INTERVIEW EXCLU - X-Factor, les confidences d'Alain Lanty : sur une ex-candidate qui l'a subjugué et... sur le jeu ! "Je vais me Cerroniser !"
News publiée Le Lundi 28 Décembre 2009 à 19:24
"J'entame une nouvelle relation avec mes copains du jury : on est un peu plus dans la lutte" : Alain Lanty, plaisant juré du télé-crochet X-Factor et acteur incontournable quoique délicieusement discret de la scène musicale française, s'est un peu révélé à lui-même, osant une nouvelle aventure dans son parcours qui en regorge déjà, en s'efforçant de révéler de prometteurs apprentis-chanteurs au public français.
Il y a quelques jours, cet homme de l'ombre à l'humeur solaire, à la passion rayonnante et au talent lumineux, nous recevait en marge de sa participation au programme de W9, qui sacrera ce lundi 28 décembre sa première sensation - ce sera Marie, jeune protégée de Julie Zenatti, ou Sébastien, convaincant poulain d'Alain. Une rencontre, placée sous le signe d'une complicité évidemment facile, qui nous a permis de vérifier que le personnage télévisuel n'est en rien différent de l'homme et de l'artiste : intègre, chaleureux et inspiré. L'occasion, aussi, de quelques coups d'humour, et de quelques secrets d'alcôve, concernant ses projets personnels, dont son désir de travaille avec une toute jeune candidate vue lors des auditions... Vous pouvez découvrir quelques moments de cet entretien avec la vidéo ci-dessus, et en retrouver l'essentiel ci-après.
Certes, lors de notre rencontre, et alors que Marc Cerrone était encore en lice pour la victoire avec son groupe Basilic (éliminé depuis), Alain Lanty semblait accuser un léger coup de fatigue : "Tu m'as trouvé fatigué ?", s'étonne-t-il. Et ce fanatique de peinture de s'expliquer, après un court temps de réflexion (ou d'introspection) : "Je regarde beaucoup Egon Schiele, ce peintre allemand mort jeune en 1918 (disciple de Klimt, NDLR), c'est une peinture très dark. En ce moment, tout ce que je fais, c'est noir : ce que j'écris, ce que je compose, ce que je lis. Je suis dans un exercice différent, un nouveau métier : dès que je me sépare de mon piano, je me sens seul. Et le piano, c'est un rempart entre le reste du monde et moi. Et là, je suis obligé de faire autrement. Alors, je dois puiser dans mes réserves énergétiques pour être vaillant, pour être bon. C'est fatiguant d'avoir des responsabilités." La pression croissante des émissions de prime time, après les déchirements nécessaires des phases de casting, ne font qu'ajouter à cette gestion délicate de la tension...
Le jeu X-Factor
Pour autant, ce compositeur star, qui s'amuse lorsqu'on évoque la pastille biographique très réductrice que lui consacre W9 (car sa contribution est incommensurablement loin de s'arrêter au tube Lucie, comme vous pourrez le constater, vidéos à l'appui, en cliquant ici pour découvrir une sympathique biographie), accueille avec un enthousiasme et un appétit des plus réjouissants, dignes d'un enfant gourmand de découvertes, ce défi qu'il s'est lancé à lui-même. Ainsi, lorsqu'on l'interroge sur ce qui l'a motivé à sortir de sa retraite et sa discrétion naturelle pour se placer sous les feux de la rampe télévisuels, voici la réponse que l'on obtient :
"(Très sérieux. Grave, même.)L'argent (Blanc. Il éclate de rire). Mais non, pas du tout. J'ai la chance de pouvoir faire plein de choses : je me retrouve dans des studios, à travailler, avec Jane Birkin, à faire des chansons pour elle. Voilà, la proximité avec les artistes. Ensuite, j'ai la chance de pouvoir accompagner ces gens-là, sur scène. J'ai beaucoup voyagé grâce à mon métier ; je vis une aventure permanente. J'aime les choses qui changent (...) Quand on m'a proposé ça, je me suis dit : "Ça c'est une aventure, c'est quelque chose que je n'ai encore jamais fait. C'est hors du commun. C'est plus un défi. Je ne sais pas si je suis capable de le faire"."
