Le décrochage dans les écoles ne touchent pas que les élèves

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Mimichouette
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j'ai penser aux profs qui avait ici en lisant ce matin le journal la presse en particulier à toi beppo je vous met les articles

3000 JEUNES ONT QUITTÉ LE MÉTIER DEPUIS 5 ANS

Les enseignants décrochent aussi

Marie Allard
La Presse


Plus de 700 instituteurs sans permis ont été embauchés l'an dernier dans les écoles du Québec. Une des causes de la pénurie d'enseignants: 15 % d'entre eux décrochent au cours des cinq premières années de leur carrière, selon les donnés 2004 du ministère de l'Éducation, obtenues par La Presse. Parmi les jeunes enseignants à statut précaire, ce taux grimpe à 20 %.

« Il y a un malaise très, très important », dit Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, qui a mené une enquête sur l'insertion dans l'enseignement en 2005. Ses résultats sont éloquents: 51 % des enseignants ont envisagé de quitter le métier, dont 17 % à au moins trois reprises.

Plus de 20 % d'entre eux ont effectivement abandonné leur carrière avant d'y revenir. D'autres n'y sont pas revenus et on n'a pu les joindre pour l'étude.

L'ampleur de l'insatisfaction, des difficultés et du désir de démissionner l'ont étonnée. « C'est de plus en plus tôt dans la carrière qu'on envisage de quitter la profession, indique-t-elle. Le rythme est constant. » Entre 2000 et 2004, c'était en moyenne après 2,89 années de métier. Les trois facteurs principaux: la tâche trop lourde, les groupes difficiles et la précarité de l'emploi. « La détresse psychologique est aussi inquiétante: 41 % disent en avoir vécu, surtout dans les premières années », ajoute Mme Mukamurera, qui présentera ses résultats au congrès de l'ACFAS, à la mi-mai.

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La qualité de l'enseignement menacée

Sans compter les retraites, 3000 enseignants ont quitté la profession depuis cinq ans, selon le ministère de l'Éducation. La majorité a démissionné, même s'il y a aussi eu quelques décès et congédiements. Ce taux est moins élevé qu'en 1990, alors que 25 % des jeunes enseignants avaient abandonné en cinq ans, souvent faute d'emploi. « Il y a aussi une baisse par rapport à 1999, alors que 17 % avaient décroché en cinq ans », fait valoir Marie-France Boulay, agente d'information au Ministère.

Comme les besoins ont crû, la situation reste alarmante. « Le problème de l'insertion dans l'enseignement est grave », a indiqué en 2004 le Conseil supérieur de l'éducation, pourtant reconnu pour ses positions mesurées. Encore aujourd'hui, un jeune enseignant ne peut espérer de contrat à temps plein avant trois ou quatre ans. Et la permanence ne lui est accessible qu'après trois contrats annuels à temps plein. L'entrée dans la profession n'est « pas de nature à favoriser le développement des compétences professionnelles du nouveau personnel enseignant et à assurer un enseignement de qualité pour les élèves », constate le Conseil.



Les nouveaux y goûtent...

Incroyable mais vrai, les postes les plus difficiles sont généralement donnés aux nouveaux enseignants, âgés d'à peine 22 ans. Plus ils ont de l'expérience, plus ils peuvent choisir des tâches faciles. Avant 1980, 74 % des enseignants commençaient avec un contrat à temps plein. Depuis 2000, 51 % débutent en faisant de la suppléance et 33 % avec un contrat à temps partiel à durée déterminée, selon Mme Mukamurera. « On constate un manque de soutien et peut-être aussi de solidarité », observe-t-elle.

Anne-Marie, prof d'anglais âgée de 25 ans, connaît la précarité depuis trois ans. Cette année, elle n'a que 64 % d'une tâche- pour un salaire d'environ 22 000 $- même si elle travaille dans quatre écoles publiques différentes. « Je change d'école tous les midis, je mange dans mon auto et j'ai près de 300 élèves, témoigne-t-elle. Quel fou accepterait de faire ce travail longtemps? »

Lamiel Brasseur, 30 ans, est partie après cinq ans comme institutrice dans une école privée. « Je n'étais pas encore tannée, mais j'avais peur de le devenir, dit-elle. L'enseignement est un métier extrêmement exigeant, sous-estimé et mal payé. On assure le développement et la sécurité de plus de 30 élèves et on est moins bien payé qu'un gars qui bouche les trous dans la rue. » Après avoir fait une MBA, la jeune femme a changé de carrière. « Je ne regrette rien, j'ai rencontré des enfants et des adultes extraordinaires, mais j'avais envie d'autres défis », dit-elle.

