L'hôpital Jikei de Kumamoto (petite ville au Sud du Japon ayant la même densité de population que la ville de Québec), compte installer dans son hall d'accueil, une boîte pudiquement baptisée «le nid à cigognes». Se présentant sous la forme d'un incubateur, la boîte de dépôt sera équipée d'une alarme qui se déclenchera après l'abandon du nourrisson

En décembre dernier, l'hôpital catholique Jikei de Kumamoto avait demandé l'autorisation administrative d'installer un lieu calqué sur le modèle de la «Babyklappe» (boîte à bébé) allemande.
Le Babyklappe est une sorte de boîte aux lettres pour déposer son nouveau-né d'une manière anonyme. Les femmes qui ne se sentent pas capables de garder leurs enfants ou qui se trouvent dans des situations graves et difficiles déposent leurs bébés (souvent juste quelques heures après l'accouchement) dans une petite fenêtre à ouverture mécanique. Derrière cette boîte se trouve un lit chauffé à 37 °C, sur lequel vous déposez le bébé. La porte se ferme automatiquement et ne peut être ouverte de nouveau. Une alarme avertit le personnel de l'association qui l'accueillera 24 h/24. Pendant ce temps, la mère peut partir sans être vue. Son bébé est tout de suite pris en main.

Ce système, qui trouve ses origines au Moyen-Âge, a été réactivé il y a dix ans par un groupe chrétien en Allemagne, où l'on compte aujourd'hui environ 80 «boîtes à bébé».
«Nous avons approuvé le projet de l'hôpital», a déclaré le maire de Kumamoto, Seishi Koyama, soulignant l'absence de motif légal pour s'opposer à la demande.
Ses partisans estiment que ce système pourrait encourager l'augmentation du chiffre des naissances au Japon, en limitant la pratique largement répandue de l'avortement et en encourageant l'adoption.
Toutefois, le premier ministre conservateur Shinzo Abe a dit éprouver «personnellement la plus forte réticence envers un dispositif qui permettrait à un mère ou une mère d'abandonner leur bébé anonymement».
«Le gouvernement ne permettra pas que ce système devienne la norme générale», a affirmé M. Abe, fervent partisan d'un retour aux «valeurs familiales».
«En principe, aucun parent ne devrait abandonner un enfant. Il est important que les parents assument leur responsabilité éducative, tandis que le gouvernement doit soutenir ceux qui sont en difficulté», a renchéri son porte-parole Yasuhisa Shiozaki.
«Nous ferons de notre mieux pour faire en sorte que ce lieu ne soit pas simplement un endroit pour abandonner des nouveau-nés», s'est défendu le maire de Kumamoto.
En 2005, le taux de natalité a atteint son niveau le plus bas de l'histoire au Japon, où la population décline depuis décembre 2004. Par ailleurs, les naissances hors mariage restent un sujet tabou.