Il y en a qui dérapent et prennent ça au sérieux. Voici une lettre ouverte qu'un professeur de philosophie a envoyé à La Presse, puis la réponse du producteur à cette lettre.
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La Presse
Forum, mardi 31 janvier 2006, p. A17
«Tous contre un!
Pour obtenir du succès, une téléréalité comme Loft Story fait appel à nos instincts enfouis de prédateurs
" Le plaisir de l'un c'est de voir l'autre se casser le cou " chantait Félix Leclerc. Voilà, en résumé, ce qui explique le succès de Loft Story, le téléspectateur étant invité à voir comment un des participants sera évincé du groupe. En prime, on offre même au téléspectateur la possibilité de participer lui aussi- via un vote par téléphone- à l'élimination du candidat. Car il s'agit moins ici de rescaper un des deux candidats que de désigner celui qui ne le sera pas et qui fera les frais de l'émission. L'enjeu étant avant tout de faire accepter au téléspectateur le principe du bouc émissaire, c'est-à-dire de celui qui doit payer pour les autres. Il faut justifier l'exclusion d'un des membres du groupe en analysant et en décortiquant ses défauts.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans les camps de concentration nazis, les officiers allemands s'amusaient à faire usage du même procédé: on enfermait un certain nombre de prisonniers à qui l'on promettait la vie sauve en autant que ceux-ci réussissaient à désigner pour le lendemain matin un otage qui paierait de sa vie pour sauver le groupe. On peut imaginer la torture mentale résultant d'un pareil exercice: toute anomalie par rapport au groupe devenait prétexte au choix de l'otage. Et ce processus se répétait de jour en jour jusqu'à ce que, finalement, il ne reste plus qu'un seul prisonnier qui, malgré tous ses efforts pour échapper à la mort en vendant un à un ses congénères, se voyait finalement lui aussi tuer froidement d'une balle dans la tête par l'officier allemand.
Évidemment, encore aujourd'hui, ce principe d'exclusion que l'on accepte pour sauver le groupe mène à justifier les pires aberrations, tel le racisme, le sexisme, le sectarisme religieux, social ou politique, de même que la pauvreté. Pour appartenir à notre monde et savoir en profiter, il faut accepter l'idée d'exclure froidement du paysage toute personne qui ne s'identifie pas aux valeurs véhiculées par notre système social. Une émission comme Loft Story participe de plain-pied à cette exigence de nos fausses sociétés libérales où, pour gagner et être les meilleurs, il faut à l'occasion activer nos instincts enfouis de prédateurs.
Orientation sexuelle différente
Notons toutefois, qu'afin de garder une image politically correct, on prend habituellement bien soin dans ce genre d'émission, d'éliminer à l'avance, lors de la présélection des candidats, toute personne d'orientation sexuelle différente. On sélectionne des jeunes gens qui sont hétérosexuels, neutres, apolitiques, mais également des jeunes qui ne réfléchissent pas trop, autrement dit des jeunes qui se présentent avec un intérieur plutôt vide donc, au-delà de tout soupçon partisan ou idéologique.
Ceux-ci travaillent souvent dans le monde du spectacle ou dans des domaines où l'image extérieure a une grande importance. Et bien qu'ils soient des adultes, ils tiennent des propos d'adolescents, la plupart du temps insignifiants et superficiels. À Loft story, tout se passe en vase clos: ni journaux, ni livres, rien qui soit de nature intellectuelle. Un peu de popote et beaucoup de conditionnement physique pour garder une belle apparence, c'est tout! Et, tout comme dans notre société de consommation, ces jeunes gens n'ont pas non plus à se préoccuper de leur bien-être (tout leur est fourni). Mais, comme nous tous, en contrepartie, ils doivent pour y accéder accepter la domination du groupe sur eux.
