Étude intéressante sur le phénomène Star Académie
Du rêve à la téléréalité
Derrière le show de matante, estime l’anthropologue Jean Pierre Desaulniers, Star Académie incarne les vraies aspirations des Québécois. D’où son phénoménal succès.
PAR HÉLÈNE DE BILLY
Comme trois millions de Québécois, Jean Pierre Desaulniers a regardé Star Académie à la télévision en 2003 et en 2004. Auteur d’un ouvrage sur l’émission (Le phénomène Star Académie , aux Editions Saint-Martin), l’anthropologue et professeur au département des communications de l’Université du Québec à Montréal a décelé des symboles éternels dans ce concours d’amateurs aux couleurs de la téléréalité.
Car Star Académie est partie pour durer. Portée par l’empire Quebecor, la formule va passer à l’histoire comme l’un des premiers rejetons de la convergence dans les médias. Un peu comme Jeunesse d’aujourd’hui dans les années 1960, l’émission animée par Julie Snyder a engendré une nébuleuse de vedettes qui, dans la foulée de leur passage au petit écran, se sont vu propulser sur le marché du spectacle.
Avec près de 800000 disques vendus en deux ans et une tournée qui a attiré 300000 personnes l’an dernier, il s’agit de l’un des plus gros succès populaires depuis l’avènement de Céline Dion.
Une réussite commerciale, soutient Jean Pierre Desaulniers, qui n’est due ni aux campagnes de marketing orchestrées par l’empire Péladeau ni à l’originalité des artistes choisis par le vote populaire.
«C’est beaucoup plus simple. Au contact de ces jeunes chanteurs amateurs, le Québec s’est remis à rêver. Et il l’a fait en famille. Ce qui ne s’était pas produit depuis longtemps.»
Sélection: Moins d’un an après la première saison de Star Académie , vous publiez un livre analysant le phénomène. Pourquoi?
Jean Pierre Desaulniers: Pour combler un vide. Il y a très peu de réflexion sur la télévision au Québec, encore moins sur la culture populaire. Or la télévision est un résonateur de désirs. Dans le cas de Star Académie , l’émission a marché parce qu’elle a tablé sur la solidarité familiale. Cette caractéristique est apparue dès le début de la première saison. «A qui vas-tu l’annoncer en premier?» demandait Julie Snyder lorsqu’elle apprenait aux candidats qu’ils avaient été sélectionnés. Aussitôt, on les a vus se tourner vers leurs parents.
Sélection: Avez-vous soumis votre manuscrit aux producteurs avant de le publier?
J.P.D.: J’ai rédigé mon livre sans jamais rencontrer les artisans de l’émission. Afin d’obtenir quelques photos, mon éditeur a fini par contacter les Productions J. Julie Snyder a parcouru le manuscrit, mais n’a demandé aucun changement. Pour moi, il n’a jamais été question de modifier quoi que ce soit. Par la suite, elle est venue donner un atelier pour mes étudiants à l’UQAM.
Sélection: Pourtant, vous êtes sévère à l’égard de son émission, un «show de matante», dites-vous, où de jeunes aspirants vedettes acceptent de se faire «dresser comme de petits chiens savants».
J.P.D.: Je n’ai jamais regardé l’émission pour les performances artistiques des jeunes. Comme anthropologue, en revanche, j’y ai découvert une mine inépuisable de symboles. Star Académie s’appuie sur le mythe du génie. L’émission a ranimé la croyance selon laquelle certains membres de la société sont destinés à être le porte-parole des autres. Mais comment choisir? Comment évaluer le talent? Dans une compétition comme celle-là, on retiendra d’abord ceux qui peuvent être identifiés aux chanteurs consacrés.
Beaucoup de téléspectateurs ont ainsi voté pour un candidat parce qu’ils croyaient réentendre Edith Piaf ou Céline Dion. Mais on est allé plus loin. Dans la cuvée 2003, deux archétypes majeurs sont apparus sous les traits des grands gagnants. Avec sa personnalité réservée qui soudain se révèle dans la salle de bal, Marie-Elaine évoquait Cendrillon. Quant à Wilfred, ce jeune homme franc et naturel qui gagne sa vie en pêchant le homard avec son grand-père, c’est le Bon Sauvage.