Le décrochage en chiffres

Depuis cinq ans, 3000 enseignants ont quitté la profession, sans compter les retraites.

- 15% de ceux qui ont commencé en 1999 n'enseignaient plus cinq ans plus tard (13% au primaire, 18% au secondaire).

- Parmi les enseignants à statut précaire, le décrochage atteint 20%.

Source : ministère de l'Éducation

Le désarroi

- 21 % des enseignants ont déjà abandonné la profession pendant un certain temps.

- 51 % ont envisagé de quitter la profession.

- 88 % se sont sentis insuffisamment préparés durant leur première année d'enseignement.

- C'est en raison de la lourdeur de la tâche (24 % des cas), de groupes difficiles (18 %) et de la précarité de l'emploi (16 %) qu'ils ont songé à quitter l'enseignement.

- Les jeunes commencent leur carrière en faisant de la suppléance (51 % des cas depuis 2000) ou avec un contrat à temps partiel (33 %).

- 40 % des nouveaux venus n'enseignent pas la matière qui correspond à leur diplôme durant leur première année d'enseignement.

- 67 % se sont parfois, ou souvent, sentis abandonnés à eux-mêmes durant les cinq premières années de leur carrière.

Source : Étude réalisée en 2004-2005 auprès de 642 enseignants québécois par Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke.
Mimichouette
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Un enseignant sur quatre s'absente durant l'année scolaire

Marie Allard
La Presse


Le quart des enseignants du Québec s'absentent pendant au moins une partie de l'année scolaire. Depuis 2000, les congés sabbatiques, parentaux et de maternité sont en hausse constante au primaire et au secondaire. Sans oublier les congés de maladie de longue durée, pris par 8000 enseignants- soit 10,4 % du total- l'an dernier, selon des données du ministère de l'Éducation obtenues par La Presse. C'est 500 de moins qu'il y a cinq ans, mais ce taux reste énorme.

En 2004-2005, l'assurance salaire a coûté 90,6 millions à 52 commissions scolaires, selon la Fédération des commissions scolaires. Dix-huit autres commissions scolaires n'ont pas participé à l'étude, si bien que le coût réel est encore plus élevé. Les employés en congé de longue durée ont touché en moyenne 1102 $, ce qui ne comprend évidemment pas le salaire de leur remplaçant.

Il y a deux ans, la situation semblait pourtant s'améliorer. La proportion de jours perdus par le personnel des commissions scolaires avait baissé de 3,2 % à 2,9 % des jours travaillés. La Fédération s'en était réjouie, expliquant qu'elle avait offert de la formation sur le sujet.

« À l'époque, on espérait que ce soit le résultat de ce soutien, mais là, le taux d'absentéisme remonte, constate Pierre D'Amours, conseiller en relations du travail à la Fédération. Il est très difficile de dire pourquoi. Il faut poursuivre le travail pour assurer une gestion serrée de l'assiduité au travail et prévenir ultimement les absences. »

C'est surtout la tête qui flanche: 44 % des absences du personnel des commissions scolaires sont dues à des troubles psychologiques, soit 5 % de moins que le sommet atteint en 2000-2001. « Mais ça demeure un problème important comparativement aux autres maladies, dit M. D'Amours. Plusieurs facteurs peuvent y contribuer, que ce soit le travail ou des éléments personnels comme un divorce. » Les plus touchés ne sont pas les enseignants, mais le personnel de soutien administratif- secrétaires, téléphonistes et agents de bureau.

Coût de 13,9 millions à la CSDM

La situation est particulièrement inquiétante à la Commission scolaire de Montréal, où l'absentéisme est « un problème dont l'ampleur ne cesse de croître », comme le souligne le plan stratégique 2005-2010. Tous les taux y sont plus élevés que la moyenne. « Ça a beaucoup de répercussions sur les élèves et les services, en plus de nous coûter une fortune », constate le commissaire André Gravel, président du Comité des ressources humaines.

