Épidémie de détresse chez les enfants

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Anya
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Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h14 | Mis à jour à 15h14
Épidémie de détresse chez les enfants

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Marie-Claude Malboeuf
La Presse

La dépression frappe les enfants de plus en plus jeunes et de plus en plus fort. À tout moment, près de 20 000 petits Québécois n'ayant pas encore fait leur entrée à l'école secondaire en souffrent déjà. Très souvent, c'est d'abord l'anxiété qui les paralyse, puis la situation dégénère. Que se passe-t-il dans la tête de tous ces enfants? Des parents, des enseignants et des médecins lèvent le voile sur leur détresse trop souvent invisible.

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Anya
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h22 | Mis à jour à 15h22
Les pleurs invisibles
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Le garçon s'est levé comme une bombe et a quitté la classe en hurlant. Pendant 10 minutes, Julia Simard l'a écouté sangloter derrière la porte de métal du casier où il s'était engouffré.

«Je ne voulais pas le brusquer. Ç'a pris toute la douceur du monde pour le sortir de là, raconte l'enseignante de cinquième année. Quand j'ai ouvert, il s'est laissé tomber dans mes bras en sanglotant.»

«C'était un beau petit bonhomme d'une belle famille. Brillant en plus! Jusque-là, personne n'aurait jamais pu imaginer toute la détresse qui l'habitait.»

Des histoires pareilles, l'enseignante du quartier Ahuntsic en a des tonnes. «Jamais, de toute ma vie, je n'ai vu autant d'enfants malheureux que depuis 10 ans, dit-elle. J'ai des élèves qui se rongent les ongles d'une manière inimaginable ou qui pleurent à chaudes larmes. Juste en cinquième année, j'en ai dirigé au moins quatre vers le pédopsychiatre.»

Dans les cas extrêmes, des élèves arrivent aux urgences en ambulance. «L'école ne sait plus quoi faire et nous les envoie», dit Sylvie Giard, chef du service de pédopsychiatrie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Parfois, c'est plutôt le parent qui amène son enfant. Douze jeunes de moins de douze ans qui avaient des symptômes de type dépressif ont ainsi été vus aux urgences de Maisonneuve-Rosemont en 2009-2010.

Des cas isolés? Pas vraiment. Dans une entrevue accordée à La Presse, le psychologue américain Michael Yapko, auteur du livre Depression Is Contagious, parle carrément d'épidémie. «Chaque enfant vit son propre enfer: éclatement de sa famille, intimidation à l'école, parents qui le poussent sans lui laisser de temps libre, trop d'ordinateur et de télévision... On soumet les jeunes à des pressions auxquelles les générations précédentes n'ont jamais été exposées.»

À Montréal, l'organisme Revivre - qui offre du soutien aux personnes dépressives, anxieuses ou bipolaires - reçoit en moyenne un appel par semaine au sujet d'un écolier du primaire. Et seule une infime portion des parents demande de l'aide, croit son directeur, Jean-Rémy Provost. «Dans notre société où tout le monde est débordé, à moins de faire face à des symptômes physiques, on se dit que ça va passer.»

Il n'y a pas si longtemps, même les psychiatres croyaient que les enfants étaient trop immatures pour souffrir de dépression. «Aujourd'hui, on la voit pourtant chez des enfants de plus en plus jeunes, et elle est de plus en plus profonde», constate la Dre Lila Amirali, directrice du programme de soins pédopsychiatriques à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Parents aveugles

Le problème, c'est que la détresse des enfants est souvent masquée par une grande irritabilité. À 5 ans, Laurence rageait si fort qu'elle a failli défoncer la porte de sa chambre. «Au début, quand rien ne lui plaisait ou qu'elle se fâchait pour un rien, je pensais que je l'avais trop gâtée», confie sa mère.

