
Nancy Mawn est morte hier en matinée. Cette dame avait ému tout le Québec au printemps en parlant de sa mort prochaine à l’émission Tout le monde en parle. Elle l’avait fait avec courage et dignité. Une belle leçon de vie, un grand moment de télévision.
Je me permets de reproduire le billet de ma collègue Chantal Vallée, une de nos plus belles plumes dans la boîte, qui sera publié demain dans La Voix de l’Est. Chantal a rencontré Mme Mawn à quelques reprises pour raconter son incroyable histoire. Son texte est très touchant.
Lettre à Nancy
On m’avait prévenue : je ne sortirais pas de cette entrevue indemne. Comment rencontrer une femme âgée dans la quarantaine comme moi, mère comme moi, à qui il ne reste que six mois à vivre ? Comment parler de la mort à une grande malade, de SA mort ?
Je suis allée à l’entrevue anxieuse. Je m’attendais à rencontrer une femme émaciée, fatiguée et triste. J’avais tout faux. Je n’avais jamais vu une personne aussi vivante, aussi sereine, aussi souriante, aussi altruiste.
Pas de pourquoi moi ? La vie est injuste. Elle en aurait tellement eu le droit ! Toutes ses énergies étaient investies dans la création de beaux souvenirs qui consolent sachant que dans six mois, ou un peu plus, elle ne serait plus là pour les câlins.
Une femme prête à accueillir la mort, mais qui mord dans la vie. Comme elle le disait dans l’un des courriels échangés depuis notre rencontre : je vais mourir, mais je ne suis pas obligée d’attendre la mort en pleurant. Et vlan !
Cette boutade résume un peu la femme que j’ai très peu connue, mais beaucoup admirée. Une femme qui vit à 100 milles à l’heure. Quand Nancy Mawn décidait de redécorer la maison ou de déménager, attachez vos tuques ! C’est comme si c’était fait.
Une femme toujours sur une patte. Partie, sortie, disponible pour donner des conférences sur la maladie et aider les personnes atteintes du cancer jusqu’à ce qu’elle n’en ait plus la force.
Le soir de son admission à la Maison Au Diapason, elle devait aller voir un spectacle. Le lendemain, elle devait participer au Relais pour la vie, à Granby, une activité-bénéfice pour les personnes atteintes de cancer. Mais la maladie en a décidé autrement.
Cette Nancy Mawn qui a ému tout le Québec lors de son passage à Tout le monde en parle était, comme on dit, pas arrêtable. Elle avait beaucoup de choses importantes à dire. Sa liste de petits bonheurs à réaliser, de beaux souvenirs à laisser. Et une immense soif de vivre.
Elle était encore présente lorsque je lui ai rendu visite, sans carnet et sans être accompagnée d’un photographe, à la Maison Au Diapason. Malgré la douleur et l’immense fatigue, elle demeurait extrêmement gentille et attentionnée. Après des mois sans rien pouvoir avaler, elle a demandé du melon. Son sourire quand elle a mordu dans les petits morceaux coupés par sa fille ! C’était bouleversant !
Nancy Mawn a également touché beaucoup de gens dans la région. Des gens qu’elle croisait à l’épicerie ou au restaurant lui demandaient un autographe, voulaient la toucher, comprendre comment elle réussissait à traverser cette immense épreuve avec autant de sérénité.
Je n’ai jamais compris comment elle parvenait à semer la joie alors que la vie la quittait. Aujourd’hui, alors que son combat est terminé, j’aimerais lui dire merci. Un merci que j’aimerais adresser aussi à son conjoint Michel, sa fille Éloïse, son fils Kaël et à son amie de longue date Diane Tétreault qui m’ont ouvert les portes et ont partagé avec douceur et générosité des moments extrêmement éprouvants. Mais on a tous ri et souri avec Nancy qui avait le don de lancer des boutades pour donner de petites pauses à la tristesse.
Je suis en pensée aujourd’hui avec tous les gens qui, comme moi, l’ont aimée. Et je suis sûre qu’ils sont très, très nombreux.
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