Les parents-rois s'installent à l'école

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tuberale
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Les parents-rois s'installent à l'école


«C'est le règne du «Moi, mon enfant»



Un nouvel empereur essaie de diriger le quotidien des enseignants. Après l'enfant-roi qui fait la pluie et le beau temps dans la classe, c'est désormais le tour du parent-roi de semer ses exigences et de dicter la conduite du prof, bafouant au passage le cadre scolaire et la gestion de classe. Dérangés par ces parents interventionnistes, des enseignants s'inquiètent du règne du «Moi, mon enfant»...

Dans une petite école primaire de la région montréalaise, une enseignante ébahie a un jour reçu un coup de fil d'une maman d'élève qui s'indignait du choix littéraire pour la composition hebdomadaire. Le roman policier imposé comme lecture à l'ensemble de la classe heurtait, semble-t-il, certaines valeurs familiales. «Mon enfant, tonna la mère indignée, ne lira pas ce volume. Choisissez plutôt un roman historique.» Plusieurs minutes de discussion ne convainquirent pas la récalcitrante, qui dispensa fiston de rédiger sa composition.

Un parent a déjà supplié une enseignante de cinquième année de modifier le C de comportement tristement affiché sur le bulletin de sa fille. «Son dossier scolaire doit parvenir aux collèges privés les plus réputés en prévision de l'admission au secondaire. Avec un C, elle ne pourra jamais entrer. Changez sa note!», exigea-t-elle.

Pour les écoles, les retards du matin sont devenus une véritable plaie: dans une classe de deuxième année, 20 minutes après la cloche du matin, ce n'est toujours que la moitié des enfants qui est au poste, l'oeil à peine entrouvert. Les autres sont tout simplement... en retard, étirant leur entrée sur une demi-heure, parfois une heure, et bouleversant du coup la routine matinale. Au secrétariat de l'école, les parents font la file le matin pour justifier le petit retardataire. «Excusez mon fils, nous avons fait des crêpes ce matin. Il en voulait et ç'a été plus long que prévu.»

Le vendredi, les parents sont au contraire beaucoup trop tôt pour cueillir les marmots, arrivant parfois une heure avant la fin des classes. «Pas question d'être pris dans le trafic sur l'autoroute 15, nous voulons arriver au chalet avant la noirceur... », avancent certains devant l'air déconcerté du personnel de l'école. «De toute façon, le vendredi à l'école, qu'est-ce que vous faites de vraiment sérieux?»

Voilà quelques-uns des décrets imposés par ces souverains, dont les enseignants interrogés par Le Devoir parlent sans retenue. «Tous les parents ne sont pas comme ça, bien sûr, et il faut le dire sans hésitation», raconte L., une enseignante du primaire qui travaille à Montréal. «Mais cette minorité nous gruge temps et énergie, et elle nous mine, littéralement.»

Des enseignants «engagés, passionnés, mobilisés, venus dans une classe simplement par passion, sont en train de remettre en question leur choix de carrière», ajoute D., elle aussi enseignante à Montréal. «Pas à cause de la matière, des enfants ou des réformes, non, à cause des parents et de la vision de l'enseignant, qui est de plus en plus dénigré.»

Dans l'ombre de la classe, les agendas des enfants reviennent le matin barbouillés de commentaires des parents: en désaccord avec tel devoir, pas certains de telle méthode, outrés de telle activité, indignés de telle punition administrée à leur enfant. À l'école, il n'est pas rare que la quiétude du salon des professeurs soit abruptement troublée par l'arrivée d'un parent choqué qui veut régler «sans rendez-vous, tout de suite, maintenant», la situation problématique de son bout de chou. «Ma fille est assise en classe à côté d'une autre élève qui la dérange, j'aimerais qu'on la change de place.» Certains parents auraient-ils perdu le nord?

L'école à la carte?

Rencontrées pour déterrer le tabou des tensions école-famille, des enseignantes refusent de dévoiler leur véritable identité, de peur de froisser les parents et de nuire davantage à un lien qu'elles trouvent déjà délicat. Conscientes que la catégorie des parents n'est pas homogène, comme ne l'est pas non plus celle des enseignants, elles en ont contre l'irruption maladroite, irrespectueuse et déraisonnée de certains parents dans le train-train de la classe.

Ces enseignantes se disent convaincues de la nécessité d'un partenariat école-famille, mais elles ont toutefois noté depuis quelques années l'entrée dérangeante sur scène du parent interventionniste, empereur et gérant d'estrade, défenseur de son enfant envers et contre tous et dictateur pédagogique. «C'est l'école à la carte!», bouillonne D. «On a beau leur expliquer qu'on en a 28 à gérer, on dirait qu'ils n'arrivent pas à comprendre qu'on n'enseigne pas à leur enfant tout seul dans la classe!»

Les demandes particulières pour le devoir idéal, ajusté au rythme de l'enfant, abondent. Désormais, les parents renvoient les copies au prof, bariolées de leur propre analyse. «Irait-on contester des résultats médicaux ou encore l'avis d'un architecte?», se demande B., qui passe désormais une partie de la rencontre de début d'année avec les parents à expliquer que toute l'énergie qu'elle investit en «gestion de parents» n'est malheureusement pas consacrée aux enfants. «Je ne sais pas si c'est parce que tout le monde dans sa vie a eu à mettre le pied à l'école, mais on dirait qu'ils sont tous des experts scolaires et qu'ils peuvent donc remettre en question notre professionnalisme n'importe où, n'importe quand.»

