Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
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Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
La chronique de Richard Martineau
Feu l'objectivité
Richard Martineau
Journal de Montréal
22/01/2009 09h02
Aujourd'hui, je profite du fait que tout le monde parle de politique américaine pour vous poser une question quiz.
Il y a quelques années, un président des États-Unis a voté une loi (l'Antiterrorism and Effective Death Penalty Act) destinée à limiter les droits des détenus soupçonnés de terrorisme.
Cette loi, décriée par Amnistie Internationale, a étendu l'application de la peine de mort à près de 60 crimes violents et permis aux autorités de s'affranchir, dans certains cas, de l'habeas corpus, c'est-à-dire de l'obligation de présenter au juge les raisons motivant l'arrestation de quelqu'un ou sa détention, même provisoire.
Quel président a voté cette loi? George W. Bush? Non. Bill Clinton. En 1996.
DEUX POIDS, DEUX MESURES
Prononcez le nom de Bill Clinton, et tout le monde va vous dire qu'il était un grand président de gauche, un leader charismatique qui a été victime d'une cabale des conservateurs et qui a joué du saxophone au talk-show d'Arsenio Hall.
Personne ne va vous parler de l'Antiterrorism and Effective Death Penalty Act, qui a pavé la voie au Patriot Act de George W. Bush et à Guantánamo.
Pourquoi? Tout simplement parce que les démocrates ne sont pas jugés aussi sévèrement que les républicains.
Clinton passe une loi qui restreint les droits des détenus, et on hausse les épaules. Bush adopte une loi qui va dans le même sens, et le monde se soulève.
Deux poids, deux mesures.
DEUX RACISMES ?
Il y a quelques jours, des Montréalais ont marché dans la rue pour dénoncer les frappes israéliennes à Gaza. Parmi les manifestants, certains scandaient des slogans antisémites, appelant à la destruction d'Israël et traitant les juifs de chiens.
Ces débordements ont, avec raison, choqué et inquiété plusieurs juifs.
Or, une chroniqueuse de La Presse a écrit qu'il ne fallait pas en faire un plat. Oui, certains slogans racistes avaient été scandés, mais ils étaient minoritaires.
«Toute manifestation du genre comporte un risque de dérapage», a-t-elle écrit. En d'autres mots, calmez-vous, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.
Imaginez l'inverse. Imaginez que, dans une manif destinée à critiquer le Hamas, des militants traitent les musulmans de chiens.
Vous pensez que cette chroniqueuse banaliserait la situation en disant que, de toute façon, «toute manifestation du genre comporte un risque de dérapage»?
Non. Elle grimperait dans les rideaux en criant au racisme.
DES DÉRAPAGES PARDONNABLES
C'est toujours la même chose: quand la droite dérape, c'est inexcusable et injustifiable. Quand la gauche dérape, elle a ses raisons, et il faut la comprendre.
Quand un président républicain ne cesse de parler du Ti-Jésus, c'est inquiétant. Quand un président démocrate ne cesse de parler du Ti-Jésus, c'est inspirant.
Pourquoi? Parce qu'on a l'indignation sélective. On juge différemment le message selon la position que le messager occupe sur l'échiquier politique.
Et étant donné que la majorité des journalistes et des chroniqueurs sont de gauche, les représentants de la gauche jouissent d'un plus grand capital de sympathie que leurs vis-à-vis de la droite.
TRAVAILLEURS HUMANITAIRES
Vous connaissez la philosophie qui soutient les travailleurs humanitaires? «Toute victime doit être sauvée, qu'importe ses positions politiques.»
Eh bien, je crois que les journalistes devraient agir de la même façon. «Tout politicien, tout militant et tout manifestant doit être jugé avec impartialité, qu'importe ses positions.»
Ça s'appelle «l'objectivité».
