Dove* a écrit C'est un point de vue Raven. Moi je pense qu'après avoir accepté d'avoir été qualifié de NATION et que le reste du Canada ait accepté, on ne pourra jamais plus nous dire après qu'on en est pas une. Il ne nous restera qu'à demander notre dû... et négocier. C'est mon point de vue...
Mais le problème, c'est le "à l'intérieur d'un Canada uni". Ça peut nous faire mal si le Bloc reconnaît cela. C'est un couteau à double tranchant
Harper: «Les Québécois forment une nation dans un Canada uni»
La nation? Quelle nation?
Lysiane Gagnon
La Presse
Habile, Stephen Harper? Encore plus qu'on ne le croit! Lisez bien le texte (en particulier le texte anglais) de sa fameuse résolution-surprise sur la "nation" et vous verrez que loin de reconnaître le territoire politique du Québec comme nation, ce que reconnaît cette résolution, c'est la nation canadienne-française.
Premièrement, la résolution parle non pas du Québec, mais des "Québécoises et des Québécois". La distinction est capitale: on ne réfère ni à l'entité politique du Québec, ni à la province, ni à ses institutions, mais à des individus.
Deuxièmement, le texte anglais parle non pas des "Quebeckers", mais des "Québécois". Si M. Harper avait voulu désigner tous les résidants du Québec, il aurait utilisé le mot "Quebecker". Pourquoi ce mot français incongru dans un texte anglais?
La raison est évidente. C'est que dans la langue populaire, le mot "Québécois" en est venu à désigner les Canadiens français, ce vieux peuple qui a perdu son nom quelque part durant les années 70.
Quand les anglophones parlent des francophones de vieille souche, ils utilisent le mot "Québécois" plutôt que "Quebecker". Ce dernier mot est réservé aux questions d'ordre institutionnel: les "Quebeckers" ont en commun la carte de l'assurance maladie, le permis de conduire, le droit de vote au provincial, etc. Mais quand un anglophone veut désigner un Canadien français, il utilise le mot français.
Même chez les francophones de vieille souche, le mot "Québécois" est devenu, dans la langue populaire, synonyme de "Canadien français".
On dira, par exemple: "Dans ma classe, il y a autant d'Arabes et de Haïtiens que de Québécois." Ou alors, parlant d'un Juif pourtant né au Québec: "Il a épousé une Québécoise." Souvenez-vous de René Lévesque, alors qu'il annonçait la nomination de Robert Boyd à la tête d'Hydro-Québec: avec un clin d'oeil, il soulignait que M. Boyd était "un bon Québécois" (sous-entendu: malgré son patronyme écossais).
C'est donc sur cette confusion sémantique que M. Harper a joué pour réduire la portée de sa résolution. La nuance a échappé à presque tous les commentateurs, qui se sont réjouis trop vite (ou ont trop vite crié au meurtre).
Ce texte ne pourra jamais servir à redéfinir les pouvoirs du Québec parce qu'il ne concerne pas la province comme entité politique, ni même la totalité de sa population. En fait, la résolution de l'aile québécoise du PLC allait beaucoup plus loin car c'est "le Québec" qu'elle reconnaissait comme nation.
Cette résolution n'englobe pas les minorités québécoises, qui d'ailleurs ne se considèrent pas membres d'une "nation québécoise". Elle ne donne aucun statut particulier au Québec comme province. Elle s'inscrit en droite ligne dans la thèse des "deux nations" chère à André Laurendeau, Claude Ryan ou l'ancien chef conservateur Robert Stanfield.
D'ailleurs, les déclarations de M. Harper, mercredi, sont sans équivoque. En évoquant une communauté liée non pas seulement par la langue mais par une histoire "de près de 400 ans", en mentionnant l'épopée de Champlain, il est clair que la "nation" dont parle M. Harper est celle que forment les descendants des colons de la Nouvelle-France (à laquelle, bien sûr, se sont intégrés des individus d'autres souches, par mariage ou par choix.)
