SCRS / Révélations Opérations clandestines au Canada

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SCRS / Révélations
Opérations clandestines au Canada
Fabrice De Pierrebourg
Le Journal de Montréal
07/09/2006 07h26 - Mise à jour 07/09/2006 07h41

Certains pays étrangers embourbés dans des conflits régionaux envoient leurs James Bond au Canada pour y mener des opérations «musclées» d'espionnage, de déstabilisation ou d'intimidation au sein des communautés.

C'est ce que l'on apprend dans un rapport classé «secret» du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Les auteurs de cette étude datée de mai dernier et obtenue par Le Journal de Montréal affirment que le Canada est «une cible de choix» des espions «parrainés par des gouvernements étrangers».

L'espionnage est une pratique qui n'a pas ralenti avec la fin de la guerre froide. Au contraire, estime le SCRS, ces activités illicites «se sont même intensifiées [...] au cours des 15 dernières années».

Le service ne cache pas sa préoccupation en voyant les pays visés mener des opérations clandestines ici afin de «faire avancer leurs propres intérêts» dans les «conflits qui font rage» dans leur région.

«C'est de l'ingérence étrangère, explique Barbara Campion, porte-parole du SCRS. Ils viennent au Canada pour intimider, espionner leurs dissidents, etc. [...]. Souvent ces opérations sont menées à partir de leurs missions diplomatiques au Canada.»

Peuvent-ils aller jusqu'à l'élimination physique des individus ? «Tout est possible», répond Barbara Campion.

Impossible aussi de savoir quels sont ces pays qui transportent leurs conflits ici.

Michel Juneau-Katsuya, un ancien agent du SCRS, en a une petite idée:

«Inévitablement, les troubles au Sri Lanka, au Cachemire, au Kurdistan, en Palestine, etc. ont des répercussions chez nous. L'exemple le plus concret est l'explosion du Boeing d'Air India en 1985.»

Des actions justifiées

Quant à la guerre au Liban, «massacre total d'un pays» dit-il, elle se poursuit à coup sûr dans l'ombre au Canada, où le Hezbollah est bien implanté «Ce mouvement a pris du galon. Ses sympathisants doivent être surveillés d'encore plus près par les services secrets, israéliens notamment.»

Reste que les pays occidentaux «engagés dans la lutte au terrorisme» seraient malvenus de jouer les offusqués lorsqu'ils se font servir leur propre médecine, précise Michel Juneau-Katsuya.

En intervenant en Afghanistan ou en Irak, etc., explique-t-il, et aussi quand on «voit le FBI qui peut arrêter des gens à l'étranger sans autorisation», on ouvre la porte à tous les autres pays qui croient «légitime» d'envoyer leurs agents à l'étranger pour des missions du même type.

«Ils se justifient en disant: Nous aussi, on défend notre pays contre le terrorisme.»

Extraits du rapport du SCRS «L'Espionnage au Canada», mai 2006
# «On se préoccupe de plus en plus au sujet des puissances étrangères qui font de l'espionnage au Canada pour faire avancer leur programme politique ou une cause liée à un conflit qui les déchire.»
# «Les conflits régionaux qui font rage [...] ont donné lieu au Canada à d'audacieuses opérations de collecte de renseignements et à des activités musclées [...].»
# «Les activités d'espionnage représentent toujours une menace pour la sécurité et les intérêts économiques du Canada.»
# «Les gouvernements étrangers considèrent le Canada comme une cible particulièrement attrayante en raison de [...] la diversité de ses groupes ethniques [...].»