Charest contre Boisclair : Ça commence pour vrai aujourd'hui

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tuberale
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VINCENT MARISSAL

Ça commence pour vrai aujourd'hui

Vincent Marissal

La Presse


Depuis le temps que Jean Charest attend d'affronter le chef du Parti québécois André Boisclair à l'Assemblée nationale, et vice-versa, ils seront servis dès cet après-midi, début de session qui promet quelques flammèches.

Il ne faudrait pas oublier Mario Dumont dans la joute politique qui s'ouvre aujourd'hui. Même si son ADQ ne va nulle part depuis son envolée dans les sondages de 2002, le jeune chef est un parlementaire redoutable, qui a l'avantage de pouvoir taper à la fois sur le gouvernement et sur l'opposition officielle.

Rarement a-t-on vu dans un Parlement trois chefs de parti aussi expérimentés. Un peu d'arithmétique pour l'anecdote: quand on additionne l'âge de MM. Charest, Boisclair et Dumont, on arrive à 124 ans; quand on cumule leur expérience politique, cela donne 50 ans. Ces trois-là sont des pros de la politique, ils n'ont jamais rien fait d'autre.

Ça tombe bien parce qu'ils auront besoin de leur expérience pour mener leur barque sur les flots agités de la politique québécoise d'ici les prochaines élections, qu'elle aient lieu dans quelques semaines ou dans quelques mois. À partir d'aujourd'hui, plus de coup d'essai, on joue pour vrai.

Il y a un an, après son élection à la tête du PQ, André Boisclair, frondeur, avait déclaré que les jours de Jean Charest au Parti libéral étaient comptés. Pour ne pas être en reste, Jean Charest avait répliqué que la question de la capacité morale d'André Boisclair de diriger le Québec se posait à cause de sa consommation passée de drogue mais que, ultimement, ce serait à la population du Québec de décider. Le premier ministre affirmait aussi que M. Boisclair n'apportait rien de neuf en politique et qu'il était l'homme d'une seule idée: la souveraineté.

Jean Charest est toujours en poste, il est même en meilleure posture que l'an dernier. Par ailleurs, on ne parle plus guère des histoires de cocaïne, mais on entendra vraisemblablement beaucoup parler de souveraineté. Pas tant de la part des péquistes que des libéraux, qui trouvent bien commode de parler de référendum pour éviter de parler de leur bilan.

Jean Charest disait en fin de semaine dernière qu'André Boisclair ne peut se contenter de critiquer le gouvernement, il doit aussi dire aux Québécois ce qu'il entend faire s'il prend le pouvoir. Faux: le travail de l'opposition, c'est justement de critiquer le gouvernement.

Jean Charest a suffisamment d'expérience, des deux côtés de la Chambre, pour le savoir, mais la promesse du PQ de tenir un troisième référendum constitue, de loin, la meilleure arme des libéraux.

La vraie question en cette période préélectorale n'est pas de savoir ce que propose le PQ aux Québécois (cela viendra en campagne électorale), mais plutôt de savoir pourquoi ils garderaient les libéraux.

Le défi du gouvernement Charest, en ce début de session, est triple: démontrer qu'il est capable de gérer les crises actuelles (celle de l'industrie forestière au premier chef), éviter les nouvelles gaffes et proposer aux Québécois un plan pour la suite. Bref, donner à l'électorat une bonne raison de le garder au pouvoir.

Oui, mais laquelle? Ce gouvernement a changé tellement souvent de priorité depuis avril 2003 qu'il devient impossible de définir le cap. C'était les soins de santé ou les baisses d'impôt ou l'éducation ou le déséquilibre fiscal ou, plus récemment, la réduction de la dette. Ça manque de focus, comme disent les sondeurs.

Le principal problème de ce gouvernement, en ce moment, c'est qu'il voudrait bien bouger mais qu'il est tétanisé par la peur de commettre une autre erreur, comme le parc du Mont-Orford, ou la réforme de l'aide aux étudiants, ou les écoles juives, etc. Un pied sur l'accélérateur, l'autre sur le frein, on ne va nulle part.

Même si le job de chef de l'opposition est plus facile que celui de premier ministre, André Boisclair joue gros lui aussi à partir d'aujourd'hui. D'abord, depuis le temps qu'on a hâte de voir le jeune vétéran "performer" à l'Assemblée nationale, les attentes sont élevées. Nous sommes dès cet après-midi en période d'échauffement électoral. Si M. Boisclair n'arrive pas à marquer des points contre Jean Charest à l'Assemblée nationale, c'est mauvais signe pour la prochaine campagne.

C'est le pari des libéraux: André Boisclair va se planter à l'Assemblée nationale. Voilà qui est bien présomptueux.