Sélection: Les gens auraient voté pour Marie-Elaine parce qu’elle leur rappelait la princesse à la pantoufle de verre?
J.P.D.: Absolument. Cendrillon est un archétype extrêmement puissant. D’ailleurs, Marie-Elaine poursuivra sa carrière fulgurante tant et aussi longtemps qu’elle se conformera à ce modèle. Si elle devient capricieuse ou se prend pour une vedette, le mythe sera brisé, et elle en paiera le prix. Même chose pour Wilfred. Il fallait mesurer le tollé qu’a suscité sa décision de louer un appartement à Outremont. Les gens ne pouvaient admettre que le Bon Sauvage troque son bateau pour la vie urbaine. On ne bouscule pas un mythe aussi facilement.
Sélection: Où se situe Star Académie dans le panthéon de la télévision québécoise?
J.P.D.: Dans le voisinage de La petite vie pour le côté rassembleur. Non loin des Soirées canadiennes pour un panorama culturel englobant toutes les régions du Québec. L’émission partage également la même catégorie que Les jeunes talents Catelli au rayon des concours d’amateurs. Enfin, elle a hérité de Cré Basile et des Tannants pour son aspect controversé. Avec cette différence, cependant, que ces deux dernières émissions mettaient en scène le monde ouvrier. Or Star Académie est avant tout un phénomène de la classe moyenne. Ce qui n’est guère surprenant puisque, depuis une vingtaine d’années, les ouvriers ont à peu près disparu de notre télévision. Aujourd’hui, la télévision se fait le porte-parole des valeurs et des aspirations de la classe moyenne.
Sélection: Star Académie met l’accent sur l’apprentissage. Les enseignants devraient-ils se réjouir d’une telle initiative?
J.P.D.: En reproduisant la structure d’une école traditionnelle, Star Académie redonne le pouvoir aux enseignants. Mais au prix d’une énorme concession. On n’apprend pas à Sainte-Adèle (où est située l’académie en question), on fait semblant. Puisque le processus d’apprentissage a lieu dans un concours, il faut que les résultats soient palpables immédiatement. L’émission reprend le mythe de l’école utopique. Aucune connaissance abstraite ne viendra ennuyer les élèves. Il n’y aura que du pratique. Comme enseignant, je trouve cette approche fort discutable. Mais comment peut-il en être autrement? Une dissertation exige un long labeur solitaire, et un cours de solfège ne fait pas un bon spectacle. En fait, il ne peut y avoir d’apprentissage efficace à la télévision.
Sélection: Que devient le talent dans tout ça?
J.P.D.: Le talent est secondaire. Car le succès des jeunes à Star Académie ne tient pas à leurs capacités de chanteurs ou d’interprètes. Si c’était le cas, Sandy aurait gagné la compétition haut la main en avril dernier. Tout se joue au niveau des symboles. Et, avec sa fragilité, Stéphanie (la gagnante de l’édition 2004) rappelait la petite figurine de porcelaine dans les boîtes à musique.
Sélection: Croyez-vous que Star Académie va passer à l’histoire?
J.P.D.: Oui, parce que l’émission a su répondre aux besoins d’une société en mal de rassemblement. Après des années d’entrepreneurship et d’affirmation individuelle, on est peut-être libre, mais on est tout seul. En misant sur la réconciliation et la reconstruction sociale, Star Académie a frappé dans le mille. Le Québec était prêt pour un grand party de famille, avec de l’amour à revendre et des souvenirs à ressasser. A cet égard, on constate à quel point notre télévision est marquée par la générosité et la pudeur. Comparativement à la France, où la drague et la compétition pimentent le spectacle, on est resté très chaste à Sainte-Adèle, où aucun jeu de séduction n’a pu être observé.
