Le placard républicain: Mark Foley

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tuberale
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Le placard républicain

Richard Hétu

La Presse

Collaboration spéciale

New York




Pour certains gais, sortir du placard est une expérience traumatisante. Pour les républicains du Congrès américain, c'est une véritable catastrophe, qui survient au pire moment, soit un mois avant les élections parlementaires du 7 novembre.

La sortie du placard la plus fracassante est évidemment celle de Mark Foley. Âgé de 52 ans, l'élu de Floride a démissionné le 29 septembre, après la révélation de ses relations douteuses avec des adolescents à l'emploi de la Chambre des représentants, une des deux assemblées législatives du Congrès.

Trois jours après sa démission, Foley a reconnu être homosexuel, par la voix d'un avocat. Il a également affirmé, par la même voix, avoir été agressé, à l'adolescence, par un prêtre. Le politicien antipédophile n'a pu avouer ces choses-là en personne, se trouvant déjà en cure de désintoxication alcoolique.






De toute évidence, la vie dans le placard n'est pas bonne pour la santé. Ce qui surprend tout de même, c'est le nombre de républicains qui ont choisi de mener cette vie-là au Congrès. Comment le sait-on ? L'information fleure le maccarthysme, mais elle ne peut être ignorée dans le contexte actuel.

Il faut comprendre que la droite américaine, dominée aujourd'hui par les chrétiens évangéliques, a été soufflée par l'affaire Foley. Cela se comprend. À la tête d'une commission de la Chambre, Mark Foley menait le combat républicain contre l'exploitation des enfants.

Or, entre deux votes, Foley se masturbait en échangeant des messages dans Internet avec des adolescents travaillant ou ayant travaillé comme pages.

Élu à la Chambre en 1995, il a fait l'objet d'une plainte formelle en 2005 et suscité de nombreuses rumeurs au fil des ans. Mais l'état-major républicain n'a jamais sévi contre son membre. Pourquoi cette inaction de la part des dirigeants d'un parti voué à la défense des valeurs traditionnelles ?

Parce qu'un "réseau" de gais, entourant l'état-major républicain, a protégé Foley. Pardon ? Un "réseau" gai chez les républicains du Congrès ?

La chaîne CBS, ancien fleuron de l'information, a contribué à répandre ce mot et cette thèse en provenance de la droite. Dans un reportage diffusé le 4 octobre, la journaliste Gloria Borger a révélé l'existence d'une "liste" circulant ces jours-ci à Washington. La liste n'identifie pas des "communistes", comme celle du sénateur Joseph McCarthy dans les années 50, mais plutôt des gais travaillant comme conseillers auprès des républicains les plus puissants au Congrès.

La liste, selon les journalistes qui l'ont vue, identifie nommément neuf chefs de cabinet, deux attachés de presse et deux directeurs des communications. Parmi eux se trouvent des homosexuels à l'emploi du président de la Chambre des représentants, Dennis Hastert, et de deux autres gros bonnets républicains.

Ce sont ces gais, selon la thèse malicieuse de la droite, qui auraient caché à leur patron la vérité sur Mark Foley. Et la chaîne CBS a diffusé cette information sans la remettre en question. Par la voix d'Edward Murrow, le même réseau avait dénoncé les tactiques du sénateur McCarthy dans les années 50. Aujourd'hui, il participe à une chasse aux sorcières antigais, et Kathy Couric, la nouvelle chef d'antenne de CBS, ne sourcille même pas.

Mais la droite ne peut pas gagner ce combat-là. Dans l'affaire Foley, l'état-major républicain est coupable, au minimum, de négligence.

Au fil des ans, il a ignoré plusieurs signaux d'alerte. L'accusation la plus sérieuse, celle du camouflage, n'a pas encore été prouvée hors de tout doute, mais plusieurs électeurs ont déjà tiré cette conclusion : pour sauver le siège de Mark Foley, les républicains ont préféré fermer les yeux sur son comportement. Autrement dit, ils seraient plus préoccupés par le pouvoir que par la moralité.

Quel impact aura le scandale sur les chrétiens évangéliques ? En 2004, ils avaient voté en masse pour réélire George W. Bush et renforcer la majorité républicaine à la Chambre des représentants au Sénat. Les stratèges républicains, Karl Rove en tête, avaient réussi à les mobiliser en mettant de l'avant la question du mariage gai, une abomination aux yeux de plusieurs chrétiens évangéliques.

