Pas le temps d’être heureux
La Presse
Les Québécois sont-ils heureux? Ils le seraient plus s’ils avaient plus de temps, révèle notre sondage exclusif CROP-La Presse. Mais certains préféreraient avoir plus d’argent. Est-ce que consommer toujours plus empêche d’apprécier la vie? Un psychologue britannique en est convaincu. Premier volet d’une série de deux sur la recette du bonheur.
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» Êtes-vous heureux? Répondez à notre questionnaire.
Ce n’est pas l’argent, c’est le temps qui fait le bonheur. Et plus d’un Québécois sur quatre trouve qu’il en manque.
Selon un nouveau sondage CROP-La Presse, 28% des Québécois estiment que pour être plus heureux, il leur faudrait plus de temps. De tous les facteurs qui manquent à leur bonheur, c’est celui qui a le plus d’importance.
Les gens qui souhaitent avoir plus de temps sont plus nombreux que ceux qui aimeraient une meilleure santé (22%), plus d’argent (16%), plus d’amis (6%) ou même plus d’amour (8%).
«Si l’argent nous permet de faire des choses qui nous rendent heureux, comme aller en voyage, c’est super», explique Nathalie Bourdelais, une mère de famille qui a laissé un emploi très sûr dans une grande école montréalaise, il y a un an, pour lancer son propre service de coaching scolaire.
Mais pour le bonheur, explique-t-elle, il faut du temps et la liberté de l’organiser comme on veut. «Dans ma nouvelle vie, c’est ça que j’ai trouvé, et je dirais que j’ai augmenté mon bonheur d’un bon 40%.»
Ce manque de temps ne semble pas lié nécessairement à la course folle des parents de jeunes enfants, mais bien à l’importance générale accordée à la place du travail dans la vie. Ainsi, même les 18-34 ans (40% d’entre eux), aimeraient avoir plus de temps, un souhait que l’on croyait réservé aux jeunes familles alors que 34% des 35 à 54 ans voudraient plus d’heures dans leurs semaines.
Et le manque de temps ennuie particulièrement les Québécois des classes moyennes et supérieures, puisque 44% des gens dont le revenu annuel est de plus de 60 000$ affirment que le temps manque à leur bonheur. Et dans la même veine, plus on a étudié, plus on manque de minutes.
Des gens heureux
De façon générale, nous dit le sondage, les Québécois sont heureux. Environ les deux tiers des gens sont «tout à fait satisfaits» de leur vie (plus de femmes que d’hommes, plus de gens des campagnes que des villes) et un tiers «plutôt satisfaits».
Mais ça ne veut pas dire que tout est parfait. «Quand on pose d’autres questions, il y a des nuances», explique Claude Gauthier, vice-président chez CROP.
Ainsi, 14% des gens regardent autour d’eux, se comparent et trouvent que les autres ont l’air plus gâtés par la vie. Et le tiers des répondants ont déclaré que s’ils pouvaient changer des choses à leur vie, ils le feraient.
«Nous sommes le peuple de l’ovation. Nous sommes joyeux, ça c’est clair. Mais sommes-nous réellement heureux?» demande Anne Darche, ex-publicitaire.Chose certaine, les Québécois n’associent pas d’emblée argent et bonheur.
Même si 16% des répondants affirment que plus d’argent les rendrait plus heureux (après plus de temps et une meilleure santé), seulement 1% des gens associent l’argent au bonheur. Les Québécois voient en outre la consommation et la publicité comme des facteurs irritants majeurs: 22% des répondants ont identifié la surconsommation quand on leur a demandé ce qui les agaçait le plus dans la vie. (Vingt pour cent ont, là aussi, parlé du manque de temps.) Et 15% ont dit que c’était la publicité.
«La prudence en matière de consommation est une tendance assez généralisée dans la population, quel que soit le groupe d’âge», explique Céline Berre, vice-présidente chez CROP. Elle observe une évolution de cette attitude depuis environ cinq ans, dans la foulée des préoccupations environnementales notamment.
Selon notre sondage, la surconsommation agace particulièrement les femmes et les francophones. Et près du quart des 55 ans et plus trouvent qu’il y a abus de publicité.
Sources du bonheur
De façon très classique, les Québécois ont répondu que la famille (33%) et la santé (24%) étaient les ingrédients les plus indispensables du bonheur.
Mais saviez-vous que même si, en moyenne, seulement 15% des gens croient que l’amour est la première raison du bonheur, la proportion est deux fois plus élevée chez les hommes (19%) que chez les femmes?
