aussi envoyer l'argent à la fondation Manon Poirier", plaisante la jeune femme.
Et les autres...
Deux portefeuilles ont été déposés dans Westmount. Le premier a été perdu en soirée sous un banc devant l'hôtel de ville. Lorna Deanham l'a retrouvé le lendemain matin en allant conduire ses enfants à l'école.
La Presse est allé récupérer le portefeuille chez elle, rue Kensington. Elle a refusé la récompense.
Quelques rues plus loin, le portefeuille déposé sur les marches de l'église Ascension of our Lord a été récupéré sans argent. Selon l'abbé Peter Laviolette, un de ses sacristains l'a trouvé lors de la messe du dimanche.
Au cégep de Rosemont, le portefeuille abandonné devant une rangée de casiers a été rapporté en entier au poste de sécurité par un élève.
Au palais de justice pour une enquête, un lieutenant-détective du service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Guy Ouellet, a rapidement repéré le portefeuille déposé sous un banc, au quatrième étage.
À la Place Versailles, un des concierges a trouvé le portefeuille déposé sous une fontaine en balayant. Il l'a remis avec tout son contenu au comptoir d'information.
C'est un portefeuille tout trempé que Francine Champton a trouvé dans le stationnement du quartier général du SPVM, rue Saint-Urbain. Cette cadre de 49 ans l'a fait sécher sur un calorifère toute la journée avant de le remettre avec tout son contenu.
À la mission Old Brewery, le sans-abri qui a trouvé le portefeuille " égaré " devant la cafétéria l'a remis à un employé, qui l'a donné à la police, sans argent.
Le portefeuille abandonné au complexe Guy-Favreau a été récupéré en entier par un agent de sécurité. Celui laissé dans la cour de l'école secondaire Louis-Joseph Papineau a atterri sans argent et en piteux état sur le bureau d'une psychoéducatrice.
Nulle trace des portefeuilles égarés dans l'abribus de la station de métro Langelier, devant une résidence pour personnes âgées de la 6e Avenue à Rosemont et dans une cabine téléphonique du Quartier chinois.
RÉSULTATS DES MONTRÉALAIS
9 portefeuilles sur 20 retournés avec argent
8 portefeuilles sur 20 retournés sans argent
3 portefeuilles sur 20 portés disparus
La démarche
Les 160 portefeuilles dispersés aux quatre coins du Québec portaient tous le nom de la même personne. Seules les adresses et coordonnées du propriétaire différaient selon les régions. Un représentant de chaque quotidien du groupe Gesca, soit La Presse, Le Soleil, Le Droit, La Tribune, La Voix de l'Est, Le Nouvelliste et Le Quotidien, avait fourni un numéro de téléphone et une adresse à la maison.
Chaque portefeuille renfermait la carte de membre d'un centre de conditionnement physique, un papier d'assurance automobile, une carte d'identité pour passer l'examen de la SAAQ et une photographie.
Tous ces documents ont été fabriqués par un graphiste de La Presse.
Une somme de 25$ a ensuite été glissée dans chaque portefeuille.
Les sept quotidiens participants avaient en main la même liste d'endroits présélectionnés pour y " perdre" leurs 20 portefeuilles. Le journal Le Droit a éparpillé 20 portefeuilles à Gatineau et 20 à Ottawa. Ces endroits choisis étaient les suivants: une boîte aux lettres, une église, un cégep, une autre institution, un hôtel de ville, la cafétéria d'un hôpital, une soupe populaire, un palais de justice, un cabinet juridique, un abribus, une cour d'école, un centre commercial, un édifice gouvernemental, deux restaurants, dont un familial, et un foyer pour personnes âgées.
Les portefeuilles ont été discrètement numérotés afin de les identifier au retour.
En vertu d'une règle commune adoptée par les quotidiens participants, la somme de 25$ était offerte en récompense au Samaritain qui ramenait le portefeuille. En cas de refus, l'argent était remis à une oeuvre caritative de son choix.
Les citoyens bénéficiaient d'environ 10 jours pour manifester leur honnêteté.
POSTES CANADA INTRIGUÉE
Chaque année au pays, 15 000 portefeuilles sont déposés dans des boîtes aux lettres et aboutissent chez Postes Canada. Dans le cadre de notre enquête, 12 portefeuilles ont été récupérés par la société d'État.
Les sept journaux participants à l'enquête avaient déposé volontairement un portefeuille dans une boîte aux lettres.
À Saguenay et Sherbrooke, Postes Canada a contacté les journalistes et leur a remis en main propre les portefeuilles déposés dans des boîtes aux lettres de ces villes respectives.
En tout, 10 portefeuilles ont atterri au siège social québécois de Postes Canada, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, où sont centralisés les objets perdus partout dans la province. Parmi eux, cinq au contenu intact, venus de Granby, Ottawa, Québec, Trois-Rivières et Montréal.
Certains avaient transité par un centre ontarien.
Les cinq autres portefeuilles qui ont abouti à Postes Canada, un de Trois-Rivières et quatre de Montréal, ne contenaient plus l'argent. Les quatre portefeuilles montréalais avaient été déposés au service des urgences de l'hôpital Notre-Dame, sur les escaliers du café L'Orient Express, rue Sainte-Catherine, à la cafétéria de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et sous une banquette du restaurant McDonald's situé à l'angle des rues Iberville et Masson.
En voyant s'accumuler les portefeuilles perdus par le même Hugo Meunier les cartes d'identité étaient toutes au même nom et pourvues de la même photo , la société d'État a bien failli déclencher une enquête. "On pensait qu'il y avait usurpation d'identité", raconte Yves Bédard, un directeur.
Tous les journaux participants ont reçu de Postes Canada un portefeuille contenant les 25$.
