Familles =le vent tourne, on retourne au nom de famille du père !
Retour à la tradition
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007-Le Devoir
Ils sont nés au début des années 80, lui d'un couple progressiste à tendance féministe, elle de parents déjà à couteaux tirés. Purs produits de leur génération, les deux tourtereaux ont chacun reçu un nom de famille composé qui les a plongés dans un dilemme cornélien à la naissance de leur premier enfant. Quelle combinaison choisir parmi leurs nombreux patronymes?
Le débat a enflammé les quatre familles pour finalement se solder par une petite «Ariane Tremblay tout court», du nom du père du nouveau papa.
Le couple n'est pas le seul à avoir tranché en faveur d'une cure minceur. En 2005, 12 % des poupons québécois ont reçu un nom de famille double alors qu'ils étaient près du quart à se faire donner un «nom à penture» au milieu des années 90. Résultat: 82 % des enfants ne portaient que le nom de leur père en 2004. Rapportés le mois dernier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans son bilan démographique 2006, ces chiffres ont fait sursauter les démographes, qui n'ont eu d'autre choix que de conclure à un revirement en faveur du nom du père. Et tant pis pour les revendications féministes des dernières décennies!
«Le vent tourne, ce n'est plus un sentiment mais une observation bien réelle», confirme le démographe Louis Duchesne, qui signe ce bilan. Lui-même s'est fait prendre au jeu des prédictions en écrivant, en 2001, que la popularité des noms doubles avait les allures d'un «mouvement de fond» en faveur de la matrilinéarité. «Au début des années 90, on pensait bien que le mouvement était lancé et qu'il continuerait à progresser. À l'évidence, on s'est trompé.» L'érosion paraît d'autant plus surprenante que le nom composé avait connu une progression fulgurante. «Le mouvement a pris de l'ampleur rapidement, mais il a diminué tout aussi rapidement. Et il continue de décroître», fait remarquer M. Duchesne.
Jusqu'à la refonte du droit de la famille, en 1981, les Québécois recevaient le nom de famille de leur père, comme le prescrivait le Code civil. La réécriture de la loi a cependant permis aux parents de donner à leur progéniture le nom de l'un ou de l'autre ou encore un nom composé d'au plus deux parties provenant de leurs noms. À l'entrée en vigueur de la loi, 2 % des bébés avaient reçu un nom double, mais la proportion a rapidement grimpé à 15 % en 1986 pour atteindre les 22 % en 1992.
Pirouettes administratives
Au tournant des années 2000, la tendance s'essouffle. Cette année-là, les bébés ne sont plus que 15 % à recevoir un nom à penture. En 2004, ce pourcentage passe à 13 % et diminue à 12 % l'année suivante. La petite Alexanne Saint-Amour s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance. «Franchement, raconte sa mère, je ne tenais pas nécessairement à ce que ma fille porte mon nom. Et puis, Crépeau-Saint-Amour, ça faisait trop de traits d'union.»
Dans l'entourage de la petite Alexanne, le nom simple est d'ailleurs redevenu la norme. «Comme plusieurs, on a opté pour le nom du père en mettant mon nom sur l'acte de naissance, mais comme un deuxième prénom.» De nouvelles pratiques administratives ont en effet permis d'assouplir la loi. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive le nom de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés au quotidien.
«Avec cette pratique-là, les parents ont accès au meilleur des deux mondes», croit le juriste Alain Roy, aussi professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal. «En inscrivant le nom de la mère dans les prénoms, les parents s'assurent que le prénom de la mère reste dans les registres.» Cette formule permet de surcroît aux enfants de reprendre ou non leur second nom, et ce, à n'importe quel moment de leur vie.
On est loin du nom composé avec trait d'union des années 80 qui, aujourd'hui encore, reste parfaitement indivisible. À l'époque, les juristes avaient estimé que la rigidité des noms composés et leurs répercussions sur l'arbre généalogique ne faisaient pas le poids contre les principes d'égalité. Mais maintenant que la première génération des «traits d'union» en est âge de procréer, le principe montre clairement ses limites. «La loi n'a pas prévu de scénarios précis pour les générations suivantes, elle a plutôt fait le pari de laisser le choix aux parents. Au bout du compte, ce sont eux qui ont le dernier mot», indique Louis Duchesne.
La tendance veut que ce soit finalement le père qui ait ce dernier mot, au grand dam des féministes, qui ont été nombreuses à défendre cette loi. À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait même réclamé que ce soit le nom de la mère qui reste prééminent, mais la proposition n'avait pas été retenue. Conséquence: les enfants québécois étaient encore 82 % à ne porter que le nom de leur père en 2004 alors que seulement 5 % des enfants portaient le seul nom de leur mère, la plupart nés de père inconnu ou non déclaré.
Liberté, paresse ou conservatisme?
Pour la journaliste Ariane Émond, pionnière du mouvement féministe au Québec, ce retour aux traditions a les allures d'un rendez-vous manqué. «Si vous m'appreniez qu'il y a autant de couples qui décident de donner le nom de la mère, alors là, je dirais: c'est intéressant, la société est en train de s'équilibrer. Mais qu'on revienne au nom du père, ça me semble être un recul.» Pour le juriste Alain Roy, le seul fait que les couples puissent décider de la formule qui leur sied le plus, même si cela se traduit majoritairement par un retour au nom du père, n'est pas un recul en soi. «C'est l'exercice de leur liberté; le choix demeure pour toutes les femmes.»
Plusieurs facteurs expliquent ce retour du balancier. Parmi ceux-là, la volonté de plusieurs couples de redéfinir le rôle du père dans la vie de l'enfant, fait remarquer le juriste. «Aujourd'hui, je perçois que le lien avec l'enfant est assez évident pour plusieurs mères puisqu'elles l'ont porté. Pour cimenter le lien avec le père, elles considèrent peut-être qu'il y a lieu de lui attribuer le nom de père.»
Cette analyse est partagée par Ariane Émond, qui sent toutefois une certaine paresse, voire une fatigue derrière cette cure minceur. «Un certain nombre de jeunes parents trouvent probablement complexe de gérer la recomposition d'un nom pour leur progéniture, bien qu'à mon avis, cela se fait, et c'est plein de créativité. Je trouve d'ailleurs que c'était plus équilibré de montrer les deux. C'est pour ça qu'on s'est battues, pour avoir, dans nos faits et gestes, plus de signes que nous habitions une société équilibrée.»
La cofondatrice du magazine La Vie en rose estime par ailleurs que ce retour aux traditions n'est peut-être pas étranger à la montée d'un certain conservatisme qui valorise de plus en plus un discours très marginalisé sur le retour des pères. «Moi, je fais partie de celles et de ceux qui disent que la paternité se réinvente, et je pense que c'est beaucoup plus confortable pour les hommes et les enfants. Mais il y a un vent de droite qui aime les choses simples», regrette-t-elle.
