Entrevue avec Wilfred

[Myr!am]

Rencontre avec un gars sympathique, propulsé dans le star system, qui a gardé la tête froide...malgré tout.

Avant d'entreprendre une tournée exigeante qui se poursuivra jusqu'à l'automne, Wilfred a pris le temps de s'asseoir avec Showbizz.net pour discuter de la dernière année, de son succès soudain, des aléas de la célébrité mais aussi de l'importance de l'héritage acadien, de son prochain album et de la dernière mouture de Star Académie.

SBN - Grand gagnant de la première édition de Star Académie; un album; récipiendaire de nombreux prix (ADISQ, Junos); 200 000 exemplaires vendus de ton premier album; deuxième position avec Marie-Elaine au WorldBest...Satisfait de ta première année?

Wilfred - (Rires) Oui! Pas mal! Quand je regarde ça avec un peu recul...Je suis embarqué dans un train qui va tellement vite. Il y a tellement des affaires qui se passent...Je le réalise à chaque jour...Pis je trippe de le faire. Ça avance tellement vite que je n'ai pas le temps de reculer pour tout vivre ce qui s'est passé. Avec une émission comme dimanche qui résumait en gros ma carrière.je regardais ça...c'est comme juste la pointe de l'iceberg avec tout ce que j'ai fait. En même temps, juste un résumé comme ça, je me disais «Ayoye! J'en ai fait des affaires ».

SBN - As-tu du temps pour ta famille, ton entourage?

Wilfred - Non! Je te dirais que si ma famille pis mes amis restaient à Montréal, j'aurais du temps à passer avec eux...J'habite à douze heures de chez-nous alors....J'ai eu deux semaines à Noel pis trois jours à Pâques pour aller chez-nous. Ça me manque beaucoup. Ce qui m'aide beaucoup là-dedans c'est ma blonde, Denise, qui travaille avec moi sur la tournée. J'ai quand même pu garder cette relation là! Je suis content que nous soyons sortis ensemble avant que je connaisse une certaine popularité parce que j'aurais décollé tout seul là-dedans et je me considère pas mal chanceux d'avoir eu quelqu'un avec moi.

SBN - Donc, Denise t'aide beaucoup?

Wilfred - Oui! Oui! Les gens mes disent souvent que je suis resté le même qu'on a connu à la TV pis ça je pense que c'est dû au fait que ma blonde, mes amis, ma famille n'ont pas changé avec moi. Ils sont restés les mêmes. Et en autant que les gens autour de toi ne changent pas, je pense que tout va rester comme ça.

C'est important d'essayer de continuer de vivre même si tu as une vie publique. Essayez de faire les choses comme avant. Allez à l'épicerie. Allez magasiner...Les petites routines. C'est sûr que quand j'ai une heure pour faire l'épicerie si je vais dans un quartier juste francophone ça va prendre beaucoup de temps pour faire mon épicerie (rires). Il a des petits coins à Montréal où je suis plus tranquille. J'ai souvent juste une journée pour faire mes commissions, mon épicerie, chercher mon essence. Si je vais dans un quartier où tout le monde me connaît...j'aurais juste le temps de faire mon épicerie. Mais les gens ont beaucoup de respect pour moi. Ils vont souvent me saluer et pas plus que ça.

Au début c'était une folie par exemple! J'avoue que ça m'a fait peur. La première fois où je suis sorti en public où il y avait beaucoup de monde, c'était à l'aéroport de Dorval. Tu sors d'une émission de télé, tu continues de vivre ta vie normalement, tu ne penses pas que la personne à côté va te reconnaître. Là il y a une personne qui arrive à moi : « Félicitations! Est-ce que je peux avoir un autographe ». Je me baisse la tête, je signe un autographe et là, quand je me relève, je vois plein de gens qui viennent vers moi. Je capotais.

