Mise à jour: 29/11/2010 21:26
Politique provinciale
Le PQ l'emporte dans Kamouraska-Témiscouata
(Agence QMI)
Geneviève Lajoie et Régys Caron
Coup dur pour Jean Charest et ses troupes, qui ont essuyé un revers, lundi, alors que la circonscription de Kamouraska-Témiscouata, libérale depuis 25 ans, est passée aux mains du Parti québécois.
Au terme d'une lutte serrée, les électeurs de Kamouraska-Témiscouata auront finalement opté pour le changement et choisi le candidat péquiste André Simard pour succéder au regretté Claude Béchard, décédé des suites d'un cancer en septembre dernier.
Avec 36,85 % des voix, André Simard remporte une très mince victoire sur sa rivale libérale, France Dionne, qui en a recueilli 35,85 %. Le candidat adéquiste, Gérald Beaulieu, récolte quant à lui 23,03 % des votes, alors que Serge Proulx de Québec solidaire et Frédéric Brophy Nolan du Parti vert du Québec récoltent respectivement 2,67 % et 1,60 %. Le taux de participation a atteint 57,65 %.
La grogne contre le gouvernement libéral, très impopulaire dans l'opinion publique, aura finalement eu raison du bastion libéral de Kamouraska-Témiscouata.
Le suspense aura gardé en haleine pendant plusieurs heures la centaine de militants, députés et ministres libéraux réunis en soirée au Restaurant Chez Diane à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, au même endroit où feu Claude Béchard avait fêté ses dernières victoires électorales.
Avant même que les résultats ne commencent à sortir, la nervosité était palpable dans les rangs libéraux, qui ont tout de même accueilli très chaudement leur chef, en fin de soirée. «Ce n'est pas le résultat qu'on voulait», a admis Jean Charest, lorsqu'il a pris la parole.
«C'est un résultat qui ressemble à ce qui se passe au Québec, un résultat qui est très, très serré, qui est le reflet de beaucoup de débats au cours des derniers mois», a continué le chef libéral.
Libéral depuis 1985, le comté de Kamouraska-Témiscouata a été le théâtre de plusieurs chaudes luttes dans le passé. L'actuel candidat adéquiste, Gérald Beaulieu, était passé à deux doigts de voler le siège de Claude Béchard aux élections de 2007. L'ex-ministre avait eu également fort à faire à sa toute première élection en 1998, alors qu'il avait devancé son adversaire péquiste par seulement 110 voix.
L’enjeu était d’autant plus important dans la mesure où la circonscription de Kamouraska-Témiscouata est appelée à disparaître, si la réforme de la carte électorale pilotée par le Directeur général des élections se concrétise.
Rappelons que les députés ont toutefois adopté il y a quelques jours un projet de loi qui suspend les pouvoirs du DGE, reportant du même coup le projet de refonte de la carte électorale à juin 2011, le temps que les élus de l’Assemblée nationale s’entendent sur un plan qui convienne à tout le monde et qui respecte la loi électorale.
Incidents
Illustrant la tension qui a régnait entre les candidats, la campagne électorale dans Kamouraska-Témiscouata a été marquée par plusieurs incidents. France Dionne a d’abord accusé son adversaire péquiste d’être à l’origine d’une véritable «campagne de salissage» à l’égard de son parti via le site vigile.net.
Il y a quelques jours, une vidéo montrant des échanges verbaux plutôt musclés entre partisans péquistes et libéraux, à quelques pas du local de France Dionne, a également circulé sur le Web.
Victoire péquiste à l'arraché
L'atmosphère était à la fête, lundi soir, dans le petit café de la 4e Avenue, à La Pocatière, où s'entassaient quelques dizaines de partisans péquistes.
Cette soirée électorale a donné lieu à un véritable suspense. On a eu droit à quelques explosions de joie chaque fois que l'avance du candidat péquiste se creusait. Une avance qui a toutefois a évolué en dents de scie pendant toute la soirée.
La lutte fut extrêmement serrée, particulièrement dans la première heure suivant la fermeture du scrutin.
Pendant une quarantaine de minutes, les candidats péquiste et libéral se sont échangés la position de tête. France Dionne (PLQ) et André Simard (PQ) étaient d'ailleurs à égalité et détenaient chacun 1231 votes après le dépouillement de 30 bureaux de vote.
André Simard s'est ensuite emparé d'une mince avance qu'il était parvenu à maintenir entre 200 et 350 voix jusqu'au terme du dépouillement.
Le test
Cette élection représentait un véritable test pour le Parti québécois. S'emparer d'un comté coloré en rouge depuis presque 20 ans représentait un certain défi, même si le gouvernement libéral de Jean Charest est devenu fort impopulaire. D'autant plus que cette élection fut rendue nécessaire par le décès du ministre Claude Béchard des suites d'un cancer, en septembre dernier. M. Béchard avait obtenu une majorité de 6612 voix, à l'élection générale de décembre 2008.
Les candidats du Parti québécois avaient terminé troisièmes au terme de chacune des trois dernières élections générales. «On n'a jamais gagné depuis l'élection depuis 1981 avec René Lévesque. C'est phénoménal comme remontée», a commenté le député de Matane Pascal Bérubé.
Débarquement péquiste
Pas moins de 25 députés péquistes étaient débarqués dans Kamouraska-Témiscouata en début de journée, lundi, pour faire sortir le vote péquiste. Les 37 municipalités de la circonscription ont été visitées, a confié Pascal Bérubé. «On allait frapper aux portes des gens qu'on avait pointés pour les inciter à aller voter. On ne fait jamais ça d'habitude», a précisé Bérubé.
France Dionne misait sur le vote traditionnellement libéral de Kamouraska-Témiscouata et sur l'héritage laissé par le Claude Béchard, qui était très populaire dans le comté. La campagne électorale a donné lieu à quelques tiraillements, la candidate libérale ayant accusé les péquistes de s'être livrés à des gestes d'intimidation à l'endroit de ses bénévoles. L'équipe du candidat péquiste André Simard s'était empressée de nier ces accusations.
Le taux de participation au scrutin fut de l'ordre de 57 % sur 34 470 électeurs inscrits.
À l'ADQ
Même s'il ne remporte pas le scrutin dans Kamouraska-Témiscouata, avec 23 % des votes, l'Action démocratique du Québec crie victoire.
Le chef adéquiste, Gérard Deltell, reconnaît que son parti avait bien besoin d'un bon résultat dans cette élection complémentaire. À ses yeux, avec 23 % des voix, c'est le signe que l'ADQ n'est pas mort, plus encore, c'est le signe que sa formation politique est bel et bien vivante.
«On partait de loin, je le reconnais, mais cette bonne performance démontre hors de tout doute la pertinence de l'ADQ dans le débat public», a confié le chef adéquiste.
M. Deltell s'est dit très encouragé par la performance de son candidat. «On a amélioré notre score par rapport à 2008, également par rapport à l'élection partielle dans Rivière-du-Loup. Gérald Beaulieu a fait une très bonne campagne», a-t-il dit.
Copyright © 1995-2008 Canoë inc. Tous droits réservés
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 12640.html" onclick="window.open(this.href);return false;