Ce revirement en faveur du nom du père étonne Sophie Dumont, qui a fait le choix inverse, par souci d'égalité. «J'ai accepté que mes trois filles portent le nom de leur père et je l'ai regretté. C'était clair que les suivants porteraient aussi mon nom, d'abord parce que je les aurais portés mais aussi parce que je voulais perpétuer le souvenir de mes parents, qui sont décédés.» Chose promise, chose faite: ses deux petits derniers, Anthony et Philippe, ont reçu le patronyme Dumont-Bouchard en cadeau de baptême.
Sa belle-soeur Nathalie a fait le choix inverse, préférant donner à ses petits mousses le nom de leur père, point à la ligne. «Ça n'a jamais été un besoin pour moi de donner mon nom à mes enfants puisque j'ai deux frères qui pourront se charger de perpétuer le nom de notre père.» Sans compter le fait qu'elle imaginait mal ses enfants traverser la vie avec quatre noms. «J'ai choisi des prénoms doubles, Sarah-Jeanne et Charles-Antoine, pour mes enfants. Je ne leur aurais pas imposé un nom de famille double en plus.»
Quant à la petite Ariane Tremblay «tout court», son arrivée a apaisé toutes les tensions. Si le débat sur le nom à donner à la petite avait échauffé les esprits avant sa naissance, la décision finale, elle, a étrangement fait peu de vagues. «Le sens pratique l'a emporté haut la main devant les désirs de chacun de voir son nom se perpétuer», raconte la maman, qui ne regrette nullement son choix. «J'ai tellement pesté contre mon nom à penture, ce n'est que justice aujourd'hui que je fasse ce cadeau à ma fille.»
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007-Le Devoir
Ils sont nés au début des années 80, lui d'un couple progressiste à tendance féministe, elle de parents déjà à couteaux tirés. Purs produits de leur génération, les deux tourtereaux ont chacun reçu un nom de famille composé qui les a plongés dans un dilemme cornélien à la naissance de leur premier enfant. Quelle combinaison choisir parmi leurs nombreux patronymes?
Le débat a enflammé les quatre familles pour finalement se solder par une petite «Ariane Tremblay tout court», du nom du père du nouveau papa.
Le couple n'est pas le seul à avoir tranché en faveur d'une cure minceur. En 2005, 12 % des poupons québécois ont reçu un nom de famille double alors qu'ils étaient près du quart à se faire donner un «nom à penture» au milieu des années 90. Résultat: 82 % des enfants ne portaient que le nom de leur père en 2004. Rapportés le mois dernier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans son bilan démographique 2006, ces chiffres ont fait sursauter les démographes, qui n'ont eu d'autre choix que de conclure à un revirement en faveur du nom du père. Et tant pis pour les revendications féministes des dernières décennies!
«Le vent tourne, ce n'est plus un sentiment mais une observation bien réelle», confirme le démographe Louis Duchesne, qui signe ce bilan. Lui-même s'est fait prendre au jeu des prédictions en écrivant, en 2001, que la popularité des noms doubles avait les allures d'un «mouvement de fond» en faveur de la matrilinéarité. «Au début des années 90, on pensait bien que le mouvement était lancé et qu'il continuerait à progresser. À l'évidence, on s'est trompé.» L'érosion paraît d'autant plus surprenante que le nom composé avait connu une progression fulgurante. «Le mouvement a pris de l'ampleur rapidement, mais il a diminué tout aussi rapidement. Et il continue de décroître», fait remarquer M. Duchesne.
Jusqu'à la refonte du droit de la famille, en 1981, les Québécois recevaient le nom de famille de leur père, comme le prescrivait le Code civil. La réécriture de la loi a cependant permis aux parents de donner à leur progéniture le nom de l'un ou de l'autre ou encore un nom composé d'au plus deux parties provenant de leurs noms. À l'entrée en vigueur de la loi, 2 % des bébés avaient reçu un nom double, mais la proportion a rapidement grimpé à 15 % en 1986 pour atteindre les 22 % en 1992.
Pirouettes administratives
Au tournant des années 2000, la tendance s'essouffle. Cette année-là, les bébés ne sont plus que 15 % à recevoir un nom à penture. En 2004, ce pourcentage passe à 13 % et diminue à 12 % l'année suivante. La petite Alexanne Saint-Amour s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance. «Franchement, raconte sa mère, je ne tenais pas nécessairement à ce que ma fille porte mon nom. Et puis, Crépeau-Saint-Amour, ça faisait trop de traits d'union.»
Dans l'entourage de la petite Alexanne, le nom simple est d'ailleurs redevenu la norme. «Comme plusieurs, on a opté pour le nom du père en mettant mon nom sur l'acte de naissance, mais comme un deuxième prénom.» De nouvelles pratiques administratives ont en effet permis d'assouplir la loi. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive le nom de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés au quotidien.
«Avec cette pratique-là, les parents ont accès au meilleur des deux mondes», croit le juriste Alain Roy, aussi professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal. «En inscrivant le nom de la mère dans les prénoms, les parents s'assurent que le prénom de la mère reste dans les registres.» Cette formule permet de surcroît aux enfants de reprendre ou non leur second nom, et ce, à n'importe quel moment de leur vie.
On est loin du nom composé avec trait d'union des années 80 qui, aujourd'hui encore, reste parfaitement indivisible. À l'époque, les juristes avaient estimé que la rigidité des noms composés et leurs répercussions sur l'arbre généalogique ne faisaient pas le poids contre les principes d'égalité. Mais maintenant que la première génération des «traits d'union» en est âge de procréer, le principe montre clairement ses limites. «La loi n'a pas prévu de scénarios précis pour les générations suivantes, elle a plutôt fait le pari de laisser le choix aux parents. Au bout du compte, ce sont eux qui ont le dernier mot», indique Louis Duchesne.
La tendance veut que ce soit finalement le père qui ait ce dernier mot, au grand dam des féministes, qui ont été nombreuses à défendre cette loi. À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait même réclamé que ce soit le nom de la mère qui reste prééminent, mais la proposition n'avait pas été retenue. Conséquence: les enfants québécois étaient encore 82 % à ne porter que le nom de leur père en 2004 alors que seulement 5 % des enfants portaient le seul nom de leur mère, la plupart nés de père inconnu ou non déclaré.
Liberté, paresse ou conservatisme?
