Gilles Vigneault à l'Olympia (Paris)

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xilef
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Gilles Vigneault à l'Olympia (Paris)

Message par xilef »

La bataille poétique de Gilles Vigneault
Un Québécois à l’Olympia

Paris

26/10/2009 -
Monument de la chanson au Québec, Gilles Vigneault monte ce lundi 26 octobre sur la mythique scène parisienne, à la veille même de son quatre-vingt-unième anniversaire. Rencontre à cette occasion avec ce grand batailleur politique, amoureux de la France et des mots et philosophe devant l’éternel. Il prépare pour 2010 un disque de duos avec Francis Cabrel, Charles Aznavour, Juliette Gréco, Guy Béart…

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RFI Musique : S’offrir l’Olympia pour ses 81 ans, c’est un joli cadeau…
Gilles Vigneault : Rien n’était prémédité. Pour tout vous dire, mon entourage et moi aurions préféré passer cette fête très discrètement à la maison ! Mais le hasard en a décidé autrement et me voilà de nouveau à l’Olympia, ravi comme je l’étais la première fois que j’y ai joué il y a quarante ans. J’avais alors rencontré Bruno Coquatrix et sa femme Paulette, un merveilleux souvenir… J’y suis toujours revenu très volontiers pour chanter et pour écouter les autres.

Qu’allez-vous donner à entendre au public français ?
Beaucoup de nouvelles chansons, entre autres celles de mon dernier disque Arriver chez soi. Le public se demande à raison si j’écris encore à mon âge, alors je vais lui montrer que oui, que je ne cesse d’écrire des chansons, des contes, des poèmes, des comptines… Je chanterai aussi les classiques, comme Gens du pays, pour que les gens me reconnaissent et pour leur faire plaisir : quand le public réclame une chanson, il faut toujours la lui offrir.

Comment vous sentez-vous en France ?
De plus en plus exotique quand j’entends dire que, pour présenter une thèse en biologie, il faut de plus en plus souvent l’écrire en anglais. De moins en moins parce que revenir en France pour moi, c’est comme arriver chez soi. La langue est le seul véritable pays. Elle pousse comme une plante à l’intérieur des gens, elle est la ressource première d’un pays, avant ses matières premières, avant ses productions matérielles… C’est l’ADN de toute culture, et la France l’a très bien compris. Ici, c’est aussi la terre de mes ancêtres, partis de Poitiers en 1664. Ils ont risqué leur vie en traversant l’Atlantique pour aller fonder un pays et une vie quotidienne nouvelle. C’est comme ça, en voyageant et en se mélangeant à elle-même, que l’humanité est devenue plus humaine aujourd’hui.

Votre optimisme va à l’encontre de bien des discours catastrophistes actuels…
J’ai confiance en l’humain. Je l’ai vu se sortir de situations impossibles et se tirer d’affaire avec les moyens du bord. C’est vrai qu’aujourd’hui, les moyens du bord pour détruire l’humanité sont considérables, mais ceux pour la sauver aussi. Regardez comment la jeunesse est en communication avec elle-même via les nouvelles technologies, c’est inédit dans l’histoire ! Bien sûr, il n’y a pas que des merveilles là-dedans, j’en parle dans ma chanson Internaute. Le virtuel peut nous faire perdre notre âme, notre mémoire, notre culture. Cela m’ennuierait beaucoup que le site Google obtienne le droit de numériser tous les livres du monde et qu’il en vienne à décider à la fois de ce que je vais lire mais aussi de quelle façon je recevrais à l’avenir mes droits d’auteur…

Que pensez-vous de la « nouvelle scène québécoise » ?
Je trouve très intéressant que la jeune génération continue d’écrire en français. Certains, comme Pierre Lapointe, Ariane Moffatt, Loco Locass, Yann Perreau ou Mes Aïeux pour ne citer qu’eux en ont une excellente maîtrise, d’autres non et je le regrette. Tous en tout cas ont des connaissances musicales qui dépassent les miennes. Ils ont surtout les moyens de s’adresser au monde, et la formidable possibilité de traverser l’Atlantique pour venir voir comment les Aragon, Ferré, Barbara ou Ferrat écrivaient, quel sens admirable de la prosodie ils avaient. Je reste très attaché à la vieille méthode d’écriture, en vers. Elle ne vend pas nécessairement plus sur le coup mais elle a une plus longue portée sur l’esprit.