Le problème conceptuel de cette résolution est d'ignorer les minorités françaises des autres provinces, qui font elles aussi partie de la nation canadienne-française.
Cette confusion entre "Québécois" et "Canadien français", c'est la confiscation par le groupe ethnique majoritaire d'un vocable censé désigner indistinctement tous les résidants du Québec. Mais c'est aussi le retour du refoulé. En bannissant, pour des raisons stratégiques, les mots "canadiens français" du vocabulaire usuel, les souverainistes ont fait qu'un peuple de sept millions d'habitants (le plus ancien d'origine européenne au nord du continent) a perdu son nom, du moins au Québec.
L'expression "francophone" est inadéquate car elle désigne tout autant les Marocains et les Haïtiens dont le français est la langue maternelle. Idem pour l'expression "Québécois de vieille souche", qui s'applique tout autant à la vieille minorité anglophone du Québec. Pour être exact, il faudrait parler des "Québécois francophones de vieille souche". C'est trop long. Donc on dit "Québécois", dans le sens ethnique du mot.
Dove* a écrit C'est un point de vue Raven. Moi je pense qu'après avoir accepté d'avoir été qualifié de NATION et que le reste du Canada ait accepté, on ne pourra jamais plus nous dire après qu'on en est pas une. Il ne nous restera qu'à demander notre dû... et négocier. C'est mon point de vue...
C'est très stratégique en tout cas et je trouve qu'au contraire il a pris une bonne décision.
C'est très stratégique en tout cas et je trouve qu'au contraire il a pris une bonne décision.
Mise à jour: 28/11/2006 14h04
LCN
Nation québécoise
Le texte du commentaire de Claude Charron
Madame, monsieur, bonsoir.
Il y a des pays où la reconnaissance d'une nation par ses voisins va donner lieu à une volée de cloches des églises et à une liesse populaire qu'il est beau et bon de voir. Mais la nôtre, surgissant comme une brume sur un matin d'hiver, va probablement s'estomper dès que le bulletin de nouvelles nous l'annonçant sera terminé. Et je ne pense pas qu'il faille déranger l'indifférence populaire, ça n'en vaut pas la peine. Ce vote que plusieurs vont qualifier d'historique n'est à mes yeux qu'un acte de plus sur la scène de la comédie canadienne. Qu'en ce soir, ce soit les souverainistes qui rient jaune et les fédéralistes qui se tapent sur les cuisses indique bien qu'il est temps que le rideau tombe sur une farce qui n'aurait jamais dû exister.
Rien d'historique, donc, malgré ce qu'en disent les adeptes des petits pas. C'est tout au plus le triomphe d'une stratégie politicienne qui a d'ailleurs été tirée du chapeau de gens qui ne sont pas membres de cette nation et qui combattaient le principe même de cette reconnaissance il y a encore quelques semaines. Non, ce n'est pas l'aboutissement des demandes séculaires du Québec, c'est tout au plus une improvisation couronnée de succès d'une idée instantanée qui aura eu pour effet de noyer le poisson.
Revenons, si vous le voulez bien, sur les faits. C'est à l'intérieur du Parti libéral fédéral, vous le savez, que le débat a refait surface. Le prétendant Ignatieff s'est réveillé un matin ne se pouvant tout simplement plus de vivre dans un pays qui ne reconnaissait pas la nation québécoise et il a décidé d'étendre cette démangeaison à son parti. Mais son parti, c'est celui de Trudeau et de Chrétien, c'est-à-dire qu'y évoquer la moindre particularité québécoise est comme agiter la guenille rouge devant le taureau. Alors, le petit bouton d'Ignatieff est devenu une crise d'urticaire dans les autres provinces. Et même le prince héritier Justin 1er en a profité pour nous remontrer sa tête, qu'on couronnera bien sûr un jour.
Bref, la campagne d'Ignatieff s'est embourbée et il n'attendait sûrement pas le secours de là où il est venu. Car c'est le Bloc québécois qui, voulant profiter des malheurs de son adversaire, a voulu forcer la Chambre des communes à nier l'existence de la nation québécoise.