Manifestement, oui, puisqu'il est ce soir opposé en finale à Julie, par candidats interposés, et a contribué à fidéliser (relativement) une certaine audience - pas autant que son look-alike Hugh Laurie en deuxième partie de soirée sur TF1 dans Dr House certes, mais pas mal tout de même.
Son regard sur le jury de X-Factor
Au fil des émissions, la collégialité des débuts, lorsque, à trois, Julie Zenatti, Marc Cerrone et Alain devaient retenir quelques candidats auditionnés, a laissé place à un certain esprit de compétition, qui a laissé entrevoir l'ambition de Cerrone ou la susceptibilité occasionnelle de Zenatti. Mais Alain Lanty se félicite de la composition de ce jury éclectique, finalement très complémentaire.
"Marc et Julie, je trouvais que c'étaient deux bons camarades avec qui je pouvais faire affaire. Et je ne m'étais pas trompé. C'est un vrai bonheur (...) On a vraiment vécu des trucs très, très forts. Pour les castings, on s'est marré, mais on a aussi beaucoup vibré, et parfois pleuré. Ça rapproche. Je sais qu'après cette période, qui finit le 28 décembre, je vais être malheureux. Je le sais. Parce que j'aime bien ce jeu, et j'aime bien être avec eux. Alors on s'appelle pendant la semaine, on s'envoie des textos : Ça va ? Tu fais quoi ? T'es allé voir les candidats ? On se chambre, on fait monter la pression."
"Marc n'est pas du tout un mec froid, cassant, dur. Il a pleuré, comme Julie, comme moi, quand on a été bouleversés. Peut-être parce qu'il s'est très vite retrouvé seul dans les émissions du lundi soir. C'est un showman, un homme de rythme. Moi, quand j'écoute les Basilic, j'entends des défauts. Parce que je suis musicien. Ils se vendent comme des musiciens, mais forcément, moi j'ai un regard de musicien (...) Je crois qu'il est cassant parce qu'il est très pudique. Et il est tendre, mais il ne veut pas trop le montrer. Moi, j'ai moins de problème à le montrer."
Son travail de juré et de coach des plus de 25 ans
S'il ne peut se consacrer à temps plein à X-Factor, les enjeux du télé-crochet ne quittent jamais son esprit : "Les chansons, on les choisit le lundi soir, après l'émission. Le mardi, je me morfonds : est-ce que j'ai fait le bon choix. Le mercredi, on se voit. On essaye. Le jeudi : on travaille vraiment ; il me fait des propositions, je lui fais des propositions. C'est un mec qui a du swing, il sait chanter des mélodies, il a plusieurs cordes à son arc. Le dimanche, aux répétitions, là on met en place le son, comment il va se comporter sur la scène, comment il va s'habiller - parce que j'ai un droit de regard là-dessus aussi. C'est un vrai boulot. Je ne pensais pas m'investir autant. Si je n'avais pas d'autres choses à faire, j'irais tous les jours."
"Comme je suis compositeur, je sais comment on peut se comporter quand on est un chanteur (...) Je me retrouve à faire les mêmes analyses que quand j'écris sur une chanson. C'est ma manière de faire. J'analyse."
Mais à l'évocation de son rôle "d'accompagnateur" (dans tous les sens du terme), c'est une véritable profession de foi qui se dessine.
"Personne n'en voulait des plus de 25 ans. On s'imaginait avec des quinquas, des sexagénaires, bedonnants, transpirants... On imaginait ça ! (...) Je me suis retrouvé avec Cécile, 26 ans, Sébastien, 27 ou 28 ans, et Annie, 45 ans. Plus jeune que moi (il a 48 ans, NDLR). Donc, j'ai pas eu de problème. Et j'ai adoré ce que j'ai fait avec Annie, j'ai adoré ce qu'elle dégageait. Je me suis rassuré très vite : à l'arrivée, je suis très content d'avoir eu cette catégorie. Il y a plus de fond, on n'est pas obligé de leur filer des chansons de môme."
