Le mystère Québec selon Richard Martineau

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Message par .anthurium. »

Richard Martineau
Le mystère Québec
26/02/2007
Pour les 33 prochains jours, le chroniqueur du Journal de Montréal Richard Martineau parcourra les quatre coins du Québec à bord de l'autobus de campagne Québec 2007. Le commentateur politique Jean Lapierre et des journalistes de TVA, Canoë et du 98,5 FM accompagneront notre chroniqueur dans l'autobus.

La scène politique regorge de mystères.

Le mystère Boisclair - pourquoi autant de péquistes critiquent leur chef alors qu'ils l'ont élu? Le mystère Dion - pourquoi autant de libéraux fédéraux critiquent leur chef alors qu'ils l'ont élu?

Et le mystère Québec -- pourquoi Mario Dumont et son discours néo-conservateur sont si populaires à Québec, alors qu'ils se cassent les dents à Montréal?

Afin de résoudre cette énigme, qui laisse les résidants du Plateau pantois, je suis monté dans l'autobus du Journal en direction de la Vieille Capitale.

Le fossé

Joanne Marcotte et Denis Julien ont écrit, produit et réalisé le documentaire L'Illusion tranquille, qui est à la pensée néo-conservatrice québécoise ce que Fahrenheit 9/11 de Michael Moore est au mouvement anti-Bush.

Selon eux, c'est simple: si les résidants de Québec se montrent si sensibles au discours de Mario Dumont, c'est que l'État, pour eux, n'est pas une présence abstraite et théorique, mais une réalité qu'ils côtoient quotidiennement.

«Nous, le gaspillage, on l'a dans la face à longueur de jour, de dire Joanne Marcotte. Beaucoup de résidants de Québec travaillent dans la fonction publique. Les dépenses inutiles, le temps perdu, le manque de productivité, la gestion irresponsable des fonds publics, le copinage, les renvois d'ascenseurs, tout ça fait partie de leur paysage quotidien. Ils ne font pas seulement qu'en entendre vaguement parler: ils le voient! Veux, veux pas, vient un moment où ça te tombe sur le coeur...»

«Et à Québec, il existe une grande dichotomie entre les travailleurs du privé et ceux du secteur public, renchérit Denis Julien. Nous avons tous un beau-frère qui travaille pour l'État et qui a un fonds de pension confortable et d'excellentes conditions de travail, alors que dans le privé, tu rames comme un fou. Tu as de la misère à mettre de l'argent de côté pour tes REER alors que les privilégiés du système profitent de leur retraite dorée (qu'ils se sont payée à même tes taxes et tes impôts) pour faire de la marche rapide sur les Plaines et aller au cinéma l'après-midi. Tout ça finit par créer un sentiment de frustration et d'injustice...»

Une ville à deux têtes

David Desjardins, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Voir Québec, abonde. «Québec est une ville schizophrène, explique-t-il. D'un côté, tu as les fonctionnaires qui se la coulent douce et qui nagent le vent dans le dos, et de l'autre, les travailleurs du privé qui tirent le diable par la queue. Ce fossé est inscrit dans la géographie même de la ville: il y a la Haute-Ville, pour les notables, et la Basse-Ville, pour le peuple...»

Pourtant, n'était-ce pas l'une des promesses de Charest, éliminer le gaspillage et gérer les fonds publics de façon responsable?

«Oui, mais il ne l'a pas fait, répond Denis Julien. Monsieur Charest aurait pu repenser le système au grand complet, mais il s'est contenté de le gérer. Beaucoup d'électeurs trouvent qu'il manque de courage et qu'il a dilapidé sa crédibilité en menant des combats inutiles, comme ceux du Suroît et du mont Orford...»

Bref, si les gens de Québec flirtent avec Mario, c'est qu'ils sont déçus de Jean Charest et qu'ils associent le PQ à un État obèse, lourd et coûteux.

