Temps dur pour les prisonniers
Marc Pigeon
Journal de Montréal
18/09/2010 06h17

Le Journal de Montréal s'est intéressé aux méthodes d'un shérif de l'Arizona qui fait tout pour que les criminels ne veuillent plus jamais revenir dans ses prisons.
Alors que Québec s'apprête à construire une prison ultramoderne de 143 M$ à Sorel-Tracy pour y loger ses détenus, le Journal s'est intéressé aux méthodes d'un shérif de l'Arizona qui fait tout pour que les criminels ne veuillent plus jamais revenir dans ses prisons : ils vivent sous la tente, exécutent des travaux publics et sont nourris de baloney. Nos prisons sont-elles trop confortables ?
Les prisons du shérif
Le Journal s'est rendu à Phoenix afin de visiter l'univers carcéral du shérif Joe Arpaio, qui se targue d'être le shérif le plus dur du monde.
Rien à voir avec le traitement offert aux prisonniers des établissements du Québec qu'on libère aussi tôt qu'après un sixième de leur peine.
Une situation qui fait d'ailleurs sourciller le shérif Arpaio.
Les prisons débordaient lorsqu'il a été élu en 1992. Plusieurs détenus étaient relâchés avant la fin de leur sentence afin de faire de la place.
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M. Arpaio a alors promis que plus personne ne serait relâché avant terme. Mais il ne souhaitait pas pour autant investir 50 à 80 M$ pour bâtir une prison.
Près d'un dépotoir
Il a alors érigé ce qu'il nomme «Tent City» (la cité des tentes), un espace situé non loin du dépotoir municipal, entouré de barbelés, où il a installé 70 tentes militaires utilisées durant la guerre de Corée... qu'il a obtenues gratuitement.
Malgré une féroce opposition de militants pour la défense des droits humains, «Tent City» a été mise en oeuvre avec un investissement de moins de 150 000 $.
«Aussi longtemps que je serai le shérif, les tentes resteront là», dit-il.
Il y a aussi édicté des politiques sévères ( voir pages 4 et 5) : deux repas (peu ragoûtants) par jour ; pas de café, de sel ni de cigarettes; uniforme rayé noir et blanc obligatoire ; sousvêtements, draps et serviettes roses; aucune visite contact.
Des photos des prisons
Les séjours y sont difficiles. Les détenus y «font leur temps».
»S'ils n'aiment pas ça, ils n'ont qu'à ne plus revenir», dit le shérif.
Travailler enchaîné
Il a aussi mis sur pied les «chain gangs», ces groupes de prisonniers enchaînés qui travaillent le long des routes à nettoyer les accotements ou à effacer les graffitis. Ils doivent même enterrer les itinérants sans famille.
Il a été le premier à y faire travailler des femmes et même des mineurs accusés de crimes graves.
Une façon claire pour le shérif de lancer son message à la population : voyez ce qui vous arrivera si vous commettez un crime.
Et ça marche, selon lui : le nombre de prisonniers est passé de 10 000 à 8 000, alors que la criminalité a chuté de 19 % depuis son élection.
Ce qui explique pourquoi l'homme de 78 ans détient un record américain: il en est à son cinquième mandat de quatre ans et souhaite briguer les suffrages une sixième fois en 2012.
«Et je serai réélu, dit-il avec assurance. 88% des gens m'aiment!»
Et ce, malgré la controverse qui sévit depuis quelques mois, concernant ses politiques arbitraires pour lutter contre l'immigration illégale à la frontière mexicaine.