Ce faisant, un tel type d'émission vient justifier et renforcer un état de société troublant: de plus en plus, l'individu ne peut plus y exprimer ses vrais sentiments. Il doit les cacher pour ne pas déranger et ne pas nuire à la bonne marche d'un soi-disant progrès. Il faut savoir se faire si discret qu'il est même préférable de ne pas dire tout haut ce que l'on pense. L'authenticité n'a plus sa place nulle part. Il faut être sur ses gardes et se méfier constamment du regard d'autrui sur soi. Car dans notre monde, il s'agit moins d'être différent ou de faire cavalier seul que de suivre le troupeau et de s'y montrer solidaire, et cela, même si souvent les valeurs qu'il défend sont aberrantes et en contradiction avec soi-même.
Pierre Desjardins
L'auteur est professeur de philosophie. »
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Réponse du producteur de Loft Story :
La Presse
Forum, vendredi 3 février 2006, p. A14
La boîte aux lettres
Comparaison étonnante
« M. Pierre Desjardins,
J'ai été assez étonné par la comparaison que vous avez faite entre Loft Story et les camps de concentration nazis. Relaxez un peu, monsieur le philosophe! L'analogie entre des assassinats et un jeu où il y a des perdants et des gagnants de 100 000 $ est aussi irritante que superficielle. C'est du petit sensationnalisme détestable. La misère des prisonniers des camps nazis et la cruauté de leurs gardiens ne peuvent pas être comparées à un jeu. C'est même grossier de le faire. Vous ne pouvez pas critiquer la superficialité et en même temps donner des leçons de profondeur en utilisant des arguments semblables, dignes des journaux les plus jaunes. Comme dans le sport, et comme dans n'importe quel JEU d'ailleurs, il y aura des gagnants et des perdants à Loft Story. Comme dans le sport et comme dans l'activité humaine en général, on verra de jolies choses et de moins jolies. On le sait, il y aura des traîtrises et il y aura de beaux gestes. Souhaitons que les beaux gestes soient plus nombreux... Rappelez-vous juste ceci: C'EST UN JEU. Personne ne va en mourir, personne ne va mettre une balle dans la tête d'un joueur.
Jean Rémillard
producteur exécutif, Loft Story » --Message edité par Francine le 2006-02-09 15:29:09--
Un prof de philo compare Loft Story à ...
Modérateur : Elise-Gisèle
la comparaison est forte pas mal....personne ne va mourrir et personne n'est entré là de force par un adversaire quelconque...
mais il y a quand même du vrai dans le fait que c'est le reflet de la société. Que l'authenticité fait peur et que maintenant ,plus tu ressembles aux autres (ceux qui sont supposément hot de par leur apparence physique et plus tu es accepté. Ca on ne peut pas le nier.
Et Loft Story met effectivement l'emphase là-dessus. Il reste aussi que c'est un jeu mais un jeu de rejet à la base et c'est pourquoi je pense que la journée du ballotage est si difficile pour les lofteurs. Personne ne veut être rejeté et la majorité des gens qui sont dans le loft, de par leur apparence n'ont pas eu a y faire face souvent j'en suis convaincue.
Je regarde cette émission avec fascination parce que je n'arrive pas à comprendre comment des être humains normalement constitués peuvent choisir en toute connaissance de cause (c'est la 2e saison quand meme) d'entrer là...POur l'aventure qu'ils disent, ou encore pour le 50 000$ mais il reste que mon anonymat vaut beaucoup plus à mes yeux que le 50 000$ surtout que je le perdrais à me faire scruter dans mes moindres défauts...
Loft Story est à mon avis un jeu cruel pour les participants et je pense que ça nous fait tous un peu de bien de voir des êtres à qui tout réussit depuis longtemps (de par leur apparence bien souvent) se faire éliminer.
Bref, il y va fort mais l'argument derrière tout ça, je ne suis pas loin de l'appuyer mais jamais jusqu'à comparer au nazisme quand meme ...
mais il y a quand même du vrai dans le fait que c'est le reflet de la société. Que l'authenticité fait peur et que maintenant ,plus tu ressembles aux autres (ceux qui sont supposément hot de par leur apparence physique et plus tu es accepté. Ca on ne peut pas le nier.