Dans la classe de D., pourtant connue pour la rigueur qu'elle impose non seulement aux enfants mais aussi aux parents, il n'est pas rare que de petits mots lui soient retournés dans l'agenda. Un contrôle mal réussi revient à l'enseignante avec une note: «Mon enfant avait-il vraiment eu toute l'information nécessaire pour réussir ce test?» Ou, sur un ton plus affirmatif: «Vos consignes n'étaient pas claires.» «Ce sont de petits commentaires, pas bien méchants, dans le fond, mais qui me touchent encore plus qu'un parent qui m'engueulerait en pleine école. Parce que ça remet en question mon jugement.»

Tensions école-famille

Tout cela n'est que le reflet bien réel de «tensions» sourdes entre l'école et les parents, explique Rollande Deslandes, professeure au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), une des rares chercheuses au Québec à s'intéresser aux liens entre l'école et la famille. «Ce sont des tensions que j'associe à un manque de communication et de compréhension des rôles de chacun», affirme Mme Deslandes, qui a porté le chapeau d'enseignante pendant 18 ans en plus de celui de mère de cinq enfants.

«Le parent et l'enseignant ne sont tout simplement pas au même diapason», poursuit-elle. «L'enseignant a deux clients: l'élève et son groupe. Le parent, lui, n'a que son enfant, et, de plus en plus, cet enfant est devenu un véritable projet de vie. Il n'y en a qu'un seul, et il est au centre de contextes de plus en plus exigeants, où les deux parents travaillent.»

Avec l'intérêt d'un enfant comme point commun, les deux partenaires souffrent-ils des conséquences d'un sérieux bris de confiance? «J'ai mené des études sur cette question, et on constate que, règle générale, les parents font plus confiance aux enseignants que l'inverse», explique Mme Deslandes.

Les enseignants ne sont pas les seuls à vouloir déballer leur sac. Il suffit de tendre le micro à droite ou à gauche du côté de papa-maman pour recueillir les confidences. Au sommet de la liste des accusations: le fait que l'école semble occulter le tourbillon d'enfer qui frappe tous les foyers au retour de l'école. Plutôt que d'être agrémenté de savoureuses bouchées et d'un bon vin blanc sec, le cinq à sept échevelé des parents rime plutôt avec une course effrénée nommée devoirs-leçons-souper-bain-dodo. Ouf!

Pour ce qui est de l'épineuse question des devoirs et des leçons, les parents «reprochent aux enseignants de ne pas suffisamment prendre en considération le contexte familial actuel», explique Mme Deslandes. «Mais vous aurez aussi toujours des parents qui revendiqueront plus de devoirs pour mieux préparer les enfants à l'univers de performance du secondaire», se défend une enseignante, témoignant de la difficulté à satisfaire les besoins de chacun. «C'est le règne du "Moi, mon enfant"», ajoute L. «Cette entrée en matière, je l'entends des tonnes de fois dans une semaine.»

Si les milieux défavorisés défraient souvent la chronique scolaire à cause du type de difficultés qu'ils représentent en enseignement, on entend moins parler des contraintes liées aux zones favorisées. «Ces milieux-là apportent aussi leur lot de défis, qui sont différents», précise la chercheuse de l'UQTR. «Il y a des parents super scolarisés qui s'imaginent à tort et à travers qu'ils connaissent tout. Des parents qui surprotègent leur enfant et demandent qu'il ne sorte pas à la récré parce qu'il commence un petit rhume. Des parents hyper performants qui mettent de la pression sur leur jeune et sur l'école.»

Entre sphère familiale et quartier scolaire, la zone grise de fin de journée a confondu les rôles, croit un directeur d'école secondaire de la banlieue de Montréal. «Ça crée tout un flou artistique! On vit encore avec un modèle d'école qui tient pour acquis qu'un des deux parents est à la maison et que le souper est prêt à 17h30! Une portion de la job des parents a été prise en charge par l'école: qu'on pense à l'aide aux devoirs ou au service de garde, par exemple. Les rôles sont confondus.»

La présidente de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Diane Miron, reçoit justement les doléances de ces parents qui se disent incompris par l'école, mais elle reconnaît avoir aussi entendu parler des «parents-rois». «Je serais malhonnête si je disais qu'on n'entend pas parler de ça dans les écoles», explique-t-elle, précisant que ce ne serait pas «la première fois qu'on entendrait les enseignants reprocher aux parents de se mêler de leurs affaires».

«Je ne nie pas le phénomène: on en entend parler. Tout le monde sait qu'il y a beaucoup à faire pour améliorer la collaboration entre l'école et la famille. Mais une fois qu'on a dit ça, quand est-ce que le discours va être dépassé par la pratique? Je n'ai jamais vu de modèle de partenariat efficace atterrir sur mon bureau.»

Le «bris de confiance» entre les deux camps est un véritable sujet de préoccupation pour la fédération des parents, qui espère pouvoir amorcer de vraies discussions avec les enseignants à ce sujet. «Si on ne fait rien, ces situations qui ne nous font pas bonne presse vont dégénérer. Il n'y en a pas beaucoup qui retroussent, mais ce sont celles-là dont on entend parler et qui donnent l'impression que les parents font valoir leurs droits sans respecter ceux des autres.»