Aujourd'hui, elle sait que sa fille est aux prises avec un important trouble anxieux et plusieurs symptômes dépressifs. «Mais c'est difficile de voir la réaction des autres à son égard. Une enfant qui ne sourit pas, qui se fâche, ça n'attire pas la sympathie...»

Autre écueil: plusieurs enfants ravalent leur souffrance. «L'enfant s'isole, ne veut pas déranger. Il peut même continuer de rire à l'occasion. Il faut souvent des mois avant que les parents ouvrent les yeux, par exemple quand ils reçoivent un mauvais bulletin », affirme la Dre Amirali.

À la prématernelle, Nathalie restait déjà à l'écart. «Chaque soir, je me mettais en petite boule et je pleurais sans bruit, raconte-t-elle. À la maison, on tournait les chagrins en dérision, pour dédramatiser, alors j'avais honte. Mes parents nous ont choyés. Pour eux, j'avais tout. Jamais ils n'ont imaginé que je me sentais comme ça.»

À 19 ans, au beau milieu du souper, Nathalie est sortie de la maison, dans le Vieux-Longueuil, pour aller errer sur le pont Jacques-Cartier. Un automobiliste a alerté la police à temps. Mais 20 ans et plusieurs dépressions plus tard, elle fréquente Revivre et se bat toujours avec ses idées noires. «Quand mes parents ont réalisé l'ampleur du problème, les ravages étaient faits», dit-elle.

Pour la Dre Amirali, ce scénario est typique. Chez 90% des enfants, la dépression passe d'elle-même en un an ou deux, admet-elle. «Mais ce sont des années qui sculptent la personnalité. Se sentir méchant, incapable et seul a des conséquences énormes sur l'estime de soi. Il faut changer ces pensées, sinon, la dépression devient chronique.»

«Posez des questions à vos enfants!» plaide donc la pédopsychiatre.

Même les tout-petits s'expriment, renchérit sa collègue Joyce Canfield. «Ils manifestent plusieurs de leurs soucis avec des jouets, dit-elle, et ils le font davantage quand un parent se trouve à leur côté pendant leurs jeux.»

Jetés à la poubelle

Quand le malheur frappe, les enfants vus en pédopsychiatrie bougent et parlent péniblement, s'affalent sur les bureaux, ne sourient pas, ouvrent et referment vainement les armoires de jouets.

«Des gens meurent dans leurs histoires. Les poupées doivent être jetées à la poubelle parce qu'elles sont méchantes. On tente de modifier leur façon de penser en utilisant des personnages comme métaphore», explique la Dre Canfield.

À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le psychologue Lewis Shepperd fouille dans une pile de dessins gris. Il montre un arbre rabougri, sans racines, perdu au milieu d'une feuille blanche. Des maisons aux portes minuscules, où il serait impossible d'entrer. «Il faut décoder. Je n'ai jamais vu un enfant qui se dessinait en train de pleurer», dit-il.

Comment savoir

Qui est à risque? Chez les Québécois de 6 à 11 ans, c'est l'accumulation de situations stressantes (mort, séparation, naissance, placement, agressions, etc.), la dépression d'un parent et la maladie chronique de l'enfant qui sont le plus néfastes. C'est du moins ce que révèle une vaste étude québécoise publiée en 2007 dans le prestigieux Journal of Abnormal Child Psychology.

Chaque enfant réagit à sa façon, nuance son auteure, la Dre Lise Bergeron, psychologue et chercheuse à l'hôpital psychiatrique pour enfants Rivière-des-Prairies ainsi qu'à l'Université de Montréal. Tout dépend de sa vulnérabilité biologique, de l'âge auquel il vit des difficultés ainsi que des outils qu'on aura eu le temps - ou la capacité - de lui transmettre.

«Si l'enfant a un environnement nourrissant, cela a un impact sur sa manière de réagir aux difficultés, renchérit sa collègue psychologue, Terry Zaloum. Mieux vaut traverser ses premières années de manière harmonieuse.»

