Québec ratera de 50 % la cible de Kyoto

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tuberale
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Message par tuberale »

Québec ratera de 50 % la cible de Kyoto



Le plan québécois de lutte contre le réchauffement du climat, présenté à huis clos hier à une dizaine d'organismes québécois, rate l'objectif de Kyoto d'environ 50 %, ce qui en fait un plan sensiblement en deçà de sa réputation à travers le pays. Il demeure néanmoins un des plus ambitieux au Canada. Selon les chiffres dévoilés hier aux bureaux de la Commission de coopération environnementale (CCE) de l'ALENA par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Claude Béchard, le Québec parviendra, mais progressivement et plus tard que l'an prochain, à réduire ses rejets de gaz à effet de serre (GES) de dix millions de tonnes, ou mégatonnes (Mt), d'ici 2012. À cette date, soit à l'échéance officielle de la première phase de Kyoto, le Québec devrait plutôt avoir réduit ses émissions de 14 Mt.

La règle du protocole, qui s'applique en réalité au Canada mais que le Québec a appuyée, impose de réduire les émissions de 6 % pendant cinq ans (2008-12) sous leur niveau de 1990. Or, en 1990, le Québec émettait précisément 85,3 Mt de GES. Il doit donc ramener ses émissions des cinq prochaines années à 80,2 Mt. Toutefois, sans plan de réduction, nos émissions devraient s'élever à 94 Mt en 2012.

Avec une réduction limitée à 10 Mt, confirmée hier, c'est donc 84 Mt que le Québec émettra en 2012 alors que l'atteinte des objectifs du protocole exigerait de ramener ces rejets à 80,2 Mt.

On se souviendra que le Québec s'est dit prêt à atteindre l'objectif officiel de Kyoto si Ottawa finançait en partie le plan provincial, à hauteur de 328 millions de dollars. Québec attend toujours cette somme, qu'il a ratée de peu en passant à deux doigts de conclure une entente avec l'ex-ministre fédéral de l'Environnement, Stéphane Dion, pendant la Conférence internationale sur le climat, en décembre dernier à Montréal.

Si le plan québécois n'atteint pas sa cible en 2012, il rate encore davantage son objectif sur l'ensemble de la période de réductions car les réductions planifiées par Québec seront à peu près nulles en 2008 et 2009 à cause de l'instauration très progressive des mesures envisagées.

Si on cumule les dépassements de l'objectif de 80,2 Mt entre 2008 et 2012, c'est environ 40 Mt que le Québec rejettera en trop. Compte tenu des échéances dévoilées hier lors de la rencontre de Montréal, Québec aura plutôt réduit de seulement 20 Mt ses émissions pendant la «période Kyoto, ce qui signifie qu'il rate en réalité son objectif de 50 %», selon une des deux sources du Devoir présentes à cette rencontre à huis clos.

Des mesures tardives

Selon la dernière version du plan présenté hier par le ministre Béchard, le ministère des Transports obtiendra 71 % des 200 millions que Québec prévoit obtenir pour financer son plan de réductions.

En guise de comparaison, l'Environnement n'obtiendra que 4 % de cette somme, que Québec obtiendra par l'imposition d'une taxe de 1,5 ¢ sur chaque litre d'essence. On se rappellera que les pétrolières québécoises font actuellement l'objet d'un recours collectif pour avoir présumément commencé à percevoir cette taxe avant son entrée en vigueur. Cette taxe, très inférieure aux hausses de prix imposées par les pétrolières selon les aléas de l'actualité internationale, ira dans une proportion de 26 % à d'autres organismes comme le ministère de la Santé et des Services sociaux, l'Agence de l'efficacité énergétique et des programmes de sensibilisation du public par des groupes environnementaux, notamment.

Pour réduire la consommation d'énergie, Québec entend modifier son Code du bâtiment, mais en 2010, même si cette réforme est en préparation depuis des années. L'obligation faite aux pétrolières d'incorporer 5 % d'éthanol dans l'essence n'entrera en vigueur qu'en 2012 elle aussi, soit à la fin de la période Kyoto, ce qui réduit son effet bénéfique sur le climat. Toutefois, a promis Claude Béchard, cet éthanol ne sera pas produit avec du maïs-grain, soit la production céréalière la plus consommatrice d'engrais et de pesticides, des produits qui aboutissent en grande partie dans les cours d'eau. Le ministre n'a toutefois pas précisé ce qu'il adviendra de l'éthanol produit à l'usine de Varennes, qui s'approvisionnera auprès des producteurs de maïs-grain.

L'objectif le plus ambitieux du plan québécois prévoit de hausser de 8 % pour 2012 l'achalandage des transports en commun au Québec, ce qui explique sans doute que ce secteur obtienne la part du lion des 200 millions.