Pierre Côté, le fondateur de l’Indice relatif de bonheur, un organisme qui sonde les Québécois, explique que les hommes accordent une importance nettement plus grande au sexe, ce qu’ils ont peut-être inclus dans la catégorie «amour» du sondage. «Et les femmes sont plus nombreuses à se dire capables d’être heureuses sans vie amoureuse satisfaisante», note M. Côté.
En revanche, la santé est particulièrement importante pour les femmes. Tout comme pour les gens de l’extérieur de la région de Montréal et les 55 ans et plus.
Et à Montréal, on valorise plus l’amitié qu’ailleurs.
Finalement, seulement 1% des gens trouvent que le travail est la source du bonheur…
LE QUESTIONNAIRE
http://quiz.cyberpresse.ca/quiz.php?quiz=751
Pas le temps d’être heureux !!!!!
Le bonheur habite-t-il près de chez vous?
Marie-Claude Lortie
La Presse
Avez-vous l'impression que la pub propose des images de bonheur? D'être moins riche et moins heureux que vos voisins? Que le bonheur vous glisse des mains?
Alors peut-être souffrez-vous de ce que le psychologue britannique Oliver James appelle l'affluenza, un faux virus mais un vrai problème qui contamine certaines populations plus que d'autres.
«L'affluenza», explique M. James en entrevue - c'est aussi le titre de son dernier livre - s'en prend à ceux qui choisissent, en gros, de participer à fond à la course à la consommation, au pouvoir et à la célébrité proposée par la civilisation occidentale. Celle qui nous propose des pistes de bonheur à travers l'achat d'un iPod, une tenue Donna Karan ou un lifting.
À force de participer à cette course et de se comparer à des modèles inatteignables, explique le psychologue, les citoyens deviennent incapables d'apprécier ce qu'ils ont, toujours pris dans une quête dont l'objectif leur échappe sans cesse. Bref, rien pour être heureux.
Dans son livre, M. James ne s'inquiète pas du cas particulier du Canada et identifie plutôt New York comme un des points de départ du virus et le Danemark comme un des pays les mieux protégés contre le virus (deux endroits dont nous vous parlerons demain). Mais en entrevue, il rappelle que les Canadiens vivent proche des États-Unis et ne sont pas à l'abri des pressions culturelles de nos voisins.
Le Canada se classe généralement assez bien sur les échelles de bonheur - souvent entre la septième et la dixième place -, mais il reçoit une moins bonne note que de petits pays comme l'Autriche ou le Danemark.
Et les Québécois?
Selon Pierre Côté, un spécialiste en communication et en marketing qui a développé un «indice relatif de bonheur», les Québécois sont au milieu de l'échelle canadienne côté bonheur. Plus heureux que les riches Albertains, mais moins que les habitants du discret Nouveau-Brunswick.
Mais à quel point sont-ils immunisés contre l'affluenza?
Selon notre sondage CROP, les Québécois ne lient pas étroitement argent et bonheur. En outre, la consommation effrénée les inquiète.
«Avant, j'étais moins heureux et je consommais plus», explique John-Hugo Tremblay, qui n'a pas de souci financier. «Puis je suis tombé très malade et j'ai passé deux années sans rien, je me trouvais très bien, poursuit-il. Quand on n'a pas quelque chose, on le veut, mais quand on l'a, on n'en profite pas. Alors finalement, j'en veux le moins possible.»
L'argent fait quand même le bonheur
L'argent et la consommation ne sont pas totalement étrangers au bonheur. La clé est dans notre capacité d'apprécier ce qu'il nous apporte, estime Oliver James, une opinion que partage tout à fait Nathalie Bourdelais.
«S'il nous permet de faire des choses qui nous rendent heureux, comme aller en voyage, c'est super», explique Mme Bourdelais, une mère de famille qui a laissé un emploi très sûr dans une grande école montréalaise, il y a deux ans, pour lancer son propre service de coaching scolaire. «Mais il y aussi des choses comme la liberté, dit-il. La liberté de passer du temps avec les gens qu'on aime, de faire les choses qu'on aime. L'argent peut apporter des choses l'fun, mais on peut aussi les remplacer par d'autres choses qui ne coûtent rien. Et le bonheur est là pareil.»
