

À la grande surprise, les Suisses se prononcent en faveur de l'interdiction de la construction de minarets au pays, selon des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote.
Un référendum se tenait sur le sujet dimanche à l'initiative de la droite populiste, qui avait réussi à recueillir plus de 100 000 signatures pour faire voter la population.
Les projections de la Télévision suisse romande (TSR) donnent 58 % des voix à la proposition d'inclure l'interdiction des minarets dans la Constitution helvétique. En milieu de campagne, des sondages présidaient pourtant son rejet par une faible majorité.
Les partisans de l'interdiction des minarets font valoir qu'il ne s'agit pas de priver les musulmans de lieux de culte, mais de refuser un « symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux ».
« Si nous ne nous défendons pas, si nous n'essayons pas de mettre quelque part des garde-fous, moi, je pense que dans 50 à 100 ans, ce qui a fait l'Occident, ce qui a fait l'esprit du siècle des Lumières risque de disparaître du continent européen », déclarait plus tôt Oskar Freysinger, député fédéral et membre du comité contre la construction de minarets.
Seulement quatre minarets attenants à des mosquées ont été construits jusqu'à présent, en Suisse.
Mais tout le reste de la classe politique, de la gauche au centre-droit, s'y oppose, de même que les milieux d'affaires, qui pensent qu'une telle interdiction « susciterait l'incompréhension à l'étranger et nuirait à l'image de la Suisse ».
Il faut dire que la campagne de la droite populiste a encore fait scandale: après ses posters appelant à bouter les « moutons noirs » étrangers hors de Suisse, il y a quelques années, ses affiches d'aujourd'hui représentent une femme complètement voilée devant le drapeau suisse couvert de minarets, dont la silhouette stylisée évoque des missiles.
La Commission fédérale contre le racisme (CFR), un organisme public consultatif, a jugé que cette image « attise la haine ». Le Comité des droits de l'homme de l'ONU, lui, s'est inquiété de cette campagne d'« affiches sinistres ».
Les représentants religieux - juifs, musulmans, catholiques et protestants - ont tous rejeté le projet. « La peur est mauvaise conseillère », ont mis en garde les évêques catholiques.
L'immigration en Suisse
En Suisse, l'immigration massive est un phénomène récent. Les musulmans y sont arrivés à partir des années 1970; plusieurs ont émigré dans les années 1990 du Kosovo, de Macédoine et d'Albanie. Aujourd'hui, la Suisse compte quelque 400 000 musulmans, dont 50 000 pratiquants, sur une population de 7,5 millions d'habitants. Cela fait de l'islam la deuxième religion du pays, après le christianisme.
Radio-Canada.ca avec
Agence France Presse et TSR