Par ailleurs, le ministre Béchard a commencé par dire qu'il imposerait d'ici 2010 les normes californiennes au parc automobile québécois. Cependant, interrogé sur le pourcentage de véhicules à émissions zéro qu'il exigera des constructeurs, soit la principale norme californienne, le ministre a fait marche arrière en répondant que le Québec s'inspirera des normes californiennes, qu'il s'orientera sur ces normes au lieu de les appliquer. Par ailleurs, le plan québécois ne prévoit aucune mesure qui placerait le Québec au niveau de ses voisins en matière d'inspection des véhicules automobiles.

Enfin, Québec entend imposer à tous les camions de son parc roulant des «limitateurs de vitesse», comme en réclament les propriétaires de grandes flottes, la plupart étant équipées de ces appareils que n'adoptent pas les indépendants, ce qui confère à ces derniers une plus grande rapidité, assimilée à une concurrence déloyale par les majors. Les limitateurs seront plafonnés à 105 km/h, soit cinq km/h de plus que la vitesse maximale permise, ce dont Québec ne s'est pas expliqué. Aucune restriction ne sera toutefois imposée aux automobilistes.

Quant aux patrons et gestionnaires d'entreprises, Québec entend leur offrir des cours de préparation au marché des crédits d'émissions de carbone pour qu'ils soient fin prêts le jour où le Canada entrera dans la danse. Ou, à tout le moins, pour qu'ils prennent la mesure de ce qu'ils perdent en étant soustraits à ce marché international for lucratif pour les plus performants en matière de décarbonisation des procédés de production. Le ministre Béchard a aussi promis d'appuyer les villes, comme Montréal, qui voudraient créer des plans de réduction de leurs émissions globales. Mais dans ce domaine, Québec attend des propositions.

Priorité aux transports

Le plan peaufiné par l'Environnement prévoit que la principale réduction des émissions de GES proviendra des transports. Ainsi, les mesures toujours secrètes que Québec entend adopter dans ce domaine devraient réduire de 4,7 Mt le bilan québécois d'émissions de GES.

La deuxième mesure la plus efficace du plan devrait permettre d'améliorer le bilan québécois de 3 Mt. Cette réduction sera obtenue par le captage des biogaz émis par les sites d'enfouissement de déchets. La décomposition des déchets dans le sol génère du méthane, un GES 22 fois plus «efficace» que le gaz carbonique. Des représentants du monde municipal ont souligné qu'Hydro-Québec ferait la fine bouche lorsqu'on lui propose des kilowatts produits par la combustion de ce méthane. Trop cher, dit-on chez Hydro, même si elle achète sans sourciller à plus de 10 ¢ chaque kilowatt produit par la centrale thermique privée de Bécancour, aurait noté le même représentant.

Quant au secteur industriel, il sera mis à contribution pour 1,6 Mt. Le secteur agricole sera appelé à réduire ses émissions de 0,3 Mt. De son côté, le secteur énergétique sera invité par diverses mesures à réduire ses émissions de 0,7 Mt. La cible, ici, pourrait être Hydro-Québec et sa centrale au mazout de Tracy. Enfin, le gouvernement provincial entend faire sa part avec une réduction de 0,2 Mt grâce à l'amélioration énergétique de ses édifices et de son parc roulant. Le grand public sera très modestement invité à contribuer à hauteur de 0,1 Mt.

Devant quelques critiques timides de la part de certains organismes présents, le ministre Béchard aurait accepté que les groupes écologistes lui soumettent des propositions pour muscler davantage son plan.


http://www.ledevoir.com/2007/01/13/127338.html
InFoManII
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Message par InFoManII »



Comment peut on considérer qu'on rate l'objectif d'un projet auquel on ne participe pas ?!

Le Québec ne fait rien pour atteindre les objectifs de Kyoto. De plus, ce n'est pas le Québec mais le Canada qui a signé sa participation à Kyoto.

Le Canada au moins reconnaît qu'ils ne veulent rien faire pour Kyoto (Harper croit encore que le réchauffement est une légende urbaine) mais il voudrait s'attaquer à la polution atmosphérique en 2050... à cette époque il sera déjà trop tard et de toute façon, les conservateurs seront rayés de la carte bien avant 2050.

Au Québec, le gouvernement veut faire croire qu'il a un programme mais que sans l'argent d'Ottawa, ils ne peuvent rien faire... mensonge ! Charest fait pleuvoir des $$$$ en promesses de tous genres en ce moment dans tous les domaines sauf en environnement.

Harper, Charest, même combat !...

Quand il faut inaugurer des autoroutes, détruire le grand Nord pour faire du cash avec l'hydro, ils sont là.... quand il faut jeter de l'argent par les fenêtres pour des futilités comme faire voler une banane géante dans le ciel du Texas, ils sont là...

Quand vient le temps de prendre de grandes décisions pour l'avenir du genre humain.... y'a plus personne !!!.

Une chance que le Canada est une démocratie et qu'on peut changer de gouvernement aux prochaines élections... --Message edité par infomanII le 2007-01-13 16:16:36--







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