Article daté du 15 juin 2004
Des groupes de femmes se mobilisent contre Stephen Harper
15 juin 2004 Canada
Ottawa — Le droit d'une femme au libre-choix devrait s'étendre au droit de ne pas choisir un gouvernement conservateur, ont affirmé des militantes hier, alors qu'une coalition de femmes de partout au pays lançait une campagne axée sur le vote des électrices.
En conférence de presse, en matinée, des militantes pro-choix ont estimé que cette élection était la plus importante de l'histoire pour l'avenir des droits en matière de reproduction.
À deux semaines du scrutin, ces femmes se sont prononcées contre ce qu'elles considèrent comme le plus grand danger: l'élection d'un gouvernement conservateur qui pourrait, selon elles, ramener les femmes des dizaines d'années en arrière et compromettre leurs gains obtenus de haute lutte.
Mais selon un autre groupe, cela risque d'arriver, quel que soit le parti élu, le 28 juin. D'après Pam Kapoor, de la Coalition pour l'égalité des femmes, le débat sur l'avortement, s'il est légitime, éclipse des questions comme l'équité salariale et la violence faite aux femmes. Les gouvernements existants n'ont pas fait grand-chose pour faire avancer les droits des femmes, déplore-t-elle.
En ce qui a trait à l'avortement, les libéraux se sont engagés à protéger le droit des femmes au libre-choix. Selon Mme Kapoor, les gens craignent qu'un nouveau gouvernement ne revienne sur cet acquis. «[...] Le programme du leader conservateur Stephen Harper inquiète beaucoup les femmes et les groupes de femmes, notamment en ce que cela pourrait signifier pour l'avenir du mouvement des femmes au Canada.»
Plutôt bénéfique
Mais selon la porte-parole conservatrice Rhonda Walker, le programme électoral du parti sera bénéfique pour les femmes. Les baisses d'impôts et l'augmentation des budgets de la santé auront un impact direct sur leur qualité de vie.
En outre, a souligné Mme Walker, M. Harper a à plusieurs reprises affirmé que son gouvernement ne légiférerait pas contre le libre-choix.
Néanmoins, plusieurs femmes sont sceptiques. «Quant une de ses candidates [la députée Cheryl Gallant] soutient que l'avortement est la même chose que décapiter les gens, personne ne croira que ce parti ne va rien faire», a commenté Jen Faulder, du Centre d'études Margaret Laurence de l'Université de Winnipeg.
Malgré les déclarations controversées de certains conservateurs, un sondage Ipsos-Reid effectué au cours de la semaine où le sujet de l'avortement a fait irruption dans la campagne électorale indique que l'appui des femmes au parti ne diminue pas — ce qui montre à quel point le pays aspire à un changement de gouvernement.
Mais des militantes pro-choix ne croient pas à ces résultats. Selon Katherine McDonald, d'Action Canada pour la population et le développement, le vent est en train de tourner. Pour Cyndy Recker, de l'Association canadienne pour le droit à l'avortement, les Canadiens doivent comprendre qu'il y a plusieurs autres façons de compromettre le droit à l'avortement — il suffit de le rendre inaccessible. Par exemple, selon elle, un gouvernement conservateur n'aurait qu'à nommer des députés anti-avortement à des postes ministériels clés, ou encore, modifier la politique de la santé pour stipuler que l'avortement n'est pas une procédure médicalement nécessaire.
La porte-parole du PC, Mme Walker, a répliqué qu'il s'agissait là de tactiques pour faire peur aux gens, et a répété que le parti ne légiférerait pas contre le droit à l'avortement.
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