2ième DÉBAT : Les jeunes et la violence

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tuberale
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Message par tuberale »

Les jeunes et la violence......

Les gangs de rues envahissent les grands centres. D'où provient ce phénomène ?

Nos lois servent-elles à les aider ou à ns en débarasser?

Avons-ns baissé les bras? Attendons-ns trop d'eux? Écoutons-ns ce qu'ils ont à dire? Que pourrions-ns faire? Quelles mesures mettre en place? Plus sévères ou plus compréhensifs ?...etc...



Vous avez chacun votre histoire, votre idée sur ce sujet...faites-ns en part....on ne parlera jamais assez du sort de nos enfants.....
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Ici dans mon quartier nous avons des travailleurs de rue . Justement juste sur ma rue il y en a 2 . Leur ronde va bientot commencer d'ailleurs . Ils sont la pour faire de la prévention ... Mais jamais je ne les ai vu parler avec les jeunes , s en approcher ...

Ils sont par contre passer chez moi pour me remettre une carte en cas de besoin

Mais moi personnellement je ne sentais pas le besoin de faire appelle a eux , je ne suis pas une adolescente ni une enfant .Mais bon c est toujours bon d avoir cela sous la main .

Ils sont la parmi 2 belles grosses gang de rue ... et ces gang continuent de recruter , de se battre a qui mieux mieux .

Il y a de l aide c est certain , j ai juste  l impression qu elle n est pas adaptée a leur besoin réel .

Comme je suis très près d un appartement ou vit des membres des 2 clans il arrive que parfois je les rencontre . Certains a qui je parle , car ils se tiennent dehors ou sont nos enfants ...

Je sais ca fait peur un peu . Je dit un peu car ces jeunes la autant ils peuvent se battre autant ils ont du bon en eux . Ils jouent avec les jeunes , les touts petits dans le parc . Et jamais les rivaux ne se sont battus ou on eux une prise de bec devant les enfants , devant le logement ... je ne les défends pas , je les regarde et j arrive a les aimer , a avoir de la compassion pour eux .

Ce ne sont pas tous des enfants qui étaient prédestiné a devenir ainsi .Bien souvent ils ont été rejeté d abord .
Combien d enfants je vois en couche dehors la nuit , le matin tres tot , seul a 2-3-4 ans dehors

Il y a un jeune homme en particulier que j affectionne , toujours poli , me dit toujours bonjour , me parle un peu et repart faire ses trucs ... Son jeune frere voulant imité le grand , s enlignait pour s embarquer dans la gang . Mais Il n a pas voulu que son jeune frère le fasse car lui sait c est quoi , il l a aidé , il lui a démontré ce que c était , qu'un coup dedans tu ne t en sors plus car c est ce quil vit présentement ...Et finalement son frere s est repris en main et quand je le vois il est toujours bien habillé , son attitude , sa facon de nous regarder , sa facon d agir avec sa mere a changé d un bout a l autre . Il ne veut plus faire parti de la gang.

Jpense que je vais continuer dans un autre message celui la s en vient long et c est décousu mon affaire , ca me touche tellement de les voirs aller
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Comme je disais , la plupart sont de bonnes personnes mal outillées surement .

Nos lois , on mise beaucoup sur la punition , juste a prendre les graffiti .
On puni , donne des contraventions ... mais dans le fond ils veulent quoi les jeunes ?? le droit de s exprimer , ont t il le droit de s exprimer ?

J en doute
Juste a l école : pas de boucle d oreilles , pas de cheveux de tel et tel couleur , pas de tattoo , il y a les uniformes , pas de chandail avec tel personnage de bande dessiné (comme spiderman genre), les souliers ... tout ce quil fait quils sont unique , quils ont leur gout , leur personnalité ..... leur est enlevé en partie.

(je comprends les raisons mais je suis toujours pas d accord )

Pour ceux qui font des graffiti , je sais quil y a quelques murs pour eux pour quil puisse s y adonner sans probleme ... mais ce n est pas assez considérant quil semble y avoir beaucoup de jeunes porté a faire des graffitis .
Voyons ils vont sur les ponts , montent a des endroits hyper dangeureux , ils ne le font pas tous que pour le thrill d etre monté si haut mais certains le font seulement parce quils essais de ne pas se faire coincer ...

Et au lieu de leur donner plus d'espace , plus de liberté ,la sécurité de s adonner a leur plaisir d'expressions , on les puni Me semble au lieu de punir , de dévaloriser ... c'est quelque chose que ce jeune aime faire et ca ne fait de mal , de danger , ne brise la vie de personne  , pourquoi ne pas l encourager a le faire mais de facon sécuritaire

Jsuis triste et j ai peur chaque fois que je vois un graffiti dans des endroits tres haut , ou seulement dangeureux ... --Message edité par leelou le 2006-05-16 12:33:48--
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Parlant de lois , il y en a une plus particulièrement que je changerais je trouve ca effrayant . Je ne sais pas qu elle est cette loi ,mais je sais ce qu elle empeche de faire .

Donc je vais conter l histoire .

Une jeune fille de 15 ans sors avec un jeune de 27 ans ... La mere ne peux faire de plainte car sa fille est assez vieille pour décider pour elle meme ...
DOnc la relation continue , on apprends que ce jeune est un pimp et un dealer ... la jeune fille tombe enceinte elle a 16 ans et accouche lorsqu elle atteint 17 ans ..
On apprends d ailleurs a cet époque que cet homme bat la jeune fille ,mais pour ne pas que ca paraisse il l a frappe sur la tete et pour etre certaine qu elle ne fasse ou ne dise rien a toujours le bébé dans les bras ...

Puis un jour elle réusssie a avoir un moment seule (car évidemment il la suit partout et ne la laisse jamais seule) elle décide donc de confier cela . Sa mere , sa tante ,meme moi , on décide de trouver un moyen de l aider (elle est mineure la)
Sa mere appelle la police explique l histoire ,que la jeune n a jamais une minute seule et surtout sans quil ai le bébé dans les bras ... La police lui dit madame on ne peut rien faire et vous non plus c est a elle de décidé et d appeller .Et la , la police transfere la mere au département de je ne sais trop quoi mais ca concerne le bébé  :/

elle ne veut pas lui enlever son enfant , la jeune s en occuppe tres bien de son bébé . en lui enlevant son enfant vous imaginez ce que ca va donner entre lui et elle  

Donc rien n a été fait .plus personne n entends parler de rien ...

On ne peut plus porter plainte pour nos enfants lorsquils sont mineurs du moins a partir de 15 ans semble t il je trouve que ce n est pas les aider du tout ca .Je me dit que si la mere au tout début avait pu porter plainte pour détournement de mineur ... me semble que la suite des choses ne serait pas la meme , enfin j ose croire cela --Message edité par leelou le 2006-05-16 13:10:22--
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Un  lien ou ce sera tres complet d apres moi comme info sur les gangs de rue Je viendrais plus tard en placer des grandes lignes
L ampleur , les mesures prises etc...

Notes :
   La première partie de ce document contient 98 pages et la seconde partie contient 440 pages

http://www.infotheque.info/ressource/7354.html
jsuis en train de lire mais ca date des années 90 ... jvais essayer tout de meme de trouver plus récent ... meme la c est désuet   --Message edité par leelou le 2006-05-16 13:32:22--
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linus611
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Message par linus611 »

Super intéressant ton analyse Leelou, je suis tout a fait d'accord avec tes propos, on est en train de faire une civilisation aseptisé sans se soucier des besoins de ceux qui sont un peu plus marginaux.


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LeeLou
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Message par LeeLou »

linus611  a écritSuper intéressant ton analyse Leelou, je suis tout a fait d'accord avec tes propos, on est en train de faire une civilisation aseptisé sans se soucier des besoins de ceux qui sont un peu plus marginaux.


  si tu n es pas conforme au moule , t a pas ta place en général . J ai jamais senti moi meme que j avais une place et je ne suis pas marginal , jveux juste rien savoir d etre comme tout le monde et copie conforme aux millions de reglements   (mais je montre le bon exemple a mes enfants , mes opinions aux sujets devant eux ne sont pas souvent ce que je peux penser réellement car je veux quils se trouvent une place et non pas faire comme moi ) Mais certains ne réussissent pas a se faire une vie , ils s en aillent dans les gang , se retrouvent a la rue ...
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Message par LeeLou »

je n ai pas trouvé encore de données actuelles , ni de travaux de recherches plus récents .... je trouve ca dommage , j imagine et j espere quil y en a ....
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Message par LeeLou »

donc je ne peux parler que de ce que je vois ou je vis , et des cas il y en a ...

Je parlais plus haut qu'on avait 2 travailleurs de rue ici sur ma rue qui font le tour ...
je les ai vu aujourdhui d ailleurs (fallait je parle d eux ca l air )

Ils se promenent , prennent un café , se repromenent reprennent un café ....
Bref j ai parlé avec ma chum , elle les connait ils s occupAIENT  des jeunes de son hlm ou elle habite ..... AVANT . Maintenant ils passent par la mais ne font rien .

Auparavant il y avait une dame qui s occupait de ces hlm la , et elle avait la job de s occuper des jeunes accompagnés des 2 travailleurs ... Chaque jour il y avait une activité pour les jeunes , des choses qui les interessaient .... des discussions , des rencontres avec d anciens membres de gang de rue pour sensibiliser les jeunes a tout cela ....

Son poste a été coupé , elle a été envoyer dans un bureau a quelque part .... les jeunes n ont plus rien , plus aucune activité ...... depuis ce temps une dizaine de ces jeunes qui sont encore la font partit des gang
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Message par LeeLou »

Pourquoi certains jeunes s embarquent ils dans les gang .... Certains proviennent de milieu défavorisé , je crois bien que c est la généralité , parfois certains ne viendront pas de la mais que tres rarement selon moi.