Pour la journaliste Ariane Émond, pionnière du mouvement féministe au Québec, ce retour aux traditions a les allures d'un rendez-vous manqué. «Si vous m'appreniez qu'il y a autant de couples qui décident de donner le nom de la mère, alors là, je dirais: c'est intéressant, la société est en train de s'équilibrer. Mais qu'on revienne au nom du père, ça me semble être un recul.» Pour le juriste Alain Roy, le seul fait que les couples puissent décider de la formule qui leur sied le plus, même si cela se traduit majoritairement par un retour au nom du père, n'est pas un recul en soi. «C'est l'exercice de leur liberté; le choix demeure pour toutes les femmes.»
Plusieurs facteurs expliquent ce retour du balancier. Parmi ceux-là, la volonté de plusieurs couples de redéfinir le rôle du père dans la vie de l'enfant, fait remarquer le juriste. «Aujourd'hui, je perçois que le lien avec l'enfant est assez évident pour plusieurs mères puisqu'elles l'ont porté. Pour cimenter le lien avec le père, elles considèrent peut-être qu'il y a lieu de lui attribuer le nom de père.»
Cette analyse est partagée par Ariane Émond, qui sent toutefois une certaine paresse, voire une fatigue derrière cette cure minceur. «Un certain nombre de jeunes parents trouvent probablement complexe de gérer la recomposition d'un nom pour leur progéniture, bien qu'à mon avis, cela se fait, et c'est plein de créativité. Je trouve d'ailleurs que c'était plus équilibré de montrer les deux. C'est pour ça qu'on s'est battues, pour avoir, dans nos faits et gestes, plus de signes que nous habitions une société équilibrée.»
La cofondatrice du magazine La Vie en rose estime par ailleurs que ce retour aux traditions n'est peut-être pas étranger à la montée d'un certain conservatisme qui valorise de plus en plus un discours très marginalisé sur le retour des pères. «Moi, je fais partie de celles et de ceux qui disent que la paternité se réinvente, et je pense que c'est beaucoup plus confortable pour les hommes et les enfants. Mais il y a un vent de droite qui aime les choses simples», regrette-t-elle.
Ce revirement en faveur du nom du père étonne Sophie Dumont, qui a fait le choix inverse, par souci d'égalité. «J'ai accepté que mes trois filles portent le nom de leur père et je l'ai regretté. C'était clair que les suivants porteraient aussi mon nom, d'abord parce que je les aurais portés mais aussi parce que je voulais perpétuer le souvenir de mes parents, qui sont décédés.» Chose promise, chose faite: ses deux petits derniers, Anthony et Philippe, ont reçu le patronyme Dumont-Bouchard en cadeau de baptême.
Sa belle-soeur Nathalie a fait le choix inverse, préférant donner à ses petits mousses le nom de leur père, point à la ligne. «Ça n'a jamais été un besoin pour moi de donner mon nom à mes enfants puisque j'ai deux frères qui pourront se charger de perpétuer le nom de notre père.» Sans compter le fait qu'elle imaginait mal ses enfants traverser la vie avec quatre noms. «J'ai choisi des prénoms doubles, Sarah-Jeanne et Charles-Antoine, pour mes enfants. Je ne leur aurais pas imposé un nom de famille double en plus.»
Quant à la petite Ariane Tremblay «tout court», son arrivée a apaisé toutes les tensions. Si le débat sur le nom à donner à la petite avait échauffé les esprits avant sa naissance, la décision finale, elle, a étrangement fait peu de vagues. «Le sens pratique l'a emporté haut la main devant les désirs de chacun de voir son nom se perpétuer», raconte la maman, qui ne regrette nullement son choix. «J'ai tellement pesté contre mon nom à penture, ce n'est que justice aujourd'hui que je fasse ce cadeau à ma fille.»
La petite histoire du nom de famille
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007
Au Québec, l'enfant a longtemps reçu le nom du père en vertu d'une règle juridique claire. Le nom de la mère n'était donné à l'enfant que s'il n'y avait pas de filiation paternelle. En 1964, la puissance maritale -- qui permettait au mari de gérer les activités de sa femme en vertu de son incapacité juridique -- a été abolie, ouvrant la voie à un changement en profondeur. Il a toutefois fallu attendre 1980 pour que l'égalité devienne un principe fondamental à la lumière duquel les règles du droit de la famille ont dû être réinterprétées.
Dans un contexte juridique où il y avait maintenant égalité entre le père et la mère, il était devenu insensé de maintenir la règle patriarcale, explique le juriste Alain Roy. «Il était logique qu'on permette aux parents de choisir le nom de leur enfant d'un commun accord et que ce choix soit fait parmi des options élargies: le nom du père, le nom de la mère ou une combinaison des deux.» C'est cette dernière option qui sera retenue, en 1981.
À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait réclamé une action plus musclée pour favoriser l'introduction du nom de la mère mais surtout sa pérennité. En 1979, dans son mémoire présenté en commission parlementaire sur la refonte du droit de la famille, le Conseil avait recommandé que le nom de famille de l'enfant soit composé, dans l'ordre, de celui de sa mère et de celui de son père. Lors de la transmission du nom, la mère aurait cédé à l'enfant la première partie de son nom, et le père, la deuxième partie.
Jugée trop rigide, cette formule n'a pas connu de suite. Ce qui ne signifie pas que l'attribution des noms soit restée figée depuis lors. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive, dans la liste des prénoms, le ou les noms de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés dans le quotidien. «Le directeur de l'État civil interprète la loi de façon correcte en se disant que l'objectif des parents est légitime, soit celui de conserver une souplesse et de ne pas contraindre l'enfant à porter un nom trop lourd tout en lui permettant de l'utiliser à sa guise», explique Alain Roy.
Par ailleurs, il y a des règles juridiques qui ont été mieux comprises avec le temps, poursuit le spécialiste du droit de la famille. «Ces règles permettent de mettre le nom ou une composante du nom du parent qui n'a pas été initialement inscrit à l'acte de naissance.» Le parent comme l'enfant, dès que celui-ci atteint l'âge légal requis, peuvent en effet réclamer l'ajout de ce nom. À l'inverse, pour retirer un nom, il faut faire la preuve d'un motif sérieux.
Cette souplesse est toutefois devenue le cauchemar des généalogistes. «Aujourd'hui, les noms ne sont plus uniques. Il n'y a plus de repères, et le fait de retrouver le nom de la mère dans les prénoms, ou vice-versa, c'est bon pour une ou deux générations. Mais après coup, on va finir par avoir des problèmes», prévient le professeur de droit à l'Université de Montréal.
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007
Au Québec, l'enfant a longtemps reçu le nom du père en vertu d'une règle juridique claire. Le nom de la mère n'était donné à l'enfant que s'il n'y avait pas de filiation paternelle. En 1964, la puissance maritale -- qui permettait au mari de gérer les activités de sa femme en vertu de son incapacité juridique -- a été abolie, ouvrant la voie à un changement en profondeur. Il a toutefois fallu attendre 1980 pour que l'égalité devienne un principe fondamental à la lumière duquel les règles du droit de la famille ont dû être réinterprétées.