Sélection: Qu’est-ce que Star Académie laisse présager pour l’avenir de la chanson québécoise à texte, celle des Leclerc, Léveillée et Vigneault?
J.P.D.: Les vedettes de Star Académie remplacent les Pierre Lalonde et les Michel Louvain de ce monde. Ils ne menacent aucunement l’existence des poètes. Que Wilfred LeBouthillier vende 200000 exemplaires de son album n’empêchera jamais Richard Desjardins de s’exprimer ni Daniel Boucher de remplir ses salles.
Sélection: Comment expliquer le scandale alors?
J.P.D.: Au début de la première année, beaucoup de gens se sont sentis agressés par l’arrogance de la campagne de marketing orchestrée par Quebecor, qui, avec son empire tentaculaire, nous rappelait trop bien les périls de la convergence. Ensuite, il y a tout le
phénomène de la téléréalité, qui est associé au voyeurisme, donc à l’immoralité. Après deux saisons, la polémique s’est beaucoup atténuée. Quand trois millions de personnes se précipitent devant leur petit écran le dimanche, il faut se rendre à l’évidence: ce ne sont pas tous des tarés. Passé un certain niveau, on ne critique pas le succès.
Sélection: Qu’est-ce qui explique l’engouement du public pour la téléréalité?
J.P.D.: Dans un monde où les scandales financiers abondent, où les politiciens nous racontent ce qu’ils veulent, où l’on nous «vend» une guerre sous de faux prétextes, nous nous interrogeons de plus en plus sur ce qui est vrai. Dans les émissions de téléréalité, les situations sont artificielles, mais les acteurs ne sont pas des professionnels de la communication. A partir de là, il est aisé de débusquer la part de faux dans leur performance. En tant que consommateur d’images, on retrouve un peu de notre pouvoir de citoyen.
Sélection: Mais Star Académie vend surtout du rêve, non?
J.P.D.: C’est sa raison d’être. L’émission offre des contes de fées modernes. Elle met en scène un monde fait de transformations prodigieuses, de popularité instantanée et de luxe soudain accessible. Elle véhicule des émotions où les mères serrent leurs filles dans leurs bras, où un jeune marin rend hommage à son grand-père. Faut-il blâmer ceux qui se laissent prendre au jeu?
Chose certaine, si nous voulons condamner en bloc Star Académie , nous devrons condamner également notre propension à rêver.
Sélection: Dans cette perspective, comment interprétez-vous le manque d’ambition affiché par Stéphanie, la grande gagnante de cette année?
J.P.D.: Au Québec, quand on aspire à la notoriété, il vaut mieux être modeste. Autrement, on va se faire coincer. La culture québécoise, qui s’est construite autour de la télévision, produit des vedettes et non des stars, qui sont issues du cinéma. On attend donc d’une personnalité publique qu’elle soit proche de nous, qu’elle nous fasse des confidences. A cet égard, il n’est peut-être pas étonnant que nous soyons si friands de téléréalité.
Sélection: Quel est le rôle de Julie Snyder dans le succès de l’émission?
J.P.D.: Il est primordial. Symbole de la femme dégourdie, «la démone» est porteuse d’un archétype puissant. A l’échelle québécoise, elle correspond à la figure de la «petite vite». Comme La Poune ou Dominique Michel avant elle, Julie Snyder ne mise pas sur ses pouvoirs de séduction, mais sur son intelligence et sa générosité.
Sélection: Avez-vous constaté une différence entre Star Académie 1 et Star Académie 2?
J.P.D.: Le plus gros changement, c’est qu’entre la fin de la première et le début de la deuxième saison, Star Académie était devenu le démarreur de toute une série d’activités lucratives (tournée de spectacles et albums) qui, à court terme, risque de supplanter l’émission et, à plus long terme, d’étrangler complètement la télévision comme lieu de rassemblement ultime.
Sélection: Comment en est-on arrivé là?
