La «matantisation» de l'école
La «matantisation» de l'école
Publié le 09 octobre 2010 à 06h00 | Mis à jour à 06h00
La «matantisation» de l'école
François Cardinal
La Presse
Devrait-on interdire l'école aux enfants?
Pour absurde qu'elle soit, la question se pose à la lumière de l'intolérance croissante des établissements scolaires face aux débordements des élèves, tout à fait normaux au demeurant.
Dernière en date, cette école de Waterloo qui interdit aux enfants de parler durant le repas du midi. Ce faisant, elle a transformé une des rares périodes de détente active de la journée en un pensum de plus... Avec musique de relaxation, S.V.P.
Mais ne nous acharnons pas sur cet établissement, qui ne fait qu'emboîter le pas aux autres écoles du Québec, où l'on tente de plus en plus d'accommoder les enseignants et les surveillants, quand ce ne sont leurs syndicats, aux dépens des enfants.
En témoigne par exemple la disparition graduelle des récréations au primaire. S'en tenant à une lecture stricte du régime pédagogique, qui impose «une période de détente le matin et l'après-midi», les directions n'hésitent plus à supprimer ce dernier bastion de l'activité physique libre...
«On constate que de plus en plus d'écoles éliminent la récréation de l'après-midi», notait l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, en 2006. Avec pour résultat qu'à peine la moitié des écoles primaires publiques de l'île n'offraient alors qu'une seule période extérieure par jour.
On justifie une telle décision par le temps que les élèves passent à s'habiller et se déshabiller ou encore, par les querelles observées dans la cour... qui de toute façon favorise la propagation du rhume, ajoute-t-on.
Comme la société dans laquelle elle évolue, l'école est devenue clairement intolérante face à tout ce qui retrousse, qui dépasse, qui déborde. Elle voudrait mettre chaque élève sous cloche que cela ne nous surprendrait même plus...
Prenons l'exemple de cette école de la Montérégie qui interdit aux élèves de se promener dans les escaliers avec leur sac à dos, afin d'éviter qu'ils s'accrochent et se fassent mal?! Ou encore, celle de l'Ouest-de-l'Île qui interdit aux enfants de se déguiser à l'Halloween, sous prétexte que dans le passé, «plusieurs enfants n'avaient pas de déguisement ou des déguisements moins élaborés que d'autres, ce qui leur créait quelques déceptions»!
Cela dit, cette «matantisation» de l'école, pour emprunter l'expression de Claude Mailloux, du département de psychoéducation de l'UQTR, ne serait qu'anecdotique si elle ne s'accompagnait pas de problèmes on ne peut plus réels, surtout chez les garçons.
Toutes les études confirment l'effet positif des moments de détente active et d'activité physique sur les muscles, le tour de taille, le cerveau, la concentration, l'attention et... le bulletin scolaire. Et à l'inverse, les chercheurs notent un lien direct entre la sédentarité scolaire et l'augmentation des troubles du comportement et de l'attention.
Car en tentant d'enfermer nos enfants dans le silence, la sédentarité et la précaution à outrance, on ne réduit pas l'agitation, on l'accroît.
http://www.cyberpresse.ca/place-publiqu ... cueil_POS2" onclick="window.open(this.href);return false;
La «matantisation» de l'école
François Cardinal
La Presse
Devrait-on interdire l'école aux enfants?
Pour absurde qu'elle soit, la question se pose à la lumière de l'intolérance croissante des établissements scolaires face aux débordements des élèves, tout à fait normaux au demeurant.
Dernière en date, cette école de Waterloo qui interdit aux enfants de parler durant le repas du midi. Ce faisant, elle a transformé une des rares périodes de détente active de la journée en un pensum de plus... Avec musique de relaxation, S.V.P.
Mais ne nous acharnons pas sur cet établissement, qui ne fait qu'emboîter le pas aux autres écoles du Québec, où l'on tente de plus en plus d'accommoder les enseignants et les surveillants, quand ce ne sont leurs syndicats, aux dépens des enfants.
En témoigne par exemple la disparition graduelle des récréations au primaire. S'en tenant à une lecture stricte du régime pédagogique, qui impose «une période de détente le matin et l'après-midi», les directions n'hésitent plus à supprimer ce dernier bastion de l'activité physique libre...
«On constate que de plus en plus d'écoles éliminent la récréation de l'après-midi», notait l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, en 2006. Avec pour résultat qu'à peine la moitié des écoles primaires publiques de l'île n'offraient alors qu'une seule période extérieure par jour.
