Bruno Bisson
La Presse
Un viaduc s'effondre à Laval. Un accident. Puis un second, encore plus meurtrier. Et voilà le doute qui s'installe. Or ce n'est peut-être qu'un début: selon la commission Johnson, bien d'autres ouvrages pourraient ne pas être aussi sûrs qu'on croyait. Ceux construits dans les années 60 et 70. C'est-à-dire trois ouvrages sur quatre. Défauts de construction, béton qui ne respecte pas des normes elles-mêmes insuffisantes. D'où l'alerte lancée hier au gouvernement.
Les recherches menées par plusieurs experts pour le compte de la Commission d'enquête sur le viaduc de la Concorde (CEVC) remettent en question l'hypothèse voulant que tous les ponts et viaducs construits dans les années 60 et 70 possèdent une capacité suffisante pour supporter le trafic lourd d'aujourd'hui.
Au moment de rendre public le rapport d'experts sur les causes de l'effondrement de ce viaduc de Laval, dans lequel cinq personnes ont perdu la vie, en septembre 2006, le président de la CEVC, Pierre Marc Johnson, a révélé hier que sa commission a choisi de prévenir immédiatement le gouvernement du Québec de certaines conclusions, «pour des raisons de sécurité du public».
«Ces recherches, a-t-il déclaré, en parlant des conclusions d'une batterie d'experts mandatés par la Commission, ont mis en évidence des facteurs de risque susceptibles de s'appliquer à d'autres ouvrages que les ponts de la Concorde et de Blois», dont les débris ont été analysés sous tous les angles par des spécialistes, depuis octobre dernier.
«Sans attendre la fin de nos travaux, et pour des raisons de sécurité du public, a-t-il ajouté, la Commission a choisi d'alerter les autorités administratives du gouvernement du Québec. Nous avons d'ailleurs obtenu la semaine dernière l'assurance de ces autorités que le plan d'action du ministère des Transports du Québec avait été modifié en fonction des préoccupations soulevées par la Commission.»
Malgré l'insistance de La Presse, et de bien d'autres médias, le MTQ a refusé net, hier, de préciser la nature des informations reçues de la Commission, et le nombre de ses structures routières qui pourraient être visées par ces informations.
Le responsable de la direction régionale de Montréal et de l'ouest du Québec, Jacques Gagnon, a assuré La Presse que des vérifications étaient en cours pour identifier tous les ponts et viaducs dont le tablier est constitué d'une dalle épaisse en béton armé, pour vérifier si leurs armatures d'acier pourraient prévenir un effondrement de la structure.
M. Gagnon a refusé de préciser hier combien de ces ponts et viaducs font l'objet de vérifications d'urgence, en vertu des avis de la commission Johnson. Des centaines de structures routières pourraient être touchées par ces vérifications, et des dizaines de ces ponts pourraient devoir être réparés si le MTQ découvrait qu'ils ne sont pas dotés d'armature en cisaillement, pour prévenir les ruptures subites. Selon un document retracé par Radio-Canada dans une banque de données de statistiques officielles du gouvernement du Québec, le réseau routier québécois comptait, en 2005, près de 1700 ponts à dalles épaisses, dont près de 500 sont gérés par des municipalités.
Le rapport final de la commission Johnson doit être déposé au gouvernement du Québec le 15 octobre prochain. Les déclarations de M. Johnson semblent donc indiquer que les informations transmises au gouvernement pour des raisons de sécurité publique ne pouvaient souffrir trois mois de délai.
La réponse à cette énigme, et aux mystères du MTQ, se trouvent peut-être dans la conclusion du rapport principal d'expertise sur l'effondrement du viaduc de la Concorde, qui a été rendu public hier par la commission Johnson. Le rapport de 200 pages signé par les ingénieurs Jacques Marchand, de l'Université Laval, et Denis Mitchell, de l'Université McGill, mentionne que plusieurs facteurs ont joué un rôle déterminant dans la tragédie du 30 septembre 2006 (voir autre texte).
En conclusion, ses auteurs remettent toutefois en question le fait, assumé, que les ponts et viaducs construits dans les années 60 et 70 sont aussi sécuritaires qu'ils l'étaient au moment de leur construction, même si les charges qui s'exercent sur eux dépassent de beaucoup les charges pour lesquelles ils avaient été conçus durant ces deux décennies.
«L'effondrement du viaduc de la Concorde, écrivent les experts, remet finalement en question la validité de l'hypothèse selon laquelle les coefficients de sécurité considérés lors de la conception sont largement suffisants pour assurer la sécurité de tous les ouvrages existants construits dans les années 60 et 70.»
«Les résultats de notre étude, précisent-ils, démontrent hors de tout doute que des facteurs comme un détail inadéquat de l'arrangement des aciers, combinés à la présence de défauts de construction et à la dégradation des matériaux, peuvent avoir un impact tragique sur le comportement des ouvrages en béton armé.»
Les travaux des experts ont notamment révélé que le viaduc du boulevard de la Concorde, à Laval, était dépourvu d'étriers, dans sa section à porte-à-faux. À l'époque, les normes de construction en vigueur n'obligeaient pas les concepteurs et constructeurs à équiper ces dalles de béton d'étriers en acier, pour réduire le fardeau des poutres sur ses appareils d'appui.
Les expertises ont aussi révélé que si cette partie de la dalle avait été retenue par des étriers, comme le commande aujourd'hui le Code du bâtiment, le béton du viaduc se serait rompu quand même. Sauf que les poutres du tablier ne seraient pas tombées comme ce fut le cas à Laval.
Les cinq victimes de cette tragédie ont toutes péri dans les deux véhicules qui ont été écrasés sous ces poutres, le 30 septembre dernier.
Viaduc de la Concorde
> Construction: été 1970
> Effondrement: 30 septembre 2006
> Bilan: cinq morts, six blessés
> Propriétaire: ministère des Transports du Québec (MTQ)
> Ingénierie et surveillance: Desjardins Sauriol, ingénieurs (aujourd'hui Dessau-Soprin)
> Construction: Inter State Paving (devenue Corival, aujourd'hui dissoute)
> Coffrages: Coffrages Dominion (compagnie dissoute)
> Armature: Acier d'armature de Montréal (compagnie dissoute)
> Impact immédiat: trois viaducs de la même conception démolis ou renforcés (viaduc De Blois, Laval, autoroute 19, démoli en octobre; viaduc du rang Roy, Saint-Alphonse-de-Granby, autoroute 10, démoli en mai; viaduc Joliette, autoroute 31, renforcé en octobre 2006 et qui sera aussi démoli et remplacé d'ici cinq ans.
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Voici un blog audio de André Arthur ou il dénonce un viaduc magané
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