Dangereux pour les enfants : le fugitif Tousignant s'était déjà évadé dans le passé
Écrit par Vincent Larouche
Mise à jour le Vendredi, 20 août 2010 20:22
Le meurtrier montréalais en fuite recherché d'un océan à l'autre depuis vendredi pour possession de pornographie juvénile et qui «pourrait représenter une menace pour les enfants» n'en est pas à sa première évasion depuis son admissibilité à la libération conditionnelle : des documents obtenus par Rue Frontenac démontrent qu'on lui avait révoqué une précédente libération après une cavale de 21 mois en liberté illégale.
Guy Charles Tousignant, 54 ans, était en liberté conditionnelle totale jusqu'à cette semaine mais a disparu depuis jeudi, confirme le porte-parole du Service correctionnel du Canada, Jean-François Cusson. Le fugitif est toujours sous le coup d'une sentence à vie pour un meurtre prémédité commis en 1982. «Il doit se rapporter jusqu'à sa mort», dit M. Cusson.
Vendredi, les enquêteurs du Module exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales du SPVM ont obtenu un mandat d'arrestation pancanadien afin de lui remettre la main au collet.
«À la suite d'une enquête, nous avons des raisons de croire qu'il a eu en sa possession de la pornographie juvénile», confirme l'agent Daniel Lacoursière, porte-parole de la police de Montréal.
La police précise dans un communiqué qu'il est considéré comme une personne violente et «pourrait représenter une menace pour les enfants sans surveillance».
Une première fuite
Or, selon un rapport de décision de la Commission nationale des libérations conditionnelles obtenu par Rue Frontenac vendredi, la libération conditionnelle totale accordée à Tousignant en 2007 n'était pas sa première.
En 2002, on lui avait révoqué une première libération totale après qu'il eut passé 21 mois en liberté illégale, sans donner signe de vie aux autorités. Pendant cette période, il avait réglé auprès d'un prêteur sur gages les dettes de drogues de son frère et tenté de frauder une caisse populaire.
Tousignant a ensuite tenté activement d'obtenir une nouvelle libération mais il avait une grosse pente à remonter. Des spécialistes qui l'avaient évalué décelaient chez lui des problèmes de toxicomanie (alcool et drogues), des valeurs élastiques, un mode de vie hédoniste et une tendance à fuir les obligations et les déceptions, un trouble de la personnalité antisocial ainsi que des traits narcissiques.
En 2005, une psychologue estimait encore que le risque de passage à l'acte hostile ne pouvait être écarté et qu'il était trop risqué de le laisser sortir à nouveau de prison.
Mais Tousignant avait ensuite fait des progrès. Il avait participé à des programmes institutionnels en prison et avait même obtenu un baccalauréat universitaire par cumul de certificats.
En 2007, alors qu'il souhaite retourner vivre en société dans des appartements supervisés, la Commission des libérations conditionnelles lui accorde une nouvelle libération conditionnelle totale, malgré le fait qu'il se soit évadé lors de sa première expérience du genre.
«Dans un tel cadre, le risque que vous présentez n'est pas inacceptable», écrivaient les commissaire Marie-Claude Frenette, Jacques Letendre et Michel Pallascio, le 8 novembre 2007.
Meurtre à coups de marteau et chèques de BS
Jusqu'ici, Tousignant n'avait jamais été trouvé coupable de crimes sexuels ou reliés aux enfants, comme la possession de pornographie juvénile. Mais il possède tout de même un long historique criminel.
Ses démêlés avec la justice ont commencé à l'âge de 12 ans. Adulte, il est vite condamné pour des délits contre les biens et la propriété.
En 1982, il assassine à coups de marteau un partenaire qui travaillait avec lui dans le trafic de drogue, dans des circonstances reliées aux motards criminels. Selon Tousignant, la victime aurait pigé dans l'argent qu'il gardait pour d'autres personnes.
Tousignant avait caché le cadavre du partenaire pendant six mois. «Au cours de cette période, vous vous êtes servi de sa carte de crédit et avez encaissé ses chèques d'aide sociale», peut-on lire dans le document de la Commission.
Au moment de sa dernière libération, les statistiques démontraient que quatre détenus sur cinq présentant des caractéristiques semblables ne récidivent pas à leur libération. La police espère maintenant le rattraper avant qu'il ne devienne l'exception qui confirme la règle...
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