On justifie une telle décision par le temps que les élèves passent à s'habiller et se déshabiller ou encore, par les querelles observées dans la cour... qui de toute façon favorise la propagation du rhume, ajoute-t-on.
Comme la société dans laquelle elle évolue, l'école est devenue clairement intolérante face à tout ce qui retrousse, qui dépasse, qui déborde. Elle voudrait mettre chaque élève sous cloche que cela ne nous surprendrait même plus...
Prenons l'exemple de cette école de la Montérégie qui interdit aux élèves de se promener dans les escaliers avec leur sac à dos, afin d'éviter qu'ils s'accrochent et se fassent mal?! Ou encore, celle de l'Ouest-de-l'Île qui interdit aux enfants de se déguiser à l'Halloween, sous prétexte que dans le passé, «plusieurs enfants n'avaient pas de déguisement ou des déguisements moins élaborés que d'autres, ce qui leur créait quelques déceptions»!
Cela dit, cette «matantisation» de l'école, pour emprunter l'expression de Claude Mailloux, du département de psychoéducation de l'UQTR, ne serait qu'anecdotique si elle ne s'accompagnait pas de problèmes on ne peut plus réels, surtout chez les garçons.
Toutes les études confirment l'effet positif des moments de détente active et d'activité physique sur les muscles, le tour de taille, le cerveau, la concentration, l'attention et... le bulletin scolaire. Et à l'inverse, les chercheurs notent un lien direct entre la sédentarité scolaire et l'augmentation des troubles du comportement et de l'attention.
Car en tentant d'enfermer nos enfants dans le silence, la sédentarité et la précaution à outrance, on ne réduit pas l'agitation, on l'accroît.
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Re: La «matantisation» de l'école
<<Car en tentant d'enfermer nos enfants dans le silence, la sédentarité et la précaution à outrance, on ne réduit pas l'agitation, on l'accroît.>>
Très d'accord avec cet énoncé.

- Thewinneris
- Seigneur de la Causerie
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- Inscription : mer. avr. 02, 2003 1:00 am
Re: La «matantisation» de l'école
Cibole, les jeunes ne peuvent rien faire de physique dans les écoles! Dans les classes, je comprend, mais les activités spotives elles sont ou?
Re: La «matantisation» de l'école
J'ai bien de la difficulté avec ces nouveaux contextes..... je me demande pourquoi les profs et les surveillants pouvaient faire le boulot avant et plus maintenant.....
Pourquoi il faudrait que les enfants soient médicamenté dès qu'ils sont un peu turbulent... en plus de tout ce qu'on lit dans ce texte..... c'est un peu décourageant tout ça je trouve.
Pourquoi il faudrait que les enfants soient médicamenté dès qu'ils sont un peu turbulent... en plus de tout ce qu'on lit dans ce texte..... c'est un peu décourageant tout ça je trouve.
Re: La «matantisation» de l'école
Le Samedi 9 octobre 2010 | Mise en ligne à 6h47
Écoles : plutôt que d’imposer le silence, imposons la récré
François Cardinal
La décision de l’école de Waterloo d’imposer le silence pendant le repas du midi a beaucoup fait réagir ces derniers jours, au point où certains y ont vu dérapage médiatique.
Curieux tout de même qu’on note si souvent l’absence de débat collectif au Québec, et qu’en même temps, on s’attaque aux médias lorsqu’ils approfondissent une question au-delà des manchettes…
À mon avis, la décision prise par cette école primaire valait certainement toutes ces réactions, en raison des multiples questions qu’elle suscite : sur l’importance du repas, sur la détérioration des récréations et des moments de détente, sur l’attitude des enseignants et des surveillants face aux débordements… et sur la couverture journalistique!
Osons donc un angle supplémentaire : la composition de la journée scolaire type.
L’idée m’est venue en discutant avec Égide Royer, professeur au département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, qui vient de faire paraître Leçons d’éléphants : pour la réussite des garçons à l’école.
Lorsque j’ai abordé ladite question, il m’a tout de suite parlé d’une tendance en émergence aux États-Unis : le Recess Before Lunch.
L’idée est à la fois simple et révolutionnaire : permettre aux enfants de se délier les jambes AVANT de manger, pas après.
