Plus d'étudiants, plus de revenus

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Le mardi 15 avril 2008
Plus d'étudiants, plus de revenus
Violaine Ballivy et Louise Leduc

La Presse

Campagnes de pub, promesses de bourses, nouveaux programmes, pavillons neufs: les universités ne négligent rien pour attirer le plus grand nombre d'étudiants, au point où certaines en accusent d'autres de jouer dans leurs platebandes. Au goût de certains - qui ont bien en tête la presque faillite de l'UQAM et le déficit accumulé record de 400 millions des universités québécoises en 2006-2007 - , c'est : Attention! Danger: les universités voient trop gros, sans toujours songer à ce que le marché de l'emploi peut absorber.

 
Les comptables de la firme PriceWaterhouseCoopers l’ont écrit en toutes lettres dans leur dernier rapport. L’UQAM, pour régler ses problèmes financiers, devra, entre autres choses, augmenter le nombre de ses étudiants. Et du coup ses revenus.

En 1989, les universités québécoises comptaient au total 159 821 étudiants. Les données les plus récentes font état, aujourd’hui, de 187 473 étudiants. Belle augmentation de 17,3%, mais on espère plus : presque 200 000 d’ici 2014, selon des données du ministère de l’Éducation.

Dans le métro, dans les journaux et sur le web, les publicités des universités se multiplient donc. L’Université Bishop a embauché cette année une firme externe qui lui concoctera une «campagne d’image». Deux employés ont été ajoutés au service du recrutement. On espère ainsi faire passer de 1800 à 2500 nombre d’étudiants sur le petit campus estrien.

L’Université de Montréal, elle, vient d’enrôler Raynald Petit, un publicitaire bien connu à qui l’on doit les désormais célèbres pubs de Bell avec Benoît Brière et la campagne controversée des sloches à saveur de goudron ou de poussin écrasé des dépanneurs Couche-Tard.

«Je serais bien mal pris d’avoir une hausse de 10% d’étudiants: je n’aurais pas assez de salles de classe pour les loger. Mais s’il n’y en a pas assez, on a un problème de financement», explique Jacques Frémont, vice-recteur aux affaires académiques de l’Université de Montréal.

Les universités sont très discrètes au sujet des budgets alloués à ces opérations qui suscitent toutefois bien des critiques. «C’est inquiétant de voir que cet argent ne sert pas à rehausser la qualité de l’enseignement», dit Jean-Patrick Brady, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec.

Au fil des ans, les universités ont aussi multiplié les points de service et les programmes pour faire le plein d’étudiants dans les banlieues, notamment. L’Université du Québec à Rimouski diplôme des enseignants à Lévis. L’Université de Sherbrooke construit actuellement un pavillon à Longueuil. L’Université de Montréal est déjà établie à Laval, Terrebonne, Longueuil et Québec…

«Nous avons besoin de diplômer davantage de Québécois et je n’ai rien contre le recrutement. Sauf qu’on est rendus qu’on utilise des moyens qui sont socialement désavantageux, s’inquiète Nicolas Marceau, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal. Par exemple, il semble assez clair que les universités mettent beaucoup d’argent dans le béton (pour construire), et relativement moins dans les cerveaux, dans les professeurs et les bibliothèques pour tenter de conquérir les étudiants des autres universités.»

«La qualité des services offerts n’est certainement pas la même dans les campus satellites. C’est évident», ajoute-t-il.

Le savoir ou le diplôme?

James E. Côté, sociologue de l’Université Western, en Ontario, sonne l’alarme sur les dérives de ces campagnes de recrutement massif dans son essai Ivory Tower Blues.

«On recrute des étudiants qui n’ont pas nécessairement les aspirations ou les capacités pour ce genre de formation, et qui auraient été plus heureux ailleurs», déplore-t-il. Du coup, «les étudiants ne sont plus tellement intéressés par les cours ou par le fait d’acquérir des connaissances, mais par le fait d’avoir un diplôme».

La preuve? À chaque rentrée, James E. Côté met ses étudiants à l’épreuve en leur demandant, le plus sérieusement du monde : «Qui accepterait ne pas se présenter en classe en échange d’une note de 80% dans son bulletin?» Résultat : presque tous!

Un sondage mené en 2006 sur l’engagement étudiant indique qu’un Canadien sur deux consacre au maximum 15 heures par semaine à ses travaux universitaires. «Un étudiant sur deux ne met aucun effort dans ses études, interprète M. Côté. Comment peuvent-ils espérer apprendre quelque chose?»

«Les jeunes sont devenus plus consuméristes. Ils se disent : Je paie cher, donc je m’attends à des services et je m’attends à un diplôme. Comme au magasin. Alors que, dans les années 70, c’était plutôt, je m’en vais à l’université, si jamais l’université m’en trouve digne, peut-être que j’arriverai à devenir quelque chose», note Michel Umbriaco, professeur à l’UQAM, spécialiste de la gestion des universités.

Philippe Faucher, directeur du département de science politique de l’UdeM, parle carrément de «fraude». «On offre des formations qui ne se concrétisent pas par une insertion équivalente sur le marché du travail. (...) Combien de psychologues le Québec peut-il vraiment admettre?» L’UdeM, relève-t-il, a décerné à elle seule 198 baccalauréats en psychologie.

La vigueur de cette concurrence préoccupe assez le ministère de l’Éducation pour qu’un comité de travail ait été chargé d’étudier la question. Il devra revoir les balises qui dictent le développement des services universitaires hors de leur campus initial. Et la Confédération des recteurs et des principaux des universités du Québec devra «proposer des pistes de solution afin d’assurer une plus grande cohérence d’ensemble de l’offre de services sur le territoire», explique Stéphanie Tremblay, porte-parole du ministère.

Nicolas Marceau, lui, propose d’abaisser le pourcentage de subvention qui découle directement du nombre d’étudiants inscrits dans chaque université. Les résultats de ces travaux ne seront dévoilés qu’à la fin 2009.

Les universités québécoises ont affiché un déficit accumulé record de 400 millions à la fin de 2006-2007.
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