Certains ont vécu du rejet , le reject de la classe , le reject de l école , de la famille . Le sentiment d appartenance ils n en ont pas ... mais en se retrouvant dans un gang ... on retrouve un semblant de famille , d appartenance a un groupe ou enfin il a été accepté .

Il y a l appat du gain facile , l argent facile .

Ceux qui ont toujours eux de la misere a l école , mais que personne n a jamais poussé a aller plus loin , que personne n a aider . Ceux qui ont été laissé a eux meme depuis leur petite enfance , ils ont du apprendre a se débrouiller par eux meme tres tot et pas toujours dans les meilleurs conditions .

Ce sont ces modeles de jeunes , les raisons de ceux que je rencontre chaque jours a l extérieur de chez nous .

Il y a surement d autres raisons , mais ceux la je ne les ai pas observé...
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Message par LeeLou »

http://www.selection.ca/mag/2006/05/Bras_fer.php


Bras de fer
Face à la violence des gangs de rue, policiers et intervenants n’ont pas l’intention de plier

PAR HAROLD GAGNÉ

Le 19 novembre 2000, Benoit Baril monte dans un autobus à la station de métro Henri-Bourassa, à Montréal, après avoir fait la fête avec des amis. La soirée a été longue, et le jeune homme de 21 ans s’endort très vite. Le chauffeur le retrouvera baignant dans son sang. On s’est acharné sur lui à coups de couteau. Bilan: foie transpercé, poumon, estomac et vésicule biliaire perforés.

Plongé dans un coma artificiel, Benoit oscille pendant 28 jours entre la vie et la mort. Lorsqu’il se réveille, les événements de cette nuit-là ont été rayés de sa mémoire. Et son agresseur court toujours. Mais le crime portait tout de même une signature. «Le genre d’agression dont a été victime Benoit Baril est rare, mais ressemble à un rite d’initiation auquel doivent se soumettre les jeunes qui veulent adhérer à un gang», explique Harry Delva, diplômé en criminologie et patrouilleur de rue dans le quartier Saint-Michel. «Ce crime fait penser aux gangs de rue», présume lui aussi Claude Charlebois, commandant de la section intervention jeunesse, prévention et gangs de rue de la région est de Montréal. «Ça ne prend pas grand-chose pour les contrarier, ajoute André Bouchard, ex-commandant de la police de Montréal. Il suffit d’en regarder un de travers.»

«La force des gangs, c’est l’intimidation, précise Chantal Fredette, criminologue et spécialiste des gangs de rue au Centre jeunesse de Montréal. Quand les gens ont peur, les membres de gangs sont contents. Ils carburent au sentiment d’insécurité.»

Benoit Baril n’était pas leur première victime innocente… ni la dernière.

Marginaux il y a encore une vingtaine d’années, les gangs font de plus en plus parler d’eux. Et ils inquiètent! Selon la police de Montréal, ils ont été impliqués dans trois meurtres et 51 tentatives d’assassinat en 2005. Les enquêteurs leur attribuent une centaine d’homicides au cours des 15 dernières années. Les gangs montent en puissance, et des innocents risquent de plus en plus d’en faire les frais.

En octobre dernier, dans une discothèque de la rue Saint-Denis, à Montréal, une trentaine de membres d’un gang ont battu et poignardé à mort Raymond Ellis, 25 ans. Ils étaient persuadés que le jeune vendeur de vêtements était membre d’une bande adverse.

A Toronto, le lendemain de Noël, une fusillade éclate dans la rue commerciale Yonge. Une adolescente de 15 ans, Jane Creba, qui courait les soldes de fin d’année, a été tuée, et six autres personnes ont été blessées.

Le 3 décembre 2005, deux passants ont été blessés par balle, rue Sainte-Catherine Ouest, quand un homme dans la vingtaine a tiré sur un véhicule de police garé devant le magasin La Baie. Un homme de 30 ans a été atteint à la cuisse, et une dame de 52 ans a pris une balle dans le pied.

Certains de ces incidents n’ont pas été formellement liés aux gangs, mais ces «dommages collatéraux» ne sont rien d’autre pour certains experts que les bavures d’une guerre sans merci que se livrent les gangs de rue pour contrôler la vente de la drogue et la prostitution. A Montréal, cette bataille oppose principalement trois gangs: les Bo Gars, les Crack Down Posse et les Syndicates.

Tout commence au cours des années 1980, avec l’apparition des Bo Gars, à Montréal-Nord, et des Crack Down Posse, surnommés les Crips, dans le quartier voisin de Saint-Michel. Agés de 17 ou 18 ans, ces jeunes sont issus de familles haïtiennes. Même s’ils n’ont aucun lien avec les gangs des Etats-Unis, les Crack Down Posse adoptent le bandeau bleu des puissants Crips de Los Angeles, tandis que les Bo Gars arborent le rouge des Bloods de la Californie.

Aujourd’hui, forts d’une centaine de membres, les Bo Gars ont établi leur domination sur le quartier de Rivière-des-Prairies et touchent Côte-des-Neiges et Saint-Léonard. Aussi nombreux, les Crack Down Posse ne sont pas en reste et régentent Villeray et Rosemont. Le centre-ville, lui, est aux mains d’un nouveau gang, les Syndicates, affilié aux Hells Angels.

Les territoires vierges tombent rapidement aux mains de nouvelles bandes. Les Ruff Riders prennent Pierrefonds, dans l’ouest de l’île, les Crazy Adolescent Delinquents, Verdun. Le quartier chinois et le secteur de la rue Jean-Talon sont quant à eux couverts par les Red Blood et les Black Dragons, deux gangs asiatiques. Et les Downtown et les Uptown, composés surtout de jeunes issus de la communauté jamaïcaine, se disputent la Petite-Bourgogne, Pointe-Saint-Charles et Côte-des-Neiges.

Faut-il s’alarmer pour autant? Selon Statistique Canada, le Québec est pour le moment la province où le taux de crimes violents est le plus bas, soit 7,2 par 1000 habitants – la moyenne nationale étant de 9,4 par 1000 habitants. Et, concernant les gangs de rue, Chantal Fredette rappelle qu’«environ 90 pour 100 des jeunes ne poursuivront pas leur affiliation aux gangs après l’âge de 18 ans».

Restent 10 pour 100… et une tendance à la hausse qui se confirme partout ailleurs. En 1970, 270 villes américaines signalaient la présence de gangs sur leur territoire. Elles étaient 1500 en 1998. En 2002, environ 21500 gangs, regroupant 731000 membres, sévissaient aux Etats-Unis.

La situation à Montréal, et même au Québec, reflète ce qui se passe chez nos voisins du sud à une échelle qui, pour être modeste, n’en est pas moins préoccupante. Chantal Fredette compare la prolifération des gangs à des groupes d’abeilles qui se détachent de la ruche pour aller essaimer sur de nouveaux territoires.

Aucune ville de la province ne semble à l’abri. Les Wolf Pack de Québec étaient très actifs dans le fameux réseau de prostitution juvénile démantelé il y a trois ans. La vieille capitale compte aussi désormais un autre gang émergent: le Québec Blue Dragon Crew.

Les gangs de rue ont aussi fait parler d’eux à Laval, à Gatineau, à Granby, à Longueuil, à Victoriaville et à Saint-Jean-sur-Richelieu.

La mise hors circuit de certains groupes de motards criminels au cours des dernières années n’est pas étrangère à la prospérité des gangs au Québec. Selon le Service canadien de renseignements criminels, des gangs de rue tentent de prendre la place des Hells Angels emprisonnés depuis le printemps 2001. Ce qui fait croire à Eric Nadeau, qui a infiltré de puissants groupes de motards et fait arrêter 62 membres des Bandidos en 2002, que les choses pourraient se gâter lorsque les motards vont commencer à sortir de prison:

«Ils vont vouloir reconquérir leurs territoires, et on peut s’attendre à une guerre sans merci qui pourrait bien faire d’innocentes victimes.»

On estime qu’une dizaine de gangs criminels se partagent la seule ville Montréal. Ils regrouperaient un noyau dur de 200 à 300 membres, surtout des garçons et des hommes âgés de 13 à 30 ans, autour duquel gravitent des centaines d’aspirants. Contrairement aux motards, les gangs de rue fonctionnent sans hiérarchie véritable. Le seul moyen de grimper dans cette échelle floue ou d’intégrer un gang, c’est de se montrer plus méchant que les autres. Pas de code d’honneur ici, plutôt un code d’horreur…

Emmanuel Lafontant, un colosse de 1,78 m et 109 kilos, le connaît bien, lui qui a «combattu» dans les rangs d’un gang de rue du quartier Saint-Michel durant les années 1990. «Lors de mon initiation, une quinzaine de gars m’ont sauté dessus et m’ont battu. Pour faire partie du gang, il fallait survivre.»

Après s’être fait mettre à la porte de l’école à 12 ans pour avoir rossé le directeur, Emmanuel a commencé à vendre de la drogue et des armes, histoire de gagner sa vie et de ne manquer de rien. «Je ne voulais pas finir mes jours comme mes parents, originaires d’Haïti, qui travaillaient très fort dans les manufactures pour élever leurs cinq enfants. Ils n’étaient jamais à la maison.»

Edson* a suivi la même voie. A 23 ans, il se fait dans les 80000$ par année en vendant de la drogue et en contrôlant une partie de la prostitution dans le quartier où il est né. Quand il descend de son luxueux 4x4 à la station de métro Saint-Michel, enfants et ados lui jettent des regards admiratifs. Casquette vissée sur la tête, pantalon très ample et démarche de caïd made in Hollywood, Edson est le plus jeune des six membres d’une petite troupe qui gravite autour des Crack Down Posse.

Comme beaucoup de gens rêvent de le tuer, Edson ne sort jamais sans son gilet pare-balles. Il porte au ventre deux grandes cicatrices, souvenirs de guerre.

