La revanche des "ex" par J Jacques Samson

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.anthurium.
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Jacques Samson
La revanche des «ex»
03/03/2007
Jean Charest subit la même médecine que l'homme qui cherche à faire une nouvelle conquête et qui voit son «ex» s'interposer, pendant son entreprise de séduction, pour tracer de lui un portrait aussi fidèle que peu flatteur à l'intention de la nouvelle flamme.

Le récit de la femme trompée peut alors être dévastateur. Qui a trompé trompera, veut-elle faire comprendre à la courtisée d'aujourd'hui.

L'ex-député de Vanier et ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, accepte toutes les invitations des médias, pendant la présente campagne, pour dénoncer le cynisme des dirigeants de son ancienne famille libérale relativement aux engagements électoraux et le non-respect de plusieurs de ceux de 2003. L'abandon de la réforme de l'assurance-auto a justifié sa propre démission en 2004. Il rappelle aussi ceux de la réingénierie de l'État, qu'il jugeait personnellement incontournable et des baisses d'impôt d'un milliard de dollars par année.

Me Bellemare ne s'affiche pas ouvertement dans ses entrevues comme un partisan de l'ADQ de Mario Dumont, mais ses sympathies sont assez évidentes. D'abord, il souhaite l'élection d'un gouvernement minoritaire et il dit connaître de nombreux libéraux déçus qui, comme lui, espèrent que Mario Dumont poussera plus loin sa réflexion sur la réduction de la taille de l'État et la réingénierie. Ce thème ne semble malheureusement plus à l'agenda, relève-t-il.

Les gouvernements minoritaires, on le voit à Ottawa, inspirent beaucoup de sagesse aux élus, ajoute-t-il. Pour y arriver, on pourrait cette fois donner une chance à l'ADQ, complète-t-il. C'est la grille de base de ses interventions publiques de campagne. Certains des proches collaborateurs de Me Bellemare, durant sa dernière campagne à la mairie, provenaient aussi de l'ADQ. On en a également revus chez les conservateurs à l'élection de 2005. C'est la même filière politique.

Par ailleurs, Me Bellemare a certes démissionné pour dénoncer la mise sur la glace de la réforme de l'assurance-auto, mais il faut se rappeler aussi qu'il s'était retrouvé dans l'eau bouillante à la fin du méga-procès des Hells Angels, qui a failli avorter, et au cours du scandale de la prostitution juvénile. Il aurait certainement été victime d'un remaniement ministériel. Sa démission était donc aussi «préventive», en quelque sorte.

L'autre «ex» qui souffle dans les oreilles des électeurs est Yves Séguin, ministre des Finances sous Jean Charest, qui a préféré démissionner plutôt que d'accepter des responsabilités moindres. Yves Séguin est plus subtil dans son rappel de l'état pitoyable des finances publiques, de la croissance des dépenses et de celle de la dette (4 milliards de dollars par année). Mais sous le couvert d'adresser sa question à tous les politiciens en campagne, «où prendrez-vous l'argent?» nous comprenons bien que c'est Jean Charest et le Parti libéral qui sont visés, à la suite du dernier budget de son successeur Michel Audet. Les libéraux n'ont pas assaini les finances publiques comme ils s'y étaient engagés et ils se promènent depuis quelques mois en distribuant des milliards.

Dans le jargon politique, Marc Bellemare et Yves Séguin sont des «loose cannon»; des canons détachés de leurs ancrages sur le pont d'un navire de guerre et qui tirent dans toutes les directions. Les politiciens de ce type sont des individualistes, qui composent mal avec les lignes de parti, la solidarité ministérielle et les gouvernements par sondages. Les chefs en recrutent néanmoins parce que ceux-ci se sont construits une image de Don Quichotte avant leur entrée en politique, qui fascine beaucoup de gens. Marc Bellemare et Yves Séguin étaient deux candidats-vedettes de Jean Charest en 2003.

Les sorties publiques de Marc Bellemare en particulier dérangent beaucoup au Parti libéral ces jours-ci, jusqu'au bureau du premier ministre. Dans la région de Québec, chaque vote compte et on ne sait trop comment le neutraliser. Les citoyens sont assez clairvoyants pour tirer la ligne: si ces Don Quichotte ont raison sur le fond dans leurs dénonciations, ce ne sont pas des analystes objectifs et désintéressés. Ils ont aussi, toujours, leur agenda très personnel, des comptes à régler, une image à entretenir et à l'occasion un futur à préparer.


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