Dans un contexte juridique où il y avait maintenant égalité entre le père et la mère, il était devenu insensé de maintenir la règle patriarcale, explique le juriste Alain Roy. «Il était logique qu'on permette aux parents de choisir le nom de leur enfant d'un commun accord et que ce choix soit fait parmi des options élargies: le nom du père, le nom de la mère ou une combinaison des deux.» C'est cette dernière option qui sera retenue, en 1981.
À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait réclamé une action plus musclée pour favoriser l'introduction du nom de la mère mais surtout sa pérennité. En 1979, dans son mémoire présenté en commission parlementaire sur la refonte du droit de la famille, le Conseil avait recommandé que le nom de famille de l'enfant soit composé, dans l'ordre, de celui de sa mère et de celui de son père. Lors de la transmission du nom, la mère aurait cédé à l'enfant la première partie de son nom, et le père, la deuxième partie.
Jugée trop rigide, cette formule n'a pas connu de suite. Ce qui ne signifie pas que l'attribution des noms soit restée figée depuis lors. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive, dans la liste des prénoms, le ou les noms de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés dans le quotidien. «Le directeur de l'État civil interprète la loi de façon correcte en se disant que l'objectif des parents est légitime, soit celui de conserver une souplesse et de ne pas contraindre l'enfant à porter un nom trop lourd tout en lui permettant de l'utiliser à sa guise», explique Alain Roy.
Par ailleurs, il y a des règles juridiques qui ont été mieux comprises avec le temps, poursuit le spécialiste du droit de la famille. «Ces règles permettent de mettre le nom ou une composante du nom du parent qui n'a pas été initialement inscrit à l'acte de naissance.» Le parent comme l'enfant, dès que celui-ci atteint l'âge légal requis, peuvent en effet réclamer l'ajout de ce nom. À l'inverse, pour retirer un nom, il faut faire la preuve d'un motif sérieux.
Cette souplesse est toutefois devenue le cauchemar des généalogistes. «Aujourd'hui, les noms ne sont plus uniques. Il n'y a plus de repères, et le fait de retrouver le nom de la mère dans les prénoms, ou vice-versa, c'est bon pour une ou deux générations. Mais après coup, on va finir par avoir des problèmes», prévient le professeur de droit à l'Université de Montréal.
Bravo, c`est une bonne affaire. Ca s en venait royalement compliqué tout ca...
Ca avait du bon juste à une place....avec un prénom composé suivi de 2 noms de famille....l`enfant savait son alphabet au complet à 2 ans.
Ca avait du bon juste à une place....avec un prénom composé suivi de 2 noms de famille....l`enfant savait son alphabet au complet à 2 ans.
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[color=#BF0040]** 11e Commandement de Dieu : Tu ne fumeras point ! **[/color] :( :/
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[color=#BF0040]** 11e Commandement de Dieu : Tu ne fumeras point ! **[/color] :( :/
Ça ne me surprend pas que la génération d'enfants qui ont eu à subir les deux noms de famille, à l'écrire sur chaque devoir et chaque formulaire, décident de ne donner que le nom du père à leurs enfants.
Je pense que c'est aussi une question de tradition, et pas seulement de paresse ou de recul, comme le pense la journaliste féministe. Oui les féministes ont fait avancé la cause des femmes, on leur doit beaucoup, mais le plus important reste que maintenant les femmes ont le choix, et donc pas une obligation de donner leur nom à leurs enfants.
Je pense que c'est aussi une question de tradition, et pas seulement de paresse ou de recul, comme le pense la journaliste féministe. Oui les féministes ont fait avancé la cause des femmes, on leur doit beaucoup, mais le plus important reste que maintenant les femmes ont le choix, et donc pas une obligation de donner leur nom à leurs enfants.
Ouais, je suis d'accord avec toi pour la question de tradition. Ça me fait penser à mes parents, très conservateurs, qui ont toujours eu en horreur la mode des noms de familles composés.
Je vois aussi un peu le retour aux noms simples dans la même lignée que le retour des valeurs traditionnelles, le mariage, les fiançailles classiques, les enfants plus tôt...
Je vois aussi un peu le retour aux noms simples dans la même lignée que le retour des valeurs traditionnelles, le mariage, les fiançailles classiques, les enfants plus tôt...
-
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 8114
- Inscription : mer. oct. 29, 2003 1:00 am
Enfin un retour à la normale.
Des féministes voient ça comme un recul? Moi pas. C'était insensé dès le départ.
Ça prend des règles dans une société pour s'y retrouver. On a toujours connu dans le passé que c'était du côté du père que le nom se transmettrait. Moi je dis que ce soit un ou l'autre n'est pas important mais qu'ils décident que ce soit l'un pour tous.
Que ce soit le nom de la mère qui se transmette ne m'aurait aucunement dérangé mais le principale est qu'une règle soit établie.
*fiction* Sabrina Savard-Tremblay est la soeur de Félix Dion-Séguin.
-Ah oui! Comment ça?
-Leur mère s'appele Josée Savard-Séguin et leur père Benoit Tremblay-Dion. Sabrina a le nom de ses grand-mères maternelles et paternelles et Félix celui des ses grand-pères maternels et paternels.
Et combien de combinaisons sont possible par la suite.....
Maintenant, j'ai hâte qu'ils lâchent le "Chères Québécoises, Chers Québécois". On a le dont nous autre de compliquer les choses.
Quand on dit que le masculin l'emporte, c'est dans la langue, ce sont ces règles qui ont été établies depuis longtemps. Si l'on veut changer, que l'on change pour vrai. Soit en déterminant que c'est le féminin qui l'emporte, soit en éliminant les genres comme dans le langue anglais.
Des féministes voient ça comme un recul? Moi pas. C'était insensé dès le départ.
Ça prend des règles dans une société pour s'y retrouver. On a toujours connu dans le passé que c'était du côté du père que le nom se transmettrait. Moi je dis que ce soit un ou l'autre n'est pas important mais qu'ils décident que ce soit l'un pour tous.
Que ce soit le nom de la mère qui se transmette ne m'aurait aucunement dérangé mais le principale est qu'une règle soit établie.
*fiction* Sabrina Savard-Tremblay est la soeur de Félix Dion-Séguin.
-Ah oui! Comment ça?
-Leur mère s'appele Josée Savard-Séguin et leur père Benoit Tremblay-Dion. Sabrina a le nom de ses grand-mères maternelles et paternelles et Félix celui des ses grand-pères maternels et paternels.