«C’est la pauvreté qui fait qu’il y a des gangs de rue, dit-il. Quand j’allais à l’école, mes amis et moi, on devait voler pour manger. Mes parents venus d’Haïti étaient si pauvres qu’ils n’avaient rien à me donner. Je n’avais rien, et maintenant je veux tout.»

Edson a quitté l’école à 17 ans, et ses meilleurs amis, qui volaient avec lui à l’épicerie, sont toujours à ses côtés. Si vous leur dites que ce qu’ils font n’est pas très bien, ils vous répondront sans se démonter qu’ils aident leurs semblables, eux aussi confrontés à la misère, en leur donnant du travail. Ils emploient même des enfants pour transporter de la drogue. «S’ils se font arrêter, lance Edson, ils ne seront pas condamnés, alors que, moi, je pourrais en prendre pour un an.»

«C’est abominable, dit Harry Delva, qui dirige une équipe de neuf patrouilleurs de rue de la Maison d’Haïti, dans le quartier Saint-Michel. Les gangs recrutent des membres de plus en plus jeunes. Certains ont à peine huit ans. On les met dans un autobus et on les envoie à Ottawa avec une cargaison de drogue. D’autres transportent des armes. Le petit se fait 100$ chaque fois. Que va-t-il faire à 15 ans?»

Avec la drogue, la prostitution constitue l’autre grande source de revenus des gangs de rue. Leur cible de prédilection: les adolescentes en fugue.

Anne* avait 14 ans quand elle s’est sauvée de chez elle. «J’ai rencontré un gars de 24 ans qui m’a promis beaucoup d’argent, un appartement et de beaux vêtements. C’était le prince charmant.»

Un vrai conte de fées… qui se termine dans des établissements louches de Québec, de Toronto et du Nouveau-Brunswick, où Anne danse et se prostitue. Parfois quatre clients par jour; 2000$ par semaine pour son «ami», pas un sou pour elle. Après deux ans de cet enfer, la jeune fille trouve refuge à la DPJ, qui tente de l’aider à recoller sa vie en morceaux. Des centaines d’autres jeunes filles aux prises avec des problèmes familiaux sont ainsi recrutées dans les stations de métro et autres lieux de passage.

Après quelques années de flottement, les autorités semblent avoir pris la mesure du danger. Depuis 2001, la police de Montréal a formé une équipe d’enquêteurs spécialisés dans les gangs de rue. En 2003, la GRC, la Sûreté du Québec, les services de police de Laval, de Longueuil et de Montréal ont mis sur pied l’escouade Sans frontières. Au menu: échange d’informations et multiplication des opérations.

Lors de sa nomination, en avril 2005, le nouveau directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Yvan Delorme, avait promis de faire la guerre aux gangs de rue. Cet ancien de l’escouade Carcajou a tenu promesse. L’an dernier, le SPVM a procédé à 2180 arrestations et saisi 345000$.

«En fait, les 4300 policiers de Montréal luttent contre les gangs de rue, précise Yves Riopel, commandant de la division du crime organisé au SPVM. On fait beaucoup de prévention dans les écoles. Les gangs sont une priorité nationale.»

Son équipe aimerait bien déstabiliser les gangs, comme l’a fait la police de Boston. En 1990, la guerre des gangs a tué là-bas 62 jeunes de moins de 24 ans. Les autorités ont alors envoyé une solide mise en garde aux bandes armées: «Si un crime violent est commis par l’un des vôtres, on vous tombe dessus.» Certains gangs n’ont pas tenu compte du message, et l’escouade spéciale a frappé. Six ans plus tard, on ne comptait plus que 10 meurtres chez les membres de gangs de rue bostoniens. Le criminologue Marc Ouimet, de l’Université de Montréal, croit que la situation à Montréal n’est pas aussi grave qu’aux Etats-Unis, mais il est convaincu que la police devrait tout de même adopter une approche plus musclée.

La police de Montréal a bien proposé au gouvernement de créer une escouade semblable à celle de Carcajou, qui avait si bien fonctionné contre les motards il y a quelques années, mais Québec hésite encore…

Ne risque-t-on pas de perdre totalement le contrôle en temporisant de la sorte? Selon un employé de la Société de transport de Montréal, qui préfère garder l’anonymat, il devient de plus en plus difficile de déloger les membres de gangs de certaines stations de métro.

«On fait une dizaine d’opérations majeures chaque année avec la police, dit-il, et on saisit des armes et des stupéfiants, mais, malgré nos efforts, de plus en plus de gangs envahissent les stations et se battent à coups de couteau et de bâton.»

Pour les intervenants du milieu, il faut miser davantage sur la prévention que sur la répression. Et la solution, ils en sont convaincus, ne peut venir que de l’intérieur.

Arrivé au Canada à l’âge de sept ans, Harry Delva a eu la chance de naître dans un milieu qui lui a permis de fréquenter les meilleures écoles. Comme de nombreux autres Haïtiens, il est préoccupé par le phénomène des gangs qui ternit l’image des Noirs.

«On a tous une responsabilité sociale, dit-il. Si je sauve un de mes compatriotes qui a besoin d’aide, alors je fais ma part.»

Le jeune criminologue et ses patrouilleurs de la Maison d’Haïti sont payés pour sillonner les abords des écoles primaires et secondaires, les parcs récréatifs ainsi que la station de métro Saint-Michel. Ils s’assurent que les enfants et les adolescents retournent chez eux en toute sécurité.

Depuis 14 ans qu’il travaille dans la rue, Harry Delva a réussi à libérer quelque 200 jeunes de l’emprise des gangs. Sa plus belle réussite? Avoir aidé, en 1993, un caïd du quartier Saint-Michel à changer de vie. «Il aimait beaucoup sa mère, qui n’en pouvait plus de le voir dans ce milieu. Je lui ai conseillé d’aller passer six mois chez des parents à New York pour se faire oublier. Aujourd’hui, il travaille à Montréal. C’est un honnête citoyen.» Mais, pour obtenir des résultats, il faut comprendre la culture de ces jeunes, soutient Harry. «Les membres de gangs se méfient de la police. Ils prennent pour modèles certains groupes américains noirs qui estiment que tous les policiers sont racistes.»

Cette mission reste extrêmement difficile. Certains jeunes sont des irréductibles. Dans le quartier Saint-Michel, Edson est persuadé que personne ne peut rien changer. «Une fois que t’es dans la bande, tu ne peux plus la quitter. Un adversaire pourra toujours te retrouver, peu importe ton âge, et te tuer. En fait, la seule façon d’en sortir, c’est à la morgue.»

Ça reste à voir. Emmanuel Lafontant est passé par là, tout près de la morgue. Juste assez pour se rendre compte que l’excès de violence tue parfois la violence. «Un jour, les membres d’un autre gang m’ont encerclé et poignardé dans une discothèque, raconte-t-il. Mes amis m’ont laissé tomber, même si j’étais à l’article de la mort.»

Quelque temps plus tard, sa petite amie, Julie Denis, lui suggère d’aller entendre à l’église le témoignage d’un ex-boxeur héroïnomane. «Je sentais qu’il avait vécu dans la misère et qu’il avait pu s’en sortir. Alors, pourquoi pas moi?» Emmanuel retourne à l’école et devient entrepreneur. Aujourd’hui marié et père de trois enfants âgés de 8, 10 et 12 ans, il sait que l’on peut aider les membres de gangs à sortir de leur ghetto et à découvrir autre chose que ce qu’ils ont connu. Il pense également qu’il faut intervenir auprès des parents. «Je ne veux pas accuser les miens, mais ils n’étaient pas là. Il faut être proche de nos enfants et les élever avec des valeurs.»

La violence d’Emmanuel Lafontant s’est éteinte, et il a décidé à son tour d’aider les autres en donnant des conférences dans les écoles et les prisons. Il caresse le rêve d’ouvrir à Longueuil une maison pour aider les membres de gangs qui veulent s’en sortir. «Ce n’est pas un policier qui va sortir un gars de gang de la rue, conclut-il. Seul un autre gars de gang peut le faire.»
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Message par LeeLou »

Qui sont les membres de gangs ?

Âge: entre 10 et 25 ans.
Espérance de vie:
30 ans au Canada, 21 aux États-Unis.
Types de jeunes:
manque d’encadrement familial; milieu défavorisé; violence familiale.
Raisons d’adhérer:
valorisation, appartenance, protection, pouvoir, argent, s’amuser.
Noyau dur: les leaders.
Particulièrement violents, les plus criminalisés. Influencent le gang. Ont quitté les institutions comme l’école.
Noyau mou: périphérie.
Plus influençables. À la fois dans le gang et à l’école. Problèmes de comportement et d’intégration scolaire.
Aspirants.
Tournent autour du gang. Voudraient y participer, mais possible d’éviter leur adhésion.
Source: Jeunesse et gangs de rue,
Centre Jeunesse de Montréal.

http://www.amecq.ca/dossieroct05.html


Octobre 2005
Dossier

Le défi des gangs de rue - 1ère partie
Dominic Desmarais, Reflet de Société, Montréal, août 2005.


La patrouille de rue de la Maison d'Haïti arpente parcs et écoles. Photo: Harry Delva et Shermond Absence, coordonnateurs, et Wilnie Alexandre, patrouilleuse.

Des jeunes patrouillent les parcs, une polyvalente engage un ancien policier comme médiateur… des solutions se mettent en place pour affronter les gangs de rue. Mais les moyens sont dérisoires.

«Si c’était si simple, ça ne ferait pas 20 ans qu’on y réfléchirait. On est pas arrivé à une solution.» Le verdict tombe comme un coup de massue. De la part d’un poids lourd de la lutte contre le phénomène des gangs de rue, l’impact fait mal.

