* Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

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tuberale
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* Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

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Le Canada reçoit une gifle à l'ONU


New York — La délégation canadienne à l'ONU était sous le choc hier après avoir reçu la gifle assenée par la communauté internationale, qui lors d'un vote sans équivoque a refusé que le Canada accède au Conseil de sécurité. C'est la première fois depuis la création de l'ONU, en 1945, que le Canada perd une telle campagne diplomatique.

Pourtant, lundi soir encore, les fonctionnaires et diplomates canadiens se disaient «certains» de l'emporter, probablement même dès le premier tour. Rien n'avait été laissé au hasard dans les dernières semaines. Par exemple, hier matin, en arrivant dans la grande salle de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, les 191 ambassadeurs présents ont trouvé à leur table un petit flacon de sirop d'érable et une brochure qui rappelait la contribution «responsable, efficace et fiable» du Canada à l'ONU.

Le Canada n'a toutefois jamais été dans le coup, baissant d'abord pavillon contre l'Allemagne au premier tour, puis cédant devant le Portugal, visiblement trop fort, après le deuxième tour.

«C'est humiliant pour le Canada», a déclaré au Devoir Louise Fréchette, qui a été vice-secrétaire générale de l'ONU de 1998 à 2006. «C'est le pire scénario. Dès le départ, on a vu que le Canada était en difficulté et que la tendance favorisait le Portugal. C'est une surprise pour bien du monde.»

Se faire rejeter de la sorte est «embarrassant», ajoute Kyle Matthews, spécialiste de la politique étrangère du Canada à l'Université Concordia. «C'est la première fois qu'on se fait dire non en plus de 50 ans, alors ça fait mal. Les pays ont clairement voulu envoyer un message au Canada», dit-il, lui qui connaît bien l'ONU pour y avoir travaillé entre 2003 et 2007, notamment au Haut-Commissariat aux réfugiés.

Le Canada s'est fait faire le coup de l'Australie en 1996, qui avait mordu la poussière malgré son statut de favori. «Le vote est secret, alors même quand on pense pouvoir gagner, il peut y avoir des surprises», explique Louise Fréchette, qui est maintenant associée au Centre pour l'innovation en gouvernance internationale, à Waterloo. «Des ambassadeurs à l'ONU m'ont déjà avoué avoir carrément menti à un pays en promettant de l'appuyer, sachant très bien qu'ils allaient appuyer un autre pays.»

Une matinée difficile

L'Assemblée générale de l'ONU devait renouveler 5 des 10 membres non permanents du Conseil de sécurité. Pour y accéder, le Canada devait récolter le vote des deux tiers des pays présents à l'Assemblée générale, soit 127 votes. Dans la zone géographique «Europe occidentale et autres pays», trois nations (Canada, Allemagne, Portugal) s'affrontaient pour deux sièges disponibles.

Le premier coup de tonnerre est survenu dès 11h20, lorsque le président de l'Assemblée générale, le Suisse Joseph Deiss, a frappé le podium de son marteau pour annoncer, en français, les résultats du premier tour. L'Allemagne a reçu 128 votes, soit tout juste assez pour accéder au Conseil de sécurité.

Le Portugal (122 voix) et le Canada (114 voix) ont donc croisé le fer au deuxième tour. Si les appuis de Lisbonne ont tenu bon, avec 113 voix, ceux du Canada ont fondu à 78. Sentant le tapis lui glisser sous les pieds, l'ambassadeur du Canada à l'ONU, John McNee, a conseillé au ministre Lawrence Cannon de jeter l'éponge. Tout juste avant le troisième tour, le Canada a annoncé au micro son retrait de la course.

Les trois autres sièges non permanents à combler avaient déjà trouvé preneurs avant même le début du vote hier, puisque les pays des sous-régions à qui sont réservées les places s'étaient entendus. Ainsi, l'Inde, la Colombie et l'Afrique du Sud obtiennent un siège non permanent pour un mandat de deux ans.

Pourquoi?

En conférence de presse au siège des Nations unies, environ une heure après la défaite, le ministre Lawrence Cannon a soutenu qu'il ne fallait pas voir ce résultat comme un rejet de l'action du Canada sur la scène internationale. «Je ne vois pas ça comme une répudiation de notre politique étrangère. On a fait une campagne selon nos principes. On est un pays démocratique, de liberté, qui appuie les droits de la personne et la primauté du droit», a-t-il dit.

Le ministre Cannon a également soutenu que la déclaration de Michael Ignatieff il y a quelques semaines, selon laquelle le Canada ne «mérite pas» un tel siège en raison de sa politique étrangère, pourrait avoir miné les chances du Canada. «La difficulté de ne pas parler d'une voix unifiée a eu un impact négatif, a déclaré le ministre Cannon. On a donné l'impression que le Canada ne voulait pas ce siège.»