Perte de confiance mutuelle

Ce n'est pas d'aujourd'hui que le couple parents-école bat de l'aile, et le Québec n'a pas le monopole de ce chatouilleux face-à-face. En Grande-Bretagne, un nouveau phénomène associé au cyber-bullying -- l'intimidation cybernautique -- défraie la chronique. Dans un sondage tout juste publié, l'Association of Teachers and Lecturers a révélé que 17 % des enseignants disent avoir été victimes d'intimidation par cellulaire ou par courriel, voire par le truchement de sites Internet ou de forums de discussion. Outre les élèves eux-mêmes, les parents font partie de la liste des «assaillants» ciblés par les profs.

«Il y a une perte de confiance globale des parents dans l'institution scolaire, qui fait en sorte que les parents agissent d'une manière très individualiste, parce qu'on n'a pas réussi à mettre en place des structures où ils peuvent s'exprimer au nom du collectif», croit le réputé pédagogue français Philippe Meirieu, interrogé par Le Devoir. «Ils ont le sentiment que leur point de vue n'est pas entendu et ils font des choix individuels qui vont jusqu'aux caricatures, comme ces parents qui vont taper sur les institutrices dans les cours d'école.»

Dans cette société où chacun, même du haut de ses trois pommes, mène une lutte acharnée pour le respect de ses droits propres, l'école subit le contrecoup d'un monde où l'individu règne. «Moi qui ai bientôt 60 ans, quand mes parents m'ont mis à l'école, ils m'y ont mis comme moi je prends place dans un avion», raconte Philippe Meirieu. «À aucun moment mes parents n'ont pensé aller donner des conseils au pilote! [...] C'était la confiance absolue. Mais cette époque est terminée.»

L'autorité de l'école, remise en question sous le nez de l'enseignant et de la direction, chancelle. Après les enfants Ritalin, dont l'école a souvent parlé, les établissements voient essaimer une nouvelle catégorie. «La nouvelle mode, c'est le trouble de l'opposition, un enfant qui refuse de se conformer à l'autorité de la classe et de l'école», relate une directrice. «Mais ce qu'on décèle de plus en plus, c'est qu'il y a un parent caché derrière ce trouble-là et que lui aussi vit un trouble de l'opposition!»

Les directions d'école, souvent prises entre l'arbre et l'écorce, relatent sourire en coin qu'elles ont d'ailleurs quelques générations de rois sous les yeux. «Nos parents d'élèves sont la première génération d'enfants-rois, mais les enseignants aussi! Ça fait un joyeux mélange!»

En attendant que chacun trouve sa place au royaume, le mécontentement donne parfois lieu à de véritables ballets juridiques, comme aux États-Unis, qui remporte encore la palme des crises scolaires menant à des procès. Au Québec, la judiciarisation des tensions parents-école est en hausse, confirme la Fédération des comités de parents du Québec. «Et ça va dans les deux sens», observe Diane Miron. «Les parents poursuivent des commissions scolaires ou des enseignants, mais les enseignants aussi s'y sont mis. C'est sûrement le signe d'un grand malaise.»

À défaut d'expédier la mise en demeure, c'est aussi la menace des médias qu'emploient certains parents. «Maintenant, on nous dit carrément: "Si vous ne réglez pas mon problème, j'appelle TQS ou Le Journal de Montréal"», relate un dirigeant de commission scolaire, lui aussi peu enclin à se prononcer ouvertement.

C'est exactement ce qu'ont vécu la semaine dernière les dirigeants de la Commission scolaire de l'Énergie. Un couple de parents insatisfaits des méthodes de mise en retrait de leur petit garçon -- un paravent placé au fond de la classe cachait le garçonnet, qui y travaillait à son pupitre -- a alerté la jungle médiatique. Par un coup de baguette télévisuelle, le treillis de bois s'est ainsi transformé en «cage», les parents s'insurgeant contre cette méthode.

«Nous ne comprenons pas la raison pour laquelle les parents ont choisi de s'adresser aux médias», a relaté le directeur général de la commission scolaire, Claude Leclerc, invité à donner sa version des faits sur les ondes de RDI.

Les experts appellent à un débat sur la relation école-famille, qui ne tournera pas au combat de coqs mais qui se conclura par une poignée de main. «Les parents et les enseignants doivent s'appuyer les uns les autres, pas se dénigrer», croit Rollande Deslandes. «En effet, à partir du moment où le lien est brisé, c'est la relation maître-élèves qui bat de l'aile et la qualité du climat en classe qui est minée.»
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tuberale
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Ouverte ou fermée, la porte de la classe?



Je t'aime, moi non plus. Voilà sans doute ce à quoi se résument souvent les relations école-famille: un indispensable mais néanmoins exigeant face-à-face, au coeur duquel trône un enfant. Croyant aider le tandem, Québec a outillé les parents sur le plan politique en les propulsant à la tête des conseils d'établissement. Mais est-ce suffisant?

Depuis la fin des années 90, les parents détiennent un véritable pouvoir d'entrée dans l'école. Avec la création des conseils d'établissement (CE), présidés par papa et maman, Québec a en effet demandé au personnel scolaire de chaque école de s'asseoir avec les parents pour causer projet éducatif, budget annuel et encadrement des élèves.