J.P.D.: On s’est rendu compte que les recettes de la Tournée (300000 billets vendus en 2003 à raison de 40$ le billet) étaient pas mal plus intéressantes que les revenus publicitaires engendrés par l’émission. On a donc inversé la proposition: alors qu’auparavant les journaux, les spectacles ou les disques servaient à promouvoir l’émission, il a été désormais décidé que ce serait l’émission qui ferait vendre les produits dits dérivés. Bref, l’émission n’est plus un aboutissement, mais sert à donner un aperçu de ce que seront la tournée et les disques.
Avec 525000 albums vendus de Star Académie 2003 et 200000 de Star Académie 2004 jusqu’à maintenant, on peut en conclure que la stratégie a fonctionné. Car il y a également la carrière solo des gagnants. Dans la seule cuvée 2003, Marie-Elaine et Wilfred ont vendu chacun 200000 exemplaires de leur album. On est en train d’élaborer un immense star-système. Croyez-moi, on est loin de la bavette de Passe-Partout
Derrière le show de matante, estime l’anthropologue Jean Pierre Desaulniers, Star Académie incarne les vraies aspirations des Québécois. D’où son phénoménal succès.
PAR HÉLÈNE DE BILLY
Comme trois millions de Québécois, Jean Pierre Desaulniers a regardé Star Académie à la télévision en 2003 et en 2004. Auteur d’un ouvrage sur l’émission (Le phénomène Star Académie , aux Editions Saint-Martin), l’anthropologue et professeur au département des communications de l’Université du Québec à Montréal a décelé des symboles éternels dans ce concours d’amateurs aux couleurs de la téléréalité.
Car Star Académie est partie pour durer. Portée par l’empire Quebecor, la formule va passer à l’histoire comme l’un des premiers rejetons de la convergence dans les médias. Un peu comme Jeunesse d’aujourd’hui dans les années 1960, l’émission animée par Julie Snyder a engendré une nébuleuse de vedettes qui, dans la foulée de leur passage au petit écran, se sont vu propulser sur le marché du spectacle.
Avec près de 800000 disques vendus en deux ans et une tournée qui a attiré 300000 personnes l’an dernier, il s’agit de l’un des plus gros succès populaires depuis l’avènement de Céline Dion.
Une réussite commerciale, soutient Jean Pierre Desaulniers, qui n’est due ni aux campagnes de marketing orchestrées par l’empire Péladeau ni à l’originalité des artistes choisis par le vote populaire.
«C’est beaucoup plus simple. Au contact de ces jeunes chanteurs amateurs, le Québec s’est remis à rêver. Et il l’a fait en famille. Ce qui ne s’était pas produit depuis longtemps.»
Sélection: Moins d’un an après la première saison de Star Académie , vous publiez un livre analysant le phénomène. Pourquoi?
Jean Pierre Desaulniers: Pour combler un vide. Il y a très peu de réflexion sur la télévision au Québec, encore moins sur la culture populaire. Or la télévision est un résonateur de désirs. Dans le cas de Star Académie , l’émission a marché parce qu’elle a tablé sur la solidarité familiale. Cette caractéristique est apparue dès le début de la première saison. «A qui vas-tu l’annoncer en premier?» demandait Julie Snyder lorsqu’elle apprenait aux candidats qu’ils avaient été sélectionnés. Aussitôt, on les a vus se tourner vers leurs parents.
Sélection: Avez-vous soumis votre manuscrit aux producteurs avant de le publier?
J.P.D.: J’ai rédigé mon livre sans jamais rencontrer les artisans de l’émission. Afin d’obtenir quelques photos, mon éditeur a fini par contacter les Productions J. Julie Snyder a parcouru le manuscrit, mais n’a demandé aucun changement. Pour moi, il n’a jamais été question de modifier quoi que ce soit. Par la suite, elle est venue donner un atelier pour mes étudiants à l’UQAM.
Sélection: Pourtant, vous êtes sévère à l’égard de son émission, un «show de matante», dites-vous, où de jeunes aspirants vedettes acceptent de se faire «dresser comme de petits chiens savants».