Chantal Fredette est criminologue au Centre jeunesse de Montréal. Avec 3 collègues, elle a rédigé en 1998 un rapport sur les gangs de rue, commandé par la police de Montréal. Les chercheurs ont découvert que les jeunes solidement attachés à leurs parents, à leur école, à des amis et à leur communauté risquent moins d’adhérer à un gang de rue. D’où la nécessité d’impliquer tous les acteurs de la région concernée, police, écoles, familles, ville, gouvernement, milieu judiciaire, milieu communautaire, CLSC. Ensemble, ils peuvent combler les besoins d’appartenance, de valorisation et de protection que certains vont chercher dans les gangs. «La solution aux gangs, ce n’est pas juste la responsabilité de la police mais de tout le monde. Du citoyen au premier ministre du Québec», plaide Mme Fredette.

«Pour l’instant, chacun rame de son côté. On est pas encore rendu à la perfection, mais c’est en train de s’améliorer. Il y a 6 ou 7 ans, c’était n’importe quoi», note Harry Delva, coordonnateur de la Maison d’Haïti, un organisme communautaire offrant des activités aux jeunes. M. Delva constate une ouverture récente des différents acteurs. «Les écoles et les CLSC acceptent le partenariat. On se dit que oui, c’est vrai, on intervient avec le même jeune.»

La criminologue Chantal Fredette n’est pas aussi optimiste. «On a pas encore trouvé une façon de travailler ensemble. On a pas les moyens de nos ambitions. On tire partout. On fait n’importe quoi. Ça m’inquiète, s’emporte-t-elle. Les gangs, ça touche 10% des jeunes. Il faut aborder la pauvreté, pas juste les gangs.» Elle propose de contrer l’attrait des gangs en prenant de front plusieurs problèmes sociaux. «Ce qui marche pour les gangs va marcher pour le taxage, la drogue, la violence, le décrochage scolaire, la prostitution. Pourquoi alors financer des problématiques plutôt qu’un programme dirigé sur le jeune?», demande-t-elle, dénonçant cette pensée à court terme. «On est dans la mode. C’est tendance de parler gangs. Mais l’an prochain, on ne va parler que d’hypersexualisation. Pas de gangs. Et on ne fera pas de liens entre les autres problématiques comme la faible estime de soi et la prostitution…», déplore Mme Fredette, découragée. Mais son enthousiasme ressurgit aussitôt. La battante refait surface. «Ce qui me réconcilie, c’est que je suis en contact avec des intervenants extraordinaires qui ont la volonté de changer les choses.»

Une approche concentrée sur le jeune? Harry Delva n’est pas tout à fait contre. «C’est sûr que ce serait intéressant de pouvoir l’axer sur le jeune. Mais qui dit jeune dit famille. Il faut un projet qui peut aider le jeune dans la famille.» L’inspecteur Jean Baraby, de la police de Montréal, interpelle les parents, facteur le plus susceptible d’empêcher le jeune d’adhérer à un gang. «Intéressez-vous à vos enfants. Dites-leur “t’es important pour moi.’’ Valorisez les études!»

Bien qu’il ne veuille pas minimiser le phénomène des gangs de rue, l’inspecteur Baraby tient à rappeler que, malgré la visibilité des gangs de rue dans les médias, il ne faut pas voir derrière tout jeune un membre de gang. «On a des énergies à mettre dans la lutte contre les gangs, mais il y a toujours bien 99% des jeunes qui fonctionnent bien.»

Et malgré le bon vouloir de tous, du citoyen au premier ministre du Québec, le jeune a un gros mot à dire. «Tant que le jeune n’a pas décidé par lui-même de quitter le gang, il n’arrivera rien», observe Harry Delva. Un argument de plus pour concentrer les ressources sur le jeune?

La polyvalente Henri-Bourassa
relève le défi des gangs
Au début des années 1990, l’école Henri-Bourassa, située à Montréal-Nord, souffrait d’une épidémie de violence. Les gangs de rue gangrenaient l’institution au point de faire fuir la clientèle. Pour sécuriser les parents, élèves et professeurs, l’administration a pris le taureau par les cornes.

En 1992, la direction participe à un comité anti-violence où siègent policiers, psycho-éducateurs, étudiants, parents. Forte de ce brassage d’idées, la direction augmente son personnel de sécurité, ajoute des caméras et transforme les lieux de façon à restreindre les endroits isolés. La mentalité change. «On a analysé que les événements tragiques, les meurtres, les tentatives de meurtres, les batailles, partaient de rien. Les profs ont été mis à contribution. Ils nous disent ce qu’ils savent et on intervient.» Le commentaire vient de Richard Vandal, policier à la retraite. Trop jeune pour se retirer de la vie active à 48 ans, il prend les rênes de la sécurité de l’école en 1994.

Dès qu’un conflit couve, M. Vandal intervient. Juste en favorisant la communication, il désamorce des crises aux proportions inimaginables, comme cette fois où un jeune haïtien et un latino se sont bousculés. «Les deux ont des frères, des cousins, des amis plus vieux dans l’école et à l’extérieur. Les téléphones étaient déjà faits pour qu’il y ait un grand rassemblement après les cours… Ils se sont parlés et rien n’est arrivé par après.»

L’école conserve les numéros des casiers et, une fois l’an, l’escouade canine vient flairer cet espace de rangement. De plus, la polyvalente Henri-Bourassa, pour éviter toute marque associée aux gangs, a éliminé les casquettes et les bandeaux. L’école va même jusqu’à fournir les sacs à dos afin d’empêcher les jeunes d’amener des armes. «Ici, c’est une belle aventure de vouloir aider les jeunes. Ce ne sont pas toutes les écoles qui ont cette ouverture», dit Alain Clément, policier de Montréal-Nord impliqué dans la prévention à l’école et ancien élève de l’institution.

Un partenariat réussi entre la Maison d’Haïti et la police
Shermond est coordonnateur de la Patrouille de rue de la Maison d’Haïti dans Saint-Michel, à Montréal. Il supervise 9 jeunes haïtiens dont la tâche est de prévenir les conflits dans le secteur, particulièrement ceux créés par les gangs.

La patrouille travaille étroitement avec la police de la ville. «On fait du bon travail ensemble», avoue le jeune homme de 22 ans. L’entente est simple. Avant de débarquer à un endroit, la police prévient Shermond. «Ils peuvent arriver et faire une descente, recourir à la force. Ils ne le font pas. C’est ce que j’aime. Ils font appel à nous avant pour qu’on règle le problème», raconte le jeune homme.

Son alliance avec la police renforce son pouvoir de prévention et évite des arrestations. «Si on était séparés, ça n’aurait pas le même impact. Les personnes qui raisonnent bien vont se dire que c’est mieux de nous écouter parce que sinon la police s’en vient.»

À Saint-Michel, la patrouille assure la sécurité à l’intérieur des événements, la police, à l’extérieur. Les jeunes se sentent moins contrôlés. L’alliance bénéficie à tous. «S’ils vont dans un spectacle et que la police est là, les jeunes n’entreront pas avec des armes. Ils vont le faire si elle n’est pas là.» Pour Shermond, l’association avec la police est un exemple de partenariat qui fonctionne.

Genèse des gangs de rue - 2ième partie
Dominic Desmarais, Reflet de Société, Montréal, août 2005

Le phénomène des gangs de rue s’amplifie à Montréal, touchant 10% des jeunes. Apparus dans les années 1980, ces groupes partent désormais à la conquête de la province. Ils attirent des jeunes rêvant de pouvoir et de richesse.

Le visage fraîchement rasé, les cheveux coupés courts, la chemise soigneusement repassée, l’inspecteur-chef Jean Baraby, de la police de Montréal, ressemble au bon père de famille typique. Seule la présence d’une attachée de presse dans son bureau rappelle la délicatesse du sujet. Le phénomène des gangs de rue, c’est du sérieux. De sa voix chaleureuse, le policier transmet ses connaissances: «Dans les années 1980, c’était des ados. C’était des batailles en dehors des écoles, dans les parcs. Il n’y avait pas d’activités criminelles. Si je fais un parallèle, dans les années 1960–1970, les francophones se battaient contre les anglophones.»


Une carrière

Alain Clément est également policier. Depuis cinq ans, tous les mercredis, il se rend à l’école secondaire Henri-Bourrassa pour prévenir les élèves de secondaire I des méfaits d’adhérer aux gangs de rue. «Avant, tu pouvais trouver un gang qui volait des voitures. Ils ne faisaient pas d’argent. Ils se sont rendus compte qu’il y avait de l’argent à faire et ont dit aux plus jeunes comment faire.» Mais voilà, ces jeunes de la première génération ont vieilli, se sont endurcis. Ils ont emprunté la voie de la criminalité, offrant de nouveaux modèles pour les jeunes frères, les cousins. «Maintenant, tu peux faire carrière dans les gangs de rue. Il y a des modèles. Les plus jeunes regardent ça et se disent “wow, je peux faire comme eux!’’, explique l’inspecteur Baraby.

Les jeunes se réunissaient par besoin de valorisation, par désir de constituer une famille. Les intervenants pouvaient alors combler leur besoin d’affection. Les choses ont évolué, le roi dollar a pointé le bout de son nez. «La valeur, aujourd’hui, c’est l’argent. Le jeune a tout ce qu’il veut dans la vie. Il est millionnaire. Il a les filles, la drogue. Comment dire au jeune qu’il est un mauvais modèle?», explique Harry Delva, coordonnateur des projets jeunesse à la Maison d’Haïti depuis 13 ans. L’homme en connaît un rayon. Il s’occupe d’un projet de patrouilleurs de rue composé de jeunes dont certains ont flirté avec des gangs. Ils essaient de conseiller leurs pairs dans le quartier Saint-Michel à Montréal.

M. Delva reconnaît qu’il est aujourd’hui plus difficile de ramener les membres de gangs dans le droit chemin. «Entre 1997 et 2000, des jeunes, qui ne faisaient pas nécessairement partie de gangs, se sont enrichis avec des fraudes. Ils ont encouragé nombre de jeunes ayant envie d’adhérer à un gang. Maintenant, ces jeunes ne cherchent plus une famille mais une richesse, explique M. Delva. En voyant des jeunes qui ont réussi, les gangs se sont dit qu’ils pouvaient y arriver.»