Avec une demi-journée dans le corps, passée majoritairement en position assise, les élèves ont en effet un besoin immense de se dépenser physiquement. D’où le bruit constaté à la cafétéria de l’école de Waterloo, d’ailleurs.
Mais plutôt que d’y répondre par la contrainte (le silence et une musique de relaxation!), on y va par le simple bon sens en inversant la récréation du midi et le repas. Avec à la clé des comportements beaucoup plus calmes, un appétit plus grand pour les fruits et les légumes (!) et une diminution du gaspillage à la cafétéria (!)…
Une solution gagnant-gagnant-gagnant, en somme!
Le lien entre la pause, le gaspillage et la qualité de la nourriture ingurgitée peut surprendre, mais il est néanmoins très clair : en permettant de jouer avant de manger, on donne aux élèves l’impression 1) qu’ils ont plus de temps pour jouer, 2) qu’ils n’ont pas à se dépêcher de finir leur lunch pour se retrouver dehors avec leurs amis.
Car quiconque a un enfant sait à quel point il se sent pressé par le temps lors du moment du repas. Donc ajoutez au besoin de bouger le stress du repas vite mangé et vous vous retrouvez avec un cocktail assez bruyant merci…
Suffit ensuite de voir comment on y répond : en accommodant les enfants? Ou plutôt, les surveillants?
http://blogues.cyberpresse.ca/edito/201 ... ECRAN1POS4" onclick="window.open(this.href);return false;
Écoles : plutôt que d’imposer le silence, imposons la récré
François Cardinal
La décision de l’école de Waterloo d’imposer le silence pendant le repas du midi a beaucoup fait réagir ces derniers jours, au point où certains y ont vu dérapage médiatique.
Curieux tout de même qu’on note si souvent l’absence de débat collectif au Québec, et qu’en même temps, on s’attaque aux médias lorsqu’ils approfondissent une question au-delà des manchettes…
À mon avis, la décision prise par cette école primaire valait certainement toutes ces réactions, en raison des multiples questions qu’elle suscite : sur l’importance du repas, sur la détérioration des récréations et des moments de détente, sur l’attitude des enseignants et des surveillants face aux débordements… et sur la couverture journalistique!
Osons donc un angle supplémentaire : la composition de la journée scolaire type.
L’idée m’est venue en discutant avec Égide Royer, professeur au département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, qui vient de faire paraître Leçons d’éléphants : pour la réussite des garçons à l’école.
Lorsque j’ai abordé ladite question, il m’a tout de suite parlé d’une tendance en émergence aux États-Unis : le Recess Before Lunch.
L’idée est à la fois simple et révolutionnaire : permettre aux enfants de se délier les jambes AVANT de manger, pas après.
Avec une demi-journée dans le corps, passée majoritairement en position assise, les élèves ont en effet un besoin immense de se dépenser physiquement. D’où le bruit constaté à la cafétéria de l’école de Waterloo, d’ailleurs.
Mais plutôt que d’y répondre par la contrainte (le silence et une musique de relaxation!), on y va par le simple bon sens en inversant la récréation du midi et le repas. Avec à la clé des comportements beaucoup plus calmes, un appétit plus grand pour les fruits et les légumes (!) et une diminution du gaspillage à la cafétéria (!)…
Une solution gagnant-gagnant-gagnant, en somme!
Le lien entre la pause, le gaspillage et la qualité de la nourriture ingurgitée peut surprendre, mais il est néanmoins très clair : en permettant de jouer avant de manger, on donne aux élèves l’impression 1) qu’ils ont plus de temps pour jouer, 2) qu’ils n’ont pas à se dépêcher de finir leur lunch pour se retrouver dehors avec leurs amis.
Car quiconque a un enfant sait à quel point il se sent pressé par le temps lors du moment du repas. Donc ajoutez au besoin de bouger le stress du repas vite mangé et vous vous retrouvez avec un cocktail assez bruyant merci…
Suffit ensuite de voir comment on y répond : en accommodant les enfants? Ou plutôt, les surveillants?
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Re: La «matantisation» de l'école
Je suis d'accord avec le fond de l'article, soit que les jeunes ont besoin de bouger. Là où je trouve ça comique, c'est que j'ai 33 ans et la surveillante de l'école où j'ai fait ma maternelle, 1ère et 2e année imposait le silence pendant le repas. Le but était que les enfants mangent leur repas au lieu de parler. J'ai survécu et ça n'a pas fait tout un plat. L'heure du dîner au primaire est de 75 minutes pour les élèves. En 30 minutes, ils ont tous fini de manger et vont jouer dehors pour les 45 qui restent.