J.P.D.: Je n’ai jamais regardé l’émission pour les performances artistiques des jeunes. Comme anthropologue, en revanche, j’y ai découvert une mine inépuisable de symboles. Star Académie s’appuie sur le mythe du génie. L’émission a ranimé la croyance selon laquelle certains membres de la société sont destinés à être le porte-parole des autres. Mais comment choisir? Comment évaluer le talent? Dans une compétition comme celle-là, on retiendra d’abord ceux qui peuvent être identifiés aux chanteurs consacrés.
Beaucoup de téléspectateurs ont ainsi voté pour un candidat parce qu’ils croyaient réentendre Edith Piaf ou Céline Dion. Mais on est allé plus loin. Dans la cuvée 2003, deux archétypes majeurs sont apparus sous les traits des grands gagnants. Avec sa personnalité réservée qui soudain se révèle dans la salle de bal, Marie-Elaine évoquait Cendrillon. Quant à Wilfred, ce jeune homme franc et naturel qui gagne sa vie en pêchant le homard avec son grand-père, c’est le Bon Sauvage.
Sélection: Les gens auraient voté pour Marie-Elaine parce qu’elle leur rappelait la princesse à la pantoufle de verre?
J.P.D.: Absolument. Cendrillon est un archétype extrêmement puissant. D’ailleurs, Marie-Elaine poursuivra sa carrière fulgurante tant et aussi longtemps qu’elle se conformera à ce modèle. Si elle devient capricieuse ou se prend pour une vedette, le mythe sera brisé, et elle en paiera le prix. Même chose pour Wilfred. Il fallait mesurer le tollé qu’a suscité sa décision de louer un appartement à Outremont. Les gens ne pouvaient admettre que le Bon Sauvage troque son bateau pour la vie urbaine. On ne bouscule pas un mythe aussi facilement.
Sélection: Où se situe Star Académie dans le panthéon de la télévision québécoise?
J.P.D.: Dans le voisinage de La petite vie pour le côté rassembleur. Non loin des Soirées canadiennes pour un panorama culturel englobant toutes les régions du Québec. L’émission partage également la même catégorie que Les jeunes talents Catelli au rayon des concours d’amateurs. Enfin, elle a hérité de Cré Basile et des Tannants pour son aspect controversé. Avec cette différence, cependant, que ces deux dernières émissions mettaient en scène le monde ouvrier. Or Star Académie est avant tout un phénomène de la classe moyenne. Ce qui n’est guère surprenant puisque, depuis une vingtaine d’années, les ouvriers ont à peu près disparu de notre télévision. Aujourd’hui, la télévision se fait le porte-parole des valeurs et des aspirations de la classe moyenne.
Sélection: Star Académie met l’accent sur l’apprentissage. Les enseignants devraient-ils se réjouir d’une telle initiative?
J.P.D.: En reproduisant la structure d’une école traditionnelle, Star Académie redonne le pouvoir aux enseignants. Mais au prix d’une énorme concession. On n’apprend pas à Sainte-Adèle (où est située l’académie en question), on fait semblant. Puisque le processus d’apprentissage a lieu dans un concours, il faut que les résultats soient palpables immédiatement. L’émission reprend le mythe de l’école utopique. Aucune connaissance abstraite ne viendra ennuyer les élèves. Il n’y aura que du pratique. Comme enseignant, je trouve cette approche fort discutable. Mais comment peut-il en être autrement? Une dissertation exige un long labeur solitaire, et un cours de solfège ne fait pas un bon spectacle. En fait, il ne peut y avoir d’apprentissage efficace à la télévision.
Sélection: Que devient le talent dans tout ça?
J.P.D.: Le talent est secondaire. Car le succès des jeunes à Star Académie ne tient pas à leurs capacités de chanteurs ou d’interprètes. Si c’était le cas, Sandy aurait gagné la compétition haut la main en avril dernier. Tout se joue au niveau des symboles. Et, avec sa fragilité, Stéphanie (la gagnante de l’édition 2004) rappelait la petite figurine de porcelaine dans les boîtes à musique.