Et Loft Story met effectivement l'emphase là-dessus. Il reste aussi que c'est un jeu mais un jeu de rejet à la base et c'est pourquoi je pense que la journée du ballotage est si difficile pour les lofteurs. Personne ne veut être rejeté et la majorité des gens qui sont dans le loft, de par leur apparence n'ont pas eu a y faire face souvent j'en suis convaincue.
Je regarde cette émission avec fascination parce que je n'arrive pas à comprendre comment des être humains normalement constitués peuvent choisir en toute connaissance de cause (c'est la 2e saison quand meme) d'entrer là...POur l'aventure qu'ils disent, ou encore pour le 50 000$ mais il reste que mon anonymat vaut beaucoup plus à mes yeux que le 50 000$ surtout que je le perdrais à me faire scruter dans mes moindres défauts...
Loft Story est à mon avis un jeu cruel pour les participants et je pense que ça nous fait tous un peu de bien de voir des êtres à qui tout réussit depuis longtemps (de par leur apparence bien souvent) se faire éliminer.
Bref, il y va fort mais l'argument derrière tout ça, je ne suis pas loin de l'appuyer mais jamais jusqu'à comparer au nazisme quand meme ...
Je suis choqué de voir un professeur se permetre une telle comparaison. Utiliser la Deuxième Guerre mondiale et les camps de concentration nazis pour démontrer sa contrariété face à un tel concepte d'émission est à mon sens un grand manque de jugeotte et c'est y aller un peu fort.
Il banalise et minimise un drame de façon complètement ridicule.
Il banalise et minimise un drame de façon complètement ridicule.
Ils sont tellement drôles les psychologues. Ils sont complètement déconnectés. Franchement, ils font des analyses un peu trop poussées du phénomène.
Moi, quand je regarde Loft Story, je ne me pose pas milles et une question, je regarde parce que c'est drôle et divertissant et non pas parce que je veux faire une analyse psychologique en profondeur ou parce que je fais de la projection en me voyant dans les lofteurs. Il ne faut pas pousser l'analyse plus loin que ça. C'est juste un jeu justement!
Moi, quand je regarde Loft Story, je ne me pose pas milles et une question, je regarde parce que c'est drôle et divertissant et non pas parce que je veux faire une analyse psychologique en profondeur ou parce que je fais de la projection en me voyant dans les lofteurs. Il ne faut pas pousser l'analyse plus loin que ça. C'est juste un jeu justement!
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Mystère649
- Novice
- Messages : 15
- Inscription : lun. févr. 06, 2006 1:00 am
Intégrale a écrit
ben ça prend plus de scolarité que d'être doorman au vaginbar
C'est ca qui est le pire...plus de scolarité..mais pas nécessairement plus brillant qu'un Doorman
Je me rappelle de mon prof de philo qui essayait de nous faire croire qu'une roche pensait, parlait et respirait......
Pas besoin de dire que j'ai coulé..lorsque je lui ai dit ben d'accord avec toi..une roche pense a changer de place...le dit a sa voisine..et prend un grand respire avant d'y aller
ben ça prend plus de scolarité que d'être doorman au vaginbar
C'est ca qui est le pire...plus de scolarité..mais pas nécessairement plus brillant qu'un Doorman
Je me rappelle de mon prof de philo qui essayait de nous faire croire qu'une roche pensait, parlait et respirait......
Pas besoin de dire que j'ai coulé..lorsque je lui ai dit ben d'accord avec toi..une roche pense a changer de place...le dit a sa voisine..et prend un grand respire avant d'y aller
C'est bobépine ou bépine SVP
RosieAnne a écritIls sont tellement drôles les psychologues. Ils sont complètement déconnectés. Franchement, ils font des analyses un peu trop poussées du phénomène.