SBN - Ça en prend un pour que tout le monde suive! (rires)

Wilfred - C'est ça! Et c'est là que j'ai réalisé que dans une situation comme ça je panique. Sentir que les gens m'entourent comme ça, ça prend tout mon espace vital. Quand je signe des autographes et que je suis sur une table et que c'est que c'est un par un tout seul là je suis bien...mais quand ça m'entoure de même, j'aime pas ça me sentir comme ça.

SBN - Est-ce que tu sens que ça s'est calmé un peu?

Wilfred - Oui! Face à ça! Oui! Au début, les gens avaient vraiment l'impression que j'étais de la famille. J'étais dans leur salon à tous les jours et ils m'ont beaucoup supporté et encouragé là-dedans puis tout d'un coup, ils me voient dans un centre d'achats...

SBN - Et ils ont l'impression que tu es un chum, un membre de la famille?

Wilfred - Oui! C'est ça! Et ils te posent des questions comme « Comment va ta blonde? Comment va ta mère? Est-ce que tu vas à la pêche? Des questions personnelles...pis là, tu te dis. » Est-ce que je l'ai déjà vu à quelque part? C'est tu bête, je ne le reconnais pas. (rires).

Je compare souvent ça à quelqu'un qui a toujours écrit de la main droite. Au début, écrire de la main gauche ça va être difficile et un moment donné, tu vas être meilleur de la main gauche. Il faut juste apprendre à vivre d'une nouvelle façon. L'adaptation a été difficile parce que c'était vraiment du jour au lendemain. Il faut apprendre à vivre avec ça. Oui! Je faisais de la musique avant mais personne ne me connaissait. Mais j'ai appris à vivre avec ça et maintenant ça va bien!

Hier, je regardais la musicographie de Renée Martel. Ce n'est pas tout le monde qui peut vivre avec cette grosse pression là.Elle aimait chanter mais prendre des bains de foule et se sentir observée, elle détestait ça. Quand j'étais à l'école, j'étais gêné et timide. Je longeais les murs à l'école . Juste sentir que quelqu'un me remarquait et me regardais, je devenais rouge. Même aujourd'hui, quand je sais que plusieurs yeux me regardent, je suis encore gêné..je suis mal on dirait.

SBN - Est-ce que tu penses pouvoir vivre avec cette pression durant plusieurs années?

Wilfred - Oui! Parce que je me suis habitué à ça. Je suis encore gêné mais je suis capable de vivre avec ça. Ce concours là, je ne l'ai pas fait pour devenir une vedette, une star. Malgré que ça s'appelle Star Académie, ce n'était pas pour apprendre à être une star..c'était pour être un chanteur. Je me disais que plus de monde vont me connaître plus je vais être heureux parce que je vais chanter et faire des spectacles. Les gens viennent me voir pour m'écouter et m'entendre chanter et ça me fait tripper. Je regarde les gens qui chantent les chansons que j'ai écris sur un morceau de papier. C'est spécial. Quand j'allais voir des spectacles et que je voyais l'artiste chanter et que les gens chantaient fort avec lui je me disais « Ça doit être tout un trip ». Tu écris une chanson sur un morceau de papier, tout seul dans ta petite chambre avec ta guitare puis tu te retrouves devant 1000 personnes et ces gens chantent ces mots là. Maintenant, j'ai la chance de vivre ça et oui c'est spécial!

SBN - Parlons de ta présente tournée...ça s'étire jusqu'à l'automne?

Wilfred - Je dois présenter une centaine de spectacles d'ici octobre incluant les festivals, les showcases et la tournée. Cent spectacles dans les trois-quarts d'une année c'est beaucoup! J'en donne au moins cinq fois par semaine...

SBN - Cinq fois par semaine?

Wilfred - Oui! Quand ça fait cinq d'affilée, c'est exigeant pour la voix. Tu ne peux pas commencer ta semaine et dépenser ta voix à pleine puissance. Tu dois économiser ta voix. Le technicien de son est très important, tu chantes le plus doux possible, et lui, il met plus de son, c'est plus facile. Mais, c'est quand même exigeant, au cinquième spectacle, ma voix me dit « Hey ! J'ai besoin de dormir! » (rires)

SBN - Durant ta tournée, on peut s'attendre à des surprises? Des collaborations spéciales?