Demain: le mystère Montréal.


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Beppo
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Message par Beppo »

Le mardi 27 février 2007

Boisclair le Montréalais

Yves Boisvert
La Presse

André Boisclair est-il trop montréalais? La question se pose à la lumière du sondage publié hier dans Le Devoir, qui laisse voir que le vote péquiste s'effondre dramatiquement en région, essentiellement au profit de l'ADQ.

Qu'est-ce qui ne va pas avec le chef du parti qui avait les plus solides assises en dehors des deux plus grandes villes du Québec?

On chuchote que, dans les focus groups, technique à laquelle les partis politiques sont accros, l'homosexualité d'André Boisclair ressort négativement en région.

Faux prétexte, me semble-t-il, marginal en tout cas. Comment expliquerait-on, alors, que Claude Charron soit une des vedettes médiatiques les plus populaires au Québec? Pourquoi l'orientation serait un handicap dans un cas et un facteur neutre dans l'autre?

Il faut chercher ailleurs. Au-delà de ses traits de caractère, André Boisclair est le prototype du jeune urbain professionnel montréalais de 40 ans.

Ce que ça veut dire? Notamment qu'il est de la première génération de Montréalais qui ont connu Montréal comme ville officiellement française. Comme évidemment française.

Les «grosses vendeuses anglaises de chez Eaton», selon le cliché, il ne les a pas rencontrées. Oh, bien sûr, par procuration, il sait qu'avant la loi 101, le centre-ville s'affichait en anglais. Mais il avait 12 ans en 1977, quand la loi 101 a été adoptée.

Il n'a pas connu dans sa chair l'humiliation de la génération précédente. Il n'a jamais senti, jamais pensé que de n'être pas anglais allait limiter ses horizons. Il n'a pas d'histoire à raconter sur son caporal anglo dans l'armée, son «boss», ni même une bataille avec un Anglais en revenant de son école. Il n'a pas eu son chemin de Damas en traversant le Canada en train, ni d'émotion au sujet de la commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme. Il sait que plusieurs dirigeants d'entreprise pensaient que les «Canadiens français» n'avaient pas ce qu'il fallait pour diriger une entreprise. Comme un fait historique. Mais au sujet des Anglais, il ne s'est jamais senti «nègre blanc». Il s'en allait vivre à Toronto quand la démission de Bernard Landry l'a précipité dans son destin.

Cet homme vit à Montréal depuis toujours. Ça ne l'énerve pas de voir un voile, des hassidim, des milliers de gens venus d'ailleurs avec coutumes et bagages.

Alors quand arrive le débat sur les accommodements raisonnables, son premier réflexe n'est pas de grimper dans les rideaux. Il est prudent. Il n'est pas viscéralement touché -comme un Bernard Landry, par exemple. Il n'a pas l'instinct d'un Mario Dumont pour comprendre -ou pour exploiter- l'inquiétude d'une bonne partie de sa base politique régionale.

Il n'a tellement pas cet instinct qu'une de ses premières interventions sur le sujet a consisté à suggérer de retirer le crucifix de l'Assemblée nationale.

On le lui a reproché vivement dans ses rangs. Les Québécois ne sont presque plus pratiquants, mais ils sont soudain très «catholiques», en cette nuit des longs kirpans et des lapidations appréhendées...

Fallait-il être un urbain de son âge pour aller suggérer pareille oblitération nationale!

Chez André Boisclair, le «nationalisme civique» ou territorial, ce n'est pas un repli stratégique. C'est une façon d'être. Entre la génération des Parizeau, Landry, Bouchard et même Johnson, et celle de Boisclair, une révolution sociologique a eu lieu. André Boisclair n'a pas le nationalisme de l'humilié qui se redresse, du colonisé qui brise ses chaînes. Il incarne, jusqu'à un certain point, cet urbain cosmopolite, fier de ses origines, certes, mais sûr de lui, sans complexes. Il préfère l'indépendance. Mais il se sent égal même sans ça.