Les jeunes à risque

Quel jeune éprouve le besoin de s’intégrer à un gang? À en croire l’inspecteur Baraby, tous les jeunes sont susceptibles d’être recrutés. Chantal Fredette, criminologue et spécialiste des gangs de rue au Centre jeunesse de Montréal, apporte des précisions. Les plus à risque viennent de familles dont l’un des membres fait déjà partie d’un gang. Une très grande majorité des jeunes qui ont déjà des problèmes y trouvent leur niche, explique la chercheure. «Le défi, c’est d’identifier, parmi les jeunes des gangs, les 10 à 20% qui vont constituer le noyau dur, qui sont très criminalisés. Un des facteurs, c’est la précocité. Celui qui fréquente tôt les gangs, par exemple à neuf ans, va être plus à risque. Le 10% du noyau dur a la perception que la vie est dangereuse, qu’il y a deux côtés: les gagnants et les perdants. Pour gagner, il faut imposer», s’exclame la jeune femme tout en gesticulant. «Pour une minorité de jeunes au Québec, en 2005, le gang de rue offre une meilleure perspective de vie que tout autre chose», constate la criminologue qui a rencontré une trentaine de ces jeunes pour rédiger un rapport sur le sujet.


Violence extrême

«L’univers des gangs est extrêmement violent, a observé Chantal Fredette dans ses recherches. Il faut être tolérant à la violence pour supporter ce climat. Il y a un 20% des jeunes qui ont cette tolérance», note-t-elle.

Dans ses visites à la polyvalente Henri-Bourrassa, le sergent Alain Clément a senti lui aussi l’apparition de ce problème: «Depuis les 5 dernières années, je constate autant d’événements, mais ils sont de plus en plus violents.» L’accès facile aux armes expliquerait l’intensité des altercations.

«C’est plus facile pour eux d’acheter une arme qu’un paquet de cigarettes», dit Harry Delva d’un ton détaché de celui qui a tout vu. Les jeunes ont les moyens de s’outiller. D’autant plus qu’ils ont un réseau de drogue, de prostitution, d’extorsion à protéger.

«Ça ressemble au temps d’Al Capone. Ce qu’on voit, ce sont des règlements de compte entre gangs pour un territoire. Maintenant, ils sont partout. Parce que les motards ont libéré certains secteurs, les gangs de rue décident d’occuper et d’agrandir leurs territoires. Quand ils se rencontrent au centre-ville, ils se tirent dessus», décrit M. Delva. Accroupi, les coudes sur les genoux, il se relève, esquissant une mimique d’impuissance. Attirés par le gain, les gangs de rue reluquent les territoires délaissés par les motards, affaiblis à la suite de l’opération policière Printemps 2002 qui a permis de mettre derrière les barreaux plusieurs Hells Angels et Rock Machines.

Libérés de cette concurrence, les gangs s’exportent. «Ce qu’on constate, c’est que les membres de gangs s’installent en périphérie de Montréal et vont faire des activités plus éloignées comme le trafic de stupéfiants, la prostitution juvénile. On en a retrouvé en Gaspésie, au Lac St-Jean, en Outaouais et à Sherbrooke. Ils ne sont pas encore rendus à s’y installer», avoue l’inspecteur Baraby, qui rajoute du même souffle la mise sur pied d’une escouade de choc. Pour contrer cette expansion, la Police de Montréal, de Laval, la Sécurité du Québec et la GRC ont uni leurs forces.

Cette nouvelle union policière sera-t-elle suffisante pour contrer le phénomène? Probablement pas, de l’aveu de l’inspecteur. «Tant qu’il y aura l’appât du gain, il va toujours y avoir des jeunes qui vont s’y intéresser. On a pas la prétention de penser qu’on va enrayer le problème. Comme la prostitution, on travaille fort, mais on peut pas l’empêcher.» Réaliste, le coordonnateur de la Maison d’Haïti n’en pense pas moins. «C’est un phénomène qui est là pour rester, croit-il. Autour, on a la vente de drogues, la prostitution. C’est de l’argent facile. Ça fait partie de notre société. Mais on peut baisser ça, prévenir, diminuer le nombre de gens qui entourent les gangs.»


Le gangster rap,
le modèle de l’argent facile

Les chanteurs américains appréciés des jeunes donnent une image positive des gangs de rue. Avec de tels modèles, la lutte contre le phénomène est inégale. «Les gangs, c’est devenu une mode qui suit le gangster rap du Hip Hop. Quand tu vois les vidéos, tu vois les beaux chars, les pitounes, les bijoux. C’est ce que les jeunes recréent. C’est dur de passer à côté. Même les jeunes québécois de souche cèdent sous le charme. Tout le monde écoute le Hip Hop. Tant que ça va rester populaire, les gangs vont rester. Si le rappeur 50 Cents change d’image, là on va voir un changement dans la société pour cette problématique», observe Harry Delva, coordonnateur des projets jeunesse à la Maison d’Haïti.

Chantal Fredette, criminologue au Centre jeunesse de Montréal et spécialiste des gangs de rue, tient le même propos. «Avant, on s’identifiait à Madonna. Aujourd’hui, c’est les gangs de rue. Tupac, 50 Cents… On s’habille comme eux. Au primaire, on joue au gang de rue.»

«Quand on va sur le site de 50 Cents, il y a l’image d’une balle tirée. Tous les jeunes trouvent ça cool. Il n’y a pas un gouvernement qui peut supporter la compétition, rajoute M. Delva. Tupac s’est fait tirer par un gang adverse. On en a fait un héros. Comment veux-tu te battre contre ça?»



l'idole a mon fils justement   --Message edité par leelou le 2006-05-16 22:56:55--
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Dans mon dernier message ils disent quils font de l intervention dans les écoles , de la sensibilisations aupres des jeunes dans les écoles ...

Me suis renseigné aujourd'hui aupres de l école a mon fils , oui il en font mais juste pour les 5-6 ieme année et si on lis bien en haut l age des membres des gang ..... 10 a 25 ans .... les jeunes de 10 ans sont en 4ieme année ....
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Bleus, Blancs, Rouges, Noirs

Brian Myles
Édition du samedi 1er et du dimanche 2 avril 2006

Une bataille dans la cour d'école peut finir par des coups de couteau. Les gangs de rue engendrent deux tentatives de meurtre par semaine et sept homicides par année. Les «rouges» et les «bleus» jouent à s'entre-tuer pendant que la majorité feint d'ignorer le sort de ses exclus.

  Un jeune homme a été criblé de balles en septembre dernier, à l'angle du boulevard l'Acadie et de la rue Chabanel, lors d'un règlement de comptes entre gangs de rue n'ayant donné lieu qu'à un entrefilet dans les journaux. Âgé de 20 ans, il frayait avec les Crips (bleus), et sa mort n'allait donc pas rester impunie. Au moins deux meurtres, peut-être même quatre, ont été commis par la suite en guise de représailles, sans que la presse en souffle un traître mot.

Pendant que Toronto est en émoi après une série de fusillades ayant coûté la vie à des dizaines de personnes, dont une jeune fille sans histoires atteinte d'une balle perdue, Montréal ne s'indigne pas devant la violence de ses jeunes, surtout pas quand elle a lieu dans «leurs» quartiers lointains. C'est seulement lorsque des fusillades éclatent en plein centre-ville, en menaçant de faire voler en éclats la fenêtre touristique, que ces querelles meurtrières reçoivent leur juste part d'attention. «Si ça se passe entre nous [les Noirs], c'est sans conséquence. On a tendance à fermer les yeux parce qu'on s'en fout du phénomène», affirme Jean-Yves Sylvestre, un agent communautaire à l'école Joseph-François-Perrault, au coeur du quartier Saint-Michel, l'un des plus touchés par les affrontements, avec Rivière-des-Prairies et Montréal-Nord.

Le phénomène est pourtant bien réel. Les gangs de rue de la métropole sont responsables, en moyenne, de deux tentatives de meurtre par semaine depuis 2002 et de sept homicides par année depuis 1989. Il s'agit de l'une des cinq priorités d'enquête identifiées par le Service de police de Montréal (SPVM) en 2006; LA source principale d'inquiétude de la population dans une ville pourtant plus sûre que jamais, selon un sondage réalisé par la police.

Elle est révolue, l'époque où une dispute entre camarades de classe se réglait par une bataille dans la cour d'école pour être oubliée dès le lendemain. La loi du talion connaît une spirale inflationniste. Pour avoir atteint un petit dur à cuire d'une simple balle de neige par accident, à l'école Joseph-François-Perrault, un jeune est tombé dans la mire d'une clique locale. «Ils se sont repris à trois ou quatre fois pour attraper le gars et lui faire la peau. Il a fini par recevoir une belle raclée», affirme Harry Delva, coordonateur de la patrouille de rue à la Maison d'Haïti.

«Si j'ai à me battre, je préfère perdre. À cause de la vengeance, confirme Shelby, 18 ans, de Rivière-des-Prairies, qui a réussi à rester à l'écart des gangs. Tous les moyens sont bons. La première fois, ça va être à coups de poing, mais la deuxième, ça va être armé d'un couteau ou d'un fusil.»

La violence banale

La police a dressé récemment un bilan étonnant de ses activités contre les gangs de rue en 2005 : 334 projets d'enquête ont débouché sur l'arrestation de 2180 personnes et la saisie de près de 350 000 $. L'année s'est soldée par trois homicides, 51 tentatives de meurtre et 80 agressions armées imputées aux gangs.

Une opération récente menée contre les Bo-Gars (rouges), l'un des principaux groupes structurés avec les Crack Down Posse (CDP, bleus), a permis aux policiers de mettre la main sur un AK-47 chargé.