Moi, quand je regarde Loft Story, je ne me pose pas milles et une question, je regarde parce que c'est drôle et divertissant et non pas parce que je veux faire une analyse psychologique en profondeur ou parce que je fais de la projection en me voyant dans les lofteurs. Il ne faut pas pousser l'analyse plus loin que ça. C'est juste un jeu justement!
Moi j'aime bien analyser les lofteurs et la nature humaine à travers LS, mais ça reste du divertissement. Pour le reste ma pensée rejoint celle d'Amalgame. IL y va fort en maudit le bonhomme
Moi, quand je regarde Loft Story, je ne me pose pas milles et une question, je regarde parce que c'est drôle et divertissant et non pas parce que je veux faire une analyse psychologique en profondeur ou parce que je fais de la projection en me voyant dans les lofteurs. Il ne faut pas pousser l'analyse plus loin que ça. C'est juste un jeu justement!
Moi j'aime bien analyser les lofteurs et la nature humaine à travers LS, mais ça reste du divertissement. Pour le reste ma pensée rejoint celle d'Amalgame. IL y va fort en maudit le bonhomme
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Osé comparé les nazis a un simple jeu c'est peut dire sur la qualité de nos enseignants au québec......
[img]http://tbn1.google.com/images?q=tbn:74mhawQbRJEPaM:http://assets.madame.lefigaro.fr/images/news/picture/000/000/866/ec01cv/cancer_sein-logo.jpg[/img][color=#FF0000]Pour voir mes bijoux direction le Bazar[/color]
k9657227 a écritOsé comparé les nazis a un simple jeu c'est peut dire sur la qualité de nos enseignants au québec......
Je ne comprends pas ta généralisation sur « la qualité de nos enseignants au Québec » versus l'opinion de l'un d'eux. C'est aussi désolant lire ça que la comparaison émise par le philosophe.
--Message edité par Beppo le 2006-02-09 16:05:09--
Je ne comprends pas ta généralisation sur « la qualité de nos enseignants au Québec » versus l'opinion de l'un d'eux. C'est aussi désolant lire ça que la comparaison émise par le philosophe.
--Message edité par Beppo le 2006-02-09 16:05:09--
Au plaisir!
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Niko Bellic
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Il y aurait eû certains points intéressants dans cette lettre quand on en prend et qu'on en laisse, mais ça m'a choquée quand il a comparé ça au nazisme.
C'est aussi insensé dans un sens que dans l'autre. Bien sûr qu'il y a certaines lacunes à une émission-jeu comme Loft Story, mais comparer ça aux camps de concentration...
Puisque la comparaison se fait d'une certaine façon des 2 côtés, et qu'il compare les horreurs de la guerre ou à des régimes de dictature à des jeux concepts comme Loft Story, où les participants sont adultes et consentants, c'est vraiment banaliser des horreurs inadmissibles comme le nazisme que de comparer ça à des shows de télé comme Loft Story. --Message edité par Francine le 2006-02-09 16:39:21--
C'est aussi insensé dans un sens que dans l'autre. Bien sûr qu'il y a certaines lacunes à une émission-jeu comme Loft Story, mais comparer ça aux camps de concentration...
Puisque la comparaison se fait d'une certaine façon des 2 côtés, et qu'il compare les horreurs de la guerre ou à des régimes de dictature à des jeux concepts comme Loft Story, où les participants sont adultes et consentants, c'est vraiment banaliser des horreurs inadmissibles comme le nazisme que de comparer ça à des shows de télé comme Loft Story. --Message edité par Francine le 2006-02-09 16:39:21--
Personnellement, je ne me suis pas senti choqué ou interpelé outre mesure par son analogie. J'ai crû comprendre qu'il nous parlait du principe de l'exclusion qui se retrouve dans l'une ou l'autre des situations. Évidemment qu'on peut pousser davantage mais il n'en demeure pas moins que le principe de base dans un cas comme dans l'autre est l'exclusion. La fin du processus est très différente par contre.
Au plaisir!
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beau_et_bum
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