
CHUQ
Vague de suicides chez les infirmières
Agence QMI
Jean-Francois Racine
11/08/2010 21h13

La situation est préoccupante au Centre hospitalier de l'Université Laval à Québec (CHUQ), alors qu'on signale au moins cinq suicides d'infirmières dans la dernière année et demie.
QUÉBEC – La situation est préoccupante au Centre hospitalier de l'Université Laval à Québec (CHUQ), alors qu'on signale au moins cinq suicides d'infirmières dans la dernière année et demie.
Selon une infirmière qui a tenu à garder l’anonymat, il y a eu cinq suicides dans les derniers mois, uniquement au sein du personnel infirmier de l'hôpital Saint-François d'Assise.
C'est la première fois en 30 ans de service que Marie (nom fictif) est témoin d'un tel phénomène, qui a touché quatre de ses amies depuis le mois de janvier. Une chose est claire pour elle : c'est la surcharge de travail des infirmières qui est à l'origine de tout ça. L'une d'entre elles était à quelques mois de prendre sa retraite, une autre devait quitter dans deux ans alors que la dernière infirmière qui s'est suicidée venait tout juste de commencer dans le milieu, elle n'avait que 21 ans. La jeune femme a été enterrée la semaine passée dans son village natal du Nord-du-Québec. C'est à la suite de sa mort que Marie a décidé de dénoncer l'affaire, sous le couvert de l'anonymat, pour ne pas subir de représailles.
« Elles se sont suicidées par intoxication médicamenteuse. Deux se sont pendues et ce sont leurs enfants qui ont découvert leur mère morte », a confié Marie.
Sujet tabou
Le syndicat qui représente les infirmières du CHUQ confirme ce chiffre, mais refuse pour sa part de faire un lien entre les tristes événements et les conditions de travail des infirmières. Le syndicat n’a pas voulu commenter cette affaire.
La présidente de l'Alliance des syndiquées interprofessionnelles du CHUQ, Nancy Bédard, a tenu à spécifier que les infirmières qui se sont suicidées connaissaient, pour la plupart, de graves difficultés familiales. Selon Mme Bédard, elles étaient suivies par un médecin ou étaient en congé de maladie.
« On appartient à notre employeur »
Marie n'en revient tout simplement pas. Elle est complètement déboussolée de constater que son syndicat et son employeur ne font rien.
« On est obligées de faire du temps supplémentaire! Même si tu es en vacances, ils t'appellent pour vérifier si tu es disponible, a-t-elle expliqué. On n'a pas de vie privée, on appartient à notre employeur. C'est épouvantable. »
Selon Marie, même les nouvelles infirmières cherchent à quitter la profession. Plusieurs ont décidé de retourner aux études pour réorienter leur carrière. « Je les comprends, pis je les pousse là-dedans », a confié la dame.
Marie craint que d'autres de ses consœurs passent à l'acte. C'est d'abord pour cette raison qu'elle a voulu dénoncer cette situation. Elle souhaite aussi provoquer des changements au sein de la profession d'infirmière, un métier qu'elle adore malgré tout.
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