C'est la vie! - Wô môman!
La démission des plus-que-parfaites
Josée Blanchette
Édition du vendredi 12 mai 2006
Tu l'auras remarqué, du haut de tes deux ans et demi, je ne lis plus aucun livre consacré à l'éducation des tout-petits, à l'avenir précaire des garçons prédisposés au décrochage scolaire et à la délinquance, à la douance et au développement psychomoteur, à la séparation des parents postmodernes, à l'alimentation idéale pour augmenter ton Q.I., aux avancées de la pédopsychiatrie, aux méfaits des garderies, à la façon la moins traumatisante de t'entraîner à faire pipi dans le pot, à tout ce qui se joue avant quatre ans, six ans ou vingt ans. Basta ! J'en ai plein le dos. Je suis devenue une mère ignare et soulagée qui joue au ping-pong avec son fils en rigolant.
« Rien n’est grave, tout est essentiel » : tiré de Maman zen, de Flavia Accorsi, Presses du Châtelet.
Pedro Ruiz
Et comme je ne démissionne pas en paresseuse, je me suis enfilé des ouvrages savamment documentés pour effectuer ce recul stratégique, de Perfect Madness à The Mommy Myth et Maman zen en passant par les Confessions d'une mère qui en a marre, le dernier livre feel good qui m'a déculpabilisée de ne pas t'acheter des jouets éducatifs chez Franc Jeu, de ne pas t'offrir la trottinette dont tu rêves depuis des semaines et de ne plus te nourrir 100 % bio au risque de devenir 100 % barjo.
J'ajoute que je n'ai jamais amorcé le début du commencement de cet album de scrapbooking consacré à tes premiers exploits en tricycle ni suivi le cours de communication parents-guides et parents-complices ou la formation YAPP (y a personne de parfait). J'ai aussi abandonné deux fois plutôt qu'une les cours de natation du YMCA le samedi matin, je ne suis pas toujours là pour te moucher le nez en six copies et j'arrive à prendre des vacances de mon rôle de maman sans me sentir (trop) indispensable. L'enfant est l'argile, la mère est le potier, dit le proverbe, mais j'ai laissé tomber les cours de poterie et la galerie d'art.
Tu vois ? Je grandis vite, moi aussi. J'ai réalisé que trop d'information et de bonne volonté peut tuer ce que j'ai de plus précieux après l'amour : l'instinct. Ce radar à pièges à cons s'appelle aussi le sixième sens et me dicte quel est le chemin le plus souhaitable pour nous deux. Et, crois-moi, il ne sera pas toujours carrossable même s'il est pavé des meilleures intentions du monde.
La promesse de l'aube
Romain Gary, qui a été propulsé à la face du monde par une mère mythique, a écrit : « Avec l'amour maternel, la vie nous a fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. » C'est si vrai que la vie te décevra, te frustrera et t'enlèvera certaines illusions que je pourrais maintenir artificiellement sous respirateur en faisant de chacune de tes journées un Disneyland improvisé avec des relents de barbe à papa et de nausée.
Les parents les mieux intentionnés se rendent coupables d'éducation extrême à force de concurrence et de performance. Ces compétences jugées utiles, voire admirables dans la poursuite d'une carrière, s'appliquent désormais à l'art de stimuler un foetus avec la musique de Mozart dans l'utérus. Les parents en font trop et les enfants sont soumis à une pression exagérée, composée d'attentes irréalistes.
À force de vouloir tout accomplir, et encore mieux que les autres, je suis régulièrement tentée de faire de toi le jouet de mes ambitions maternelles, un prototype expérimental sur la voie de la perfection. Comme me l'a expliqué Muffy Mead-Ferro, l'auteur de Confessions d'une mère qui en a marre, il est plus important pour toi de prendre des risques et d'être déçu que d'exceller au soccer en sachant que ta mère applaudit dans les gradins. Tu seras fier à tes propres yeux et non à travers mon regard trop indulgent.
Il est plus sage pour ton avenir que tu apprennes à rebondir devant les coups du sort que d'être un petit prodige en mathématiques ou au piano. Il est nécessaire que tu saches te divertir par toi-même et que tu trouves des solutions à l'ennui plutôt que d'être passif devant un jouet qui en fait trop. En ce qui me concerne, le tube en carton du rouleau de papier essuie-tout a encore de beaux jours devant lui comme télescope, porte-voix, bâton de vieillesse, épée de chevalier ou marionnette à doigts.
Ton imagination me sidère et ta créativité est ton alliée la plus sûre. Plus un enfant a de jouets, moins il les trouve intéressants, m'a dit Muffy, ma nouvelle amie-maman qui en a marre et qui l'a crié sur toutes les tribunes au risque de choquer l'Amérique. Au contraire, son livre est devenu un best-seller aux États-Unis.
Cette mère de deux jeunes enfants sur le tard (les vieilles jeunes mamans sont les pires en ce qui a trait au sacrifice de soi) m'a aussi révélé une chose : les mamans ne lâchent prise qu'à partir du moment où on les convainc que leurs enfants en profiteront. Jamais elles ne deviendront des «fainéantes » pour leur bien-être personnel si leur progéniture n'est pas assurée d'en tirer quelque chose comme le prix Nobel de la sainte paix.
Une déesse comme les autres
Un jour, tu comprendras pourquoi je ne me balade pas avec un distributeur de Purell à la ceinture (vu de mes yeux vu !), pourquoi je ne prends même plus la peine de désinfecter les jouets que j'achète au Village des Valeurs (on par-ta-ge les microbes... ), pourquoi je ne te donne jamais de Nutella et que je jette tous les restants de chocolat le lundi de Pâques (l'anhédonisme est une maladie infantile grave), pourquoi je te punis même devant les visiteurs (parce que c'est surtout devant eux que tu testes les limites, vilaine ortie) et pourquoi j'ai décidé d'être une good enough mother après avoir vu le documentaire Le Mythe de la bonne mère de Micheline Lanctôt.
Nous avons placé la barre trop haut et nous essayons de ressembler à l'image de Déméter plutôt qu'à celle d'une humaine, imparfaite et infiniment plus aimable en raison des défaillances de son système nerveux.
Bref, avec le recul, peut-être jugeras-tu que j'ai été un peu trop sévère avec toi, mais dès aujourd'hui, j'apprends à l'être un peu moins envers moi-même. C'est le seul cadeau de fête des Mères qui me fasse envie.
Ta mamounouche
cherejoblo@ledevoir.com
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C'est la vie! - Wô môman!
Quand je lis ce texte ,ça me fait prendre conscience de mon rôle de femme car je suis femme avant d'être mère
mais pour moi mon quotidient ,je le vis dans le moment présent avec mon instinct et mon humeur du moment ... c'est ça qui fait mon bonheur
De vivre au jour le jour ...je suis chanceuse car pour moi ,c'est possible
mais pour moi mon quotidient ,je le vis dans le moment présent avec mon instinct et mon humeur du moment ... c'est ça qui fait mon bonheur
De vivre au jour le jour ...je suis chanceuse car pour moi ,c'est possible
Bien qu'on adore nos enfants....il ne faut pas non plus leur laisser toute la place dans nos vies.....et si on les aime......on les aime mal de tout faire pour eux....ils entreront dans la vie en pensant que tout leur ai dû, que tout est facile.....des fois il faut savoir résister è l,envie de le faire à leur place, de les laisser se tromper, s'ennuyer.....et apprendre comment dealer avec un NON bien sentie...