Et combien de combinaisons sont possible par la suite.....
Maintenant, j'ai hâte qu'ils lâchent le "Chères Québécoises, Chers Québécois". On a le dont nous autre de compliquer les choses.
Quand on dit que le masculin l'emporte, c'est dans la langue, ce sont ces règles qui ont été établies depuis longtemps. Si l'on veut changer, que l'on change pour vrai. Soit en déterminant que c'est le féminin qui l'emporte, soit en éliminant les genres comme dans le langue anglais.
Lorsque j'ai fait ma pré-admission à l'hôpital la dame m'a demandé le nom de famille que bébé portera. J'ai donné le nom de famille de mon mari et la dame m'a dit: Vous donnez seulement ce nom de famille madame?
Eh bien oui je lui donne le nom de famille de son père l'idée de lui donner mon nom de famille ne m'a jamais traversé l'esprit et je ne m'en porte pas plus mal.
Eh bien oui je lui donne le nom de famille de son père l'idée de lui donner mon nom de famille ne m'a jamais traversé l'esprit et je ne m'en porte pas plus mal.
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Hé bien moi, je vais à l'inverse de tout le monde. Je ne donnerais pas seulement le nom de famille de mon chum a mes enfants. Peut-être un nom composé (on a deux noms courts) ou bien le mien et le sien (deux enfants). J'adore mon nom de famille et je tiens à ce qu'au moins un d'entre eux ait le mien.
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- Seigneur de la Causerie
- Messages : 7402
- Inscription : jeu. nov. 09, 2006 1:00 am
Vieille fille a écritLe bon sens fini toujours par reprendre le dessus ...c'est bon signe !
Euh, ma fille porte les deux noms de famille et ce sera la même chose pour mon gars... et je ne pense pas manquer de bon sens. Nous avons nos raisons de faire ce choix et ces raisons nous semblent fort valables.
Euh, ma fille porte les deux noms de famille et ce sera la même chose pour mon gars... et je ne pense pas manquer de bon sens. Nous avons nos raisons de faire ce choix et ces raisons nous semblent fort valables.
Pour me suivre en photos --- https://instagram.com/marie_strophe" onclick="window.open(this.href);return false;
Patate13 a écritHé bien moi, je vais à l'inverse de tout le monde. Je ne donnerais pas seulement le nom de famille de mon chum a mes enfants. Peut-être un nom composé (on a deux noms courts) ou bien le mien et le sien (deux enfants). J'adore mon nom de famille et je tiens à ce qu'au moins un d'entre eux ait le mien.
Je suis désolée, car je ne voudrais pas te vexer, mais je trouve ça tellement dommage que dans une fratrie d'un même père et d'une même mère, tous n'aient pas le même nom de famille.
Nom de famille composé ou nom de famille simple, il faut se brancher et donner le même aux frères et soeurs. Non ?
Par exemple, Pascale De la Gatineau et sa soeur, Louisette De la Gatineau-MarieVille...
Ça peut engendrer mille et une complications et tensions dans la famille.
Mon deux cennes que je partage ce soir. --Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:39:30--
Je suis désolée, car je ne voudrais pas te vexer, mais je trouve ça tellement dommage que dans une fratrie d'un même père et d'une même mère, tous n'aient pas le même nom de famille.
Nom de famille composé ou nom de famille simple, il faut se brancher et donner le même aux frères et soeurs. Non ?
Par exemple, Pascale De la Gatineau et sa soeur, Louisette De la Gatineau-MarieVille...
Ça peut engendrer mille et une complications et tensions dans la famille.
Mon deux cennes que je partage ce soir. --Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:39:30--
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]
Sabi a écrit
Je suis désolée, car je ne voudrais pas te vexer, mais je trouve ça tellement dommage que dans une fratrie d'un même père et d'une même mère, tous n'aient pas le même nom de famille.
Nom de famille composé ou nom de famille simple, il faut se brancher et donner le même aux frères et soeurs. Non ?
Par exemple, Pascale De la Gatineau et sa soeur, Louisette De la Gatineau-MarieVille...
Ça peut engendrer mille et une complications et tensions dans la famille.
Mon deux cennes que je partage ce soir. Là-dessus je suis d'accord, je crois que tous les enfants qui ont les mêmes parents devraient porter le même nom de famille.
Je suis désolée, car je ne voudrais pas te vexer, mais je trouve ça tellement dommage que dans une fratrie d'un même père et d'une même mère, tous n'aient pas le même nom de famille.
Nom de famille composé ou nom de famille simple, il faut se brancher et donner le même aux frères et soeurs. Non ?
Par exemple, Pascale De la Gatineau et sa soeur, Louisette De la Gatineau-MarieVille...
Ça peut engendrer mille et une complications et tensions dans la famille.
Mon deux cennes que je partage ce soir. Là-dessus je suis d'accord, je crois que tous les enfants qui ont les mêmes parents devraient porter le même nom de famille.
Pour me suivre en photos --- https://instagram.com/marie_strophe" onclick="window.open(this.href);return false;
tuberale a écritRetour à la tradition
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007-Le Devoir
Ils sont nés au début des années 80, lui d'un couple progressiste à tendance féministe, elle de parents déjà à couteaux tirés. Purs produits de leur génération, les deux tourtereaux ont chacun reçu un nom de famille composé qui les a plongés dans un dilemme cornélien à la naissance de leur premier enfant. Quelle combinaison choisir parmi leurs nombreux patronymes?
Le débat a enflammé les quatre familles pour finalement se solder par une petite «Ariane Tremblay tout court», du nom du père du nouveau papa.
Le couple n'est pas le seul à avoir tranché en faveur d'une cure minceur. En 2005, 12 % des poupons québécois ont reçu un nom de famille double alors qu'ils étaient près du quart à se faire donner un «nom à penture» au milieu des années 90. Résultat: 82 % des enfants ne portaient que le nom de leur père en 2004. Rapportés le mois dernier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans son bilan démographique 2006, ces chiffres ont fait sursauter les démographes, qui n'ont eu d'autre choix que de conclure à un revirement en faveur du nom du père. Et tant pis pour les revendications féministes des dernières décennies!
«Le vent tourne, ce n'est plus un sentiment mais une observation bien réelle», confirme le démographe Louis Duchesne, qui signe ce bilan. Lui-même s'est fait prendre au jeu des prédictions en écrivant, en 2001, que la popularité des noms doubles avait les allures d'un «mouvement de fond» en faveur de la matrilinéarité. «Au début des années 90, on pensait bien que le mouvement était lancé et qu'il continuerait à progresser. À l'évidence, on s'est trompé.» L'érosion paraît d'autant plus surprenante que le nom composé avait connu une progression fulgurante. «Le mouvement a pris de l'ampleur rapidement, mais il a diminué tout aussi rapidement. Et il continue de décroître», fait remarquer M. Duchesne.