L'an dernier, l'assurance salaire a coûté 13,9 millions à la CSDM, soit 1379 $ par dossier. Quant à la prime versée à la CSST, elle était de 1,35 $ pour chaque tranche de 100 $ de la masse salariale, comparativement à 0,85 $ en moyenne dans les commissions scolaires. « C'est 50 % plus cher qu'ailleurs, note Diane De Courcy, présidente de la CSDM. Ça s'explique parce que nous avons du personnel plus à risque, comme des ouvriers ou des employés de cafétéria, mais il y avait quand même un effort à faire. »

Un plan d'action a été adopté en juin dernier pour prévenir l'absentéisme, gérer les absences et maintenir le personnel en emploi au moyen de réaffectations temporaires en cas de besoin. Au programme: concours de montée d'escaliers, formation sur la manutention de charges et production régulière de statistiques. Déjà, l'augmentation des affectations temporaires en cas de besoin porte fruit puisque le coût des lésions professionnelles a diminué de 20 %.

La conciliation travail-famille- incontournable avec le rajeunissement des employés- est aussi une préoccupation. La CSDM tente d'harmoniser ses congés scolaires à ceux des autres commissions scolaires. « Et on pense à offrir des services durant les heures de travail, que ce soit du nettoyage ou une vidange d'huile », dit Mme De Courcy.

« C'est long, agir sur la présence au travail, ajoute-t-elle, mais on a de légers résultats qui nous permettent de dire que c'est en train de fléchir. »

Les absences en 2004-2005

Nombre d'enseignants dans les commissions scolaires : 76 700

- Congé de maladie de courte durée (cinq jours maximum) : 66 000 enseignants en ont bénéficié ou 86,4 %

- Congé parental : 6700 ou 8,8 %

- Congé de maladie de longue durée : 8000 ou 10,4 %

- Congé de maternité : 3700 ou 4,9%

- Congé sabbatique : 3500 ou 4,6%

- Départ à la retraite : 2600 ou 3,4 %

- Démission, décès ou congédiement : 600 ou 0,8 %

Source : ministère de l'Éducation

Mimichouette
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Le quart des futurs instituteurs abandonnent avant de commencer

Marie Allard
La Presse


Environ 25 % des étudiants inscrits dans un programme d'enseignement à l'Université de Montréal abandonnent avant la fin de leur baccalauréat.

« C'est un taux relativement normal, même si on aimerait bien les garder, indique Jean-Pierre Charland, vice-doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'UdeM. Il y a ceux qui ne sont pas capables de suivre et ceux qui constatent que l'enseignement n'est pas pour eux. »

À l'UdeM, près de 600 étudiants seront admis dans un programme en enseignement cet automne. « Le nombre de candidats tend à diminuer, dit M. Charland. On sait que, tôt ou tard, on ne fera plus les contingents du ministère de l'Éducation. L'enseignement n'est pas une carrière prestigieuse, alors vous pouvez tenir pour acquis qu'on est souvent un deuxième choix. Ce n'est pas une catastrophe pour la société puisque la clientèle diminue rapidement au primaire, actuellement. Il y aura moins d'emplois. »

À l'UQAM, le taux de succès oscille entre 70 % chez les professeurs de sciences humaines et 85 % pour le préscolaire et le primaire. « C'est habituel », dit Marc Turgeon, doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM.

Audrey Dupont, 21 ans, étudiante en adaptation scolaire à l'UdeM, a vu partir plusieurs camarades. « On était environ 90 en première année et on est rendus 80, constate-t-elle. Il y a des passionnés, mais aussi des gens qui s'inscrivent en enseignement parce qu'ils ne savent pas quoi faire. » Elle-même a découvert qu'elle préférait l'université aux écoles et a décidé d'entreprendre une maîtrise, puis un doctorat.

