Ça ne va pas comme sur des roulettes... (textes de Michel Hébert)

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.anthurium.
Seigneur de la Causerie
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Message par .anthurium. »

Ça va tellement bien pour Jean Charest et son gouvernement qu'on a le sentiment trompeur que ça va bien pour le Québec. Ce n'est pourtant pas parce qu'on ignore les problèmes qu'il n'y en a plus. Les dépenses gouvernementales augmentent fortement mais l'économie s'essoufle. Si elle avait été faite, la réingénierie prendait aujourd'hui tout son sens. Le gouvernement actuel avait pourtant promis de dégraisser le mammouth. Il a malheureusement employé la chirurgie plastique pour retoucher seulement le visage de l'État-providence. Prudence et longueur de temps, sifflotent les libéraux satisfaits, ragaillardis par les sondages.
Voilà pourquoi, on a l'impression que tout va bien. Le gouvernement ne touche à rien. Ou si peu que pas. Que ce soit en santé, en éducation, en culture ou en agriculture, on ne coupe pas court aux habitudes, même aux plus mauvaises. Pourtant, l'évidence saute aux yeux à chaque rapport du Vérificateur général. Ça finira toutefois par nous coûter cher.
Des exemples? L'assurance parentale, un beau programme, est déjà déficitaire; le régime des rentes, un vieux programme sous-financé, a besoin d'orthèses; la Financière agricole, une institution quasi privée, soutient à coups de centaines de millions une agriculture profondément malade, minée par les lobbys du porc, du lait, de la volaille, etc.
En santé, tiens, le gros bobo des Québécois qui fait toujours mal. On y consacrera 30 milliards. Mais avec 215 médecins par 100 000 habitants, le Québec ne fait pas mieux que l'Ontario où le ratio est inférieur de 24%. La commission Castonguay rendait un verdict sévère, il y a quelques semaines. On l'a quasiment déjà oublié.
En éducation, nous ne sommes pas plus exemplaires mais on garde, envers et contre tous, l'année académique la plus courte possible. Selon l'Institut de la statistique, c'est dans l'enseignement que la semaine de travail est la moins longue. Mais qui oserait remettre en question un tel «droit acquis»?
Pas de réforme donc pas de manifs. Mais le modèle québécois continue de carburer à crédit: tous les ministères empruntent, toutes les sociétés d'état aussi. Pas le moindre Grand Théâtre qui n'ait pas un «service de la dette». Pas le moindre CLD sans un «passif accumulé». Pas le moindre traversier couvrant ses dépenses. Montréal compte maintenant sur les Affaires municipales pour couvrir le déficit actuariel de ses régimes de retraite. Québec aussi.
Enfin bref, tout ne va pas comme sur des roulettes. Nous avons peut-être le sentiment que tout va bien parce que ça va bien pour Jean Charest et les libéraux. Mais, si la tendance se maintient, ce n'est pas un gouvernement qu'il faudra au Québec, mais un syndic.
D'où vient cette réticence à revoir notre modèle? C'est plus facile de gouverner sans toucher au statu quo, évidemment. Mais tentons une autre explication en remplaçant le mot France par Québec dans la citation suivante, tirée du livre intitulé La France qui tombe, de Nicolas Baverez: «Au lieu d'expliquer la situation réelle de la France, de favoriser la prise de conscience des citoyens pour les convaincre de la nécessité du changement, l'essentiel du discours politique a été consacré à l'éloge de l'immobilisme au nom de l'excellence de l'exception française». C'est pareil ici. Rien ne bouge vraiment.
Prière et chant religieux
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