Wilfred - J'ai une belle surprise dans mon spectacle. Je fais un « medley virtuel » avec ma gang de Star Académie. C'est un moment apprécié dans le spectacle. J'ai souvent eu un « standing ovation » après ce numéro. Je sens vraiment que les gens veulent nous dire qu'on était une belle gang et qu'ils s'ennuient de nous autres. C'est touchant! En plus, ils sont un peu comme ma famille! Cette année, je me suis séparée de deux familles : ma famille, et la famille de Star Académie.

SBN - Tu revois régulièrement ces gens?

Wilfred - Pas régulièrement. Chacun a son projet. Juste moi, j'ai des spectacles presque à tous les jours. Je n'ai pas beaucoup de temps. Quelque fois, on fait un souper de gang. Ce n'est pas tous les quatorze qui peuvent aller au souper. Souvent, on fait des affaires - la plupart du temps, je ne peux pas y aller - mais ils font des « partys » chez Stéphane Mercier. Il a une cave avec une grosse télé et une piscine! (rires)

SBN - Tu fais plusieurs festivals cet été, le Festival d'été de Québec et le 400ième anniversaire de l'Acadie. Que représente ce dernier événement pour toi?

Wilfred - C'est important pour moi de faire cet événement. Si j'avais eu un spectacle le même jour, je l'aurais annulé. Parce que je me bats pour la langue française, et j'ai peur que par chez nous, il arrive comme les Acadiens déportés en Louisiane. Je suis allé à Lafayette la semaine dernière et j'ai été frappé de voir que les gens ont des noms français mais seulement les vieux parlent le français. Eux vont mourir et il n'y aura plus de francophones. J'étais au restaurant et la serveuse nous disait que ses grands-parents parlent le français et je lui ai demandé son nom. C'était Thibodeau. Je lui ai demandé si elle savait pourquoi ces grands-parents parlaient français et elle ne le savait pas. En plus de perdre la langue, ils ont aussi perdu leur histoire, leur identité. Ça m'a fait mal en dedans.

Zacharie, lui, se bat pour que même si les jeunes ont perdu le français, qu'on enseigne l'histoire dans les écoles.

Ça me tient à coeur et j'ai peur que ça se produise dans mon coin. Déjà à Moncton, parler français, c'est mi-anglais et mi-français : J'ai été watcher le hockey game avec mon car! ». La langue est en train de disparaître avec ce « franglais » et les jeunes qui vont à l'école française se parlent en anglais durant la récréation. C'est en train de disparaître par les petits et c'est par les petits que c'est disparu en Louisiane.

Je ne veux pas que cela arrive et c'est pourquoi qu'on moment fort comme le Congrès Mondial des Acadiens de tous les ceux qui ont été déportés partout : en Haiti, au Québec - juste au Québec, il y a plus d'acadiens qu'au Nouveau Brunswick ou nous sommes juste 200 000 francophones alors qu'il y a un millions de descendants acadiens au Québec. C'est le gros « party » et Denis Bouchard a eu l'idée de faire cela à la Citadelle de Halifax (de l'armée d'anglais!). On va leur rire dans la face! C'est symbolique.

SBN - Penses-tu faire une collaboration avec Zacharie Richard à cette occasion?

Wilfred - Oui! On va peut-être faire MA VIE ENSEMBLE. C'est une chanson qu'il m'a composé et nous l'avons fait ensemble au Centre Bell. C'était vraiment le « fun ».

SBN - Est-ce que tu penses déjà à l'écriture de ton deuxième album?

Wilfred - Oui!

SBN - Est-ce que tu as de nouvelles chansons que tu fais en spectacle ou que tu prévois faire?