"On a créé des liens, c'est la vérité. J'ai appelé Annie, j'ai appelé Cécile pour prendre des nouvelles, savoir si le retour à la réalité s'était bien passé. Parce que c'est pas toujours facile de participer à ce genre de trucs et de se retrouver lâché - dans un sens, comme dans l'autre. Quand on rentre, et que les feux s'éteignent, qu'on prend le train pour rentrer à l amaison... Mais il n'y a pas eu de catastrophe, parce que, je pense, on avait a fait ce travail humain. J'ai toujours pensé, quand on a fait les castings, qu'il faut faire très gaffe à la manière dont on parle aux gens, quels qu'ils soient. On ne connaît pas ces gens, on partage deux minutes de leur vie, nos destins se croisent... Il faut faire très gaffe. On ne sait pas ce qu'il peut se passer. On a fait attention quand on a senti que les gens étaient un peu friables."
"C'est 30 ans de mon métier : accompagner les gens. J'essaye de me rapprocher d'eux. L'instrument nous rapproche, déjà. Mais je ne peux ps le faire, ce travail, si je n'ai pas de liens. Là, ce sont des gens que je ne connaissais pas. Il fallait que je me rapproche d'eux physiquement vite. Essayer de les entourer, de les enrober, de les enrubanner, pour qu'ils soient le mieux possible, que je puisse me rendre compte de leurs capacités. Ça m'a aidé d'avoir mes camarades avec moi, Michaël Ohayon (guitariste, accompagnateur de nombreuses stars, dont, comme Alain, Renaud, par exemple) à la guitare, quelqu'un avec qui je joue depuis très longtemps, et Marc Lumbroso, mon éditeur que je connais depuis plus de 20 ans. Ça a été un moment très intense, c'était la première fois où je faisais de la musique avec les candidats, où on échangeait vraiment quelque chose. Et en nouant ce lien musical, j'ai été étonné par certains candidats que je n'aurais pas choisis. C'est la magie de ce jeu ; ce jeu est vraiment bien fait. C'est bien pour le public, et c'est bien pour nous".
Sébastien, son protégé...
Lorsqu'on aborde celui de ses candidats qui s'est frayé un chemin jusqu'en finale, grâce à une voix exceptionnelle, une qualité d'interprétation professionnelle, et une palette pleine de surprises, Alain Lanty ne cherche aucunement à nuancer l'admiration qu'il porte au jeune homme et le plaisir qu'il prend à son contact. "Ça ne fait pas l'ombre d'un doute, je mise sur Sébastien pour aller jusqu'au bout". Concédant "je sens qu'il ne fait pas l'unanimité" quant aux autres jurés, Alain se réjouit de son travail avec Sébastien, "très humble, très simple, sur scène comme dans la vie".
"Dans la pensée, c'est tout le temps. Moi, j'suis dans le doute. J'suis pas comme Julie, qui elle est assez sûre de son coup. J'y pense toute la semaine. Quelle chanson ? Est-ce que c'est la bonne ? Mon Dieu, pourquoi j'ai choisi cette chanson ? Est-ce qu'il va bien la chanter ? Est-ce que ça va être à mon goût. Ça, c'est du lundi... au lundi."
"Sébastien a été remarquable : la Lettre à France, ça a été parfait, Kiss, ça a été parfait, contre toute attente. Depuis qu'il lui a répondu, elle a un caillou dans la chaussure, ou un cil dans l'oeil", commentait-il au regard du prime du 14 décembre.
Et quand on tente de minorer le talent de Sébastien, comme l'a fait Marc Cerrone en le cataloguant chanteur de comédie musicale, le ton se durcit, et la blague ne l'est plus qu'à moitié : "Chanteur de comédie musicale. Aahhhh, j'en apprends tout le temps. C'est la guerre que vous voulez ? C'est son avis. Sébastien écrit des chansons, compose des chansons, chante des chansons et, OK, il peut aussi chanter dans des comédies musicales".