Les policiers n'ont pas exhibé l'arme de combat, capable de tirer 600 coups à la minute, ni les photos des jeunes arrêtés. Ils préfèrent maintenant publiciser le moins possible leurs coups de filets contre les gangs et, surtout, ne plus les nommer.

Il y a entre 20 à 30 groupes à Montréal, réunissant 500 jeunes, incluant les «wannabe», les membres périphériques et un noyau dur d'une cinquantaine de criminels endurcis. Mais la police se contente de distinguer les rouges (Blood) et les bleus (Crips). «On a une grande préoccupation au SPVM, c'est de ne pas donner aux jeunes membres de gangs une glorification en parlant d'eux dans les journaux. On évite de faire des associations, de mettre des étiquettes comme on le faisait à l'époque», explique Michel Chaput, commandant au service des enquêtes spécialisées du SPVM.

La police se fait rassurante. La criminalité a chuté de 37 % sur l'île de Montréal dans les 13 dernières années. «Il ne faut pas perdre de vue que moins de 1 % de nos jeunes commettent des crimes», affirme le commandant Chaput.

«Quand ils disent que c'est calme, ils me font rire. Il y a à peu près 14 incidents par jour, mais les jeunes ne portent pas plainte. Ce n'est pas judiciarisé», lance Daniel Nault, agent de probation au Centre jeunesse de Montréal. M. Nault supervise les délinquants juvéniles lors de leur retour dans la communauté. Il prend le pouls de la rue à tous les jours de sa vie. «C'est rendu une banalité dans le quartier Saint-Michel, les règlements de compte. Les mères cachent leurs enfants.»

L'an dernier, la Chambre jeunesse de Montréal a jugé les affaires criminelles imputables aux gangs de rue assez importantes pour se doter d'une équipe de procureurs dédiés exclusivement à cette tâche. Les effectifs ont doublé en un an, passant de deux à quatre procureurs, en plus de la substitut en chef adjointe, Annick Murphy. Quatre-vingts mineurs ont commis des délits en association avec un gang depuis février 2005. «C'est beaucoup. Nous sommes un peu surpris par l'ampleur de ça», affirme Me Murphy. Tentatives de meurtre, voies de faits graves, homicides : les crimes contre la personne sont légion. «Les couteaux pullulent. C'est maintenant un outil transporté au vu et au su de tous», ajoute-t-elle.

La violence des gangs ne déchaîne pas les passions, reconnaît Me Murphy, sauf quand elle implique une «victime innocente», comme cette femme de Montréal-Nord battue, frappée au visage et poignardée à plusieurs reprises dans le dos lors du vol de sa voiture, l'an dernier. «Nos dossiers, ils ont toujours l'air de bagarres entre jeunes qui dégénèrent et se finissent par des coups de couteaux.»

Dans la main du crime organisé

Il n'y a pas plus de gangs qu'il y a 10 ou 15 ans à Montréal, contrairement aux États-Unis. Le public est seulement plus au fait des activités de ces bandes apparues au milieu des années 80, d'abord pour se protéger du racisme et des attaques des petits Blancs aux sympathies néo-nazies.

Les jeunes commettent moins de crimes de façon globale, une tendance observée partout au pays. Par contre, les gangs de rue sont plus rudes que dans les années 80, alors que le taxage, les petits larcins et la vente de drogue à l'échelle locale constituaient leurs principales activités. Aujourd'hui, les gangs commettent des vols qualifiés ciblés, des invasions de domicile, des extorsions, et tentent même «d'infiltrer» les commerces du centre-ville, comme en témoignait lundi dernier un sergent-détective du SPVM lors du congrès du Conseil québécois du commerce de détail.

«Le plus inquiétant avec les gangs, c'est leur niveau d'organisation, l'étendue de leur territoire criminel et les alliances de plus en plus étroites que les gangs de rue majeurs entretiennent avec le crime organisé», reconnaît Chantal Fredette, conseillère clinique en gangs et délinquance au Centre jeunesse de Montréal.

Jusqu'à sa fermeture en début d'année, un bar du centre-ville, le Joy, a accueilli les réunions des Hells Angels avec d'anciens membres de gangs de rue regroupés au sein des Syndicate, une organisation criminelle fondée par Gregory Wooley. Seul Noir admis dans l'entourage des Hells, Wooley est un ancien membre des gangs de rue. Acquitté deux fois de meurtre dans deux procès distincts, il jouit d'un aura de toute puissance, même s'il purge actuellement une peine de pénitencier pour trafic de drogue, complot en vue de commettre un meurtre et gangstérisme.

Des enquêteurs spécialisés dans les bandes de motards commencent à voir des alliances inattendues entre les deux clans, notamment pour l'importation et la vente de cocaïne. Devenus des adultes, ces nouveaux joueurs du monde interlope n'ont plus rien à voir avec les jeunes qui traînent dans les cours d'école et les stations de métro. Ils ne s'habillent pas en rouge ou en bleu des pieds à la tête. Et ils évitent surtout de se faire remarquer.

Selon Chantal Fredette, Montréal assiste présentement à l'émergence du crime organisé de souche haïtienne. Les truands de la communauté noire ne peuvent pas accéder aux autres familles traditionnelles du crime, fondées sur des liens de sang ou claniques. La mafia n'accepte que des descendants italiens; les triades, des Asiatiques et les motards, des Blancs. Les criminels issus de minorités ethniques ne peuvent compter que sur les gangs de rue pour faire leurs classes, prospérer, et recruter.

L'opération printemps 2001, menée contre les Hells Angels et leur filiale des Rockers, n'est pas étrangère à la radicalisation de certains gangs. La condamnation à de lourdes peines de pénitencier des principaux généraux et soldats de la guerre des motards a laissé un vide sur le terrain. Et la nature a horreur du vide. Les gangs se sentent aujourd'hui plus libres de leurs mouvements, plus prompts à explorer de nouveaux territoires, quitte à entrer en conflit armé, et meurtrier. C'est exactement ce qui est arrivé dans l'arrondissement de LaSalle, il y a une dizaine de jours. Haresh Patel, un petit revendeur de drogue du quartier, a ignoré les avertissements que lui avait donné un gang du coin. Il a été battu à mort, à coups de bâton de baseball. Sasha Nitor-Flores est accusé de meurtre dans cette affaire.

Un été chaud en vue

La guerre de territoires pourrait reprendre de plus belle avec l'arrivée du temps chaud, qui coïncide également avec la sortie de prison d'une poignée de leaders aguerris au sein des Bo-Gars et des Crack Down Posse (CDP), dont Emmanuel Zephir. Ancien membre des CDP, il a purgé six ans de pénitencier pour homicide involontaire. Zephir aurait trouvé une place au sein des Syndicate et collaborerait de près avec les Hells Angels, rapportait récemment la Gazette.

Le quartier Saint-Michel reste bleu; Rivière-des-Prairies, Montréal-Nord et Villeray sont rouges. Mais le centre-ville, où des bandes ont échangé plus d'une quarantaine de coups de feu lors d'une fusillade, à l'été 2004, est mixte. Et les territoires, dans le monde interlope, font toujours l'objet d'une violente convoitise. «Ça va chauffer. Il y a des gens qui sortent de prison, il y a des comptes à régler. L'hiver, ce n'est pas propice à tout ça, mais l'été, on sort et on va régler les comptes», prévient Jean-Yves Sylvestre. Une crainte partagée par les résidants du quartier Saint-Michel.


http://www.ledevoir.com/2006/04/01/105862.html

Étrangement ici (je vis a montréal-nord) il y a des bleus et des rouges ..... seraient t ils en manque d informations  
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LeeLou
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Message par LeeLou »

http://www.ledevoir.com/2006/01/04/98857.html
Libre opinion: Le travail de rue: une réponse aux gangs de rue

Serge Brochu
Président de la Société de criminologie du Québec et professeur titulaire à l'École de criminologie de l'Université de Montréal
Caroline Savard
Directrice générale de la Société de criminologie du Québec

Édition du mercredi 4 janvier 2006

Depuis quelques années, la présence des gangs de rue se fait sentir sur le territoire québécois. Ce phénomène en inquiète plusieurs car il dérange notre paix sociale et mine la sécurité des citoyens. Une étude récente, intitulée «Jeunes, drogues et violence: des liens à comprendre» et réalisée au Centre international de criminologie comparée de l'Université de Montréal, indique que 49 % des élèves qui fréquentent des écoles montréalaises croient que la violence des jeunes est souvent reliée aux gangs. Bien plus, 11 % d'entre eux rapportent avoir déjà participé à une bataille de gang.


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Les gangs deviennent donc une source de préoccupation pour plusieurs spécialistes parce que le niveau d'organisation de ces groupes se précise et parce que leur sphère d'activités criminelles s'avère de plus en plus diversifiée. Les intervenants qui partagent le quotidien des jeunes sont tous touchés de près ou de loin par cette problématique. Dans ce contexte, plusieurs stratégies (intervention, répression, punition) ont été mises en place afin de contrer ce phénomène.

Cette lettre propose de discuter d'une stratégie qui se veut être une alternative aux interventions traditionnelles effectuées auprès des jeunes de gangs et de ceux à risque d'y adhérer : le travail de rue.

Un lien qui s'établit

Il y a plusieurs raisons de s'intéresser à cette pratique encore méconnue du grand public. Mentionnons à ce titre les résultats d'une évaluation menée par la Société de criminologie du Québec (D. Girard et K. Tétreault, Rapport de mi-projet : travail de rue, gang de rue, un lien incontournable ?, Montréal, Société de criminologie du Québec pour la Direction de la prévention et de la lutte contre la criminalité, Ministère de la Sécurité publique, 2005*). Ces résultats confirment que ces intervenants réussissent à établir un lien significatif avec plusieurs jeunes engagés à divers niveaux dans un gang de rue.