Selon un des plus grands spécialistes mondiaux du bonheur, Ruut Veenhoven de l'Université Érasme, à Rotterdam, l'argent joue un rôle de base pour la mise en place des conditions gagnantes pour le bonheur. «L'argent ne fait pas le bonheur, mais les gens sont plus heureux dans les pays riches, dit-il en entrevue. Sommes-nous plus heureux à cause des biens de consommation? Un peu quand même.»
En outre, ajoute le professeur Veenhoven, l'humain a besoin de défis pour être heureux et vivre dans une économie de marché qui offre des défis modérés est favorable au bonheur. «La clé est d'avoir une société où beaucoup de gens aiment leur travail. Celui-ci est une façon de subvenir à ses besoins, mais c'est aussi un peu comme un sport.» On y est heureux si on peut marquer des points.
Cela dit, l'investissement dans le travail et la quête d'argent peuvent déraper. Selon M. Veenhoven, cette quête attire ceux qui ne savent pas nécessairement ce qu'ils veulent. «Ce sont ces incertains que ciblent la publicité et le marketing». Et c'est leur incertitude qui est ainsi nourrie.
«Sauf que ce matérialisme est attirant, parce que cela offre des balises claires pour mesurer un certain succès», ajoute Chris Peterson, professeur de psychologie à l'Université du Michigan et spécialiste du bonheur.
Diane Chênevert, maman d'un fils sévèrement handicapé et fondatrice de la maison de répit Philou, croit quant à elle que le bonheur se cache parfois derrière un petit peu de malheur car c'est un excellent remède contre, justement, la quête du superficiel.
«Je sais que je suis plus heureuse que bien des gens que je connais. Ce n'est pas compliqué, je ne m'en fais pas avec des banalités. Le bonheur, ça se construit simplement: tu regardes ce que t'as de bon et tu le mets ensemble.»
Marie-Claude Lortie
La Presse
Avez-vous l'impression que la pub propose des images de bonheur? D'être moins riche et moins heureux que vos voisins? Que le bonheur vous glisse des mains?
Alors peut-être souffrez-vous de ce que le psychologue britannique Oliver James appelle l'affluenza, un faux virus mais un vrai problème qui contamine certaines populations plus que d'autres.
«L'affluenza», explique M. James en entrevue - c'est aussi le titre de son dernier livre - s'en prend à ceux qui choisissent, en gros, de participer à fond à la course à la consommation, au pouvoir et à la célébrité proposée par la civilisation occidentale. Celle qui nous propose des pistes de bonheur à travers l'achat d'un iPod, une tenue Donna Karan ou un lifting.
À force de participer à cette course et de se comparer à des modèles inatteignables, explique le psychologue, les citoyens deviennent incapables d'apprécier ce qu'ils ont, toujours pris dans une quête dont l'objectif leur échappe sans cesse. Bref, rien pour être heureux.
Dans son livre, M. James ne s'inquiète pas du cas particulier du Canada et identifie plutôt New York comme un des points de départ du virus et le Danemark comme un des pays les mieux protégés contre le virus (deux endroits dont nous vous parlerons demain). Mais en entrevue, il rappelle que les Canadiens vivent proche des États-Unis et ne sont pas à l'abri des pressions culturelles de nos voisins.
Le Canada se classe généralement assez bien sur les échelles de bonheur - souvent entre la septième et la dixième place -, mais il reçoit une moins bonne note que de petits pays comme l'Autriche ou le Danemark.
Et les Québécois?
Selon Pierre Côté, un spécialiste en communication et en marketing qui a développé un «indice relatif de bonheur», les Québécois sont au milieu de l'échelle canadienne côté bonheur. Plus heureux que les riches Albertains, mais moins que les habitants du discret Nouveau-Brunswick.
Mais à quel point sont-ils immunisés contre l'affluenza?
Selon notre sondage CROP, les Québécois ne lient pas étroitement argent et bonheur. En outre, la consommation effrénée les inquiète.
«Avant, j'étais moins heureux et je consommais plus», explique John-Hugo Tremblay, qui n'a pas de souci financier. «Puis je suis tombé très malade et j'ai passé deux années sans rien, je me trouvais très bien, poursuit-il. Quand on n'a pas quelque chose, on le veut, mais quand on l'a, on n'en profite pas. Alors finalement, j'en veux le moins possible.»
L'argent fait quand même le bonheur
L'argent et la consommation ne sont pas totalement étrangers au bonheur. La clé est dans notre capacité d'apprécier ce qu'il nous apporte, estime Oliver James, une opinion que partage tout à fait Nathalie Bourdelais.
