De plus en plus de tempêtes dans la région de Québec
Jean-François Cliche
Le Soleil

(Québec) Vous doutez encore de la parole des climatologues qui nous promettent des orages plus violents dans l'avenir? Eh bien, c'est déjà commencé, d'après des mesures prises pas plus loin que sur la Rive-Sud de Québec, qui montrent que les tempêtes qui revenaient une fois tous les 40 ans dans la première moitié du XXe siècle se produisent maintenant une fois tous les 10 ans.
Présentées cette semaine par André Musy, directeur général d'Ouranos, un consortium scientifique québécois sur le climat, ces données reposent sur des mesures spéciales du niveau du fleuve à Lauzon entre 1900 et 2002. Les vents forts et la pression atmosphérique peuvent en effet déplacer d'assez grandes masses d'eau et influer ainsi sur le niveau du fleuve, explique-t-il. Si l'on mesure le niveau du fleuve et que l'on soustrait l'effet des marées, on obtient ainsi une mesure, nommée surcote, de la force des tempêtes, puisque plus les vents sont forts, plus la masse d'eau déplacée est grande.
Pour mesurer la force des tempêtes, M. Musy a donc analysé les cas où cet «excédent» d'eau a dépassé un mètre à Lauzon, et a regroupé tous les cas en deux tranches chronologiques : l'une s'étend de 1900 à 1956, et l'autre de 1957 à 2002. En comparant les deux, M. Musy a pu démontrer que les grandes tempêtes se produisent nettement plus souvent dans la région de Québec qu'il y a un siècle.
Dans sa période 1957-2002, en effet, les surcotes très importantes de 2,3 mètres (ce qui n'est pas rien) survenaient une fois tous les 10 ans, mais cette amplitude ne s'observait qu'une fois tous les 40 à 45 ans entre 1900 et 1956.
Ces «événements extrêmes» sont donc beaucoup plus fréquents maintenant qu'il y a un siècle.
M. Musy a présenté ces données mardi lors d'une allocution au Centre des congrès à l'occasion de la réunion annuelle de la Commission internationale sur le génie rural.
Prédictions climatiques
Le groupe Ouranos qu'il dirige a d'ailleurs publié la semaine dernière un rapport sur les meilleures prédictions climatiques dont on dispose actuellement pour le Québec. Le document mentionne en plusieurs endroits que la fréquence des extrêmes devrait continuer d'augmenter d'ici la fin du siècle.
Cependant, nuance M. Musy, il n'est pas encore prouvé scientifiquement que cette hausse est attribuable au réchauffement climatique. L'hypothèse la plus répandue veut que si la température moyenne monte, la quantité d'énergie totale qui se trouve dans le «système climatique planétaire» augmente nécessairement elle aussi, ce qui devrait se traduire par plus d'événements violents.
Mais cela n'a pas encore été prouvé de manière satisfaisante, dit-il, en grande partie parce qu'il fallait d'abord établir solidement que les extrêmes étaient bel et bien plus fréquents qu'avant, ce qui est maintenant chose à peu près faite, selon M. Musy.
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