De ménagères à pourvoyeuses

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tuberale
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De ménagères à pourvoyeuses

Trois Canadiennes sur dix ont des revenus d'emploi supérieurs à ceux de leur conjoint

Brigitte Saint-Pierre
Édition du jeudi 24 août 2006



Non seulement le modèle de l'homme faisant vivre seul sa famille est une réalité qui, de façon générale, appartient au passé, mais près de trois Canadiennes sur dix ont des revenus d'emploi supérieurs à ceux de leur conjoint, une proportion près de trois fois plus élevée qu'en 1967. C'est ce que révèle une étude de Statistique Canada rendue publique hier.


Au sein des ménages canadiens où les deux membres du couple travaillent, 29 % des femmes avaient un revenu supérieur à celui de leur conjoint en 2003, comparativement à 11 % en 1967.

Comment expliquer cette hausse ? L'accès de femmes à des emplois professionnels et à des postes de gestion, l'augmentation du nombre de femmes travaillant à temps plein, la hausse du niveau des prestations de maternité ainsi que l'augmentation plus lente du revenu moyen des hommes que celui des femmes pourraient en être en partie responsables, estiment Deborah Sussman et Stephanie Bonnell, les auteures de l'étude de Statistique Canada intitulée Ces femmes qui sont le principal soutien de famille.

Ce nouveau phénomène n'est pas sans avoir des répercussions sur le partage des tâches ménagères. Selon une étude de Veronica Jaris Tichenor citée par les auteures, «dans les couples où la femme a un revenu supérieur de plus de 50 % à celui du mari, ce dernier fait plus de travaux domestiques, bien que ce soit malgré tout la femme qui fait la plus grande partie de ces travaux».

Ce n'est toutefois pas le cas de Suzanne, médecin spécialiste, et de son conjoint, qui travaille dans le secteur de la construction. «Mon conjoint fait probablement plus de tâches ménagères que moi, pas parce que je m'attends à ce qu'il en fasse plus parce qu'il gagne moins d'argent que moi mais parce qu'il est plus disponible», mentionne-t-elle. Le couple n'a pas encore d'enfants, mais Suzanne est d'avis que, lorsque ce sera le cas, la plus grande disponibilité de son conjoint constituera un avantage et que leur situation sera préférable à celle d'un couple de deux médecins «avec des horaires de fou».

Le fait qu'elle gagne plus d'argent que son conjoint ne dérange pas Suzanne. «Je crois que ça peut déranger plus celui qui a le salaire moins élevé», a-t-elle dit. Elle est d'avis qu'un homme est plus susceptible d'être mal à l'aise si sa compagne a un salaire plus élevé que le sien et assume plus de dépenses que lui qu'une femme dont le conjoint a des revenus plus élevés que les siens. «C'est peut-être à cause du regard que ces hommes sentent sur eux, étant donné que c'est une situation encore minoritaire, ou par orgueil personnel», a-t-elle mentionné.

Suzanne raconte que son conjoint se fait parfois taquiner au travail à cause de cette situation mais que ces taquineries ne le dérangent pas vraiment. Néanmoins, elle sent parfois un malaise chez lui quand elle lui propose de payer une plus grande partie de certaines factures. «Ce n'est pas vrai que c'est facile, que ça va de soi et que c'est facilement accepté», dit Suzanne, qui ajoute toutefois qu'il ne s'agit pas d'un enjeu fondamental qui pourrait mettre leur couple en péril.



Des revenus moins élevés

Si davantage de femmes qu'avant ont des revenus plus élevés que ceux de leur conjoint, le salaire moyen des femmes dont c'est le cas est inférieur à celui des hommes qui sont le principal soutien de leur famille. Une femme qui est le principal soutien de sa famille gagnait en moyenne 41 200 $ en 2003, comparativement à 57 800 $ en moyenne pour un homme dans la même situation.

Cette différence de revenus entre les hommes et les femmes existe dans toutes les catégories professionnelles. «Par exemple, le revenu des femmes principaux soutiens occupant des postes de gestion et des emplois professionnels se situait à 68 000 $ en moyenne par année tandis que celui de leurs homologues masculins se chiffrait à 83 000 $», mentionne Statistique Canada.

De la même manière, les familles à deux soutiens et dont le soutien principal était une femme avaient des revenus moyens moins élevés (74 000 $) que celles dont le soutien principal était un homme (86 000 $).

Par ailleurs, «le revenu d'emploi de la plupart des femmes principaux soutiens est plus de deux fois supérieur à celui de leur mari», écrivent les auteures de l'étude.

Les femmes principaux soutiens de famille sont légèrement plus âgées et en général plus instruites que celles qui sont soutiens secondaires et que les hommes qui sont les principaux soutiens de leur famille. En 2003, 30 % des Canadiennes qui étaient le soutien principal de leur famille avaient un diplôme universitaire, comparativement à 21 % de celles qui en étaient le soutien secondaire et à 25 % des hommes qui en étaient le soutien principal.
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