Sélection: Croyez-vous que Star Académie va passer à l’histoire?
J.P.D.: Oui, parce que l’émission a su répondre aux besoins d’une société en mal de rassemblement. Après des années d’entrepreneurship et d’affirmation individuelle, on est peut-être libre, mais on est tout seul. En misant sur la réconciliation et la reconstruction sociale, Star Académie a frappé dans le mille. Le Québec était prêt pour un grand party de famille, avec de l’amour à revendre et des souvenirs à ressasser. A cet égard, on constate à quel point notre télévision est marquée par la générosité et la pudeur. Comparativement à la France, où la drague et la compétition pimentent le spectacle, on est resté très chaste à Sainte-Adèle, où aucun jeu de séduction n’a pu être observé.
Sélection: Qu’est-ce que Star Académie laisse présager pour l’avenir de la chanson québécoise à texte, celle des Leclerc, Léveillée et Vigneault?
J.P.D.: Les vedettes de Star Académie remplacent les Pierre Lalonde et les Michel Louvain de ce monde. Ils ne menacent aucunement l’existence des poètes. Que Wilfred LeBouthillier vende 200000 exemplaires de son album n’empêchera jamais Richard Desjardins de s’exprimer ni Daniel Boucher de remplir ses salles.
Sélection: Comment expliquer le scandale alors?
J.P.D.: Au début de la première année, beaucoup de gens se sont sentis agressés par l’arrogance de la campagne de marketing orchestrée par Quebecor, qui, avec son empire tentaculaire, nous rappelait trop bien les périls de la convergence. Ensuite, il y a tout le
phénomène de la téléréalité, qui est associé au voyeurisme, donc à l’immoralité. Après deux saisons, la polémique s’est beaucoup atténuée. Quand trois millions de personnes se précipitent devant leur petit écran le dimanche, il faut se rendre à l’évidence: ce ne sont pas tous des tarés. Passé un certain niveau, on ne critique pas le succès.
Sélection: Qu’est-ce qui explique l’engouement du public pour la téléréalité?
J.P.D.: Dans un monde où les scandales financiers abondent, où les politiciens nous racontent ce qu’ils veulent, où l’on nous «vend» une guerre sous de faux prétextes, nous nous interrogeons de plus en plus sur ce qui est vrai. Dans les émissions de téléréalité, les situations sont artificielles, mais les acteurs ne sont pas des professionnels de la communication. A partir de là, il est aisé de débusquer la part de faux dans leur performance. En tant que consommateur d’images, on retrouve un peu de notre pouvoir de citoyen.
Sélection: Mais Star Académie vend surtout du rêve, non?
J.P.D.: C’est sa raison d’être. L’émission offre des contes de fées modernes. Elle met en scène un monde fait de transformations prodigieuses, de popularité instantanée et de luxe soudain accessible. Elle véhicule des émotions où les mères serrent leurs filles dans leurs bras, où un jeune marin rend hommage à son grand-père. Faut-il blâmer ceux qui se laissent prendre au jeu?
Chose certaine, si nous voulons condamner en bloc Star Académie , nous devrons condamner également notre propension à rêver.
Sélection: Dans cette perspective, comment interprétez-vous le manque d’ambition affiché par Stéphanie, la grande gagnante de cette année?
J.P.D.: Au Québec, quand on aspire à la notoriété, il vaut mieux être modeste. Autrement, on va se faire coincer. La culture québécoise, qui s’est construite autour de la télévision, produit des vedettes et non des stars, qui sont issues du cinéma. On attend donc d’une personnalité publique qu’elle soit proche de nous, qu’elle nous fasse des confidences. A cet égard, il n’est peut-être pas étonnant que nous soyons si friands de téléréalité.
Sélection: Quel est le rôle de Julie Snyder dans le succès de l’émission?
J.P.D.: Il est primordial. Symbole de la femme dégourdie, «la démone» est porteuse d’un archétype puissant. A l’échelle québécoise, elle correspond à la figure de la «petite vite». Comme La Poune ou Dominique Michel avant elle, Julie Snyder ne mise pas sur ses pouvoirs de séduction, mais sur son intelligence et sa générosité.