Aussi, de par sa nature, le travail de rue constitue une pratique qui s'exerce dans le milieu de vie des jeunes, et cette accessibilité permet de rejoindre des jeunes marginaux qui rejettent l'aide offerte par les milieux institutionnels. Ces jeunes, qui sont réfractaires à l'image autoritaire que représentent pour eux les milieux institutionnels, voient le travailleur de rue comme un aidant et un confident.

La relation qui s'établit entre un travailleur de rue et un jeune à risque et/ou membre de gang de rue ne se fait toutefois pas sans anicroche. Comme tout autre professionnel, le travailleur de rue se doit de gagner la confiance du jeune et de bien lui expliquer son rôle d'intervenant. De plus, cette approche étant basée sur un rapport volontaire et confidentiel, le travailleur de rue accompagnera seulement les jeunes à risque et/ou membres d'un gang de rue qui en exprimeront le besoin. Son objectif premier sera alors d'aider le jeune à faire des choix éclairés et à améliorer sa situation. Dans le cas contraire, le travailleur de rue se montrera simplement présent et disponible pour les jeunes à risque et membres d'un gang de rue.

De manière générale, l'incidence de cette pratique auprès de cette clientèle peut être vue sous différents angles. Pour les fins de ce court texte, nous aborderons l'aspect de la prévention de la criminalité et celui des interventions effectuées.

Jeunes à risque

Pour ce qui est de la prévention de la criminalité, les résultats de la démarche évaluative menée par la Société de criminologie du Québec (SCQ) auprès de cinq travailleurs de rue rattachés chacun à un organisme communautaire montréalais en travail de rue démontrent que ces derniers entrent en contact majoritairement avec des jeunes «à risque».

Il arrive que ces jeunes soient utilisés par les membres d'un gang de rue pour faire des commissions ou pour servir d'intermédiaire. Lorsque l'occasion se présente, le travailleur de rue peut amener le jeune «à risque» à prendre conscience de l'impact des actions qu'il pose et des valeurs qu'il véhicule.

Par exemple, un jeune attiré par un gang de rue peut revêtir une couleur particulière pour ressembler aux membres de ce groupe, mais il ne réalise pas toujours qu'il peut être agressé en s'affichant de cette manière.

Il revient donc au travailleur de rue de saisir ces moments clés et d'intervenir le plus efficacement possible auprès de ces jeunes «à risque». La portée de ces actions sera alors à caractère préventif puisqu'elle visera à prévenir l'adhésion de certains jeunes à un gang.

Un maillon

En ce qui a trait aux interventions effectuées, le rapport de la SCQ Travail de rue, gang de rue, un lien incontournable ? nous apprend que les travailleurs de rue du consortium sont en mesure d'effectuer un éventail d'interventions auprès des jeunes à risque et membres d'un gang de rue.

Les principales étant : la distribution de matériel dans une optique de réduction des méfaits, les accompagnements, les références vers des ressources appropriées, les discussions (sexualité, toxicomanie, ambitions futures, etc.), les communications téléphoniques, la médiation entre jeunes de gangs ennemis et l'organisation d'activités permettant aux jeunes de s'engager dans des activités prosociales.

Les accompagnements les plus fréquents le sont pour la recherche d'emploi et le raccrochage scolaire. En effet, sur une période de cinq mois, les travailleurs de rue participant au projet mentionné ci-haut ont aidé à 78 reprises des jeunes à risque et/ou membres d'un gang de rue à se trouver un emploi. Il est à souligner que 25 de ces jeunes ont mentionné aux travailleurs de rue avoir trouvé un emploi à la suite de leurs démarches conjointes.

Sous l'angle d'un principe d'économie sociale, ces résultats sont encourageants puisque le travail permet non seulement à ces jeunes de développer leur autonomie en tant que travailleurs, mais également de retrouver une structure de vie propre à leur intégration sociale.

Cela ne signifie toutefois pas que les actions des travailleurs de rue constituent nécessairement un gage de succès instantané. Il faut plutôt comprendre l'engagement des travailleurs de rue comme un maillon important dans l'ensemble des services offerts aux jeunes à risque et membres d'un gang de rue.

En effet, il peut parfois s'avérer délicat de statuer sans équivoque sur l'efficacité de la pratique du travail de rue puisque plusieurs variables diffèrent d'un milieu à l'autre. L'enjeu demeure tout de même, pour les intervenants engagés auprès de la SCQ, de partager une vision cohérente de cette pratique.

Idéalement, une bonne compréhension de cette philosophie d'intervention et du code d'éthique s'y rattachant permettrait l'établissement durable de partenariats intéressants entre les milieux institutionnels et communautaires. Actuellement, l'une des stratégies qui se présente comme étant porteuse de bons résultats par rapport à ce phénomène est le partenariat. Cela dit, le travail de rue est certainement l'une des réponses possibles aux gangs de rue.

* Ce rapport est disponible à l'adresse Internet suivante : www.societecrimino.qc.ca
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LeeLou
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Guerre et paix (avec soi-même)
Charles Ali Nestor porte les cicatrices qu'il faut pour convaincre les jeunes de se tenir à l'écart des gangs
Brian Myles
Édition du samedi 1er et du dimanche 2 avril 2006



Charles Ali Nestor a réalisé à la dure que les gangs de rue n'étaient pas faits pour lui. Il a fallu que les balles sifflent au-dessus de sa tête lors d'une fusillade au cours de laquelle il a été atteint à la jambe pour qu'il prenne conscience qu'il n'était pas immortel. Et qu'il allait y passer un jour ou l'autre.

Membre actif des Family, puis des Crack Down Posse où il a côtoyé Gregory Wooley (le seul Noir dans l'entourage actuel des Hells Angels), à la fin des années 80, Nestor ne pouvait plus sortir de chez lui sans être armé jusqu'aux dents. Avant même de fêter ses 18 ans, il avait plus d'une agression au couteau sur la conscience. Il avait échoué pendant deux ans à Cité Rivières-des-Prairies, le «cul-de-sac» de la délinquance juvénile, et il avait déjà vu un de ses comparses mourir sous ses yeux lors d'un drive-by shooting, une fusillade aléatoire. Une quinzaine de cadavres, des jeunes comme lui, jonchent ses souvenirs d'adolescence. «Ça aurait pu être moi, dit-il. J'ai fait le ménage dans ma vie à temps.»

Nestor reste un féroce guerrier. Maintenant, il évite les coups de ses adversaires, plutôt que les balles, dans un ring. Adepte du combat extrême, il possède sa propre école d'arts martiaux dans le quartier Saint-Léonard, Ness Martial, où il enseigne aux jeunes à exprimer leur agressivité sur un punching bag. Les cinéphiles reconnaîtront le personnage du premier documentaire de Dan Bigras, Le Ring intérieur.

Lors de sa première prise de contact avec un jeune, Nestor se contente souvent de lui donner une paire de gants, sans mot dire. C'est un geste banal, mais il compte. «Au début, ça les défoule. Le jeune qui fait du combat ici, il n'est pas victime dans la rue, et il ne fait pas de victime», dit-il.

Son défi ? Ne jamais baisser la garde. Si par malheur les jeunes réalisaient qu'il effectue sur eux «du travail social», ils retourneraient flâner dans le métro. «Le jeune a besoin d'explorer, d'appartenir à un groupe, mais il faut qu'il trouve le bon. Je leur dis toujours : "Tu veux une gang, il y en a une ici. Une gang qui va t'apporter quelque chose de positif."»

L'autorité de la rue

Dans les écoles ou les centres jeunesse où il livre régulièrement des conférences, Charles Ali Nestor parle avec l'autorité de la rue. Il a les cicatrices pour le prouver, et personne n'ose le prendre à la légère. C'est après l'avoir entendu que Martin Lemire, un éducateur à Cité Rivières-des-Prairies, a décidé d'amener ses jeunes au gymnase du boulevard des Grandes-Prairies. «Ils savent qu'Ali ne les juge pas et qu'il peut les comprendre comme aucun éducateur», dit Lemire.

En conférence, «Ali» se contente de relater sa propre expérience, et d'écouter. Il a adhéré aux gangs d'abord parce qu'il vivait un profond sentiment d'injustice dans une société moins ouverte à la différence qu'elle veut bien le croire. Il était âgé de 15 ans lorsque ce racisme larvé lui a sauté aux yeux, alors qu'il essayait d'entrer dans une discothèque réservée aux 14-18 ans. Il y avait deux files, l'une pour les Noirs, l'autre pour les Blancs. «Et les Noirs ne rentraient jamais.»

À la maison, la communication avec ses parents, des immigrants haïtiens, était brisée. «On trouvait que nos parents ne se tenaient pas debout, on avait l'impression qu'ils acceptaient le racisme. [...] Les jeunes vivent la même chose que moi, une faible communication avec les parents et le racisme. Et un jour, ils se lèvent et se disent que c'est assez.»

Cette rupture du dialogue à la maison, doublée d'un vif sentiment d'exclusion, est à la source de l'attrait pour les gangs, confirme Harry Delva, coordonateur de la patrouille de rue pour la Maison d'Haïti. «Dans la pyramide de Maslow, la famille haïtienne remplit les premiers besoins : elle donne à manger, offre un toit sur la tête et permet à l'enfant d'aller à l'école. Pour le reste, la gang prend le dessus. La jeune va y trouver une identité, une fraternité et l'accomplissement de soi. La famille haïtienne oublie souvent de dire à son jeune "je t'aime"», explique M. Delva.

Jonathan, 15 ans, est la parfaite illustration de ces carences au foyer. Né en République dominicaine, exilé tout jeune au Québec, il a souffert du divorce de ses parents, il y a quatre ans. «Ils n'étaient pas à l'écoute de mes problèmes. J'ai trouvé dans les gangs quelqu'un à qui je pouvais faire confiance, parler sans être jugé. Ils ne me rabaissaient pas», dit-il entre deux rounds de boxe au gymnase.