«Ça devait être un levier formidable pour l'école, mais nous avons beaucoup de problèmes avec cette structure», confie Diane Miron, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec. Pour être à l'aise à ces fameux CE, il faut en effet maîtriser la Loi sur l'instruction publique, une bête que plusieurs ont du mal à dompter. «Les directions d'école ont peur de perdre du pouvoir, ce qui fait que dans plusieurs endroits, tout est décidé d'avance, avant la tenue des réunions», déplore Mme Miron.

De l'autre côté de la médaille, les récriminations à l'endroit des parents vont bon train. Certains n'auraient peut-être pas bien compris qu'on ne peut pas, au sein de ces instances officielles, discuter de relations de travail. «Il y a des parents qui arrivent là avec leurs gros sabots: ils voudraient choisir les enseignants embauchés par l'école et en mettre d'autres dehors», relate un directeur d'école primaire.

Pour d'autres, c'est le lieu privilégié pour régler les problèmes de leur enfant dans la classe. «C'est vrai, on entend beaucoup ce reproche dans les écoles, et je donne entièrement raison à ceux qui le déplorent», concède Mme Miron. «Mais cette structure-là n'est pas du tout valorisée, les commissions scolaires ne semblent pas trop y croire. On a parfois l'impression que ce sont des instances politiques bien belles en théorie mais qui ne sont pas vraiment soutenues en pratique.»

Façade que tout cela? Pour Philippe Meirieu, pédagogue français renommé qui a écrit en 2000 L'école et les parents - La grande explication, les structures mises en place en France pour permettre l'entrée des parents à l'école, qui s'apparentent à nos CE, n'ont pas aplani les tensions. «Les parents sont trop exclus», a-t-il expliqué lors d'un entretien avec Le Devoir. «Ils sont sur un strapontin, ils ne sont pas suffisamment associés et nous avons ce paradoxe extraordinaire: comme les parents n'ont pas de pouvoir dans l'école, ils cherchent à l'exercer sur l'école.»

Incapable d'exercer une véritable action citoyenne autour de l'école, c'est donc l'individu qui s'agite dans la cour d'école avec, comme seul ancrage, les besoins de son propre petit. «Les parents interviendront toujours sur l'école», assure M. Meirieu. «On ne peut pas aujourd'hui imaginer que des gens qui ont le choix entre 100 chaînes de télé et qui ont le choix dans leur travail vivent à l'école les yeux fermés. Mais la question est la suivante: interviendront-ils individuellement et agressivement, ce qui est en train de se produire, ou collectivement et constructivement? C'est à nous d'inventer les méthodes pour que ça se produise.»

Diane Miron rêve du jour où elle verra le discours théorique sur la collaboration famille-école se transposer en modèles pratiques fructueux. «On est dans un monde où personne ne remet en question le fait que la participation des parents à l'école est importante pour la réussite des élèves. Mais une fois qu'on a dit ça, s'il n'y a pas de moyens en place pour aller chercher les parents, autrement qu'un enseignant qui nous dit à quelle heure coucher nos enfants ou quoi mettre dans la boîte à lunch, on a un problème.»

Certains profs ont expérimenté l'ouverture aux parents, et ce, avec un véritable succès! Au printemps dernier, l'enseignante Lucie Paratte en a même fait un mémoire de maîtrise en éducation: La collaboration école-famille - Motifs et pratiques des enseignants du préscolaire et du primaire dans la promotion de la participation des parents en classe.

Entrebâillant elle-même la porte de sa classe aux parents, Mme Paratte a rencontré des enseignants qui avaient la même habitude qu'elle, une pratique encore rare au Québec, semble-t-il, hormis dans les milieux alternatifs où la coéducation exige une grande présence des parents à l'école. «Dans ma carrière d'enseignante, les parents m'apportent une aide inestimable et je suis un témoin quotidien des effets positifs que leur participation dans la classe entraîne sur les enfants, sur eux-mêmes et sur moi», écrit-elle en guise de préambule à son mémoire, soumis à l'Université du Québec à Rimouski.

Unanimes sur les bienfaits de cette incursion des parents dans la classe, les enseignants dévoilent l'étendue des activités possibles: de la lecture d'un conte à la supervision d'un atelier de peinture à doigts en passant par le soutien à un projet scientifique, l'exposé oral sur son propre métier, la préparation d'une recette familiale ou la fabrication de costumes pour la pièce de théâtre de fin d'année.

Le seul fait de passer une petite demi-heure en classe et d'observer ce que représente la gestion d'une classe de 28 a réussi, dans certains cas, à calmer les attentes et les ardeurs de quelques parents. «On l'entend souvent, celle-là!», affirme en riant la chercheuse Rollande Deslandes, qui étudie de manière particulière, à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), les liens entre l'école et la communauté. «Le conseil d'établissement, c'est le rôle politique du parent à l'école. Mais il y a tellement d'autres manières pour un parent de participer à la vie de l'école, pour mener à une vraie collaboration.»

Accusés de défendre l'accès à leur classe plutôt que d'en ouvrir généreusement la porte, les enseignants ont toutefois peu d'outils dans leur formation pour les convaincre des bienfaits de cette pratique. Depuis 2004, l'UQTR offre un cours aux futurs enseignants sur l'école et la famille pour apprendre aux maîtres de demain la façon d'entrer en contact avec les parents.