Or, ceux-ci découvrent aujourd'hui avec horreur les détails de l'affaire Foley, qui met en lumière l'hypocrisie de leurs élus à Washington. Ils s'aperçoivent aussi que ces mêmes élus formulent leur programme antigai avec l'aide d'homosexuels vivant encore dans le placard. N'est-ce pas un peu tordu, un peu pervers ?

Le 7 novembre, plusieurs chrétiens évangéliques choisiront peut-être de rester chez eux, pour exprimer leur colère à l'égard des républicains du Congrès. Ils en profiteront peut-être pour réexaminer leur propre attitude face à l'homosexualité.

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tuberale
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SELON UN SONDAGE

Une majorité d'Américains souhaite la victoire des démocrates au Congrès

Agence France-Presse

Washington


Une majorité d'Américains (53%) souhaitent la victoire des démocrates au Congrès lors des élections parlementaires prévues le 7 novembre, selon un sondage publié samedi par le magazine Newsweek.

Selon ce sondage, seuls 35% des personnes interrogées souhaitent que les républicains conservent la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants.

Une majorité (51%) d'Américains inscrits sur les listes électorales affirment qu'ils voteraient pour un candidat démocrate si les élections avaient lieu aujourd'hui. 38% affirment qu'ils voteraient plutôt pour un républicain.


Seuls 33% des personnes interrogées disent approuver la politique du président George W. Bush alors que 59% la désapprouvent. Fin août, rappelle Newsweek, 36% d'Américains --un taux déjà exceptionnellement bas-- disaient approuver la politique de leur président.

Une majorité (67%) d'Américains se déclarent insatisfaits par ce qui se passe aux États-Unis tandis que seulement 25% des personnes interrogées font part de leur satisfaction.

Concernant la guerre en Irak, une majorité d'Américains (58%) se déclarent persuadés que le gouvernement Bush a délibérément menti à la nation pour déclencher la guerre en Irak.

C'est la première fois dans un sondage publié par Newsweek, qu'on trouve une majorité d'Américains pour estimer que la guerre en Irak est dû à un mensonge d'État.

Contrairement à ce que répète le président Bush, une majorité de personnes interrogées (66%) estiment que la guerre en Irak n'a pas permis aux Américains d'être davantage à l'abri d'attaques terroristes. 58% des personnes interrogées affirment qu'elles ne sont pas très confiantes ou pas confiantes du tout dans la capacité des États-Unis à établir une démocratie durable en Irak.

Seules 30% des personnes interrogées affirment approuver le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et 48% souhaitent qu'il démissionne.

Ce sondage a été réalisé les 5 et 6 octobre auprès de 1004 adultes. La marge d'erreur est de plus ou moins quatre points.


Boule à mites
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Message par Boule à mites »

Bah, je serais à peine surprise qu'ils trafiquent les machines à voter et qu'ils fassent très bien quand même...  

N'empêche, tous les empires finissent par tomber, et j'ai bien hâte que la dictature républicaine se termine aux États-Unis.  Ils ont assez créé de m... comme ça.
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Azielle
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Message par Azielle »

Il me semble qu'il commence à être temps que les habitants des États-Unis réalisent qu'ils se sont fait littéralement baisés et qu'ils réagissent en conséquence. Et pour ce qui est de Mark Foley... allez! Sur le bucher! (un peu extrême mais bon, des pédophiles je pardonne pas )
Il est moins indécent de coucher ensemble que de se regarder dans les yeux- B. Vian et/ou Vernon Sullivan
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tuberale
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Les républicains au plus bas

Richard Hétu

La Presse

Collaboration spéciale

New York


Heureusement pour les républicains, les élections de mi-mandat n'ont pas lieu aujourd'hui. Si c'était le cas, ils encaisseraient toute une claque. Peuvent-ils, en moins de trois semaines, transformer une débâcle annoncée en un triomphe à l'arraché?

À l'approche de la date fatidique du 7 novembre, la Maison-Blanche affiche un optimisme à tout crin, qui contraste avec la grogne et la déprime du parti.

Le président George W. Bush et son stratège, Karl Rove, prédisent que les républicains conserveront leurs majorités au Congrès, l'enjeu de ces élections qui pourraient transformer le paysage politique de Washington.


Autre déni de la réalité? La réponse ne viendra vraiment que le jour du scrutin. D'ici là, tout peut arriver, y compris une réapparition d'Oussama ben Laden.