L'Albertain qui dirige le pays s'est emparé de cette idée le plus rapidement possible, au grand dam des stratèges qui entourent Gilles Duceppe. D'ailleurs, s'il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. Non, c'est Harper, plutôt, qui a fait double jeu, puisqu'en relançant la campagne d'Ignatieff, il se trouve ni plus ni moins qu'à le choisir comme chef de l'opposition, ce gaffeur professionnel qui échappe le ballon même quand personne n'y touche. Mais quoi qu'il en soit, trouvez-moi un pays au monde où un chef de gouvernement peut dire qu'une nation est une nation quand elle est à l'intérieur du pays, mais qu'elle n'est plus une nation si elle en décide autrement. Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la Chambre, c'est à proprement parler aberrant.
Et d'ailleurs, le pire est encore à venir parce que le reste est presque à en pleurer. Jean Charest, c'est bien connu, est très vite à acheter et à nous revendre le moindre produit comestible qui sort d'Ottawa, et il nous a donc vendu la valeur nutritive non seulement de ce beigne, mais du trou qui venait avec le beigne. Chez les indépendantistes, c'est la débandade. Gilles Duceppe a voulu récupérer sa bévue par une trouvaille, celle du Québec actuellement au Canada, comme si c'était une nation touriste qui aurait pu se retrouver le lendemain au Maroc ou en Argentine. André Boisclair, qui aime beaucoup se faire désirer, a fini par intervenir avec une chanson dont on a oublié les paroles, mais qui, en gros, disait qu'il y voyait un progrès quelconque, ce qui, du coup, a obligé Duceppe à faire volte-face, à annoncer un changement dans son vote. Il a fendu l'air sur une 3e prise avec enthousiasme, nous a-t-il dit, comme s'il fallait en plus se faire dire cela. Mais pourquoi donc ce cirque a-t-il réussi à accaparer le chapiteau de l'actualité aussi longtemps pour s'achever dans le ridicule? Eh bien, c'est pour une seule raison, aussi gênante et humiliante soit-il de l'admettre. Oui, nous formons une nation depuis 2 siècles et demi, mais nous nous comportons rarement comme si nous en étions une. C'est comme si de colonie vaincue et abandonnée nous avions acquis ce statut presque malgré nous. Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. Et c'est pour ça que des charlatans et des apprentis sorciers nous inondent de leur pacotille et de leurs mirages.
Moi, je retiendrai de cet épisode un sondage dans le Canada anglais qui indiquait qu'une majorité de gens était prête à reconnaître 50 nations amérindienne, mais pas la nation québécoise. Qu'on ne me dise pas qu'ils ne savent pas c'est quoi, une nation. C'est par pur mépris qu'ils nous le refusent et c'est pour ça que, quoi que votent leurs députés, ça ne changera strictement rien. Je vous jure que cette histoire triste l'est autant vue de loin que de près.
Merci de votre attention.
LCN
Nation québécoise
Le texte du commentaire de Claude Charron
Madame, monsieur, bonsoir.
Il y a des pays où la reconnaissance d'une nation par ses voisins va donner lieu à une volée de cloches des églises et à une liesse populaire qu'il est beau et bon de voir. Mais la nôtre, surgissant comme une brume sur un matin d'hiver, va probablement s'estomper dès que le bulletin de nouvelles nous l'annonçant sera terminé. Et je ne pense pas qu'il faille déranger l'indifférence populaire, ça n'en vaut pas la peine. Ce vote que plusieurs vont qualifier d'historique n'est à mes yeux qu'un acte de plus sur la scène de la comédie canadienne. Qu'en ce soir, ce soit les souverainistes qui rient jaune et les fédéralistes qui se tapent sur les cuisses indique bien qu'il est temps que le rideau tombe sur une farce qui n'aurait jamais dû exister.