«Les étudiants n'ont pas de formation sur la manière de communiquer avec les parents», déplore Égide Royer, professeur au département d'étude sur l'enseignement et l'apprentissage de l'Université Laval. «Par rapport à des agents de bord d'Air Canada ou les employés du service après-vente chez Sears, les enseignants sont complètement démunis!»

Pour les profs qui prennent le parti de tendre la main aux parents tout en imposant des limites à leur participation, les effets semblent parfois miraculeux. Une enseignante a ainsi choisi de demander aux parents, lors de la rencontre de début d'année, d'inscrire sur une feuille de papier un talent de leur petit, une particularité qui mériterait d'être connue et un trait de personnalité important à retenir. Cette seule et unique démarche a donné des ailes aux parents!

Après avoir souffert de relations tendues avec les parents, une autre a décidé cette année de prendre les trois premières semaines de l'année scolaire à écrire de petits mots aux parents dans l'agenda, pointant en une phrase ou deux les forces de l'un, les progrès de l'autre, les défis du petit dernier. «Ces trois premières semaines ont permis d'établir un lien de confiance et une communication», explique P., enseignante au primaire. «On dirait que ça les a rassurés, et puis après, je n'ai plus eu de problèmes.»

La présidente de la Fédération des comités de parents du Québec croit à ce type d'initiative. «On dit que ça prend tout un village pour éduquer un enfant», demande Diane Miron. «J'ai hâte au jour où ce dicton se vérifiera dans la pratique... »

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tuberale
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Caprices de parents


Les parents-rois n'ont pas envahi les écoles, mais leurs requêtes ont pris de telles proportions que des enseignants s'en inquiètent. Voici, en vrac, des anecdotes glanées çà et là, illustrant les exigences de ces empereurs parentaux.

Dans certaines écoles, on parle désormais du syndrome du vendredi: des parents viennent chercher leur progéniture avant la fin des classes, histoire de ne pas être coincés dans la circulation d'avant-week-end. Pas question d'arriver trop tard au chalet!

***

Les directions d'école croulent sous les demandes de révision de notes. La folie de la cinquième année amplifie tout particulièrement ce phénomène car c'est le dossier de cette année charnière qui est transmis aux écoles secondaires privées. De grâce, cachez ce D que le privé ne saurait voir...

***

Une directrice d'école évoque la remise en question de l'autorité scolaire. Une fillette convoquée à son bureau après avoir commis une faute l'a carrément traitée de «maudite folle». «J'ai appelé le parent pour lui annoncer que je l'envoyais réfléchir à la maison toute la journée.» Mais la mère avait une réponse toute prête: «Si ma fille vous a dit ça, c'est qu'elle devait avoir une bonne raison.»

***

À la veille d'une classe neige, une mère a tenté de convaincre l'enseignante de permettre à son enfant d'apporter ses patins. Cet article n'est pas prévu au programme, histoire de simplifier l'aventure, mais madame en fait toute une histoire. Sa fille aime le patin, sa fille veut patiner, sa fille patinera, bon!

***

Une élève du primaire arrive en retard un après-midi après être allée dîner à la maison. Un billet est acheminé au professeur: «Pardonnez le retard de ma fille, nous avons cuisiné un risotto ce midi et ce fut plus long que prévu... »

***

Une note dans l'agenda d'un enfant expose la raison pour laquelle le devoir de mathématiques n'a pas été fait, tel qu'exigé par l'enseignant. «Ne le chicanez pas de ne pas avoir fait son travail, c'est notre faute. Nous sommes plutôt allés au cinéma en famille.»

***

Des directions d'école proposent désormais de prendre en considération le comportement de certains parents dits «chialeux» lorsqu'ils font la composition des classes, à la veille de la rentrée scolaire. «On est rendus là: en plus d'équilibrer les groupes en fonction des forces et faiblesses des élèves, on tient compte des types de parents qui vont avec les enfants.»

Starlette
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Message par Starlette »

Et ce sont ces enfants là qui vont être notre future société.
 

Ouff, j'ai hâte de voir où ils vont nous réserver  nous qui seront vieux et en perte d'autonomie.

Pensez-vous qu'ils vont sur protéger et prendre la défense de leurs parents âgées autant qu'ils l'ont été par eux ?????  
tipet
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Message par tipet »

Ouf ça me dépasse...Ayant été élevé par des parents qui m'ont toujours fait comprendre que le professeur avait le dernier mot et qu'ils se rangeraient toujours derrière lui, j'en reviens pas de lire un article comme ça ce matin (je parle du premier).

Je me rapelle quand j'avais des copies à faire signer parce que j'avais été désobéissante, ou encore si je ramenais un examen plutôt mal réussi, ma mère me disait toujours "Tu peux toujours essayer de faire valoir ton point de vue, je verrai ce que j'en ferai ici à la maison, mais pour l'école, tu subis les conséquences que le professeur à décidé de te donner." Grrrrrr! J'haïssais ça Ça peut paraître bête de se faire dire ça, surtout quand tu as une raison légitime d'avoir "coulé" ou d'être arrivé en retard, mais le professeur c'est le maître de sa classe, il choisi ses règles et punitions lui-même.

La raison de faire ça est fort simple, c'est une question de confiance. Si le lien de confiance qui unit le parent avec le professeur est rompu, qu'en sera-t-il de celui entre l'enseignant et l'enfant? Certain parent oublie parfois que leur enfant devra vivre 5 jours/7 durant toute une année avec le même professeur! Il me semble que c'est là un argument fort pour les convaincre de bien s'entendre avec lui! Non?