Jusqu'à la refonte du droit de la famille, en 1981, les Québécois recevaient le nom de famille de leur père, comme le prescrivait le Code civil. La réécriture de la loi a cependant permis aux parents de donner à leur progéniture le nom de l'un ou de l'autre ou encore un nom composé d'au plus deux parties provenant de leurs noms. À l'entrée en vigueur de la loi, 2 % des bébés avaient reçu un nom double, mais la proportion a rapidement grimpé à 15 % en 1986 pour atteindre les 22 % en 1992.
Pirouettes administratives
Au tournant des années 2000, la tendance s'essouffle. Cette année-là, les bébés ne sont plus que 15 % à recevoir un nom à penture. En 2004, ce pourcentage passe à 13 % et diminue à 12 % l'année suivante. La petite Alexanne Saint-Amour s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance. «Franchement, raconte sa mère, je ne tenais pas nécessairement à ce que ma fille porte mon nom. Et puis, Crépeau-Saint-Amour, ça faisait trop de traits d'union.»
Dans l'entourage de la petite Alexanne, le nom simple est d'ailleurs redevenu la norme. «Comme plusieurs, on a opté pour le nom du père en mettant mon nom sur l'acte de naissance, mais comme un deuxième prénom.» De nouvelles pratiques administratives ont en effet permis d'assouplir la loi. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive le nom de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés au quotidien.
«Avec cette pratique-là, les parents ont accès au meilleur des deux mondes», croit le juriste Alain Roy, aussi professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal. «En inscrivant le nom de la mère dans les prénoms, les parents s'assurent que le prénom de la mère reste dans les registres.» Cette formule permet de surcroît aux enfants de reprendre ou non leur second nom, et ce, à n'importe quel moment de leur vie.
On est loin du nom composé avec trait d'union des années 80 qui, aujourd'hui encore, reste parfaitement indivisible. À l'époque, les juristes avaient estimé que la rigidité des noms composés et leurs répercussions sur l'arbre généalogique ne faisaient pas le poids contre les principes d'égalité. Mais maintenant que la première génération des «traits d'union» en est âge de procréer, le principe montre clairement ses limites. «La loi n'a pas prévu de scénarios précis pour les générations suivantes, elle a plutôt fait le pari de laisser le choix aux parents. Au bout du compte, ce sont eux qui ont le dernier mot», indique Louis Duchesne.
La tendance veut que ce soit finalement le père qui ait ce dernier mot, au grand dam des féministes, qui ont été nombreuses à défendre cette loi. À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait même réclamé que ce soit le nom de la mère qui reste prééminent, mais la proposition n'avait pas été retenue. Conséquence: les enfants québécois étaient encore 82 % à ne porter que le nom de leur père en 2004 alors que seulement 5 % des enfants portaient le seul nom de leur mère, la plupart nés de père inconnu ou non déclaré.
Liberté, paresse ou conservatisme?
Pour la journaliste Ariane Émond, pionnière du mouvement féministe au Québec, ce retour aux traditions a les allures d'un rendez-vous manqué. «Si vous m'appreniez qu'il y a autant de couples qui décident de donner le nom de la mère, alors là, je dirais: c'est intéressant, la société est en train de s'équilibrer. Mais qu'on revienne au nom du père, ça me semble être un recul.» Pour le juriste Alain Roy, le seul fait que les couples puissent décider de la formule qui leur sied le plus, même si cela se traduit majoritairement par un retour au nom du père, n'est pas un recul en soi. «C'est l'exercice de leur liberté; le choix demeure pour toutes les femmes.»
Plusieurs facteurs expliquent ce retour du balancier. Parmi ceux-là, la volonté de plusieurs couples de redéfinir le rôle du père dans la vie de l'enfant, fait remarquer le juriste. «Aujourd'hui, je perçois que le lien avec l'enfant est assez évident pour plusieurs mères puisqu'elles l'ont porté. Pour cimenter le lien avec le père, elles considèrent peut-être qu'il y a lieu de lui attribuer le nom de père.»
Cette analyse est partagée par Ariane Émond, qui sent toutefois une certaine paresse, voire une fatigue derrière cette cure minceur. «Un certain nombre de jeunes parents trouvent probablement complexe de gérer la recomposition d'un nom pour leur progéniture, bien qu'à mon avis, cela se fait, et c'est plein de créativité. Je trouve d'ailleurs que c'était plus équilibré de montrer les deux. C'est pour ça qu'on s'est battues, pour avoir, dans nos faits et gestes, plus de signes que nous habitions une société équilibrée.»
La cofondatrice du magazine La Vie en rose estime par ailleurs que ce retour aux traditions n'est peut-être pas étranger à la montée d'un certain conservatisme qui valorise de plus en plus un discours très marginalisé sur le retour des pères. «Moi, je fais partie de celles et de ceux qui disent que la paternité se réinvente, et je pense que c'est beaucoup plus confortable pour les hommes et les enfants. Mais il y a un vent de droite qui aime les choses simples», regrette-t-elle.
Ce revirement en faveur du nom du père étonne Sophie Dumont, qui a fait le choix inverse, par souci d'égalité. «J'ai accepté que mes trois filles portent le nom de leur père et je l'ai regretté. C'était clair que les suivants porteraient aussi mon nom, d'abord parce que je les aurais portés mais aussi parce que je voulais perpétuer le souvenir de mes parents, qui sont décédés.» Chose promise, chose faite: ses deux petits derniers, Anthony et Philippe, ont reçu le patronyme Dumont-Bouchard en cadeau de baptême.
Sa belle-soeur Nathalie a fait le choix inverse, préférant donner à ses petits mousses le nom de leur père, point à la ligne. «Ça n'a jamais été un besoin pour moi de donner mon nom à mes enfants puisque j'ai deux frères qui pourront se charger de perpétuer le nom de notre père.» Sans compter le fait qu'elle imaginait mal ses enfants traverser la vie avec quatre noms. «J'ai choisi des prénoms doubles, Sarah-Jeanne et Charles-Antoine, pour mes enfants. Je ne leur aurais pas imposé un nom de famille double en plus.»
Quant à la petite Ariane Tremblay «tout court», son arrivée a apaisé toutes les tensions. Si le débat sur le nom à donner à la petite avait échauffé les esprits avant sa naissance, la décision finale, elle, a étrangement fait peu de vagues. «Le sens pratique l'a emporté haut la main devant les désirs de chacun de voir son nom se perpétuer», raconte la maman, qui ne regrette nullement son choix. «J'ai tellement pesté contre mon nom à penture, ce n'est que justice aujourd'hui que je fasse ce cadeau à ma fille.»