Rien d'historique, donc, malgré ce qu'en disent les adeptes des petits pas. C'est tout au plus le triomphe d'une stratégie politicienne qui a d'ailleurs été tirée du chapeau de gens qui ne sont pas membres de cette nation et qui combattaient le principe même de cette reconnaissance il y a encore quelques semaines. Non, ce n'est pas l'aboutissement des demandes séculaires du Québec, c'est tout au plus une improvisation couronnée de succès d'une idée instantanée qui aura eu pour effet de noyer le poisson.
Revenons, si vous le voulez bien, sur les faits. C'est à l'intérieur du Parti libéral fédéral, vous le savez, que le débat a refait surface. Le prétendant Ignatieff s'est réveillé un matin ne se pouvant tout simplement plus de vivre dans un pays qui ne reconnaissait pas la nation québécoise et il a décidé d'étendre cette démangeaison à son parti. Mais son parti, c'est celui de Trudeau et de Chrétien, c'est-à-dire qu'y évoquer la moindre particularité québécoise est comme agiter la guenille rouge devant le taureau. Alors, le petit bouton d'Ignatieff est devenu une crise d'urticaire dans les autres provinces. Et même le prince héritier Justin 1er en a profité pour nous remontrer sa tête, qu'on couronnera bien sûr un jour.
Bref, la campagne d'Ignatieff s'est embourbée et il n'attendait sûrement pas le secours de là où il est venu. Car c'est le Bloc québécois qui, voulant profiter des malheurs de son adversaire, a voulu forcer la Chambre des communes à nier l'existence de la nation québécoise.
L'Albertain qui dirige le pays s'est emparé de cette idée le plus rapidement possible, au grand dam des stratèges qui entourent Gilles Duceppe. D'ailleurs, s'il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. Non, c'est Harper, plutôt, qui a fait double jeu, puisqu'en relançant la campagne d'Ignatieff, il se trouve ni plus ni moins qu'à le choisir comme chef de l'opposition, ce gaffeur professionnel qui échappe le ballon même quand personne n'y touche. Mais quoi qu'il en soit, trouvez-moi un pays au monde où un chef de gouvernement peut dire qu'une nation est une nation quand elle est à l'intérieur du pays, mais qu'elle n'est plus une nation si elle en décide autrement. Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la Chambre, c'est à proprement parler aberrant.
Et d'ailleurs, le pire est encore à venir parce que le reste est presque à en pleurer. Jean Charest, c'est bien connu, est très vite à acheter et à nous revendre le moindre produit comestible qui sort d'Ottawa, et il nous a donc vendu la valeur nutritive non seulement de ce beigne, mais du trou qui venait avec le beigne. Chez les indépendantistes, c'est la débandade. Gilles Duceppe a voulu récupérer sa bévue par une trouvaille, celle du Québec actuellement au Canada, comme si c'était une nation touriste qui aurait pu se retrouver le lendemain au Maroc ou en Argentine. André Boisclair, qui aime beaucoup se faire désirer, a fini par intervenir avec une chanson dont on a oublié les paroles, mais qui, en gros, disait qu'il y voyait un progrès quelconque, ce qui, du coup, a obligé Duceppe à faire volte-face, à annoncer un changement dans son vote. Il a fendu l'air sur une 3e prise avec enthousiasme, nous a-t-il dit, comme s'il fallait en plus se faire dire cela. Mais pourquoi donc ce cirque a-t-il réussi à accaparer le chapiteau de l'actualité aussi longtemps pour s'achever dans le ridicule? Eh bien, c'est pour une seule raison, aussi gênante et humiliante soit-il de l'admettre. Oui, nous formons une nation depuis 2 siècles et demi, mais nous nous comportons rarement comme si nous en étions une. C'est comme si de colonie vaincue et abandonnée nous avions acquis ce statut presque malgré nous. Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. Et c'est pour ça que des charlatans et des apprentis sorciers nous inondent de leur pacotille et de leurs mirages.
Moi, je retiendrai de cet épisode un sondage dans le Canada anglais qui indiquait qu'une majorité de gens était prête à reconnaître 50 nations amérindienne, mais pas la nation québécoise. Qu'on ne me dise pas qu'ils ne savent pas c'est quoi, une nation. C'est par pur mépris qu'ils nous le refusent et c'est pour ça que, quoi que votent leurs députés, ça ne changera strictement rien. Je vous jure que cette histoire triste l'est autant vue de loin que de près.