Sélection: Avez-vous constaté une différence entre Star Académie 1 et Star Académie 2?
J.P.D.: Le plus gros changement, c’est qu’entre la fin de la première et le début de la deuxième saison, Star Académie était devenu le démarreur de toute une série d’activités lucratives (tournée de spectacles et albums) qui, à court terme, risque de supplanter l’émission et, à plus long terme, d’étrangler complètement la télévision comme lieu de rassemblement ultime.
Sélection: Comment en est-on arrivé là?
J.P.D.: On s’est rendu compte que les recettes de la Tournée (300000 billets vendus en 2003 à raison de 40$ le billet) étaient pas mal plus intéressantes que les revenus publicitaires engendrés par l’émission. On a donc inversé la proposition: alors qu’auparavant les journaux, les spectacles ou les disques servaient à promouvoir l’émission, il a été désormais décidé que ce serait l’émission qui ferait vendre les produits dits dérivés. Bref, l’émission n’est plus un aboutissement, mais sert à donner un aperçu de ce que seront la tournée et les disques.
Avec 525000 albums vendus de Star Académie 2003 et 200000 de Star Académie 2004 jusqu’à maintenant, on peut en conclure que la stratégie a fonctionné. Car il y a également la carrière solo des gagnants. Dans la seule cuvée 2003, Marie-Elaine et Wilfred ont vendu chacun 200000 exemplaires de leur album. On est en train d’élaborer un immense star-système. Croyez-moi, on est loin de la bavette de Passe-Partout
je l'ai lu moi aussi... j'ai bien apprécié, cependant faut pas tout prendre pour du cash... ya ben des fois qu'il se trompe d'académicien, tel a fait ci.. alors que non... mais c somme toute très intéressant
juste ben ben weird que la seule sur qui il ne s'étale pas c'est Maritza: étudiante en communication à l'université de Montréal
je dois avouer que c'est ce genre de petite chose qui m'on moins fait apprécier le livre.. mais bon
ah oui! pour ceux qu'il l'ont lu: lorsqu'il les classe en catégorie, suis-je la seule à trouver qu'Annie est pas à bonne place? me semble que je l'aurais mis dans le même groupe que M-mai et Martin, ou ben donc avec J-F, mais, j'trouve pas qu'elle a été percu comme Wilfred et M-Élaine.. au contraire, les gens se plaignaient qu'on voyait juste elle! en tout cas
juste ben ben weird que la seule sur qui il ne s'étale pas c'est Maritza: étudiante en communication à l'université de Montréal
je dois avouer que c'est ce genre de petite chose qui m'on moins fait apprécier le livre.. mais bon
ah oui! pour ceux qu'il l'ont lu: lorsqu'il les classe en catégorie, suis-je la seule à trouver qu'Annie est pas à bonne place? me semble que je l'aurais mis dans le même groupe que M-mai et Martin, ou ben donc avec J-F, mais, j'trouve pas qu'elle a été percu comme Wilfred et M-Élaine.. au contraire, les gens se plaignaient qu'on voyait juste elle! en tout cas
Everybody thinks that everybody knows about everybody else but nobody knows anything about themselves 'cause they all wored about everybody else
-J. Johnson
Je trouves pas que Marie-Élaine ressemble a Cendrillon :P je l'aime pour sont talent meme si je preferais Anne (j'ai pas voté Marie-Élaine et je suis un gars lol).
Il dit que si ca aurait été le talent c'est Sandy qui aurait gagné. Personnellement je n'aime pas Sandy, elle a du talent mais Stéphanie et Véronique en ont beaucoup plus =P.
Il dit que si ca aurait été le talent c'est Sandy qui aurait gagné. Personnellement je n'aime pas Sandy, elle a du talent mais Stéphanie et Véronique en ont beaucoup plus =P.

