Le blogue de Valérie Borde
23 mars 2010
Faut-il boycotter la pause Kit-Kat?
Publié dans | * Alimentation * Environnement
Selon Greenpeace, «Nestlé utilise de l’huile de palme issue de la destruction des forêts tropicales et des tourbières indonésiennes pour la fabrication de certains de ses produits, telles les barres de chocolat Kit-Kat. Le géant alimentaire mène ainsi les orangs-outans au bord de l’extinction et accélère les changements climatiques.»
Faut-il boycotter la pause Kit-Kat, comme le suggère le cruel vidéo ci-dessus ?
Dans un rapport très documenté (document pdf) publié en 2009, le Centre international de recherche sur les forêts fait le point sur ce que l’on sait aujourd’hui des impacts environnementaux et sociaux de l’industrie de l’huile de palme sur les forêts d’Asie du sud-est.
Depuis le début des années 1980, la superficie totale des plantations de palmiers à huile a plus que triplé en Asie du sud-est, pour atteindre 14 millions d’hectares en 2007, dont près de la moitié en Indonésie, premier producteur mondial devant la Malaisie.
Les trois quarts de l’huile de palme produite sont destinées à l’alimentation, le reste est utilisé pour fabriquer du biodiesel ou du savon.
Ces cultures sont extrêmement productives et rentables : un hectare de palmiers fournit 4 à 5 tonnes d’huile bon marché, soit environ dix fois plus qu’un hectare de soja et 25 fois plus qu’un hectare de coton. Elles constituent aussi le principal moteur de développement économique de plusieurs régions.
Mais les plantations de palmiers à huile contribuent largement à la déforestation et à la destruction de la forêt primaire, là où vivent justement les derniers orangs-outangs, entre autres. Elles ont en outre fait exploser le bilan des émissions de gaz à effet de serre de l’Indonésie, érodent les sols et polluent par l’utilisation massive de pesticides.
Dans les aliments, l’huile de palme est souvent utilisée à la place de matières grasses plus coûteuses, surtout dans les biscuits, les croustilles et les confiseries genre Kit Kat.
Sous la pression de groupes comme Greenpeace, l’industrie essaye de faire amende honorable, par exemple en installant les nouvelles palmeraies dans des zones déjà dégradées plutôt qu’en empiétant sur la forêt primaire ou les tourbières.
Nestlé fait ainsi partie de la Roundtable for sustainable palm oil, un regroupement international qui depuis 2004 cherche à améliorer les pratiques de l’industrie.
Car avec un peu de bonne volonté, il y a moyen de produire de l’huile de palme de manière beaucoup plus écologique et socialement responsable.
En Malaisie, plusieurs producteurs d’huile de palme suivent désormais la norme environnementale ISO 14000. Mais il reste bien des progrès à faire, surtout en Indonésie.
Et les campagnes de boycottage de produits par les consommateurs occidentaux restent le principal moteur des changements, bien avant l’engagement volontaire des producteurs comme Nestlé ou Unilever, ou les réglementations des gouvernements.
Greenpeace s’en est pris à Nestlé parce que ses enquêtes démontrent que la multinationale travaille encore avec des fournisseurs «douteux» en Indonésie.
Quelques heures seulement après la diffusion de cette vidéo, Nestlé a annoncé qu’elle résiliait son contrat avec Smart, principal fournisseur d’huile de palme en Indonésie. Si cette compagnie veut continuer de vendre de l’huile de palme pour les Kit-Kat, il va falloir qu’elle s’améliore.
Le rapprochement entre les Kit-Kat et les doigts d’orang-outang est peut-être simpliste, mais il a le mérite d’être diablement efficace.
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