Normalement, je ne cite pas un si long article, mais...
This is soooo me. J'adhère tellement, tellement, tellement. Faut le vivre pour le comprendre.
Je porte deux noms de famille. Pis mes trois filles portent le nom de papa. Je vis très bien avec ça. Je ne me sens pas lésée et je n'ai pas du tout l'impression de faire régresser la cause féministe et l'égalité des sexes.
Personnellement, je trouve mes noms de famille plus jolis que le nom de mon conjoint. Mais c'est ça qui est ça, faut faire avec.
Moi, avoir deux noms de famille, j'haïs ben ça. Je suis contente que mes enfants n'aient qu'un seul nom de famille. J'aurais été incapable de trancher afin de ne choisir qu'un seul de mes noms de famille pour le juxtaposer au nom de mon mari. Choisir le nom de ma mère, ou le nom de mon père ? Non, non et non.
Keep it simple ! --Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:53:14--
Louise-Maude Rioux Soucy
Édition du samedi 13 et du dimanche 14 janvier 2007-Le Devoir
Ils sont nés au début des années 80, lui d'un couple progressiste à tendance féministe, elle de parents déjà à couteaux tirés. Purs produits de leur génération, les deux tourtereaux ont chacun reçu un nom de famille composé qui les a plongés dans un dilemme cornélien à la naissance de leur premier enfant. Quelle combinaison choisir parmi leurs nombreux patronymes?
Le débat a enflammé les quatre familles pour finalement se solder par une petite «Ariane Tremblay tout court», du nom du père du nouveau papa.
Le couple n'est pas le seul à avoir tranché en faveur d'une cure minceur. En 2005, 12 % des poupons québécois ont reçu un nom de famille double alors qu'ils étaient près du quart à se faire donner un «nom à penture» au milieu des années 90. Résultat: 82 % des enfants ne portaient que le nom de leur père en 2004. Rapportés le mois dernier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans son bilan démographique 2006, ces chiffres ont fait sursauter les démographes, qui n'ont eu d'autre choix que de conclure à un revirement en faveur du nom du père. Et tant pis pour les revendications féministes des dernières décennies!
«Le vent tourne, ce n'est plus un sentiment mais une observation bien réelle», confirme le démographe Louis Duchesne, qui signe ce bilan. Lui-même s'est fait prendre au jeu des prédictions en écrivant, en 2001, que la popularité des noms doubles avait les allures d'un «mouvement de fond» en faveur de la matrilinéarité. «Au début des années 90, on pensait bien que le mouvement était lancé et qu'il continuerait à progresser. À l'évidence, on s'est trompé.» L'érosion paraît d'autant plus surprenante que le nom composé avait connu une progression fulgurante. «Le mouvement a pris de l'ampleur rapidement, mais il a diminué tout aussi rapidement. Et il continue de décroître», fait remarquer M. Duchesne.
Jusqu'à la refonte du droit de la famille, en 1981, les Québécois recevaient le nom de famille de leur père, comme le prescrivait le Code civil. La réécriture de la loi a cependant permis aux parents de donner à leur progéniture le nom de l'un ou de l'autre ou encore un nom composé d'au plus deux parties provenant de leurs noms. À l'entrée en vigueur de la loi, 2 % des bébés avaient reçu un nom double, mais la proportion a rapidement grimpé à 15 % en 1986 pour atteindre les 22 % en 1992.
Pirouettes administratives
Au tournant des années 2000, la tendance s'essouffle. Cette année-là, les bébés ne sont plus que 15 % à recevoir un nom à penture. En 2004, ce pourcentage passe à 13 % et diminue à 12 % l'année suivante. La petite Alexanne Saint-Amour s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance. «Franchement, raconte sa mère, je ne tenais pas nécessairement à ce que ma fille porte mon nom. Et puis, Crépeau-Saint-Amour, ça faisait trop de traits d'union.»
Dans l'entourage de la petite Alexanne, le nom simple est d'ailleurs redevenu la norme. «Comme plusieurs, on a opté pour le nom du père en mettant mon nom sur l'acte de naissance, mais comme un deuxième prénom.» De nouvelles pratiques administratives ont en effet permis d'assouplir la loi. Aujourd'hui, le directeur de l'État civil accepte qu'on inscrive le nom de famille d'un parent parmi les prénoms qui ne sont pas destinés à être utilisés au quotidien.
«Avec cette pratique-là, les parents ont accès au meilleur des deux mondes», croit le juriste Alain Roy, aussi professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal. «En inscrivant le nom de la mère dans les prénoms, les parents s'assurent que le prénom de la mère reste dans les registres.» Cette formule permet de surcroît aux enfants de reprendre ou non leur second nom, et ce, à n'importe quel moment de leur vie.
On est loin du nom composé avec trait d'union des années 80 qui, aujourd'hui encore, reste parfaitement indivisible. À l'époque, les juristes avaient estimé que la rigidité des noms composés et leurs répercussions sur l'arbre généalogique ne faisaient pas le poids contre les principes d'égalité. Mais maintenant que la première génération des «traits d'union» en est âge de procréer, le principe montre clairement ses limites. «La loi n'a pas prévu de scénarios précis pour les générations suivantes, elle a plutôt fait le pari de laisser le choix aux parents. Au bout du compte, ce sont eux qui ont le dernier mot», indique Louis Duchesne.
La tendance veut que ce soit finalement le père qui ait ce dernier mot, au grand dam des féministes, qui ont été nombreuses à défendre cette loi. À l'époque, le Conseil du statut de la femme avait même réclamé que ce soit le nom de la mère qui reste prééminent, mais la proposition n'avait pas été retenue. Conséquence: les enfants québécois étaient encore 82 % à ne porter que le nom de leur père en 2004 alors que seulement 5 % des enfants portaient le seul nom de leur mère, la plupart nés de père inconnu ou non déclaré.
Liberté, paresse ou conservatisme?
Pour la journaliste Ariane Émond, pionnière du mouvement féministe au Québec, ce retour aux traditions a les allures d'un rendez-vous manqué. «Si vous m'appreniez qu'il y a autant de couples qui décident de donner le nom de la mère, alors là, je dirais: c'est intéressant, la société est en train de s'équilibrer. Mais qu'on revienne au nom du père, ça me semble être un recul.» Pour le juriste Alain Roy, le seul fait que les couples puissent décider de la formule qui leur sied le plus, même si cela se traduit majoritairement par un retour au nom du père, n'est pas un recul en soi. «C'est l'exercice de leur liberté; le choix demeure pour toutes les femmes.»