Vous et un Félix Leclerc défendiez bec et ongles la cause souverainiste. Trouvez-vous cette relève assez engagée ?
En chantant, on est tous des ambassadeurs du Québec, même à notre insu. Le premier ministre canadien Stephen Harper l’a bien compris : en supprimant des budgets culturels, il empêche les chanteurs, les danseurs et les troupes de théâtre de se produire à l’étranger. Il n’est pas bête cet anglophone : il sait que c’est le meilleur moyen de nous couper la parole et d’empêcher le Québec de rayonner. Alors continuons à chanter, à écrire. Arrangeons-nous pour que notre poésie soit accessible, pour que notre propos soit clair.

L’indépendance du Québec, vous y croyez toujours ?
Je suis toujours enceint et je resterai politiquement dans le débat aussi longtemps que le ciel me le permettra. Je ne laisserai pas tomber une cause aussi viscérale pour notre survie culturelle et sociale au profit d’un débat soi-disant plus international. C’est intéressant de passer à l’universel, mais raconter l’histoire de son voisin, être profondément local, essayer de se connaître assez pour être soi-même, n’est-ce pas risquer plus d’universalité que d’essayer d’être tout le monde en même temps ?

source:
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Re: Gilles Vigneault à l'Olympia (Paris)

Message par xilef »

Publié le 27 octobre 2009

La fête de Gilles Vigneault à l'Olympia de Paris

Valérie Lesage, envoyée spéciale
Le Soleil

(Paris) Qu'il chante à l'Olympia ou dans une petite salle en province, Gilles Vigneault chante avec le même respect. Mais sur la scène de la salle mythique de Paris, lundi soir, à la veille de ses 81 ans, Gilles Vigneault a chanté avec une incroyable énergie, porté par l'accueil d'un public qui lui a servi une ovation dès son arrivée derrière le micro.


Gilles Vigneault s'est fait chanter bonne fête sur la scène de l'Olympia avec les mots de sa propre chanson, Gens du pays, hier soir. Ce sont des centaines de spectateurs parisiens qui ont imité ses musiciens pour souligner les 81 ans du grand Québécois.



C'était la troisième fois que j'assistais au concert de la tournée Chemin faisant et c'était certainement la prestation la plus intense des trois.

L'Olympia, une salle qui compte 2200 places, était remplie aux trois quarts et, au parterre, on a pu apercevoir Hubert Reeves, Hugues Aufray, Fabienne Thibault, le conteur Fred Pellerin, la comédienne Karine Vanasse et Pascal Assathiany, éditeur chez Boréal.

Pour ses amis comme pour ses admirateurs, Gilles Vigneault a donné ses chansons de tout coeur. Il était particulièrement en forme et, dès le début du concert, il a attaqué avec force la montée mélodique de Si les bateaux, dont le public a entonné avec lui le refrain.

L'artiste réussit dans ce concert ce que peu de chanteurs au long parcours peuvent faire : au lieu de s'asseoir sur des succès de lundi, il présente un grand nombre de chansons neuves, celles de son très beau disque Arriver chez soi, et elles sont accueillies avec une grande ouverture. Et ce n'est pas parce qu'elles ressemblent à d'autres, car une des choses qui sautent à l'oreille quand on a vu ce spectacle quelques fois, c'est le talent de mélodiste de Gilles Vigneault. On a tendance à l'envisager comme un poète d'abord, mais cela est réducteur car le compositeur se réinvente à chacune de ses chansons. Et quand il se fait conteur, il est irrésistible. Son monologue sur le temps, qu'un citadin débarqué à Natashquan achète en baril avant de réaliser qu'il fuira sur le bateau, est une pure merveille.

Infiniment tendre dans la magnifique Je n'ai pas cessé de t'aimer, vif et énergique dans Jack Monoloy, expressif à souhait dans Lucas l'écolo, M. Vigneault nous a fait voyager dans son pays intérieur comme dans ses paysages extérieurs. Car évidemment, il y a eu plusieurs chansons pour dire l'amour du Québec et de ses gens : Les gens de mon pays, interprétée avec une intensité remarquable, Mon pays, C'est à Natashquan et La danse à Saint-Dilon, livrée avec les pas de danse.

«C'est à ton tour...»

L'autre, celle qui est presque un hymne national, Gens du pays, ce sont les musiciens de Gilles Vigneault qui l'ont chantée en revenant sur scène au moment où l'artiste offrait ses salutations. «Mon cher Gilles, c'est à ton tour...»

Ils avaient en main un immense gâteau d'anniversaire, rempli de bougies, que M. Vigneault est parvenu à éteindre d'un seul souffle. Le public est aussitôt entré dans la chanson et des centaines de voix se sont élevées pour célébrer l'homme du pays et le pays dans l'homme, pour dire merci, pour dire bonne fête.

Aujourd'hui, Le Soleil suivra Gilles Vigneault pendant l'enregistrement d'un album de duos avec des artistes européens.

source:
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/art ... -paris.php" onclick="window.open(this.href);return false;
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