Garderie pour adultes
Pour ceux qui veulent redevenir bébé
Caroline Roy
Le Journal de Montréal
06/11/2006 05h34 - Mise à jour 06/11/2006 08h52
Des toutous sur une couchette géante, des jeux posés par terre et des couches plus grandes que nature. Bienvenue dans une garderie conçue pour les adultes qui veulent redevenir des bébés l'espace de quelques heures. Une première en Amérique du Nord, qui fait sourciller les psys.
Cette garderie pour adultes vient tout juste d'ouvrir ses portes à Montréal. Sur son site Internet, les propriétaires précisent qu'ils acceptent de donner des informations aux médias uniquement s'ils parlent d'eux positivement.
Refusant de céder à ce contrôle, la représentante du Journal s'est présentée samedi matin à la fameuse garderie en prétextant être une cliente intéressée par les services offerts.
Le rendez-vous était fixé au métro Frontenac avec un homme surnommé C2. Après quelques minutes de marche, celui-ci ouvre la porte d'un quatre et demi qui ressemble en tout point à une garderie pour enfants.
La seule différence: elle accueille uniquement des adultes, surtout des hommes, qui désirent porter des couches, jouer avec des camions ou recevoir des punitions sur les fesses. Trois femmes assument le rôle de maman auprès des participants.
D'emblée, C2 affirme qu'il n'y a ni sexualité, ni pédophilie, ni adultère à la garderie.
«On répond à un manque pendant l'enfance, plaide-t-il. Ceux qui viennent ici ont souvent eu des parents qui les ont poussés à se surpasser. Ils aiment retrouver la sécurité que leur procure leur enfance», raconte l'homme, âgé d'une trentaine d'années.
Séjourner à la garderie est coûteux. 300 $ pour les deux premières heures.
«Ça coûte cher louer l'appartement. Il faut aussi payer le matériel, comme les couches, biberons et les électroménagers», dit C2. Lors de la visite du Journal, deux autres hommes accompagnaient C2. L'un d'eux a avoué que la garderie répondait à un besoin.
«Ça me fait du bien de dormir toute une nuit dans une couchette comme un bébé», a-t-il raconté sans vouloir se nommer.
Danger
L'Ordre des psychologues du Québec (OPQ) croit que les garderies pour adultes représentent un danger si une personne souffre vraiment d'une maladie mentale.
«La valeur thérapeutique est inexistante. Ça prend plus que deux heures pour traiter une personne», lance Stéphane Beaulieu, secrétaire général de l'OPQ.
«Ça représente un danger si la personne est vraiment malade parce qu'elle n'a pas été évaluée par un professionnel, ajoute-t-il. Pour aider quelqu'un, il faut une intervention avec une évaluation, un diagnostic et un plan de traitement. On ne peut pas offrir ce service comme dans un McDo.»
Des garderies pour adultes existent aussi à Vancouver, en Norvège, en Suède, en Suisse, aux États-Unis et au Japon.
http://www.canoe.com/infos/societe/arch ... 53400.html