Bonnardel se distancie de Taillon
Le bras droit de Gilles Taillon, François Bonnardel, refuse d'endosser la thèse du complot soulevée par son chef
Le bras droit du chef adéquiste Gilles Taillon, François Bonnardel, a refusé d'endosser, jeudi, la thèse du complot élaborée la veille dans une lettre par son chef, arguant qu'il n'avait pas pris connaissance des arguments qu'il soulève.
« Cette lettre, je ne l'ai pas vue », a affirmé le chef parlementaire de l'ADQ, qui a coprésidé la campagne de course à la direction de M. Taillon. « Je n'ai pas eu la chance d'en parler avec M. Taillon. Je n'en sais pas plus » a-t-il ajouté, visiblement mal à l'aise.
Dans une lettre incendiaire intitulée « Les masques sont tombés », publiés dans certains médias la veille, M. Taillon a soutenu que l'establishment du parti et son ancien chef, Mario Dumont, avaient orchestré son départ parce qu'ils n'avaient pas apprécié sa volonté que le parti prenne ses distances avec le Parti conservateur du Canada.
Le nouveau chef non moins démissionnaire a également accusé son successeur probable à la tête de l'ADQ, Gérard Deltell, et son rival pendant la course à la direction, Éric Caire, d'avoir fait un « travail de sape » pour le pousser vers la porte.
M. Bonnardel a cependant nié les rumeurs selon lesquelles il a rompu les liens avec M. Taillon.
« J'ai travaillé fort pour M. Taillon, j'ai été à ses côtés, le contact n'est pas coupé. Maintenant, je ne veux pas commenter davantage la situation », a-t-il déclaré.
Une haute dirigeante toujours derrière Gilles Taillon
L'autre coprésidente de la campagne de M. Taillon, Linda Lapointe, qui est aussi vice-présidente de l'exécutif national de l'ADQ, lui est de son côté restée fidèle. Plus tôt en matinée, elle a exprimé sa déception relativement au sort réservé au chef nouvellement élu.
« Est-ce qu'on lui a laissé le temps de démontrer de quoi il était capable? Est-ce qu'on lui a laissé la chance? Est-ce qu'on l'a accueilli de la bonne façon? C'est dommage car partout où il est passé, il a laissé une bonne trace », a-t-elle dit.
Selon elle, les responsables des développements des derniers jours ont oublié de défendre les intérêts supérieurs de la formation. Alors que l'hypothèse du couronnement du député de Chauveau, Gérard Deltell, a été soulevée, Mme Lapointe a dit privilégier pour l'instant une course à la direction du parti.
En principe, le chef doit être élu par les membres du parti, selon les règles internes. Plusieurs ténors adéquistes, comme Mario Dumont et Jean Allaire, cofondateurs de l'ADQ, appuient cependant le couronnement rapide de Gérard Deltell. L'exécutif national de l'ADQ se réunira d'ici la semaine prochaine pour décider de la suite des événements. Il faut s'attendre à ce que le mode de désignation du successeur de Gilles Taillon fasse l'objet de débats.
Dans sa missive, M. Taillon disait vouloir rester en poste jusqu'à ce que son successeurs soit choisi au terme d'une course à la direction, estimant que les militants méritaient « cette marque de respect ».
Duceppe dans la mêlée
Réagissant aux affirmations de Gilles Taillon, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a de son côté demandé au Parti conservateur, jeudi, d'admettre qu'il avait des liens avec l'ADQ. « Nous, on en a [des liens] avec le Parti québécois, mais on ne les a jamais cachés », a-t-il lancé.
Il a invité le Parti conservateur et tout autre parti fédéral à dire clairement s'il entretenait des liens suivis avec un parti provincial. « Si les autres partis ont des choses en commun, qu'ils l'affirment. Dans notre cas, on ne cache rien », a-t-il soutenu.
Dans sa lettre, Gilles Taillon écrivait qu'il avait fait savoir au sénateur conservateur Léo Housakos que sous son leadership, « l'ADQ travaillerait pour les seuls intérêts du Québec, et ce, sans aucune attache à quelque parti fédéral que ce soit ».
Le chef bloquiste a rappellé que le sénateur Housakos avait déjà été responsable du financement de l'ADQ et qu'il s'occupait maintenant de celui du Parti conservateur.
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Oui, c'était l'Union Nationale et non le Parti conservateur.