Plusieurs facteurs expliquent ce retour du balancier. Parmi ceux-là, la volonté de plusieurs couples de redéfinir le rôle du père dans la vie de l'enfant, fait remarquer le juriste. «Aujourd'hui, je perçois que le lien avec l'enfant est assez évident pour plusieurs mères puisqu'elles l'ont porté. Pour cimenter le lien avec le père, elles considèrent peut-être qu'il y a lieu de lui attribuer le nom de père.»
Cette analyse est partagée par Ariane Émond, qui sent toutefois une certaine paresse, voire une fatigue derrière cette cure minceur. «Un certain nombre de jeunes parents trouvent probablement complexe de gérer la recomposition d'un nom pour leur progéniture, bien qu'à mon avis, cela se fait, et c'est plein de créativité. Je trouve d'ailleurs que c'était plus équilibré de montrer les deux. C'est pour ça qu'on s'est battues, pour avoir, dans nos faits et gestes, plus de signes que nous habitions une société équilibrée.»
La cofondatrice du magazine La Vie en rose estime par ailleurs que ce retour aux traditions n'est peut-être pas étranger à la montée d'un certain conservatisme qui valorise de plus en plus un discours très marginalisé sur le retour des pères. «Moi, je fais partie de celles et de ceux qui disent que la paternité se réinvente, et je pense que c'est beaucoup plus confortable pour les hommes et les enfants. Mais il y a un vent de droite qui aime les choses simples», regrette-t-elle.
Ce revirement en faveur du nom du père étonne Sophie Dumont, qui a fait le choix inverse, par souci d'égalité. «J'ai accepté que mes trois filles portent le nom de leur père et je l'ai regretté. C'était clair que les suivants porteraient aussi mon nom, d'abord parce que je les aurais portés mais aussi parce que je voulais perpétuer le souvenir de mes parents, qui sont décédés.» Chose promise, chose faite: ses deux petits derniers, Anthony et Philippe, ont reçu le patronyme Dumont-Bouchard en cadeau de baptême.
Sa belle-soeur Nathalie a fait le choix inverse, préférant donner à ses petits mousses le nom de leur père, point à la ligne. «Ça n'a jamais été un besoin pour moi de donner mon nom à mes enfants puisque j'ai deux frères qui pourront se charger de perpétuer le nom de notre père.» Sans compter le fait qu'elle imaginait mal ses enfants traverser la vie avec quatre noms. «J'ai choisi des prénoms doubles, Sarah-Jeanne et Charles-Antoine, pour mes enfants. Je ne leur aurais pas imposé un nom de famille double en plus.»
Quant à la petite Ariane Tremblay «tout court», son arrivée a apaisé toutes les tensions. Si le débat sur le nom à donner à la petite avait échauffé les esprits avant sa naissance, la décision finale, elle, a étrangement fait peu de vagues. «Le sens pratique l'a emporté haut la main devant les désirs de chacun de voir son nom se perpétuer», raconte la maman, qui ne regrette nullement son choix. «J'ai tellement pesté contre mon nom à penture, ce n'est que justice aujourd'hui que je fasse ce cadeau à ma fille.»
Normalement, je ne cite pas un si long article, mais...
This is soooo me. J'adhère tellement, tellement, tellement. Faut le vivre pour le comprendre.
Je porte deux noms de famille. Pis mes trois filles portent le nom de papa. Je vis très bien avec ça. Je ne me sens pas lésée et je n'ai pas du tout l'impression de faire régresser la cause féministe et l'égalité des sexes.
Personnellement, je trouve mes noms de famille plus jolis que le nom de mon conjoint. Mais c'est ça qui est ça, faut faire avec.
Moi, avoir deux noms de famille, j'haïs ben ça. Je suis contente que mes enfants n'aient qu'un seul nom de famille. J'aurais été incapable de trancher afin de ne choisir qu'un seul de mes noms de famille pour le juxtaposer au nom de mon mari. Choisir le nom de ma mère, ou le nom de mon père ? Non, non et non.
Keep it simple ! --Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:53:14--
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]
En passant, à l'école secondaire, à l'université, y'avait jamais assez de cases pour entrer mon nom au complet. Quand j'ai commencé à travailler au gouvernement, il n'y avait pas suffisamment d'espace dans les formulaires et les systèmes informatiques, ce qui fait que mon nom n'apparaissait jamais au complet. Encore aujourd'hui, si j'appelle chez vous, votre afficheur va indiquer le 3/4 de mon nom.
Ç'tu assez gossant, ça ?
--Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:55:06--
Ç'tu assez gossant, ça ?
--Message edité par Sabi le 2007-01-13 23:55:06--
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]
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- Seigneur de la Causerie
- Messages : 9083
- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
Moi je suis assez traditionnelle là-dessus. Non seulement je ne donnerais que le nom du père, mais je ne verrais pas d'inconvénient à prendre moi-même le nom du père. Je préfère quand il n'y a qu'un seul nom pour une unité familiale. Remarquez que je ne vois pas d'inconvénient à ce que les femmes aient le droit de garder leur nom, c'est juste que je trouve dommage que ce ne soit plus possible de prendre le nom de l'époux. Ou, pourquoi pas, que l'époux ait le droit de prendre le nom de sa femme!
J'avoue toutefois qu'en cas de divorce et de remariage, ce serait assez "amusant" de faire les changements de noms partout!
J'avoue toutefois qu'en cas de divorce et de remariage, ce serait assez "amusant" de faire les changements de noms partout!
Strophe a écrit
Euh, ma fille porte les deux noms de famille et ce sera la même chose pour mon gars... et je ne pense pas manquer de bon sens. Nous avons nos raisons de faire ce choix et ces raisons nous semblent fort valables.
Je conçois très bien que certains parents puissent avoir leurs motifs qui diffèrent des miens.
Moi, je sais que j'ai bien fait. Tout comme toi et ton conjoint qui êtes à l'aise avec votre choix. Nous sommes chanceux d'avoir cette liberté au Québec.
Liberté limitée, par contre. Pas plus de deux noms de famille. Heureusement !
Vous imaginez les problèmes que ça pourrait créer, si on avait le droit de prendre tous nos noms ?
Euh, ma fille porte les deux noms de famille et ce sera la même chose pour mon gars... et je ne pense pas manquer de bon sens. Nous avons nos raisons de faire ce choix et ces raisons nous semblent fort valables.
Je conçois très bien que certains parents puissent avoir leurs motifs qui diffèrent des miens.
Moi, je sais que j'ai bien fait. Tout comme toi et ton conjoint qui êtes à l'aise avec votre choix. Nous sommes chanceux d'avoir cette liberté au Québec.
Liberté limitée, par contre. Pas plus de deux noms de famille. Heureusement !
Vous imaginez les problèmes que ça pourrait créer, si on avait le droit de prendre tous nos noms ?
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]