Des sujets profonds pour le retour de Tout le monde en parle
Écrit par David Patry-Cloutier
Dimanche, 30 janvier 2011 22:50
Mise à jour le Dimanche, 30 janvier 2011 23:29
Le retour de Tout le monde en parle en 2011 s’est fait avec des sujets profonds et difficiles, mais à tout le moins nécessaires. Une grande humanité s’est dégagée des discussions tout au long de l’émission.
Tout le monde en parle s’est attaqué au suicide, un sujet trop souvent évacué des médias par peur de déclencher d’autres tentatives. Guy A. Lepage et Dany Turcotte ont reçu des parents dont la fille de 12 ans s’est enlevé la vie en 2008, Isabel Ladouceur et Sylvain Miron.
Le problème est omniprésent au Québec et on a pu le constater juste à écouter les invités s’exprimer sur le sujet. Lise Dion a été particulièrement franche et pertinente quand elle a raconté qu’elle a elle-même fait une tentative de suicide à l’âge 18 ans. Claude Legault, visiblement ému, a parlé aussi de sa propre période suicidaire, à 15 ans. « Tout ce que tu veux, c’est arrêter de souffrir. »
Guy A. Lepage a dit que son frère s’est suicidé quand sa conjointe était enceinte. Ce dernier n’a jamais eu la chance de voir son fils. « S’il avait pu voir ce qu’aurait été son avenir, peut-être qu’il aurait changé d’idée. » Pour la Semaine québécoise de prévention du suicide, on ne pouvait demander meilleure sensibilisation. La production a donné un numéro pour les personnes qui ont besoin d’aide : 1 866 APPELLE.
Quand l’aide sociale ne suffit pas
Pour comprendre la pauvreté, quoi de plus efficace que de la vivre. Emmanuelle Chapados et Pierre Côté ont tout quitté pour vivre pendant deux mois comme s’ils étaient sur l’aide sociale. Ils disposaient de 500 $ par mois, soit moins de 20 $ par jour pour se loger et se nourrir, pour survivre à Montréal.
Emmanuelle a eu recours aux organismes qui viennent en aide aux itinérants. Les assistés sociaux sont de plus en plus nombreux à avoir besoin de ces organismes pour subsister.
« Une chance qu’ils sont là, tu manges à ta faim, tu peux te laver.» Le Canada compte de 150 000 à 300 000 sans-abri. « Ça devrait pas arriver dans un pays riche comme ça », indique-t-elle. Pour eux, ce n’était que deux mois pour le bien de la série documentaire Naufragés des villes à RDI.
Imaginez une vie. « Le mépris des autres vient tellement difficile à porter, vous ne pouvez pas vous en sortir », a dit le producteur et réalisateur Marc Saint-Onge.
Sortir Haïti du cycle infernal
Autre sujet lourd mais tout aussi pertinent quand Dominique Anglade est venue faire la promotion de sa fondation KANPE, qui vient en aide au peuple haïtien et cherche à enrayer le cycle de pauvreté. Cette femme aux yeux brillants a perdu ses parents dans le séisme qui a frappé Haïti.
« J’ai vécu un deuil personnel à l’intérieur d’un deuil national. » Elle a décidé de continuer. « Si c’était nécessaire avant, ce l’est encore plus aujourd’hui. »
Le groupe Arcade Fire doublera le montant amassé par les dons des individus jusqu’à concurrence de un million de dollars. La musicienne Régine Chassagne était sur le plateau et Guy A. a fait joué des extraits de l’excellent album The Suburbs de ce groupe québécois encensé internationalement.
Policiers en service
Claude Legault et Réal Bossé sont arrivés déguisés en policiers pour menotter Guy A. Lepage. Les deux comédiens seront les vedettes de la nouvelle série policière 19-2 à Radio-Canada.
Pour le tournage, ils ont suivi des policiers pendant des semaines, en plus de vivre leur formation. « C’est pire que je pensais. C’est une job vraiment difficile », a dit Claude Legault. Réal Bossé a dit avoir de la sympathie « pas pour la police, mais pour les humains qui font la job ».
Secrets et leadership
Lise Dion est venue parler du livre qu’elle a écrit sur la vie de sa mère adoptive. Et quelle vie ! Après son décès, en 1992, un coffre bleu a livré les secrets qu’elle cachait à sa fille, notamment qu’elle a été religieuse, emprisonnée dans un camp nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale et, finalement, s’est fait défroquer de force parce que les religieuses étaient convaincues qu’elle avait été abusée par les Allemands et qu’elle n’était donc plus pure.
Puis le chroniqueur sportif et analyste Dany Dubé est venu parler de son livre sur le leadership, Gérer c’est coacher. À la blague, Guy A. lui a fait remarquer qu’il est le seul analyste de sport qui ne ment pas quand il dit : « Dans mon livre à moi. » « Souvent on veut plaire. Mais plaire, ça ne mène nulle part », a dit l’analyste sportif en rappelant qu’un bon ami ne dit pas toujours ce qu’on veut entendre…
Le français de Damien Robitaille
Damien Robitaille, que les lock-outés du Journal de Montréal ont eu le plaisir de voir au Show du Cadenas II, était également de passage sur le plateau. « C’est une bibitte, Damien Robitaille», a dit le fou du roi.
Le Franco-Ontarien s’est dit inquiet de la situation de la langue française hors Québec. « Chez nous, il y a des écoles qui ferment tranquillement. Les institutions francophones disparaissent peu à peu. » Lui-même a failli perdre son français à l’adolescence. Il est venu au Québec pour préserver sa langue.
L’équipe de TLMEP était sensée recevoir un mineur chilien qui fut emprisonné dans la fameuse mine. Un problème de visa l’a empêché
d’entrer au Canada à temps pour le tournage.
Le vin de la semaine : Cline Zinfantel 2009, Californie, 15,95 $.
Le sujet qu’on écoute religieusement : Le suicide, parce qu’on en parle trop peu.
Le sujet qu’on enverrait plutôt à Tout le monde en parlait : La pauvreté en Haïti, parce qu’on voudrait que ça ne devienne qu’un triste souvenir.
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