Feu l'objectivité
Richard Martineau
Journal de Montréal
22/01/2009 09h02
Aujourd'hui, je profite du fait que tout le monde parle de politique américaine pour vous poser une question quiz.
Il y a quelques années, un président des États-Unis a voté une loi (l'Antiterrorism and Effective Death Penalty Act) destinée à limiter les droits des détenus soupçonnés de terrorisme.
Cette loi, décriée par Amnistie Internationale, a étendu l'application de la peine de mort à près de 60 crimes violents et permis aux autorités de s'affranchir, dans certains cas, de l'habeas corpus, c'est-à-dire de l'obligation de présenter au juge les raisons motivant l'arrestation de quelqu'un ou sa détention, même provisoire.
Quel président a voté cette loi? George W. Bush? Non. Bill Clinton. En 1996.
DEUX POIDS, DEUX MESURES
Prononcez le nom de Bill Clinton, et tout le monde va vous dire qu'il était un grand président de gauche, un leader charismatique qui a été victime d'une cabale des conservateurs et qui a joué du saxophone au talk-show d'Arsenio Hall.
Personne ne va vous parler de l'Antiterrorism and Effective Death Penalty Act, qui a pavé la voie au Patriot Act de George W. Bush et à Guantánamo.
Pourquoi? Tout simplement parce que les démocrates ne sont pas jugés aussi sévèrement que les républicains.
Clinton passe une loi qui restreint les droits des détenus, et on hausse les épaules. Bush adopte une loi qui va dans le même sens, et le monde se soulève.
Deux poids, deux mesures.
DEUX RACISMES ?
Il y a quelques jours, des Montréalais ont marché dans la rue pour dénoncer les frappes israéliennes à Gaza. Parmi les manifestants, certains scandaient des slogans antisémites, appelant à la destruction d'Israël et traitant les juifs de chiens.
Ces débordements ont, avec raison, choqué et inquiété plusieurs juifs.
Or, une chroniqueuse de La Presse a écrit qu'il ne fallait pas en faire un plat. Oui, certains slogans racistes avaient été scandés, mais ils étaient minoritaires.
«Toute manifestation du genre comporte un risque de dérapage», a-t-elle écrit. En d'autres mots, calmez-vous, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.
Imaginez l'inverse. Imaginez que, dans une manif destinée à critiquer le Hamas, des militants traitent les musulmans de chiens.
Vous pensez que cette chroniqueuse banaliserait la situation en disant que, de toute façon, «toute manifestation du genre comporte un risque de dérapage»?
Non. Elle grimperait dans les rideaux en criant au racisme.
DES DÉRAPAGES PARDONNABLES
C'est toujours la même chose: quand la droite dérape, c'est inexcusable et injustifiable. Quand la gauche dérape, elle a ses raisons, et il faut la comprendre.
Quand un président républicain ne cesse de parler du Ti-Jésus, c'est inquiétant. Quand un président démocrate ne cesse de parler du Ti-Jésus, c'est inspirant.
Pourquoi? Parce qu'on a l'indignation sélective. On juge différemment le message selon la position que le messager occupe sur l'échiquier politique.
Et étant donné que la majorité des journalistes et des chroniqueurs sont de gauche, les représentants de la gauche jouissent d'un plus grand capital de sympathie que leurs vis-à-vis de la droite.
TRAVAILLEURS HUMANITAIRES
Vous connaissez la philosophie qui soutient les travailleurs humanitaires? «Toute victime doit être sauvée, qu'importe ses positions politiques.»
Eh bien, je crois que les journalistes devraient agir de la même façon. «Tout politicien, tout militant et tout manifestant doit être jugé avec impartialité, qu'importe ses positions.»
Ça s'appelle «l'objectivité».
Prière et chant religieux
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Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
On ne peut sûrement pas prétendre que son article est faux. Loin de là...


Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»
Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
Qu'est-ce que j'ai ces temps-ci à toujours être d'accord avec toi?!Beppo a écrit : On ne peut sûrement pas prétendre que son article est faux. Loin de là...


Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
Non pas faux, juste complaisant. Il parle des autres bien sûr, pas de lui.Beppo a écrit : On ne peut sûrement pas prétendre que son article est faux. Loin de là...

Qu'on se le dise : Chacun sa connerie!! - Claude Dubois

Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
Justement, il parle de nous.Malike a écrit : [...]
Non pas faux, juste complaisant. Il parle des autres bien sûr, pas de lui.

Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»
Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
On s'eume tussé bin. Bin kin!Acrux a écrit : [...]
Qu'est-ce que j'ai ces temps-ci à toujours être d'accord avec toi?!![]()
mdr


Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»
Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
Au départ, c'est un peu facile comme texte, tout le monde sait que les journalistes au Québec sont généralement plus de gauche.
Faudrait sortir les archives pour voir comment les décisions de Clinton étaient commentés, parce que ça date pas d'hier. Martineau n'offre aucun exemple concret, il fait juste dire que "tout le monde" va dire que c'était un grand président. C'est vague comme argumentation.
Ensuite il offre un scénario hypothétique, en devinant quelle serait la réaction de la journaliste si c'était un Musulman qui avait été insulté plutôt qu'un juif. Mais on est dans la spéculation la plus totale, il n'a aucune idée de ce que serait la réaction de la journaliste. Ici côté argumentation, c'est zéro.
Ensuite en ce qui concerne le "ti-Jésus", personne ne peut nier que la droite fondamentaliste Chrétienne s'est alliée au parti républicain, alors c'est normal que les gens soient plus méfiants quand le parti républicain invoque la religion.
Faudrait sortir les archives pour voir comment les décisions de Clinton étaient commentés, parce que ça date pas d'hier. Martineau n'offre aucun exemple concret, il fait juste dire que "tout le monde" va dire que c'était un grand président. C'est vague comme argumentation.
Ensuite il offre un scénario hypothétique, en devinant quelle serait la réaction de la journaliste si c'était un Musulman qui avait été insulté plutôt qu'un juif. Mais on est dans la spéculation la plus totale, il n'a aucune idée de ce que serait la réaction de la journaliste. Ici côté argumentation, c'est zéro.
Ensuite en ce qui concerne le "ti-Jésus", personne ne peut nier que la droite fondamentaliste Chrétienne s'est alliée au parti républicain, alors c'est normal que les gens soient plus méfiants quand le parti républicain invoque la religion.
Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
Pour une fois, je suis d'accord avec Martineau. 

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Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
C'est pas un texte scientifique mais une chronique d'opinion.Chico_Fan a écrit : Au départ, c'est un peu facile comme texte, tout le monde sait que les journalistes au Québec sont généralement plus de gauche.
Faudrait sortir les archives pour voir comment les décisions de Clinton étaient commentés, parce que ça date pas d'hier. Martineau n'offre aucun exemple concret, il fait juste dire que "tout le monde" va dire que c'était un grand président. C'est vague comme argumentation.
Ensuite il offre un scénario hypothétique, en devinant quelle serait la réaction de la journaliste si c'était un Musulman qui avait été insulté plutôt qu'un juif. Mais on est dans la spéculation la plus totale, il n'a aucune idée de ce que serait la réaction de la journaliste. Ici côté argumentation, c'est zéro.
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Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
On critique Le président Bush en disant qu'il est responsable de la crise financière alors que c'est le président Clinton qui a garantie les prêts donné a n'importe qui qui n'avait pas les moyen de s'offrir une maison.
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Re: Feu l'objectivité (chronique de Richard Martineau)
C'est drôle mais je me suis méfié de voir un pasteur reciter la prière lors de l'investiture alors qu'il était celui qui s'est opposé au mariage gay dans l'état de la Californie et qui l'a fait annuler (suite au référendum lors des élections de 2008) et que le tout est passé comme du beurre dans la poêle auprès de la communauté gay.Chico_Fan a écrit : Au départ, c'est un peu facile comme texte, tout le monde sait que les journalistes au Québec sont généralement plus de gauche.
Faudrait sortir les archives pour voir comment les décisions de Clinton étaient commentés, parce que ça date pas d'hier. Martineau n'offre aucun exemple concret, il fait juste dire que "tout le monde" va dire que c'était un grand président. C'est vague comme argumentation.
Ensuite il offre un scénario hypothétique, en devinant quelle serait la réaction de la journaliste si c'était un Musulman qui avait été insulté plutôt qu'un juif. Mais on est dans la spéculation la plus totale, il n'a aucune idée de ce que serait la réaction de la journaliste. Ici côté argumentation, c'est zéro.
Ensuite en ce qui concerne le "ti-Jésus", personne ne peut nier que la droite fondamentaliste Chrétienne s'est alliée au parti républicain, alors c'est normal que les gens soient plus méfiants quand le parti républicain invoque la religion.
Sur les points soulevés par Martineau, il est difficile d'être en désaccord.
Le mandat de Obama commence sur fond de crise économique. Celui du Bush a commencé avec la chute des Tours du WTC. Les perpectives d'actions sont différentes, mettons...

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