Bien sûr il m'est arrivé de demander une rencontre avec un professeur pour discuter d'un cas ou d'une situation. Mais jamais, mes enfants n'ont été mis au courant, justement pour ne pas miner l'autorité du professeur. Parce qu'il n'y a rien de pire pour une personne en situation d'autorité (parent, prof, coach ect) de se faire reprendre devant l'enfant en question. Tout parent devrait savoir ça.

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jaskab
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Message par jaskab »

Pour ma part, je suis chanceuse, j'ai rarement eu à faire avec des parents envahissants.
Je crois, c'est mon hypothèse, que c'est pire avec des parents instruits, tandisqu'en milieu défavorisé, les parents vont moins s'immiscer dans la tâche de l'enseignant.
[img]http://www.domainebleu.ca/images/sigdb.gif[/img]
Vieille fille
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Message par Vieille fille »




Une autre job que je ne voudrais pas avoir, mais j'ai la chance que mes enfants aient des super bons professeurs !









Un "projet" est un rêve qu'on décide un jour de réaliser en y mettant la persévérance et le courage qu'il faut... quitte à se donner des coups de pieds au cul tous les matins !!!











[
tipet
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Message par tipet »

jaskab  a écritPour ma part, je suis chanceuse, j'ai rarement eu à faire avec des parents envahissants.
Je crois, c'est mon hypothèse, que c'est pire avec des parents instruits, tandisqu'en milieu défavorisé, les parents vont moins s'immiscer dans la tâche de l'enseignant.

Peut-être, quoique j'en ai déjà vu chialer parce que le professeur avait demandé d'acheter un duo-tang supplémentaire  :/

Moi je pense plutôt qu'on en verra de plus en plus des parents comme ça. C'est la conséquence du manque de communication entre les enseignants et les parents. Les bulletins (qui servaient autrefois à faire le pont entre l'école et la maison) sont devenus indéchiffrables, les profs avec leurs classes pleines et les cas lourds, ont à peine le temps de souffler donc encore moins pour discuter avec les parents comme ils le faisaient dans le temps ect...
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jaskab
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Message par jaskab »

tipet  a écrit

Peut-être, quoique j'en ai déjà vu chialer parce que le professeur avait demandé d'acheter un duo-tang supplémentaire  :/



Tu me rappelles un parent qui avait chialé parce qu'on demandait des pots de plastique (margarine, yogourt, etc) pour partir des plants de tomates.   Il trouvait ça effrayant de devoir fournir du matériel à l'école.
[img]http://www.domainebleu.ca/images/sigdb.gif[/img]
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tuberale
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Message par tuberale »

les liens pour les articles j'ai oublié de les joindre

http://www.ledevoir.com/2007/02/17/131550.html

http://www.ledevoir.com/2007/02/17/131533.html

http://www.ledevoir.com/2007/02/17/131532.html --Message edité par tuberale le 2007-02-18 10:55:40--
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Message par tipet »

jaskab  a écrit
Tu me rappelles un parent qui avait chialé parce qu'on demandait des pots de plastique (margarine, yogourt, etc) pour partir des plants de tomates.   Il trouvait ça effrayant de devoir fournir du matériel à l'école.  

C'est vrai qu'un plat de margarine c'est très difficile à trouver    


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Sabi
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Message par Sabi »

Ben moi, je vais réfléchir à tout ça.  

Je ne suis pas surprise par ces constatations. C'est l'ampleur des dégâts qui me désole.

Hééé hoooo, les parents ?! Ça va pas là-dedans ?

Oups, c'est que j'en fais partie de cette gang-là... va falloir que je me check les fesses. Faudrait pas que je prenne de mauvais plis.

Le plus drôle, c'est que la majorité ne réalise pas l'absurdité de leurs demandes. Ces parents se sentent en plein leurs droits d'avoir de telles exigences...
[color=#4040BF][i]Ça, c'est moi. J'ai prêté mon visage à Kate pour qu'elle puisse faire des films.[/i][/color]
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Malike
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Message par Malike »

Pour voir ma belle-soeur régulièrement faire des crises aux professeurs de mon neveu je ne suis pas surprise. Des parents qui s'ingèrent indûment dans la vie scolaire j'en ai vu plusieurs rien que dans mon milieu de travail (pas relié à l'éducation mais par des choses entendues seulement).

J'ai du mal à comprendre cette attitude-là, ma fille est encore très jeune mais ma philosophie de l'éducation à moi c'est que c'est au professeur et à l'établissement scolaire de gérer la scolarité de mon enfant. Je peux m'investir à la maison et avoir l'oeil ouvert mais reste que si ma fille s'avisais d'être impolie ou de ne pas respecter des consignes, ca n'est pas à elle que je donnerais mon appui mais aux personnes responsables de son éducation. Elle doit apprendre à respecter un certain ordre établi, ne serait-ce que pour mieux la préparer au monde réel et au travail. Si je l'habitue à tout contester et à discutailler pour chaque consigne, elle trouvera bien difficile de s'intégrer et de se faire apprécier quelque part.
Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois ;)
tipet
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Message par tipet »

Malike  a écritPour voir ma belle-soeur régulièrement faire des crises aux professeurs de mon neveu je ne suis pas surprise. Des parents qui s'ingèrent indûment dans la vie scolaire j'en ai vu plusieurs rien que dans mon milieu de travail (pas relié à l'éducation mais par des choses entendues seulement).