Les paroles de Nestor ont atteint Jonathan droit au coeur. Le voilà maintenant dédié à l'entraînement, et la poursuite de ses cours de secondaire 2 et 3. «Si je n'avais pas connu Ali, oui, les gangs m'attireraient encore. Maintenant, je sais qu'il y a d'autres moyens de se faire des amis», dit-il.

S'accrocher à ses rêves

L'absence de modèles positifs revient sur toutes les lèvres dans la communauté noire. «Ils retrouvent dans le gang l'amour et l'acceptation. Ils sont quelqu'un pour le gang, alors qu'ils ne le sont pas pour leurs parents», lance Martin Lemire.

Immigrants, pour la plupart sous-scolarisés et dépassés par les défis de l'intégration, les parents ont souvent une longueur de retard sur les enfants. À force de côtoyer les jeunes, Harry Delva a réalisé qu'ils transigeaient avec trois cultures : Haïtiens dans leurs racines, Québécois par défaut et Américains dans leurs rêves de réussite matérielle. «Le parent qui n'a pas encore compris qu'il a devant lui trois entités distinctes, que dit-il lorsqu'il y a un problème ? "Ce n'est pas mon fils ou ma fille." Eux, ils ont fait des enfants haïtiens, avec une éducation haïtienne, qui ne font pas honte à leurs parents», explique-t-il.

Ces parents dépistent mal les comportements à risque chez leurs enfants. Dans la plus pure tradition haïtienne, ils vouent le plus grand respect à leurs géniteurs à la maison, alors qu'ils se comportent comme des petits démons dans la rue. «Les Haïtiens ne défient jamais leurs parents face à face. On les défie dehors, face à la société», dit Charles Ali Nestor.

Le défi de l'intégration se pose aussi pour ces jeunes. Ils ne se reconnaissent pas dans ce Québec offrant peu ou pas de chances de percer aux Noirs. À l'école secondaire Joseph-François-Perrault, où Jean-Yves Sylvestre fait du travail communautaire, les ados ont très mal réagi à la polémique autour de la nomination de Michaëlle Jean à titre de gouverneure générale du Canada. «Il ont été blessés, ils ont vu qu'on s'acharnait sur elle. De leur point de vue, on s'en prenait à un modèle noir qui essaie de réussir dans un Québec blanc», dit-il.

Le gang sert de rempart dans une société dysfonctionnelle. Harry Delva ne s'est pas encore remis du coup de poing qu'un garçon à l'esprit vif lui a asséné lorsqu'il lui a demandé pourquoi il traînait avec les gangs. «Il m'a dit : "c'est parce que je n'ai pas le choix, il n'y a rien d'autre. Si jamais je veux devenir quelqu'un, être respecté, il va falloir que je réussisse dans ce créneau qui nous est laissé, les gangs de rue."»

Fritz Paul, 28 ans, a bien l'intention d'offrir un modèle alternatif à ces jeunes. Champion canadien de combat extrême chez les mi-moyens, il voguait à la dérive jusqu'à ce qu'il cogne à la porte du gym, un peu par hasard. Il était tombé sur un dépliant avec la photo de Nestor, un Noir comme lui, ce qui avait piqué sa curiosité. Avec Fritz, Ali a réalisé qu'il ne détenait pas un gymnase, mais une école de vie. Il pouvait se servir de l'entraînement et de la discipline sportive comme prétexte pour aider les siens.

Fritz est le tout premier succès d'Ali. «Les jeunes n'ont pas de modèles, et je veux aller le plus loin possible sur le ring pour qu'ils en aient un», dit Fritz, un rescapé de la bouteille et autres paradis artificiels.

Rêveur fou ? C'est pourtant en s'agrippant à un rêve que Charles Ali Nestor a surgi de l'abîme des gangs. De vieux souvenirs d'enfance sont remontés à la surface lorsqu'il a choisi de rompre, des films de Bruce Lee dont il était friand dès l'âge de 4 ou 5 ans. «Les arts martiaux m'ont tenu en vie. C'était une passion depuis que j'étais tout petit. Si vous avez des rêves, il faut s'y raccrocher. L'important, c'est d'être le premier à croire en soi.»
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LeeLou
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De Easy Rider à 50 Cent

Brian Myles
Édition du samedi 1er et du dimanche 2 avril 2006


Les gangs ne sont pas une invention contemporaine des Latinos, des Noirs ou d'autres membres de la mosaïque montréalaise. Il y a une trentaine d'années, les ados se regroupaient autour de bécanes avec des sièges bananes. Ils coinçaient un carton de cigarettes entre la fourche et la roue de leurs vélos pour imiter le ronronnement d'un moteur en pédalant, et ils faisaient des coups pendables dans leur quartier. Une fois devenus adultes, ils ont peut-être enfourché une rutilante Norton pour prolonger leur adolescence à la Easy Rider, mais l'écrasante majorité d'entre eux sont rentrés dans le rang sans virer disciples des Hells Angels.

«Autrefois, les bandes de jeunes délinquants imitaient les motards. Aujourd'hui, ils ont les pantalons en bas des genoux, la casquette, le "bandana" et ils disent "yo !" à toutes les deux minutes. [...] Nos groupes de délinquants imitent les gangs de rue parce que c'est à la mode», dit Chantal Fredette, conseillère clinique en gangs et délinquance au Centre jeunesse de Montréal.

La principale tâche de la criminologue consiste à démystifier le phénomène, à le ramener à des proportions réalistes. «Être en gang ou faire de la délinquance à l'adolescence, c'est commun. On évalue à plus de 90 % annuellement la proportion d'adolescents qui commettent des délits pouvant les conduire devant les tribunaux», dit-elle.

Les jeunes sont tentés par l'expérience des gangs. Elle fait même partie de leur processus de socialisation, comme l'ont illustré les anthropologues Gilles Bibeau et Marc Perreault dans La Gang : une chimère à apprivoiser. Système de défense, instrument de choix pour accéder à la réussite sociale, le gang fait à la fois basculer le jeune dans la petite criminalité en même temps qu'il lui permet de se réinventer une position de gagnant dans la société.

Dans huit cas sur dix, les jeunes vont décrocher au bout d'un an, incapable de déployer la violence nécessaire pour préserver leur statut. Car le pouvoir d'un individu au sein du gang dépend de sa violence. La première raison d'entrer dans les gangs est aussi la première raison d'en sortir. Les jeunes y adhèrent pour se protéger contre le taxage ou les attaques des autres. Et ils les désertent quand ils réalisent que cette agressivité finit toujours pas les rattraper, se retourner contre eux, leur famille et leurs amis.

À Montréal, les gangs regroupent environ 500 jeunes, en incluant les «wannabe», ceux qui rêvent de devenir des petits caïds comme le rappeur 50 Cent. Cet ancien vendeur de crack a vendu plus de dix millions d'exemplaires de son premier album, Get Rich or Die Tryin', dont l'esprit morbide se résume à «chasser le nègre comme si c'était un sport, et s'arranger pour que sa mère récupère le cercueil».



Jacques Nadeau

Une cinquantaine d'individus font partie du «noyau dur». Récidivistes impénitents, ils ont choisi la voie du crime. Âgés d'une vingtaine, voire d'une trentaine d'années, ils évoluent dans des groupes criminels organisés qui ne s'apparentent plus vraiment aux gangs de rue.

Une kyrielle de cellules informelles au leadership changeant complètent ce tableau. Ils s'identifient soit aux rouges (Blood), soit aux bleus (Crips), comme aux États-Unis, bien qu'il n'existe aucun lien entre les bandes locales et celles américaines. La majorité des jeunes faisant tourner leurs foulards bleus ou rouge dans les stations de métro ou les cours d'écoles le font par mimétisme. «Même si un jeune est déguisé en rouge de la tête aux pieds et te dis "yo ! man, je suis un Blood", il ne te dit rien, sinon qu'il est dans un environnement où ce qu'il voit est rouge», résume Mme Fredette.

Une minorité de jeunes commettent de graves crimes contre la personne au sein des gangs, dit Mme Fredette. Mais les perceptions du public sont à l'effet contraire. Neuf Montréalais sur dix veulent que la police s'attaque en priorité aux gangs en 2006, selon un sondage mené par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). «Socialement, on a toujours eu peur de nos jeunes», déplore Mme Fredette.

Au Centre jeunesse de Montréal, l'équipe gangs et délinquance compte moins d'une dizaine de personnes. Le suicide chez les jeunes fauche une trentaine de Montréalais de moins de 18 ans, bon an mal an. Ce fléau est beaucoup plus préoccupant que les gangs de rue pour les services sociaux.
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Dommage il y a tout un dossier sur le devoir ,mais comme je ne suis pas abonné je ne peux pas voir le reste
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Red Ketchup
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Message par Red Ketchup »

J'ai comme l'impression que ce sujet te touche beaucoup.;)

J'ai lu une partie de tes messages. Très intéressant comme témoignage.

Une chance que la formule des débats dure une semaine, j'aurai le temps de tout lire et de venir y faire mes commentaires dans quelques jours.

En tout cas, tu nous offres beaucoup sur le sujet. Je vais prendre le temps de bien lire tous tes messages.
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LeeLou
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Message par LeeLou »

Red Ketchup  a écritJ'ai comme l'impression que ce sujet te touche beaucoup.;)

J'ai lu une partie de tes messages. Très intéressant comme témoignage.

Une chance que la formule des débats dure une semaine, j'aurai le temps de tout lire et de venir y faire mes commentaires dans quelques jours.

En tout cas, tu nous offres beaucoup sur le sujet. Je vais prendre le temps de bien lire tous tes messages. Effectivement ce qui touche les jeunes me touche énormément , j'ai 2 petits qui vivent entourés de ces jeunes de la rue par moment c est épeurant et d autres fois c est touchant. Ce sont eux qui vont nous succéder je crois que ca vaut la peine meme s'ils ne sont pas sur la bonne route de les aider .
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