Lors de ses nombreuses conférences, l'Américain Michael Yapko prêche donc la prévention: «Les enfants qui sont encouragés à explorer le monde, à raisonner et à se faire des amis vont mieux. Ce qui génère la dépression, c'est le fait de se retrouver dépassé.»

Même après un faux départ, il n'est pas trop tard, estiment les médecins. «Chez l'enfant, il y a un énorme effet placebo. Dès qu'il est pris en charge, que tout le monde s'occupe de lui, son état s'améliore, dit la Dre Amirali. Mais il faut enlever les obstacles de son chemin. Sinon, comme un arbre, il ne peut pas pousser droit.»

***

Les symptômes officiels

Il ne faut surtout pas confondre la dépression avec la tristesse passagère -et normale- que peut générer un événement difficile. Pour poser un diagnostic de dépression majeure chez un enfant, les médecins utilisent donc la bible des psychiatres, appelée DSM. Selon cet outil, pour parler de dépression, cinq symptômes doivent perdurer depuis au moins deux semaines, dont au moins l'un des deux suivants: l'humeur dépressive (se sentir triste, vide ou irritable); la perte d'intérêt ou de plaisir (bouder ses jouets et ses amis). Ces signes doivent être accompagnés de trois ou quatre autres symptômes, tels les troubles du sommeil ou de l'alimentation, une perte d'énergie, un sentiment de dévalorisation, des difficultés à se concentrer, des idées suicidaires, etc.

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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h27 | Mis à jour à 15h27
Même dans les garderies
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Des petits de la garderie qui pleurent tout bas dans les toilettes ou sur leur petit matelas. D'autres qui réclament d'aller dormir bien avant la sieste, ou qui ne veulent plus rien avaler. D'autres encore qui ne quittent plus des yeux l'horloge ou la fenêtre. Ou qui barbouillent et déchirent tous leurs dessins dans des accès de rage.

Chaque année, un nouvel enfant en détresse inquiète les éducatrices du centre de la petite enfance (CPE) et bureau coordonnateur Enfant-Soleil, situé dans le sud-ouest de Montréal, où vivent plusieurs familles pauvres.

À l'autre bout de la ville, dans Hochelaga-Maisonneuve, au CPE La Maisonnette, un enfant était si anxieux qu'il s'était arraché tous les cheveux.

Selon une étude de l'Université de Montréal publiée en 2009, près de 15% des Québécois de moins de 6 ans souffrent de degrés atypiques de dépression (pas nécessairement majeure) et d'anxiété.

Si la tristesse perdure, les éducatrices notent leurs observations pour pouvoir diriger l'enfant vers le CLSC. «Dans 90% des cas, on ouvre les yeux aux parents, qui se montrent très ouverts», indique la directrice pédagogique d'Enfant-Soleil, Karina Marcille.

La véritable dépression est toutefois difficile à reconnaître. «C'est difficile de savoir si l'enfant très introverti est déprimé, ou s'il est simplement timide. On repère plus aisément l'hyperactivité ou les troubles de développement, parce que nous disposons de nombreuses grilles», dit Marie-Claude Millette, directrice de la Maisonnette.

Chez les petits, les signes de la dépression ne sont pas nets; les chercheurs américains tentent encore de les cerner, admet la pédopsychiatre Joyce Canfield, qui les traite à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Il est pourtant urgent de les soigner. «Sinon, ces enfants accumulent des retards, dit-elle. Ils doivent jouer et socialiser pour apprendre et se développer normalement.»

Les bambins sont particulièrement vulnérables lorsqu'ils se voient séparés de la personne qui prenait soin d'eux, note la pédopsychiatre. Pour eux, les décès et certains divorces peuvent être traumatisants.

«En CPE, on peut parfois éviter le pire en établissant un lien affectif avec les enfants», se console Marie-Claude Millette.