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- Seigneur de la Causerie
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- Inscription : mer. juin 18, 2003 12:00 am
Micka a écritJe trouves pas que Marie-Élaine ressemble a Cendrillon :P je l'aime pour sont talent meme si je preferais Anne (j'ai pas voté Marie-Élaine et je suis un gars lol).
Il dit que si ca aurait été le talent c'est Sandy qui aurait gagné. Personnellement je n'aime pas Sandy, elle a du talent mais Stéphanie et Véronique en ont beaucoup plus =P.
Objectivement, je dirais que non.
On peu ne pas aimer le style de Sandy mais, elle a indéniablement une grande aisance vocale et énormément de capacité. J'aime bien Stéphanie pour son timbre de voix mais elle n'a pas la moitié des capacité de Sandy. Véro est bonne mais, pas autant de capacité que Sandy.
Avec Sandy, l'autre qui avait le plus de talent est Marie-Ève à mon avis. Mais....dans SA, c'est pas les meilleurs talents qui gagnent. Martin Rouette aurait alors probablement gagné.
Mettez les académiciens au Festival de la Chanson de Granby et les résultats auraient été totalement différents.
Il dit que si ca aurait été le talent c'est Sandy qui aurait gagné. Personnellement je n'aime pas Sandy, elle a du talent mais Stéphanie et Véronique en ont beaucoup plus =P.
Objectivement, je dirais que non.
On peu ne pas aimer le style de Sandy mais, elle a indéniablement une grande aisance vocale et énormément de capacité. J'aime bien Stéphanie pour son timbre de voix mais elle n'a pas la moitié des capacité de Sandy. Véro est bonne mais, pas autant de capacité que Sandy.
Avec Sandy, l'autre qui avait le plus de talent est Marie-Ève à mon avis. Mais....dans SA, c'est pas les meilleurs talents qui gagnent. Martin Rouette aurait alors probablement gagné.
Mettez les académiciens au Festival de la Chanson de Granby et les résultats auraient été totalement différents.
SuziePower a écrit
Objectivement, je dirais que non.
On peu ne pas aimer le style de Sandy mais, elle a indéniablement une grande aisance vocale et énormément de capacité. J'aime bien Stéphanie pour son timbre de voix mais elle n'a pas la moitié des capacité de Sandy. Véro est bonne mais, pas autant de capacité que Sandy.
Avec Sandy, l'autre qui avait le plus de talent est Marie-Ève à mon avis. Mais....dans SA, c'est pas les meilleurs talents qui gagnent. Martin Rouette aurait alors probablement gagné.
Mettez les académiciens au Festival de la Chanson de Granby et les résultats auraient été totalement différents.
C'est ton opinion... Je suis daccord que Sandy a du talent mais Marie-Ève désolé mais je ne lui trouve AUCUN talent. Je déteste l'entendre chanter ou plutot crier =S.
Objectivement, je dirais que non.
On peu ne pas aimer le style de Sandy mais, elle a indéniablement une grande aisance vocale et énormément de capacité. J'aime bien Stéphanie pour son timbre de voix mais elle n'a pas la moitié des capacité de Sandy. Véro est bonne mais, pas autant de capacité que Sandy.
Avec Sandy, l'autre qui avait le plus de talent est Marie-Ève à mon avis. Mais....dans SA, c'est pas les meilleurs talents qui gagnent. Martin Rouette aurait alors probablement gagné.
Mettez les académiciens au Festival de la Chanson de Granby et les résultats auraient été totalement différents.
C'est ton opinion... Je suis daccord que Sandy a du talent mais Marie-Ève désolé mais je ne lui trouve AUCUN talent. Je déteste l'entendre chanter ou plutot crier =S.

C'est certain que certaine chose sont un peu "weird",comme le classement d'annie.Mais en général,c'est très bien.J'aime bien certaines comparaisons.T-k,fans et moins fans,c'est un livre à lire absolument.Mais faut le lire tit bouts par tit bouts parce que toute d'une claque,ça devient lourd.C'est quand même une analyse alors c'est normal!