Médias: La radio en ébullition

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tuberale
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Message par tuberale »

Médias: La radio en ébullition
Paul Cauchon
Édition du lundi 16 janvier 2006



Le générique de l'émission comportait des bruits de pets. Puis le comédien Georges Takei, l'ancien M. Solo de Star Trek, a déclaré qu'il fallait trouver de nouvelles lesbiennes pour les autres émissions. Suivirent quelques dizaines de jurons, une séance de sexe par téléphone, une conférence de presse en direct, une tentative (ratée) de joindre le chanteur David Lee Roth et un débat sur l'utilité de se raser ou non les organes génitaux.

Bienvenue dans le merveilleux monde de Howard Stern, le roi de la provocation, le maître de la radio trash... et la principale vedette médiatique de la semaine dernière aux États-Unis.

Car Stern inaugurait il y a quelques jours sa nouvelle émission de radio sur Sirius, l'entreprise de diffusion de radio par abonnement et par satellite. Tous les grands médias se sont excités autour de l'événement, décrivant l'émission de Stern presque minute par minute. Le comble : Stern, personnage pourtant habituellement honni des médias grand public, était le principal invité de Larry King lundi dernier sur CNN.

Au-delà de la curiosité presque malsaine pour le personnage, Howard Stern représente un formidable coup promotionnel pour la radio par satellite, dont on ignore encore l'avenir réel. D'ailleurs, Stern prend les ondes d'assaut alors que les deux grandes entreprises en concurrence dans ce secteur, XM et Sirius, viennent de lancer leur service au Canada, toutes les deux ayant leur propre partenaire canadien (Radio-Canada/CBC est partenaire de Sirius, alors que XM s'appuie sur le groupe Canadian Satellite Radio de Toronto).

Rappelons que la radio par satellite permet de capter, grâce à un récepteur numérique qu'il faut acheter, plus de 100 chaînes spécialisées en tous genres, des chaînes musicales mais également sportives et d'information, sans publicité, avec un son en principe parfait. Dans un véhicule équipé du récepteur, par exemple, on peut écouter la même station sans changer de poste de Gaspé à Ottawa, ou de New York à San Francisco. Le tout moyennant un abonnement mensuel d'environ 15 $ (au Canada) pour chacune des deux entreprises.

Pour le moment, tant Sirius que XM sont déficitaires. Ce qui n'a pas empêché Sirius de signer un contrat stupéfiant de 500 millions sur cinq ans avec Howard Stern. Celui-ci avait l'habitude d'atteindre 12 millions d'auditeurs dans 46 villes avec son émission du matin diffusée par le groupe Infinity. Mais il avait été lâché par ses patrons en 2004 devant l'accumulation de poursuites et d'amendes imposées par le FCC, la Federal Communications Commission, l'équivalent de notre CRTC, pour son langage ordurier, sexiste, et autres dérapages verbaux.

Mais voilà, la radio satellite échappe à la réglementation du FCC, et Stern est ravi. Plusieurs analystes se demandent d'ailleurs avec une certain ironie ce que Stern pourra bien faire maintenant en ondes, puisqu'il n'a plus de règles à défier ! Cette semaine, l'animateur semblait plutôt désireux de faire le promotion de la radio satellite sur toutes les tribunes, clamant que c'est la voie de l'avenir.

Depuis la fin de 2004 le nombre d'abonnés de Sirius est passé de 600 000 à 3,3 millions, dont 1,1 million de nouveaux abonnés dans le dernier trimestre de 2005. Selon une firme de recherche, 63 % des nouveaux abonnés du dernier trimestre étaient attribuables à l'arrivée de Stern sur les ondes.

Mais XM demeure encore l'entreprise leader, avec six millions d'abonnés. Les deux entreprises rivalisent d'ailleurs d'annonces fracassantes pour attirer les abonnés. XM, qui possède déjà Ellen DeGeneres dans son écurie, annonçait récemment la venue de Bob Dylan comme animateur et disc-jockey dans une émission (ce qui n'est pas rien), alors que Sirius prévoit des émissions avec Martha Stewart et Bill Bradley.

Mais, à lire les articles publiés la semaine dernière dans la presse américaine, on sent une certaine perplexité chez les spécialistes des communications. Il est clair que l'arrivée de Stern sur la radio satellite représente une étape clé dans cette nouvelle tendance qui consiste à acheter du contenu exclusif et différent dans l'univers numérique. Plusieurs font le parallèle avec l'arrivée du câble dans les années 70, qui a bouleversé le monde de la télévision en offrant une nouvelle qualité d'image, mais aussi en habituant le consommateur à payer pour obtenir plus de chaînes, et plus de spécialisation.

Pour d'autres, toutefois, ce système de diffusion par satellite ne serait que transitoire, alors que l'avenir appartiendrait à la diffusion sur Internet, où se multiplieront les radios en ligne et l'accès haute vitesse partout en tout temps, dans les voitures, sur les baladeurs, les cellulaires, avec des ordinateurs partout dans la maison, et ainsi de suite.

Ce qui est certain, c'est qu'après avoir ronronné pendant des années la radio vit maintenant une période explosive, alors que se multiplient les expériences, dont la baladodiffusion, les blogues radiophoniques sur Internet et la radio par satellite. Et ça n'arrête pas : chez nous, Astral doit lancer cette semaine un nouveau service en ligne, radiolibre.ca, où le consommateur pourrait bâtir différentes programmations musicales personnelles à partir d'une banque de 400 000 chansons
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MayClo
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Message par MayClo »

Merci Tuberale pour l'article !
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