Merci de votre attention.
Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»
-
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 6007
- Inscription : ven. avr. 23, 2004 3:00 am
Éditoriaux
Imprimez cette page | Envoyez à un ami
Ce n’est pas la motion qui fait la nation
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably, 30 novembre 2006
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
C'est fait: la Chambre des communes a donné son aval à la motion controversée de Stephen Harper qui reconnaît que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Il n'en a pas fallu davantage pour que certains, particulièrement des nationalistes, se réjouissent, comme si cela constituait une avancée majeure.
Toutefois, quand on sait que la motion emploie le terme Québécois pour, semble-t-il (les politiciens fédéraux n'ont pas été très clairs à ce sujet!), désigner les Canadiens français et non tous ceux qui résident à l'intérieur des frontières géographiques de la province, il y a lieu de se questionner sur la pertinence du geste. Tout le monde reconnaît que les Canadiens français sont l'un des peuples fondateurs du Canada. C'est d'ailleurs ce qu'on peut lire dans tous les livres d'histoire. Comme la motion votée lundi n'a aucune valeur juridique ni constitutionnelle, et ne fait aucunement référence à l'intégrité territoriale du Québec, quel progrès le Québec a-t-il réalisé? Se limite-t-elle à entériner un fait historique incontestable?
Ah, oui! Il y a la symbolique de la chose. Les autochtones sont également désignés par l'expression Premières Nations. Et puis? Cette reconnaissance ne contribue en rien à régler tous les problèmes socio-économiques qui les accablent. Les symboles ne nourrissent pas!
Mais le plus pathétique dans toute cette saga, c'est ce besoin viscéral de nos leaders nationalistes d'obtenir la reconnaissance des autres provinces. Leur besoin est si intense qu'ils se sont abaissés à quémander cette reconnaissance à Ottawa. Or, le véritable respect ne s'obtient pas à force de mendier, il se mérite!
Pour que le Québec soit sincèrement reconnu comme nation, il doit susciter l'admiration. Il doit s'élever au-dessus des autres provinces et des autres pays par son autonomie, ses réalisations et sa performance. Il est légitime que certains souhaitent donner davantage de poids politique au Québec, mais cet objectif serait plus facile à atteindre s'il devenait une puissance économique. Or, ceux qui exigent la reconnaissance du titre de nation sont les premiers à quêter de l'argent du fédéral au nom du déséquilibre fiscal. Ils se comportent comme des 'BS' pour obtenir la charité d'Ottawa et font l'autruche quand vient le temps de discuter des retards du Québec. Quel paradoxe que de revendiquer l'autonomie d'une nation tout en affichant sa dépendance à l'égard d'Ottawa!
Pour que la nation québécoise soit plus qu'une simple motion sans conséquences, il faut que nos leaders investissent leurs énergies à comprendre et à solutionner les problèmes économiques qui font de notre Belle province l'une des régions les plus pauvres en Amérique du Nord. Il faut comprendre pourquoi notre taux de chômage québécois est systématiquement supérieur à celui de la moyenne canadienne, pourquoi le Québec est moins productif et fait moins bonne figure que le reste du Canada, et pourquoi la richesse nette des Québécois représente à peine 60% de celle des Ontariens.
Si la planète tout entière parle de l'Irlande, de la Corée du Sud et de plusieurs autres pays asiatiques, c'est parce qu'ils ont accompli de véritables miracles économiques qui suscitent l'admiration et le respect. Ils n'ont pas besoin de demander la reconnaissance au reste du monde, on la leur accorde d'office. Le jour où l'on parlera du miracle québécois, le poids économique du Québec permettra alors aux souverainistes d'obtenir le poids politique qu'ils convoitent.