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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h33 | Mis à jour à 15h33
Une affaire de famille
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Véritable épidémie dans certaines familles - et dans les pays riches -, la dépression doit être dépistée plus tôt, croient médecins et chercheurs. Sinon, des dizaines de milliers de Québécois risquent de passer le reste de leur vie abonnés à la tristesse et aux médicaments.

«En voyant mes sautes d'humeur avec ma fille de 2 ans, mes proches m'ont conseillé de prendre des calmants. Quand je touche le fond, c'est insupportable. Je peux hurler, comme un drogué qui ne sait plus ce qu'il fait. Après mes crises, ma fille essuie mes larmes en disant: "Maman pleure?" Et moi, je ne pense qu'à une chose: quitter ce monde.»

Jour après jour, Daphné se désole de déteindre sur sa fille, comme sa propre mère dépressive a jadis déteint sur elle. «J'ai les nerfs à vif. Alors quand je lui enlève quelque chose, je suis brusque. Et elle aussi. Elle crie et m'agrippe les mains et les cheveux de toutes ses forces», raconte cette Montréalaise qui fréquente l'organisme d'aide Revivre.

La jeune femme voudrait bien contrer la malédiction familiale. «Mais j'attends depuis six mois pour voir un psychologue du CLSC», se désole-t-elle.

Pour sa petite fille, malheureusement, le temps est compté. Car les enfants dont un parent souffre de dépression sont sept fois plus susceptibles d'être atteints que ceux dont les parents ne sont pas déprimés.

La psychologue Lise Bergeron a fait ce constat en analysant les données recueillies auprès de 1575 enfants de 6 à 11 ans pour l'Enquête sur la santé mentale des jeunes québécois. Ses collègues de l'hôpital Rivière-des-Prairies et du centre de recherche Fernand-Seguin sont aussi bien au fait du phénomène.

«Les parents déprimés ne devraient pas se sentir coupables. Ils ont une prédisposition génétique qu'ils transmettent, comme le diabète», explique la Dre Lila Amirali, directrice des soins pédopsychiatriques à l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Comme pour le diabète, les adultes ont par contre le devoir de se soigner pour garder la maladie en veilleuse, estime le psychologue Michael Yapko, auteur du livre Depression Is Contagious. «Il faut se soucier de l'impact qu'on a sur ses proches», dit-il en entrevue.

L'impact en question est en effet dévastateur, prévient le Dr Vicenzo Di Nicola, pédopsychiatre à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. «L'enfant dont le parent est en dépression vit une cascade de conséquences terribles. Il se sent privé parce que le parent n'a pas l'énergie requise pour lui donner de la chaleur et faire de l'encadrement. Il ne pourra pas être sécurisé et s'attacher.»

À Maisonneuve-Rosemont, comme ailleurs, on travaille donc avec la famille entière. Et pas seulement lorsque les parents sont eux-mêmes en détresse. Le divorce, la rivalité fraternelle, l'extrême sévérité peuvent tous contribuer à perturber l'humeur d'un enfant.

«L'enfant est en étroite relation avec son réseau. Corriger les problèmes relationnels améliore énormément les choses», constate Jean-Jacques Breton, chercheur à l'hôpital Rivière-des-Prairies.

Bien sûr, plusieurs parents se sentent coupables, observe sa collègue psychologue, Terry Zaloum. Mais le diagnostic les soulage du même coup. «Quand tout tourne en crise et en colère, ils ne reconnaissent plus leur enfant, et cet enfant, ils veulent le retrouver», dit-elle.

Dès la grossesse

À l'hôpital Sainte-Justine, le pédopsychiatre Martin Saint-André travaille avec les femmes enceintes. «Les ordonnances d'antidépresseurs pendant la grossesse ont plus que quadruplé, dit-il. Aux patients inquiets des effets, je dis qu'exposer un bébé à un malaise très profond avant la naissance n'est pas bien non plus.»

