Mise à jour: 30/07/2010 06:09
Enquête | Cédrika Provencher
Fâchant et épouvantable
(Journal de Montréal) Sarah-Maude Lefebvre
Agence QMI
«Fâchant», «décourageant» et «épouvantable». Trois ans après la disparition de sa fille Cédrika, Martin Provencher n'est pas à court de mots pour déplorer la lenteur de l'enquête menée par la Sûreté du Québec.
Le père s'étonne du fait que le corps policier n'a toujours pas résolu l'énigme de l'enlèvement de sa fille, malgré «tous les moyens» dont il dispose.
À l'approche de 31 juillet, date à laquelle la disparition de la petite Cédrika remontera à trois ans, Martin Provencher oscille entre l'espoir, la tristesse et l'amertume.
«J'imagine que le dossier de ma fille est encore actif, mais la SQ demeure muette. C'est fâchant et décourageant de constater que, malgré l'importance du dossier, le cas de la disparition de Cédrika est toujours au même stade trois ans plus tard», a-t-il confié.
«On me dit que c'est la plus grosse enquête du genre et que beaucoup de personnes ont été affectées au dossier, mais ça n'avance pas. Ça n'a pas d'allure que ça prenne autant de temps. Ça ne me rentre pas dans la tête», poursuit Martin Provencher.
Ce dernier affirme que les policiers de la Sûreté du Québec ne font aucun suivi sur les informations qu'il leur trans-met. «C'est embêtant. On doit transmettre toutes les révélations qu'on nous fait à la SQ car on ne peut pas faire l'enquête nous-mêmes, mais je ne sais pas ce qui arrive avec ces informations par la suite», fait-il remarquer.
Fin des commentaires
Le corps policier chargé de l'enquête s'est refusé à tout commentaire.
«L'enquête se poursuit. C'est tout ce que nous pouvons dire. Nous ne commentons plus ce dossier», a confirmé la porte-parole de la Sûreté du Québec, Martine Isabelle.
Même s'il se dit «réaliste» et qu'il envisage «tous les scénarios possibles», Martin Provencher espère toujours que sa petite fille, qui serait maintenant âgée de 12 ans, soit vivante et demeure persuadé que «quelqu'un, quelque part» détient la clé de cette énigme.
«La police recherche une voiture Acura rouge qui serait des années 2002 à 2004. Il n'y en a pas 20 000 comme ça au Québec. C'est sûr que quelqu'un de l'entourage se doute de quelque chose», avance-t-il.
Même si l'organisme Enfant- Retour Québec admet qu'il est rarissime qu'un enlèvement criminel d'enfant soit résolu après autant de temps au Québec, la directrice générale Pina Arcamone rappelle que plusieurs enfants ont été retrouvés après une longue période de temps aux États- Unis.
«Pensons seulement au cas de Shawn Hornbeck, ce garçon du Missouri qui a été enlevé à l'âge de 11 ans et qui a été retrouvé sain et sauf à l'âge de 15 ans. Ce genre de dossier nous donne espoir de retrouver Cédrika», lance Mme Arcamone.
Portrait-robot
Cédrika Provencher était âgée de neuf ans lorsqu'elle a disparu et en compterait maintenant douze. Même si un enfant change énormément physiquement durant cette période, il demeure reconnaissable pour quiconque lui prêterait suffisamment attention, estime Dane Janes, un portraitiste spécialisé dans le vieillissement d'enfant de la GRC.
«Il suffit de prendre le temps d'examiner le portrait-robot de l'enfant disparu pour que son visage s'imprime dans notre mémoire. Peu importe le nombre d'années, certains traits, comme les yeux, ne changent pas. Malheureusement, la plupart des gens ne regardent jamais un portrait-robot plus qu'une minute et c'est pour ça qu'ils ont peu de chance de reconnaître l'enfant s'ils le croisent par hasard», explique-t-il.
Martin Provencher ne s'est toujours pas résolu à ce jour à demander un vieillissement du portrait de sa fille à un expert.
«Ce n'est pas très compliqué. Dans ce cas-ci, si j'ai par exemple de bonnes photos des parents de la petite fille à l'âge de douze ans, on peut arriver à de bons résultats. Certains détails sur la personne contribuent aussi à faire un bon portrait. Par exemple, si elle préférait porter ses cheveux longs ou attachés», confirme M. Janes.
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