Un bon leader doit choisir ses batailles. Or, la bataille économique devrait avoir priorité sur les symboles, car tant que le Québec sera pauvre, les Québécois seront une nation … en développement!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
© 2006 IEDM |
Imprimez cette page | Envoyez à un ami
Ce n’est pas la motion qui fait la nation
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably, 30 novembre 2006
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
C'est fait: la Chambre des communes a donné son aval à la motion controversée de Stephen Harper qui reconnaît que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Il n'en a pas fallu davantage pour que certains, particulièrement des nationalistes, se réjouissent, comme si cela constituait une avancée majeure.
Toutefois, quand on sait que la motion emploie le terme Québécois pour, semble-t-il (les politiciens fédéraux n'ont pas été très clairs à ce sujet!), désigner les Canadiens français et non tous ceux qui résident à l'intérieur des frontières géographiques de la province, il y a lieu de se questionner sur la pertinence du geste. Tout le monde reconnaît que les Canadiens français sont l'un des peuples fondateurs du Canada. C'est d'ailleurs ce qu'on peut lire dans tous les livres d'histoire. Comme la motion votée lundi n'a aucune valeur juridique ni constitutionnelle, et ne fait aucunement référence à l'intégrité territoriale du Québec, quel progrès le Québec a-t-il réalisé? Se limite-t-elle à entériner un fait historique incontestable?
Ah, oui! Il y a la symbolique de la chose. Les autochtones sont également désignés par l'expression Premières Nations. Et puis? Cette reconnaissance ne contribue en rien à régler tous les problèmes socio-économiques qui les accablent. Les symboles ne nourrissent pas!
Mais le plus pathétique dans toute cette saga, c'est ce besoin viscéral de nos leaders nationalistes d'obtenir la reconnaissance des autres provinces. Leur besoin est si intense qu'ils se sont abaissés à quémander cette reconnaissance à Ottawa. Or, le véritable respect ne s'obtient pas à force de mendier, il se mérite!
Pour que le Québec soit sincèrement reconnu comme nation, il doit susciter l'admiration. Il doit s'élever au-dessus des autres provinces et des autres pays par son autonomie, ses réalisations et sa performance. Il est légitime que certains souhaitent donner davantage de poids politique au Québec, mais cet objectif serait plus facile à atteindre s'il devenait une puissance économique. Or, ceux qui exigent la reconnaissance du titre de nation sont les premiers à quêter de l'argent du fédéral au nom du déséquilibre fiscal. Ils se comportent comme des 'BS' pour obtenir la charité d'Ottawa et font l'autruche quand vient le temps de discuter des retards du Québec. Quel paradoxe que de revendiquer l'autonomie d'une nation tout en affichant sa dépendance à l'égard d'Ottawa!
Pour que la nation québécoise soit plus qu'une simple motion sans conséquences, il faut que nos leaders investissent leurs énergies à comprendre et à solutionner les problèmes économiques qui font de notre Belle province l'une des régions les plus pauvres en Amérique du Nord. Il faut comprendre pourquoi notre taux de chômage québécois est systématiquement supérieur à celui de la moyenne canadienne, pourquoi le Québec est moins productif et fait moins bonne figure que le reste du Canada, et pourquoi la richesse nette des Québécois représente à peine 60% de celle des Ontariens.
Si la planète tout entière parle de l'Irlande, de la Corée du Sud et de plusieurs autres pays asiatiques, c'est parce qu'ils ont accompli de véritables miracles économiques qui suscitent l'admiration et le respect. Ils n'ont pas besoin de demander la reconnaissance au reste du monde, on la leur accorde d'office. Le jour où l'on parlera du miracle québécois, le poids économique du Québec permettra alors aux souverainistes d'obtenir le poids politique qu'ils convoitent.
Un bon leader doit choisir ses batailles. Or, la bataille économique devrait avoir priorité sur les symboles, car tant que le Québec sera pauvre, les Québécois seront une nation … en développement!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
© 2006 IEDM |
Prière et chant religieux
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.
la-voute-f46/prieres-et-chants-religieux-t67717.html" onclick="window.open(this.href);return false;
Notre famille compte un nouveau membre à aimer.