Le regard des autres, de ses copains stars sur sa participation à X-Factor
"Je dis ce que je pense, j'suis là pour ça. Et ça va être de pire en pire. Franchement, je vais me Cerroniser... un petit peu. Voilà. Il ne faut pas que j'oublie que je joue, moi aussi, une crédibilité. Quand le jeu va se terminer, je vais repartir dans ma vie de tous les jours, faire des chansons avec les gens... Je ne veux pas qu'on puisse me dire : comment tu as pu laisser une chose pareille ? T'as perdu ton oreille, ton intégrité ? C'est pour ça que je dis que ça va être de pire en pire, parce que, comme l'étau se resserre, il va falloir que je suis de plus en plus précis. Net et juste."
"Mes amis stars... D'abord, ils ne regardent pas tous ! Mais ceux qui regardent... me reconnaissent. C'est le meilleur compliment qu'on puisse me faire. "Tu es exactement comme dans la vie". Donc, ça me va. J'ai pas eu de vannes. Des jeux de mots, pas de vannes. Mes copains stars me reconnaissent très, très bien, c'est super."
Le grand public a découvert Alain Lanty grâce à X-Factor... mais cet "homme d'harmonie, de mélodie(s)", a "d'autres chats à fouetter" !
"Je suis en train de faire la musique d'un film, en ce moment. Je continue à écrire des chansons, parce que c'est comme un muscle, ça s'entretient. Tous les jours - ou toutes les nuits -, j'y consacre un peu de temps. On me demande des chansons, il faut que j'en fasse, que j'en termine. Et je prépare la tournée de Marc Lavoine (son ami de longue date), qui commence le 3 janvier, que j'accompagnerai sur scène pendant presque un an. On répète, depuis le début du mois de décembre, presque tous les jours avec Marc. Alors, il faut que j'établisse quotidiennement un calendrier qui tienne debout. Et je suis aussi en train, ça c'est à l'adresse de Marc Cerrone et de Sébastien, d'écrire une comédie musicale. En même temps. Sur mesure pour Sébastien... Non, c'est quelque chose que j'ai commencé bien avant X-Factor. Pas d'indices, pour l'instant. C'est un travail très long, je le sais pour en avoir déjà fait, il y en a pour 2 ou 3 ans, j'en suis à la première année. Cats, Starmania, Schönberg (la Révolution Française), les Misérables : ça m'a marqué, ça fait partie de mon parcours de compositeur. Parce que c'est riche, on peut se permettre plein de choses dans une comédie musicale."
La petite Lisa...
Souvenez-vous de cette frêle brunette de 16 ans, recalée lors de l'ultime sélection par Julie Zenatti... Sa voix céleste et quasi surnaturelle n'avait pu laisser personne indifférent... Et surtout pas l'ami Lanty, qui a de grands projets pour elle !
"J'ai rencontré dans X-Factor des gens qui aujourd'hui ne sont pas là, ne sont pas dans la compétition, mais pour qui j'aimerais bien écrire des chansons. Je pense notamment à une jeune fille qu'on a rencontrée à Rennes, qui s'appelle Lisa, qui a fait partie du coaching de Julie - elle était dans les douze... Ce devait être la benjamine, elle avait 16 ans. Une petite brune avec une voix incroyable, une voix venue d'on ne sait où, même elle ne le sait pas. Elle ne s'est même pas rendue compte, elle-même, de l'effet qu'elle faisait. Ce que je sais, c'est que quand on l'a vue au casting, on a fait couper après, parce qu'on ne pouvait plus parler. On était sans voix. Elle nous a collés au mur, tous. Nous trois, et les cadreurs qui étaient dans la pièce. Elle a un pouvoir incroyable. Ce qui est formidable, c'est qu'il n'y a aucun calcul chez cette petite. Penser qu'on va écrire pour une voix, je trouve cela très intéressant. J'ai vraiment, vraiment l'intention de le faire ! Comme si je n'avais pas assez de trucs à faire..."
On attendra de dresser un bilan global, une fois la finale de ce soir passée, pour déterminer si X-Factor avait un agent X dans sa recette pour bouleverser le PAF. On peut au moins lui accorder le mérite de s'être attaché les services d'Alain Lanty, qui, lui, a bel et bien quelque chose d'assimilable à un X-Factor.
Guillaume Joffroy
http://www.purepeople.com/article/inter ... r_a46534/1" onclick="window.open(this.href);return false;