Star Académie: PKP peut dire merci aux crochetés du Québec…
par Michel Moyneur
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Article mis en ligne le 14 avril 2009 à 16:16
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C’est terminé. Le rideau est tombé sur la grande aventure académicienne 2009, lundi soir. Le Québec a fait son choix. Le peuple a parlé. Le grand Max a gagné la bataille. Les gens de son coin se sont mobilisés en masse. Les crochetés ont pris d’assaut la ligne téléphonique de TVA et ont appuyé de toute leur force sur le #1 – ou le #2 je sais pas vraiment – en récitant des prières à voix haute, plus haute qu'à Pâques, pour voir le gaillard chanteur être sacré grand champion de la compétition quasi annuelle des futurs has-been du show-business québécois (oups!).
Mais plusieurs de ces crochetés ne se sont pas contentés de submerger la ligne téléphonique de l’Académie, elles se sont aussi payé le luxe de suivre le groupe des 14 lofteurs (hmmm… non, ça c’est à l’autre poste) dans leurs moindres faits et gestes grâce aux nombreuses caméras web installées un peu partout à l’intérieur du palace de Sainte-Adèle devenu un endroit sans tapis. C’est important de le dire. Quand Céline parle, on écoute! Encore les mêmes fans qui collectionnent les magazines avec la face d’un académicien qui raconte comment il a vécu la mort de son arrière grand-père à l’âge de deux ans… vous voyez le genre?
Vous vous dites peut-être «bon un autre qui chiale contre Star Inc., oups Star Ac, sans jamais avoir regardé un seul gala du dimanche. Sans avoir vu le talent des 14 jeunes prospects.» Non, non. J’en ai vu des bouts. J’ai succombé à la tentation à quelques reprises entre les invités de TLM en parle. Mais en trois mois, qui peut se vanter d’avoir absolument rien vu de l’émission de Pier Karl et Julie – ou de Julie et Pier Karl – ? À moins de pas avoir le câble, personne.
Si ma mémoire est bonne et que je sais encore compter, on en était à un quatrième show cette année. Un quatrième show identique aux trois premiers, avec des juges-professeurs et une animatrice incapable de conjuguer un verbe en anglais quand vient le temps d’interviewer un invité anglophone (devant 2 millions de personnes!). Et c’est justement le concept, la formule, qui m’amène à me questionner sur la crédibilité d’une telle téléréalité.
Pourquoi? Parce qu’on tente de nous faire croire qu’une gang de jeunes de 18-25 ans tripe à fond sur la musique de Ferland, Plamondon et compagnie. Et je veux être compris, je n’ai rien contre Jean-Pierre et ses pairs, au contraire. Mais c’est totalement faux de croire que les iPods des concurrents débordent de hits de Lara Fabian ou tirés de Starmania. Les chansons que les «mis en danger» choisissent de chanter le dimanche soir pour sauver leur peau et continuer de profiter de l’exposure médiatique des journaux à potins, ils ont presque pas le choix de les chanter. Même s’ils voulaient essayer quelque chose de «in» ils peuvent pas. Point. S’ils s’essayent, ils sont cuits. C'est la mort en direct. Les crochetés voteront pas pour eux. Un gars s’est essayé il y a quelques semaines avec une toune de Jason Mraz. C’était excellent, avec la guitare et tout. Mais il s’est retrouvé à donner des entrevues à Salut Bonjour le lendemain matin. Si c'était à refaire il interpréterait une toune de Claude Dubois, mais il est trop tard. Le couperet lui a déjà tranché la tête.
C’est ça le véritable problème avec ce genre d’émission. Deux millions de personnes par semaine embarquent sans savoir que le libre-choix est presque proscrit. Et de lancer la pierre aux académiciens serait injuste. Personne qui a le talent pour le faire cracherait sur une opportunité comme celle-là de se faire découvrir du public. Ils sont seulement contrôlés – un peu beaucoup par les Productions J et un peu beaucoup par ceux qui bouffent du popcorn dans leur salon – et c’est ce qui est un peu malheureux. Ils sont pris en otage.
C'est malheureux de voir des dizaines de milliers de crochetés se garrocher simultanément sur le téléphone chaque dimanche, pour donner leur appui au contrôle qu’exerce l’empire Péladeau sur l’esprit créatif des jeunes artistes de demain (seulement que certains) en leur faisant chanter des antiquités qui ont fini de tourner sur les ondes radio depuis des siècles. Et des siècles… amen.
Un contrôle peut-être involontaire parce qu'en bout de compte c'est le public qui vote. Qui vote bien plus souvent pour le choix de la chanson que pour son interprétation. Mais quand même. D'inviter des artistes sur la pente descendante pour qui on laisse les «lignes spécialement ouvertes jusqu'à minuit» pour les aider à vendre des tickets aide en rien ce que je pense du concept. Des artistes quasi inconnus des concurrents tellement ils sont absents de la scène artistique depuis des lunes, mais avec qui ces derniers doivent performer et faire semblant de trouver ça super trippant.
Et la formule académicienne risque-t-elle de changer bientôt? Oh que non. Ses producteurs roulent sur l'or depuis la première seconde de la première saison. Pourquoi prendre le risque de changer une formule gagnante? Personne le ferait. Tout à coup que les crochetés décrocheraient…
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