J'ai du mal à comprendre cette attitude-là, ma fille est encore très jeune mais ma philosophie de l'éducation à moi c'est que c'est au professeur et à l'établissement scolaire de gérer la scolarité de mon enfant. Je peux m'investir à la maison et avoir l'oeil ouvert mais reste que si ma fille s'avisais d'être impolie ou de ne pas respecter des consignes, ca n'est pas à elle que je donnerais mon appui mais aux personnes responsables de son éducation. Elle doit apprendre à respecter un certain ordre établi, ne serait-ce que pour mieux la préparer au monde réel et au travail. Si je l'habitue à tout contester et à discutailler pour chaque consigne, elle trouvera bien difficile de s'intégrer et de se faire apprécier quelque part.



Et j'ajoute que même si des fois, des décisions concernant mes enfants à l'école m'ont paru trop sévères ou pas appropriées, jamais je ne me suis permis d'en juger les raisons. Je me dis que je ne connais pas tout de la dynamique de la classe et que prendre le parti de mon enfant devant le professeur équivaut à diluer son autorité, et ça j'embarque pas.

À moins que ce soit vraiment grave, je n'intervient jamais. --Message edité par tipet le 2007-02-18 12:52:35--
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Malike
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Message par Malike »

tipet  a écrit



Et j'ajoute que même si des fois, des décisions concernant mes enfants à l'école m'ont paru trop sévères ou pas appropriées, jamais je ne me suis permis d'en juger les raisons. Je me dis que je ne connais pas tout de la dynamique de la classe et que prendre le parti de mone enfnant devant le professeur équivaut à diluer son autorité, et ça j'embarque pas.

À moins que ce soit vraiment grave, je n'intervient jamais.


Effectivement de donner systématiquement raison à son enfant c'est lui envoyer comme message que les adultes ne sont pas dignes d'être respectés et que leurs décisions sont discutables et non appropriées. On ne le ferait même pas à la maison de discréditer l'autorité de l'autre parent devant l'enfant, pourquoi ca devrait être le cas à l'école?
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youppidou
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Message par youppidou »

tipet  a écrit

Peut-être, quoique j'en ai déjà vu chialer parce que le professeur avait demandé d'acheter un duo-tang supplémentaire  :/

Moi je pense plutôt qu'on en verra de plus en plus des parents comme ça. C'est la conséquence du manque de communication entre les enseignants et les parents. Les bulletins (qui servaient autrefois à faire le pont entre l'école et la maison) sont devenus indéchiffrables, les profs avec leurs classes pleines et les cas lourds, ont à peine le temps de souffler donc encore moins pour discuter avec les parents comme ils le faisaient dans le temps ect...

Moi les profs d'aujourd'hui, je les plains. Au nom de la liberté, les parents réclament parfois n'importe quoi et se rangent derrière leurs jeunes sans réfléchir.
Je me rappelle du cas où la petite fille au primaire voulait aller à l'école les cheveux bleus.  Un autre cas où certains t-shirts n'étaient pas tolérés.  Les parents enseignaient à leurs enfants à défier l'autorité de l'école en les 'soutenant' selon eux.  Comment un prof peut-il faire son travail dans la discipline pour le bien-être de tous les élèves quand il n'a plus un once d'autorité.  Et après, ces mêmes parents se plaindront ne pas venir à bout de leurs jeunes.
Nous avions des uniformes, des règlements et pourtant, nous avons survécu.  Et honnêtement, on se sentait pas mal plus en sécurité à l'école quand on se sentait encadré.  On pouvait faire confiance.


Youppidou
matricule_211121
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Message par matricule_211121 »

Je ne pense pas qu'un parent envahissant de la sorte va aider la cause de son enfant avec ses demandes, son chiâlage et j'en passe.

Chez moi ou à l'école, c'est la personne en état d'autorité qui gère(bien là, je n'admettrais pas qu'il se fasse punir d'une façon que je ne ferais pas chez moi par exemple)sauf que mon garçon est capable de plaider sa cause lui-même auprès de ses professeurs si jamais il se sent lésé d'une façon ou d'une autre...c'est un très bon élève, il est dans une classe multi-niveaux et la seule chose que je reproche à l'école, c'est de ne pas avoir de classe avancée car il est en 3e année dans une classe avec des 4e années et il s'emmerde avec le programme et je suis obligées de lui faire voir plus de matières à la maison...sinon, il revient toujours avec des notes parfaites, élèbve studieux, je n'ai rien à reprocher à ses professeurs, quand j'ai une question, je communique avec eux et j'ai réponse à mes questions...

C'est ça qui est désolant pour moi car en habitant dans une petite localité, je ne peux pas avoir le choix d'une école plus de niveau pour mon enfant et j'ai peur qu'il se tanne de ne pas apprendre plus car il mne le dit lui-même qu'il s'emmerde

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moss
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Message par moss »

Merci merci merci Tuberale !   Tu ne peux savoir à quel point ces articles me touchent ce matin.  Contrairement à Jaskab, cette problématique, je la vis à fond et mes collègues également.  Combien de fois ai-je vu un enseignant abattu par les interventions souvent peu délicates des parents.  Je ne les compte plus.