Une interprétation rejetée par Louise Fréchette. «Il y a des raisons plus profondes. Les autres pays ne suivent pas à ce point la politique intérieure du Canada. Si le gouvernement ne fait que rejeter la faute sur Ignatieff, il va passer à côté du vrai examen de conscience qu'il a besoin de faire sur sa politique étrangère», dit-elle.

Même son de cloche de la part de Kyle Matthews. «Il ne faut pas exagérer l'impact des débats internes dans ce type de vote. L'appui à un pays plutôt qu'à un autre est généralement décidé dans les capitales selon une multitude de facteurs.»

En conférence de presse, le ministre Cannon a d'ailleurs reconnu que le vote secret empêche de vraiment connaître les raisons de l'échec. «On peut spéculer à l'infini, mais on n'aura pas la réponse», a-t-il dit.

Quatre épines au pied

Louise Fréchette et Kyle Matthews estiment que quatre grands facteurs ont possiblement pesé dans la balance. D'abord, la timidité du Canada dans la lutte contre les changements climatiques, le grand dossier de l'ONU. Ensuite, le virage pro-Israël du Canada depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Harper a certainement coûté des votes auprès des 57 pays musulmans et arabes. La réduction du nombre de pays africains qui bénéficient de l'aide étrangère du Canada a aussi pu jouer un rôle dans les votes de ce continent.

Finalement, le peu d'intérêt envers les Nations unies affiché par le gouvernement Harper avant cette année n'aura pas aidé sa cause. En septembre 2008, c'est un simple fonctionnaire qui a pris la parole devant les chefs d'État réunis à l'Assemblée générale. En 2009, le ministre Cannon a pris la relève, mais Stephen Harper a préféré aller dans un Tim Hortons en Ontario plutôt que de se rendre à New York. «Il y a cette impression qu'on voulait un siège au Conseil de sécurité même si le reste de l'ONU ne nous intéresse pas», dit Louise Fréchette.

Kyle Matthews ajoute qu'il ne faut pas non plus interpréter à outrance le message des pays de l'ONU. «Ce ne sont pas 192 démocraties qui ont voté contre nous. Il y a beaucoup de dictatures ou de régimes peu reluisants en matière de droits humains à l'ONU. Ces pays n'ont certainement pas voulu punir le Canada parce que sa nouvelle politique étrangère s'éloigne de sa tradition!» N'empêche, dit-il, le message est lancé. «On a toujours gagné, sauf cette fois, alors il y a manifestement un inconfort avec le Canada dans certaines régions du monde.»

***
Le Devoir aux Nations unies




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Red K
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Re: * Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

Message par Red K »

Faudrait demander aux chroniqueurs du MacLean si la raison ne serait pas la culture de la corruption au Canada. :)
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Earendil
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Re: * Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

Message par Earendil »

cest la culture de droite de harper qui fait ca
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Placeress
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Re: * Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

Message par Placeress »

C'est sur que de préférer aller visiter une usine de Tim Horton plutôt que de participer à la rencontre à laquelle il devait se présenter ne donne pas l'image d'un PM intéressé au reste du monde....

Vraiment, il me fait vomir lui..... :cry:
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Anya
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Re: * Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

Message par Anya »

Publié le 14 octobre 2010 à 20h29 | Mis à jour à 20h29
Stephen Harper minimise la dégelée du Canada subie à l'ONU

Martin Ouellet
La Presse Canadienne
Sainte-Anne-des-Monts

Le Canada ne se laissera pas distraire par le résultat d'un concours de popularité voté en secret par les pays membres des Nations unies, a soutenu jeudi le premier ministre Stephen Harper.

De passage en Gaspésie, où il espère faire des gains lors des prochaines élections, le chef conservateur a minimisé l'ampleur de la rebuffade subie par le Canada mardi à New York dans sa tentative d'obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies.

«Nos positions sur la scène internationale ne sont pas basées sur la popularité mais sur des principes. Ces principes sont la défense des droits de la personne, la primauté du droit, la justice, le développement et l'aide humanitaire pour les plus démunis», a relaté M. Harper, à Sainte-Anne-des-Monts, où il a annoncé un prêt d'un million $ pour une usine de panneaux solaires.

Contrairement à son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, M. Harper n'a pas cherché à pointer du doigt un bouc-émissaire pour expliquer le revers sans précédent du Canada devant les Nations unies.