Wilfred - Non! Pas encore. J'ai pas encore « casté » rien, je ne les sens pas prêtes. Quand je compose, j'écris mes idées dans un livre. J'appelle ça mon jardin. J'écris des bouts de phrases, j'écris des mots. Un moment donné, quand j'ai une idée de chanson et que je commence à composer, je tourne la page, je vais à la fin, et j'écris ma chanson. Ça, j'appelle ça ma fondation. Quand je suis en manque d'inspiration, je retourne dans mon jardin, je vais choisir des phrases, et j'essaie de tout « fitter » ça ensemble. Quand j'ai du temps de libre, je vais construire ma maison sur ma fondation. Je raffine, j'essaie de trouver une façon d'améliorer. En ce moment, j'ai juste les fondations. Je n'ai pas encore la maison bâtie. Quand je décide de chanter mes compositions, c'est qu'elles sont vraiment prêtes. J'ai cinq de mes compositions sur mon album. J'en avais beaucoup plus mais je sentais qu'il y en avait seulement cinq de vraiment prêtes.

Ma tournée va jusqu'au mois d'octobre ensuite le mois de novembre et décembre c'est libre, c'est sensé être mes mois d'écriture. On prévoit travailler sur le nouvel album qui sortirait à la fin du printemps ou au début de l'été 2005. Sur mon nouvel album, je veux battre le nombre de cinq compositions...peut-être me rendre à huit.

Quand je fais des séances d'autographes et que les gens viennent à moi, ils parlent de mon album, me parlent de mes compositions. Ç'est le fun! Ça me donne le goût de continuer. J'ai des choses à dire. Il y a beaucoup de gens qui m'ont encouragé. Ils me disent : « tu es jeune, tu as des choses à dire, profites-en pour passe des message» et.je vais le faire! (rires).

SBN - Parlons de la dernière édition de Star Académie..Y'a-t-il quelqu'un dans le groupe qui t'a particulièrement impressionné? Une préférée ou un préféré?

Wilfred - Je n'avais pas de préféré, je les trouve tous extraordinairement bon!

SBN - Ça c'est « politically correct » (rires)

Wilfred - Non sérieux! Sérieux! Mais je trouve que Véronique c'était la plus grande interprète. On a tous des goûts différents, j'ai aimé ses interprétations et sa voix. Je sens qu'elle se serait prête à faire un album dès demain et faire un spectacle.

SBN - Penses-tu collaborer éventuellement avec un des nouveaux candidats ou peut-être même conseiller Stéphanie, la gagnante, qui va subir à peu près la même pression que toi?

Wilfred - J'vais te dire. Je n'ai pas grand conseil. Tout le monde à sa recette. C'est pas parce que moi je réussi d'une telle façon qu'une personne va réussir de la même façon que moi.Tout le monde a sa façon de voir les choses...ça veut pas dire non plus que ta façon de voir les choses c'est la meilleure. Il y a des gens qui disent que pour composer une chanson, c'est le texte qui vient avant, d'autres disent que c'est la musique. Moi le meilleur conseil que j'ai eu dans ma vie c'est de Mario Chénard : « Faire attention aux conseils. Qui est-ce qui te donne le conseil? Si le conseil te va...tu le prends...et si tu trouves que le gars est dans le champ bien, tu le laisses de côté, parce que tu vas tellement avoir de monde qui va te dire noir ou blanc, que tu vas être mêlé, tu ne sauras plus où aller ». T'essaie de piger dans le noir pis dans le blanc, pis t'essaie de faire ton chemin à travers ça. C'est le seul conseil que j'ai déjà donné.

À Marc-André aussi, j'ai dit, si vous êtes là, c'est parce que le public a décidé que c'était vous qui alliez en finale. Il faut continuer de faire ce qu vous avez faites depuis le début et ça va bien aller. Chanter avec votre cour, écouter son coeur. C'est des petits conseils qui sont simples mais ce sont les vraies choses.

SBN - Et ça t'a réussi!

Oui! Je pense que quand on s'écoute et qu'on écoute son coeur,
il n'y a pas de raison de passer à côté. Et ça vaut pour n'importe quoi et n'importe quel métier.

[MARIKA*]

un gros merci bisous de nous avoir fait partager cette entrevu wow je l'aime dont ce wilfred c'était long mais bon