En attendant, les sondages récents brossent le portrait d'un pays- les États-Unis- au bord de la révolte. Il faut en effet remonter à 1994 pour voir une telle rancoeur du public à l'égard du parti présidentiel, a indiqué hier un sondage NBC/Wall Street Journal.

Selon ce sondage, seuls 16 % des Américains approuvent l'action des républicains au Congrès. En 1994, les démocrates de Bill Clinton avaient obtenu le même score avant les élections de mi-mandat. Le jour du scrutin, ils avaient subi une défaite historique, perdant 52 sièges et leur majorité à la Chambre des représentants, où ils régnaient sans partage depuis 40 ans.

La popularité du président Bush continue également à chuter. Selon un sondage Gallup publié mardi, seuls 37% des Américains l'appuient. Par le passé, les présidents impopulaires ont entraîné leur parti vers le bas à l'occasion des élections de mi-mandat. Leur nom n'apparaît pas sur le bulletin de vote, mais leur performance pèse sur le verdict électoral.

Le 7 novembre, les démocrates doivent conquérir 15 sièges pour renverser la majorité républicaine à la Chambre des représentants. Ils peuvent accomplir le même exploit au Sénat en progressant de six sièges.



Le partage du pouvoir



Si les démocrates deviennent majoritaires à la Chambre ou au Sénat, le président Bush devra partager le pouvoir avec eux. Son administration pourrait faire l'objet de multiples enquêtes. Sa guerre en Irak pourrait changer de cours. Et lui et son stratège perdraient la face.

La plupart des analystes, y compris les conservateurs Robert Novak et Fred Barnes, arrivent à la même conclusion: les républicains s'acheminent vers une défaite à la Chambre.

«Si, au cours des trois prochaines semaines, l'attention (du public) demeure fixée sur l'Irak et les scandales au Congrès, les républicains pourraient perdre de 20 à 30 sièges, et peut-être davantage», a écrit mardi Charlie Cook dans la dernière livraison de son bulletin d'information, The Cook Political Report.

Les 435 sièges de la Chambre des représentants seront renouvelés le 7 novembre. Au Sénat, c'est le tiers des sièges (33) qui seront en jeu.

Les mêmes analystes n'écartent plus la possibilité d'une victoire des démocrates au Sénat, qui s'ajouterait à leur triomphe à la Chambre. «Cela pourrait arriver, si les conservateurs déçus restent chez eux», a écrit mardi Robert Novak dans son propre bulletin d'information.

Cela fait évidemment beaucoup de «si». Au cours des derniers jours, l'Irak, avec son cortège quotidien de morts, a dominé l'information aux États-Unis, supplantant l'affaire Mark Foley, du nom du parlementaire républicain qui flirtait avec les pages du Congrès.



L'Irak au premier rang



Dans les sondages, l'Irak arrive toujours au premier rang des préoccupations des électeurs. Et les nouvelles en provenance de ce pays en guerre contribuent à renforcer le pessimisme ambiant à l'égard d'une guerre qui, de l'opinion même du président Bush, pourrait être comparée à celle du Vietnam.

Le chef de la Maison-Blanche a fait cet aveu mercredi lors d'une entrevue sur la chaîne ABC.

À moins de trois semaines du scrutin, les démocrates multiplient les discours et les publicités où ils attaquent leurs adversaires sur la guerre en Irak. Lors des élections de 2002 et 2004, ils n'avaient pas osé remettre en question l'intervention militaire. Aujourd'hui, ils y vont à fond.

Mais un autre sujet que l'Irak pourrait dominer l'actualité à la veille du scrutin. Lequel?

Comme tout bon suspense, les élections de mi-mandat carburent à l'incertitude. Il ne faut surtout pas se méfier aux sondages nationaux, car les combats locaux pour la Chambre des représentants et le Sénat se déroulent sur un terrain qui favorise les républicains.

Depuis leur accession à la majorité, les républicains de la Chambre ont transformé plusieurs de leurs circonscrïptions en véritables forteresses à la faveur de redécoupages controversés.

De façon générale, les candidats républicains ont plus d'argent que leurs adversaires pour faire campagne et acheter de la publicité. Et le GOP met à leur service une machine éprouvée pour faire sortir le vote du parti.

Reste donc à savoir si ces digues suffiront à contenir la tempête qui s'annonce à l'horizon.


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