RÉSULTATS ÉTONNANTS
Les résultats de l'enquête des portefeuilles reflètent bien ceux d'un sondage CROP-express commandé par La Presse , selon lequel les Québécois sont des modèles d'honnêteté.
Selon les résultats du sondage mené en octobre auprès de 1008 personnes, 97% des répondants rendraient en totalité un portefeuille perdu, 88% refuseraient d'acheter à moindre prix un article volé, 70%auraient mauvaise conscience s'ils fraudaient le fisc, 74% avertiraient un commerçant en apercevant quelqu'un voler et 81% préviendraient un commerçant si ce dernier oubliait de facturer un article.
Les résultats de l'enquête des portefeuilles étonnent, même s'ils sont moindres que ceux obtenus par le sondage sur l'honnêteté, souligne Gilles Dupuis, psychologue spécialisé en analyse du comportement à l'Université du Québec à Montréal. "Il y a souvent un décalage entre ce qu'on fait et la réalité", croit-il.
Tout de même, les résultats obtenus à Québec (18 portefeuilles sur 20 retournés avec l'argent), Sherbrooke (19 retours, dont 16 avec l'argent) et Granby (19 retours, dont 17 avec l'argent) font peu mentir le sondage.
Gilles Dupuis estime cependant q ue l'exercice aurait été plus représentatif si une plus grosse somme avait été insérée dans les portefeuilles. "On se donne tous un code de valeurs. Peut-être que 25$ ne sont pas suffisants pour le changer", résume M. Dupuis.
Quant aux résultats du sondage, ils démontrent que le sexe, l'âge, le revenu des ménages et la langue ont eu peu d'impact sur l'honnêteté des gens.
Cela dit, les gens âgés de plus de 55 ans se démarquent, dans la majorité des catégories, par une honnêteté plus grande.
Les personnes sondées ont toutes plus de 18 ans; 553 vivent dans la région métropolitaine, 203 dans celle de Québec et 302 ailleurs en province.
Les résultats sont précis à plus ou moins trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.
Les Québécois sont-ils honnêtes ?
Raven a écritCitation :Ottawa arrive bonne dernière, avec 11 portefeuilles rendus.
Ce sont des Canadiens...
Ce sont des Canadiens...
C'est drôle que tu me dises que j'ai mauvais caractère parce que si tu parles à ceux qui me traitent avec respect et courtoisie et qui ne me mentent pas et qui ne tentent pas de me f******, ils vont probablement te dire qu'au contraire je suis très gentil- Jean-François Mercier
- *Raphaëlle*
- Immortel du Domaine
- Messages : 22597
- Inscription : jeu. janv. 27, 2005 4:00 am
Il y a plusieurs anées j'avasi perdu mon porte monnaie et dans la même journée ma mère reçoit l'appel (je vivais chez mes parents car je venais de terminer mes études et je commençais juste à travailler) demandant si j'avais perdu quelque chose. La personne ne dit même pas quoi......
Je ne m'étais même pas rendu compte que je l'avais échappé. J'appelle au no qu'un homme a laissé et il me donne rendez-vous le dimanche matin à tel endroit. Je vérifie où est situé cet endroit et je vois que c'est un genre d'église.
J'y vais et....l'homme me dit que je dois attendre poru qu'il me remette le porte monnaie. j'ai dû entendre leur messe et son foutu sermon ennuyant (c'était pas catholique et je ne me souviens plus quelle religion c'était). Il n'avait pas voulu me le rendre avant. grrrrrrrr lol
Par contre, je connais une femme qui a trouvé un porte fuille contenant 300.00 et elle le rapporte. Elle a le culot de conter ce qui est arrivé en rapportant le porte monnaie. Une dame ouvre et elle se met à pleurer disant que c'est la paye de son mari et elle voit qu'il y a quelques jeunes enfants et que ça l'air très pauvre. Elle dit à la dame: Je vous le rapporte mais vous me devez 15% poru vous l'avoir rapporté.
Je vous jure je me suis mise à pleurer.......j'imaginais la pauvre femme qui pleurait de joie car très pauvre et c'était une mince paye à cause des jeunes enfants, de sa femme et de lui-même.....et être obligée de donner 15% J'en étais malade!
Je passe tout ce que j'ai dit à cette femme.... qui est ma damnée belle-soeur qui ne pense qu'à l'argent!
Je ne m'étais même pas rendu compte que je l'avais échappé. J'appelle au no qu'un homme a laissé et il me donne rendez-vous le dimanche matin à tel endroit. Je vérifie où est situé cet endroit et je vois que c'est un genre d'église.
J'y vais et....l'homme me dit que je dois attendre poru qu'il me remette le porte monnaie. j'ai dû entendre leur messe et son foutu sermon ennuyant (c'était pas catholique et je ne me souviens plus quelle religion c'était). Il n'avait pas voulu me le rendre avant. grrrrrrrr lol
Par contre, je connais une femme qui a trouvé un porte fuille contenant 300.00 et elle le rapporte. Elle a le culot de conter ce qui est arrivé en rapportant le porte monnaie. Une dame ouvre et elle se met à pleurer disant que c'est la paye de son mari et elle voit qu'il y a quelques jeunes enfants et que ça l'air très pauvre. Elle dit à la dame: Je vous le rapporte mais vous me devez 15% poru vous l'avoir rapporté.
Je vous jure je me suis mise à pleurer.......j'imaginais la pauvre femme qui pleurait de joie car très pauvre et c'était une mince paye à cause des jeunes enfants, de sa femme et de lui-même.....et être obligée de donner 15% J'en étais malade!
Je passe tout ce que j'ai dit à cette femme.... qui est ma damnée belle-soeur qui ne pense qu'à l'argent!
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C'est grand la mort...il y a plein de vie là