En début de semaine, M. Cannon avait blâmé le chef libéral Michael Ignatieff pour avoir, selon lui, semé la division et empêché par le fait même le Canada de projeter une «voix unie» auprès des délégués du concert des nations.

Le premier ministre refuse de voir dans cet échec la marginalisation du Canada sur la scène internationale. Il a plutôt laissé entendre que la défaite était le résultat d'obscures tractations de coulisses.

«Notre engagement (international) ne va pas changer à cause du résultat d'un vote secret», a insisté M. Harper.

Le Canada cherchait à obtenir l'un des deux sièges temporaires disponibles au Conseil de sécurité, l'instance décisionnelle la plus puissante des Nations unies.

Deux autres pays étaient en lice pour ces sièges convoités, soit l'Allemagne, moteur économique de l'Europe, et le Portugal. Dès le premier tour, le Canada a dû se contenter du troisième rang.

Alors que l'échec devenait de plus en plus probable, le Canada a préféré éviter l'humiliation en se retirant au troisième tour, laissant la place au Portugal.

Le petit pays de la péninsule ibérique a finalement obtenu l'aval des nations pour siéger aux côtés de l'Allemagne au Conseil de sécurité.

Pour la première fois dans l'histoire des Nations unies, le Canada échouait dans sa tentative d'obtenir un siège. Traditionnellement, le Canada a siégé au Conseil de sécurité à toutes les décennies depuis 60 ans.

Son dernier mandat remontait aux années 1999 et 2000.

À Ottawa, les partis d'opposition ont attribué la rebuffade au gouvernement conservateur, qu'ils accusent d'avoir miné la crédibilité du Canada dans le monde avec ses politiques internationales impopulaires.

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tuberale
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Re: * Le Canada reçoit une gifle à l'ONU

Message par tuberale »

Droit d'auteur: le Canada s'expose à une autre bourde internationale



Gaston Bellemare

L'auteur est président de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et de Québec Édition.

Au moment même où le gouvernement du Canada connaît une de ses plus importantes rebuffades sur la scène internationale avec le retrait à la dernière minute de sa candidature au Conseil de sécurité de l'ONU, plusieurs acteurs de l'industrie du livre s'inquiètent des velléités du gouvernement fédéral en matière de droit d'auteur et considèrent que le dépôt et l'adoption du projet de loi C-32 sur la modernisation de ce droit constitueraient une autre magistrale bourde canadienne face au reste du monde.

Le Canada, faut-il le rappeler, est signataire de la Convention de Berne, des deux traités de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), ainsi que de l'Accord sur la propriété intellectuelle de l'Organisation mondiale du commerce (ADPIC) qui garantissent une même protection aux oeuvres dans tous les pays signataires. En tant que signataire de ces conventions internationales, le Canada est tenu de s'y conformer dans ses lois, ce qu'il ne fait manifestement pas avec le C-32 puisque les associations d'éditeurs et d'auteurs étrangers concernés se prononcent massivement contre et le feront de plus en plus.

Les critiques en provenance de l'extérieur du pays envers le C-32 établissent tous que ce dernier privera les ayants droit des bénéfices de leur travail et de leur création. L'élargissement de l'exception de l'utilisation équitable à tout le domaine de l'éducation provoquera à lui seul un manque à gagner de 40 millions de dollars pour les éditeurs de science et technologie étrangers! C-32, c'est aussi la fameuse clause YouTube, qui autorise la reproduction d'une oeuvre, même entière, dans un nouveau contenu s'il est non commercial. En plus d'attaquer de plein fouet le droit à l'intégrité de l'oeuvre, un droit moral garanti par Berne, cette mesure mettra gratuitement en circulation des oeuvres sur des réseaux sociaux, ce qui aura aussi un impact financier sur les créateurs.

Ces deux exemples démontrent que le Canada ne respecte plus le «triple test» qui doit encadrer les exceptions depuis la Convention de Berne puisque certaines dispositions entrent en conflit avec l'exploitation normale de l'oeuvre et imposent un préjudice excessif aux intérêts légitimes des créateurs. Par conséquent, il est juste de déclarer que le Canada, avec C-32, est dramatiquement en décalage avec ses responsabilités internationales.

Pour ces raisons, l'Association nationale des éditeurs de livres, en accord avec des associations internationales s'étant déjà exprimées (Association internationale des éditeurs de matériels scientifiques et techniques, International Federation of Reproduction Rights Organisations) et d'autres qui suivront, demande le retrait du projet de loi C-32 et son remplacement par un projet de loi permettant de moderniser la loi sur le droit d'auteur sans se mettre à dos le reste de la planète.

Si le Canada refuse d'entendre ses propres créateurs sur cette question, il s'expose à très court terme à une autre déconvenue internationale.




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