Si les journalistes se mettaient à chercher les bons coups dans les écoles au lieu de trouver la bête noire aussi.
Si les journalistes se mettaient à chercher les bons coups dans les écoles au lieu de trouver la bête noire aussi.

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Re: La «matantisation» de l'école
Quand on parle d'école dans les médias, j'ai beaucoup de difficulté a reconnaître les écoles de mes enfants.
Prière et chant religieux
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Notre famille compte un nouveau membre à aimer.
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Re: La «matantisation» de l'école
.anthurium. a écrit : Quand on parle d'école dans les médias, j'ai beaucoup de difficulté a reconnaître les écoles de mes enfants.
C'est un peu ce que je me dis aussi...... ça semble atroce au niveau médiatique, mais mes amis qui ont tous des enfants ne parlent jamais de ce genre de chose et ça ne semblent pas faire parti de leurs préoccupations.
Dernière modification par Placeress le lun. oct. 11, 2010 5:03 pm, modifié 1 fois.
Re: La «matantisation» de l'école
Moi de mêmeAnya a écrit : <<Car en tentant d'enfermer nos enfants dans le silence, la sédentarité et la précaution à outrance, on ne réduit pas l'agitation, on l'accroît.>>
Très d'accord avec cet énoncé.

"L'âme n'a point de secret que la conduite ne révèle."
- MsPontchartrain
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Re: La «matantisation» de l'école
Je suis contente de lire les commentaires sceptiques, car j'ai moi-même eu cette réaction en lisant l'article. Je ne remets pas en question que ces pratiques puissent exister dans certaines écoles... mais QUELLES écoles au juste ? Il n'y a aucun nom nulle part. Comment sait-on s'il s'agit de bobards, ou d'histoires exagérées ? J'aime beaucoup l'anecdote de Jaskab pour cela, car cela illustre bien ce que j'essaie de dire. Prises seules, certaines pratiques peuvent presque avoir l'air cruelles. Mais il y a sans doute des raisons ? Celle de l'Halloween m'a particulièrement fait rire, car moi non plus à mon école, on n'encourageait pas à se déguiser. Pas juste parce que certains n'avaient pas l'argent pour un costume. Parce qu'il y avait aussi des gens de diverses religions qui ne fêtaient pas Halloween (dont les Témoins de Jéhovah) et les enfants qui ne se déguisaient pas étaient souvent la cible de moqueries. Au secondaire, c'est devenu ''optionnel'' de se déguiser, on offrait l'alternative, puisque c'était une école privée avec uniforme, de se déguiser, ou de porter des habits civils si on le souhaitait. Jamais personne n'a pleuré parce qu'il ne pouvait pas se déguiser en vampire à l'Halloween !
Re: La «matantisation» de l'école
C'est du sensationnalisme selon moi. C'est comme pour la fille qui a été obligée de se changer dehors ou le petit gars qui a dû manger avec ses mains, je crois que c'était des cas isolés, sinon tout le monde en parlerait et pas juste dans les médias. Même si au primaire j'allais manger chez moi le midi, je n'ai jamais entendu d'histoires à propos des élèves qui mangeaient à l'école, et dans mes amis et amies qui allaient dans d'autres écoles, je n'ai jamais eu vent de pratiques comme celle là.
Re: La «matantisation» de l'école
« Si les journalistes se mettaient à chercher » la logique qui peut sous-tendre une telle règle et surtout à la comprendre. Comme si l'enfant avait été en silence tout l'avant-midi. Décidément, certains ne décrochent pas de l'école d'autrefois.jaskab a écrit : Je suis d'accord avec le fond de l'article, soit que les jeunes ont besoin de bouger. Là où je trouve ça comique, c'est que j'ai 33 ans et la surveillante de l'école où j'ai fait ma maternelle, 1ère et 2e année imposait le silence pendant le repas. Le but était que les enfants mangent leur repas au lieu de parler. J'ai survécu et ça n'a pas fait tout un plat. L'heure du dîner au primaire est de 75 minutes pour les élèves. En 30 minutes, ils ont tous fini de manger et vont jouer dehors pour les 45 qui restent.
Si les journalistes se mettaient à chercher les bons coups dans les écoles au lieu de trouver la bête noire aussi.

Au plaisir!
«Tout ce que tu fais trouve un sens dans ce que tu es.»