Cette année, j'ai une collègue qui a environ 5 parents dans sa classe qui se permettent régulièrement de lui écrire pour se plaindre de sa pédagogie ou de ses interventions.  Elle passe son temps à devoir se justifier et je vous jure, son moral n'est pas beau à voir.  Elle commence à remettre sa profession en jeu. Ça serait dommage, l'éducation perdrait une excellent enseignante dévouée à son travail.

Moi-même, après 4 ans sur le terrain, j'ai décidé de changer éventuellement. Je suis retournée aux études.  Je ne mettrai pas ma décision sur le dos des parents. C'est un ensemble de facteurs qui font que, pour moi, être enseignante est davantage un stress qu'un plaisir.

Je pourrais écrire longuement, mais je voulais juste vous dire que, vraiment, ces articles, le premier entre autre, m'a touchée droit au coeur et je suis heureuse que quelqu'un ait mis les mots sur ce que je vis trop souvent.
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moss
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Message par moss »

Comme j'ai du temps ce matin (mautadine d'insomnie), j'aimerais vous faire part d'une situation que j'ai vécue en début d'année scolaire et vous me direz ce que vous en pensez.

Je fais du temps partagé, c'est-à-dire que je me promène dans trois classes différentes. Trois enseignantes qui travaillent 4 jours/semaine et moi je fais l'autre journée.

Une de ces classes me demandait beaucoup plus d'énergie en début d'année au niveau de la discipline.  Depuis les 6 premières semaines, ça se terminait toujours par un arrêt complet pour faire une intervention de groupe.

Comme je crois beaucoup à la communication, j'ai décidé, un jour, de leur ouvrir mon coeur et de leur dire comment je me sentais.  Je leur ai expliqué que je ne me sentais pas du tout bien dans la classe.  Que j'avais un jour choisi d'être enseignante et non une policière.  Je leur ai expliqué que ce n'était plus un plaisir pour moi de venir dans leur classe. Le matin, en sachant que je m'en allais travailler avec le groupe X, je perdais le sourire et que je voulais absolument le retrouver, mais que tant qu'ils auraient ce genre de comportement, je devrais avoir "un air de boeuf".  Cet air, je l'aurais tant et aussi lontemps que ça ne changerait pas.  J'ai sûrement dit autre chose, mais ceci est un résumé.

Personnellement, j'avais trouvé mon intervention très appropriée et efficace, puisque le climat de la classe avait changé du tout au tout.  J'ai enfin senti de la part des élèves un désir de changer les choses.  

Toutefois, la semaine suivante, le directeur adjoint est venu me rencontrer pour me dire qu'une mère l'avait contacté pour lui parler de mon intervention.  Elle était en furie et menaçait, s'il n'intervenait pas auprès de moi, de faire une plainte à la commission scolaire.  Elle trouvait inacceptable que je dise à des enfants (de 4e année) d'avoir un air de boeuf à cause d'eux et de ne pas aimer leur enseigner.  Elle soutenait que j'avais traumatisé son enfant (son enfant, en passant, est un des leaders négatifs de la classe et son passe-temps favori est de piquer les plus faibles de la classe...).

Bref, le directeur m'a tout simplement demandé de changer mon intervention en classe et que si j'avais besoin d'aide au niveau de ma gestion de classe, qu'il existait des ressources...  Pour les personnes qui pensent qu'une direction prend automatiquement pour le prof, vous voyez dans ce cas-ci que c'est faux.  

Étant une jeune enseignante, avec peu de confiance en elle, je peux vous affirmer que je fus démolie pour quelques jours.  Je ne voyais pas en quoi j'avais pu dépasser les limites... Également blessée de ne pas sentir de soutien de ma direction.  De plus, cette rencontre se déroula 3 minutes avant le début des classes et les élèves nous regardaient par la fenêtre de la classe.  Je devais me cacher pour qu'ils ne voient pas mes larmes...  Pas besoin de vous dire que l'enfant en question avait un beau sourire de victoire à son entrée.

Plusieurs jours plus tard, j'ai eu l'occasion de dîner avec le directeur.  Je lui ai demandé s'il avait eu des nouvelles de la mère et je lui ai expliqué à quel point j'avais été blessée là-dedans.  Je lui ai dit que la communication était essentielle pour moi et que je trouvais important de faire part aux élèves de comment je me sentais.   Dans le projet éducatif de l'école, il a été décidé de travailler le programme "Vers le pacifique" dans lequel la communication est l'élément clé...  Je ne voyais pas pourquoi cela fonctionnait pour les élèves et non pour nous.  Il a fini par dire que j'avais raison.  Que j'avais le droit d'intervenir comme bon me semblait, selon mes valeurs à moi, à la condition de respecter les enfants.  Ce qui me semble que j'avais fait...

Qu'en pensez-vous ?  Désolée pour le roman !


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Annouk
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Message par Annouk »

Je pense que ton intervention était appropriée Moss et que tu n'as pas dépassé les limites du tout.

Pour ce qui est des articles, en les lisant, je devais avoir cette face là

Pardonnez-moi, mais ils doivent être en réponse au fait que la population a blâmer un enseignant dans l'histoire de l'isoloir en treillis Autant il ne faut rien dire sur un enseignant autant je peux dire que le métier de parent est méprisé par les enseigants. C'est bien dommage....Les enseignants et les parents devraient pourtant n'avoir qu'un seul but, soit celui de la réussite de l'enfant mais il y a beaucoup d'énergie perdue dans cette lutte de pouvoir
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