«S'il nous permet de faire des choses qui nous rendent heureux, comme aller en voyage, c'est super», explique Mme Bourdelais, une mère de famille qui a laissé un emploi très sûr dans une grande école montréalaise, il y a deux ans, pour lancer son propre service de coaching scolaire. «Mais il y aussi des choses comme la liberté, dit-il. La liberté de passer du temps avec les gens qu'on aime, de faire les choses qu'on aime. L'argent peut apporter des choses l'fun, mais on peut aussi les remplacer par d'autres choses qui ne coûtent rien. Et le bonheur est là pareil.»
Selon un des plus grands spécialistes mondiaux du bonheur, Ruut Veenhoven de l'Université Érasme, à Rotterdam, l'argent joue un rôle de base pour la mise en place des conditions gagnantes pour le bonheur. «L'argent ne fait pas le bonheur, mais les gens sont plus heureux dans les pays riches, dit-il en entrevue. Sommes-nous plus heureux à cause des biens de consommation? Un peu quand même.»
En outre, ajoute le professeur Veenhoven, l'humain a besoin de défis pour être heureux et vivre dans une économie de marché qui offre des défis modérés est favorable au bonheur. «La clé est d'avoir une société où beaucoup de gens aiment leur travail. Celui-ci est une façon de subvenir à ses besoins, mais c'est aussi un peu comme un sport.» On y est heureux si on peut marquer des points.
Cela dit, l'investissement dans le travail et la quête d'argent peuvent déraper. Selon M. Veenhoven, cette quête attire ceux qui ne savent pas nécessairement ce qu'ils veulent. «Ce sont ces incertains que ciblent la publicité et le marketing». Et c'est leur incertitude qui est ainsi nourrie.
«Sauf que ce matérialisme est attirant, parce que cela offre des balises claires pour mesurer un certain succès», ajoute Chris Peterson, professeur de psychologie à l'Université du Michigan et spécialiste du bonheur.
Diane Chênevert, maman d'un fils sévèrement handicapé et fondatrice de la maison de répit Philou, croit quant à elle que le bonheur se cache parfois derrière un petit peu de malheur car c'est un excellent remède contre, justement, la quête du superficiel.
«Je sais que je suis plus heureuse que bien des gens que je connais. Ce n'est pas compliqué, je ne m'en fais pas avec des banalités. Le bonheur, ça se construit simplement: tu regardes ce que t'as de bon et tu le mets ensemble.»
Parfois je me dis que si on consommait juste un peu moins, on aurait pas à travailler autant et du temps, ben on en aurait peut-être un peu plus ..
Qui a besoin réellement d'une maison à 250 000$, 5 télés, une nouvelle garde-robe à chaque saison, un char à 40 000$ que tu changes aux 3 ans, etc .. Je connais des gens qui vivent comme ça et qui se plaignent de pas avoir d'argent, ni de temps...
Revenir aux choses plus simples (je dis pas de vivre dans la "misère" non plus), mais y aller avec un peu plus de réflexion, et les vrais besoins ..
Qui a besoin réellement d'une maison à 250 000$, 5 télés, une nouvelle garde-robe à chaque saison, un char à 40 000$ que tu changes aux 3 ans, etc .. Je connais des gens qui vivent comme ça et qui se plaignent de pas avoir d'argent, ni de temps...
Revenir aux choses plus simples (je dis pas de vivre dans la "misère" non plus), mais y aller avec un peu plus de réflexion, et les vrais besoins ..
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Mimosa a écritParfois je me dis que si on consommait juste un peu moins, on aurait pas à travailler autant et du temps, ben on en aurait peut-être un peu plus ..
Qui a besoin réellement d'une maison à 250 000$, 5 télés, une nouvelle garde-robe à chaque saison, un char à 40 000$ que tu changes aux 3 ans, etc .. Je connais des gens qui vivent comme ça et qui se plaignent de pas avoir d'argent, ni de temps...
Revenir aux choses plus simples (je dis pas de vivre dans la "misère" non plus), mais y aller avec un peu plus de réflexion, et les vrais besoins ..
Qui a besoin réellement d'une maison à 250 000$, 5 télés, une nouvelle garde-robe à chaque saison, un char à 40 000$ que tu changes aux 3 ans, etc .. Je connais des gens qui vivent comme ça et qui se plaignent de pas avoir d'argent, ni de temps...
Revenir aux choses plus simples (je dis pas de vivre dans la "misère" non plus), mais y aller avec un peu plus de réflexion, et les vrais besoins ..