Un sondage ne fait pas une élection. Mais justement, le sondage Léger Marketing d'hier s'ajoute à une longue liste qui montre qu'en région, le parti de Mario Dumont vole des électeurs au PQ.

Aux élections fédérales de 1962, le Crédit social de Réal Caouette a surpris tout le monde en faisant élire 26 députés dans le Québec rural. «La vague créditiste a éveillé des craintes, des railleries et de l'embarras», écrivait quelques années plus tard le sociologue Hubert Guindon.

Guindon notait que les professionnels et la classe moyenne, tant chez les francophones que les anglophones, avaient porté attention exclusivement à la doctrine économique des créditistes, pour les tourner en ridicule.

Ils avaient oublié de «prêter attention au mécontentement social qui lui avait donné naissance».

Ce mécontentement, à l'époque, était celui des fermiers et des travailleurs spécialisés des régions face aux grands partis politiques alignés sur la classe moyenne qui émergeait.

Aujourd'hui, un autre mécontentement envers les grands partis peut avoir des effets aussi surprenants. C'est celui d'un Québec des régions qui se sent dépossédé, c'est aussi celui d'un Québec qui ne se retrouve pas toujours dans ce monde qui a changé très vite.

Je disais que l'homosexualité de Boisclair ne joue pas beaucoup. Elle joue peut-être en ceci : dans le Québec où Claude Charron faisait de la politique, tout le monde tenait pour acquis qu'un homosexuel déclaré ne peut faire de carrière politique. Dans celui d'aujourd'hui, on défile pour dire la fierté gaie, et honte à quiconque a quelque chose à redire. Ça s'est passé en 25 ans.

André Boisclair, pour bien des gens, c'est précisément l'incarnation sereine de tout ce qui a «changé trop vite», des moeurs jusqu'à l'identité nationale.

http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... CPOPINIONS




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Message par .anthurium. »

Pour le texte sur Boiclair il ne faut pas oublier la drogue. Est-ce que je rêve ou les journalistes ont oublier la coke.

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Beppo
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Message par Beppo »

.anthurium.  a écritPour le texte sur Boiclair il ne faut pas oublier la drogue. Est-ce que je rêve ou les journalistes ont oublier la coke.

Ça pèse lourd dans la balance

Boisclair ne se défile pas face à son passé. Et je ne crois pas que les journalistes aient oublié son utilisation de la cocaïne. S'il y en a qui ont tenté de tout savoir plus d'une fois sur cet épisode de sa vie, ce sont bien eux. Même certains politiciens verreux se servent de ça pour le rendre méprisable aux yeux de la population. Faut croire que quand on est à court d'arguments politiques pour discuter...





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Message par Acrux »

Le pire défaut que Boisclair peut avoir c'est sa façon de débattre, j'ai vraiment hâte de le voir aux débats des chefs...!   --Message edité par Acrux le 2007-02-27 20:54:37--
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Message par Acrux »

Beppo  a écrit

Boisclair ne se défile pas face à son passé. Et je ne crois pas que les journalistes aient oublié son utilisation de la cocaïne. S'il y en a qui ont tenté de tout savoir plus d'une fois sur cet épisode de sa vie, ce sont bien eux. Même certains politiciens verreux se servent de ça pour le rendre méprisable aux yeux de la population. Faut croire que quand on est à court d'arguments politiques pour discuter...


Je crois que Charest va resortir cette histoire à la toute fin de la campagne pour gagner les indécis, et le plus pathétique c'est que ça va marcher...
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Panda
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Message par Panda »

Depuis que Richard Martineau n'a plus de lèvres (il se les est comme pincé serré par en dedant), je ne le lis plus. Désolée
[color=#000080][i]Tout est question de perceptions. On ne parle toujours que de soi finalement.

Vive le fun de vivre !!![/i][/color]

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