Autant que ça l'est pour les péquistes d'affirmer que Jean Charest est condamné à perdre les prochaines élections.
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tuberale
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Perspectives - Charest 1, Boisclair 0

Michel David
Édition du mercredi 18 octobre 2006



Jean Charest a le don de déstabiliser un adversaire. Lors du débat télévisé du printemps 2003, il avait complètement désorienté Bernard Landry en déclarant d'entrée de jeu qu'il souhaitait le succès des nouvelles villes fusionnées de force par le gouvernement péquiste.

Hier, il a opté pour l'humour moqueur : «Monsieur le président, je vous préviens, il est arrivé.» Ce rappel de la fanfaronnade d'André Boisclair, le soir de son élection comme député de Pointe-aux-Trembles, a souligné que le chef du PQ s'était lui-même imposé une lourde obligation de performance. Une petite phrase échappée dans l'euphorie de la victoire qu'il n'aurait jamais dû prononcer.

En d'autres circonstances, M. Boisclair aurait pu se formaliser de voir Lucien Bouchard faire à nouveau irruption sur la place publique, au moment où lui-même effectuait sa rentrée à l'Assemblée nationale. Cette fois-ci, il devrait plutôt l'en remercier. La sortie de l'ancien premier ministre au sujet de notre paresse collective permettra de faire oublier un peu ces premiers pas décevants.

Pour ne pas être accusés d'avoir voulu ternir l'éclat de son retour, les amis de Robert Bourassa avaient reporté de deux jours le dévoilement de sa statue. Ils ont tout lieu de s'en féliciter. Si on peut qualifier de duel cette première passe d'armes entre Jean Charest et André Boisclair, le premier a nettement eu le dessus.

En toute justice pour le chef péquiste, je ne me souviens pas d'un chef de l'opposition dont la première intervention ait beaucoup impressionné, sauf justement M. Bouchard, dont la première intervention à la Chambre des communes avait été saluée par les commentateurs d'un océan à l'autre.

Dans notre système politique, le rôle de chef de l'opposition est le plus ingrat qui soit. Peu importe ce qu'il dira, il n'arrivera jamais à fustiger un gouvernement autant que le souhaiteraient ses détracteurs.


Qu'il s'agisse de Claude Ryan, Pierre Marc Johnson, Jacques Parizeau, Daniel Johnson, Bernard Landry ou Jean Charest, tous ont été jugés sévèrement à l'époque où ils dirigeaient l'opposition.



***

Au départ, les règlements de l'Assemblée nationale assurent le dernier mot au gouvernement. Aux accusations de M. Boisclair, qui voulait lui faire porter la responsabilité de la crise forestière, M. Charest a aussitôt rappelé le fiasco de la Gaspesia à Chandler. Bref, le cirque habituel. De toute manière, le sujet était tellement prévisible que le chef du PQ ne pouvait espérer surprendre qui que ce soit.

Comme cela arrive souvent, Mario Dumont a réussi à mettre les rieurs de son côté. Le chef de l'ADQ a le don de trouver ces images bêtes et méchantes qui collent à la peau de ses victimes. Cette fois-ci, il s'est gaussé de la visite éclair que le chef du PQ a effectuée au cours des derniers jours dans les régions les plus touchées par les fermetures de scierie.

Puisant dans sa vaste culture de bandes dessinées, plus précisément dans les aventures de Lucky Luke, M. Dumont a parlé de la «tournée du Pied tendre», ce jeune dandy habitué aux salons londoniens qui se retrouve soudainement dans les plaines du Far West.

Malgré sa longue expérience parlementaire, M. Boisclair semblait nerveux comme un débutant, alors que M. Charest était manifestement dans un de ses bons jours. Sur les banquettes libérales, le seul qui n'a pas semblé apprécier son discours de bienvenue incisif a été son ancien ministre de l'Environnement, Thomas Mulcair, qui est resté de glace pendant que ses collègues applaudissaient à tout rompre.

Le chef du PQ peut toutefois se consoler à l'idée que cette première période de questions sera oubliée depuis longtemps le jour des élections. Il se sentira bientôt plus à l'aise dans son nouveau rôle et il aura bien d'autres occasions de croiser le fer avec le premier ministre.

Ce qui est plus troublant, c'est l'incohérence d'un discours qui se voulait important et auquel il avait eu le temps de réfléchir. La nervosité peut expliquer qu'un discours soit mal livré, mais pas qu'il ait été mal construit. À peine quelques secondes après avoir réitéré la nécessité de revenir à l'essentiel du projet souverainiste, qui fait appel à des notions aussi fondamentales que la fierté et la responsabilité, M. Boisclair a déclaré tout de go : «On la veut parce qu'il y a trop de monde sur les listes d'attente». Du coup, on se redemande quelle est au juste sa vision de la souveraineté ou même s'il en a une.

***

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Raven
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Je ne suis pas d'accord avec cet article. Boisclair a très bien fait hier La plupart des analystes s'entendent sur un match nul entre les deux, car c'est vrai que Charest s'est bien défendu aussi
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