« J'en ai parlé avec des collègues et on voit deux problèmes majeurs, explique l'étudiante. D'abord, l'enseignement n'est pas une profession valorisée. Nos stages ne sont pas rémunérés, même quand on s'occupe à temps plein d'une classe pendant plusieurs semaines. Ensuite, on commence avec les classes les plus difficiles. Un avocat ne fera pourtant pas le procès le plus compliqué en ville dès sa première année! »

Mimichouette
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LA SITUATION EST PLUS CRITIQUE À MONTRÉAL

Les débutants font face à beaucoup de violence à l'école

Marie Allard
La Presse


Presque tous les jeunes enseignants (94 %) ont vécu au moins un incident violent depuis le début de leur carrière. Durant leur première année d'enseignement, ils sont de deux à trois fois plus touchés par la violence que leurs collègues plus expérimentés, selon une enquête menée depuis 2001 par Denis Jeffrey, professeur à la faculté d'éducation de l'Université Laval.

Après avoir interrogé 550 enseignants québécois comptant moins de cinq ans d'expérience, M. Jeffrey a constaté que 90 % d'entre eux ont vécu de la violence verbale (insultes), 47 %, de la violence à caractère sexuel, 35 %, de la violence physique, et 34 %, un vol ou du vandalisme. Plus de 10% se sont fait gifler, ont reçu un coup de poing ou de pied, ou ont été frappés avec un objet ou une arme. C'est à Montréal que la situation est la plus critique.

De façon régulière

Ces agressions n'ont pas toutes la même gravité, reconnaît le professeur dans une lettre envoyée à La Presse.

« Ce qui est grave, c'est que cette violence se produit régulièrement, que des propos blessants, injurieux ou humiliants se répètent », indique-t-il.

D'autant plus que le quart des jeunes enseignants « manifestent le désir de changer de métier après avoir subi de la violence ». Un certain nombre- 16 %- s'est absenté du travail pendant cinq jours en moyenne en raison de la violence subie. La facture est salée: « Un demi-million de dollars par an pour la population des jeunes enseignants qui travaillent depuis moins de quatre ans », estime M. Jeffrey dans Enseignants dans la violence, le livre qu'il vient de cosigner avec le chercheur Fu Sun aux Presses de l'Université Laval.

Il y a tout de même une bonne nouvelle: s'ils sont bien soutenus par leur direction, les enseignants ont moins tendance à décrocher, même s'ils subissent de la violence. « L'accueil, le soutien et la qualité des relations avec les collègues- tous des éléments pouvant être valorisés dans une école- éloignent un enseignant du désir de quitter la profession », indique M. Jeffrey.

Mimichouette
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Le mentorat: une mesure à mettre de l'avant

Marie Allard
La Presse


Dans les écoles francophones de l'Ontario, jusqu'à 50 % des nouveaux enseignants quittent leur travail après un an ou deux. La pénurie est telle que le ministère de l'Éducation ontarien a demandé à la chercheuse Louise Bélair de trouver des solutions.

Après avoir interrogé des enseignants qui avaient surmonté les moments de découragement, elle a déterminé les trois mesures qui favorisent le plus la persévérance. Il s'agit du mentorat organisé, de la formation continue adaptée aux besoins des débutants et de l'engagement de la direction.

Au Québec, à peine 35 % des commissions scolaires ont des mesures pour accueillir les nouveaux enseignants, selon un avis remis au ministère de l'Éducation en 2002.

« Il y a très, très peu d'initiatives pour faciliter l'intégration socioprofessionnelle, indique Johanne Fortier, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement. Il faut que le syndicat pousse énormément pour qu'il y en ait. »

« Je pense qu'on ne sent pas encore vraiment l'importance d'agir, dit Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke. Comme il y a beaucoup de monde qui s'en va à la retraite, il faut prendre soin de la relève, sinon on va avoir des problèmes. »

Difficile de donner un poste permanent à chacun. « On peut tout de même améliorer les conditions d'exercice du métier, indique Mme Mukamurera. Ne pas toujours être considéré comme un numéro sur une liste, voir que la direction s'occupe de soi, être reconnu et intégré dans une équipe, ça atténue l'impact de la précarité. »

La commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans l'ouest de Montréal, est l'une de celles qui ont mis plusieurs mesures en place. Résultat: elle réussit à garder 95,5 % de ses enseignants de moins de cinq ans d'expérience.

TaLia
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Message par TaLia »

Merci ,Mimichouette

Décourageant tout ça ,
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