«Certains bébés sont plus sensibles au stress. Même dans le ventre de leur mère, les gènes transporteurs de sérotonines fonctionnent moins bien», explique le médecin.

Après la naissance, au moins une femme sur sept souffre de dépression post-partum, dit-il encore. Dans les cas graves, «on lit la tristesse dans le regard du bébé, on observe un ralentissement, rapporte le pédopsychiatre. J'ai aussi vu un enfant d'un an et demi qui arrachait la tapisserie des murs: il avait besoin d'amplifier ses signaux au maximum pour se faire entendre».

Ce qui ne veut pas dire que les parents doivent ravaler, nuance-t-il. «Certains ont peur d'être pris en flagrant délit de tristesse, mais ce ne serait pas la fin du monde. L'enfant le sentira si on fait semblant d'être joyeux. L'important, c'est de lui dire que ce n'est pas sa faute, qu'on demande de l'aide, et que lui a tout à fait le droit de rire avec son cousin.»

Les amis comptent aussi

Les parents ne peuvent pas tout régler. Il arrive donc que leur enfant soit très déprimé alors qu'ils sont quasi irréprochables. «L'intimidation est la voie royale vers l'anxiété et la dépression, explique le pédo-psychiatre Jean-Jacques Breton. On voit beaucoup de cas à la Clinique des troubles de l'humeur. Se faire dire sans arrêt "T'es twit, t'es gros", c'est très dévalorisant. Les enfants ont honte, alors ils ne se confient pas toujours à leur famille.»

Le simple fait d'être exclu par son groupe (même sans être harcelé) et le fait de se tenir volontairement à l'écart (parce qu'on est timide ou solitaire) causent aussi des ravages. Dans le premier cas, cela dévalorise les enfants. Dans l'autre, cela les prive d'expériences importantes. Au fil du temps, cela cause un isolement et une détresse de plus en plus grands.

Si l'enfant a malgré tout un ami quelque part, il y a toutefois de l'espoir, révèle une étude de l'Université Concordia publiée le mois dernier. «Le fait d'avoir un camarade crée souvent une sorte de rempart autour de l'enfant renfermé ou timide. Les amis servent de boucliers contre les expériences sociales négatives», a expliqué William M. Bukowski, auteur principal de l'étude et professeur de psychologie.

***

Dominique interactif

Des chercheurs de l'hôpital Rivière-des-Prairies ont mis au point Dominique interactif, un logiciel maintenant traduit en 11 langues, pour aider les écoles, les cliniques et les médecins à repérer notamment les enfants anormalement déprimés ou anxieux. Pour favoriser la compréhension des enfants, les questions posées sont accompagnées d'images mettant en scène un personnage nommé Dominique dans diverses situations. On ne peut se fier uniquement aux observations des parents car, même s'ils sont vigilants, ils tendent à sous-estimer des symptômes et des sentiments cachés.

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Anya
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h38 | Mis à jour à 15h38
Des médicaments à 6 ans
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

À 3 ans, Laurence avait déjà de violents maux de tête. À 5 ans, ses colères lui laissaient les yeux cernés comme ceux d'une adulte. Ses parents ont alors frappé à la porte d'un psychologue qui, malgré ses bons conseils, a fini par s'avouer à demi vaincu.

«Avec ses crises, Laurence se faisait réprimander, mais ça provoquait toujours de nouvelles crises. C'était un cercle vicieux. À la fin, elle pleurait presque sans arrêt», explique sa mère.

Les deux aînés commençaient à prendre leur petite soeur en grippe. Au bureau, sa mère pleurait d'impuissance dans les toilettes. «Plus rien ne fonctionnait, j'étais en train de sombrer, dit-elle. Et Laurence me suppliait: "Maman, s'il te plaît, aide-moi. Appelle le docteur. Je ne suis plus capable."»

Le docteur en question a prescrit un médicament qui diminue l'hyperactivité, l'impulsivité et l'anxiété des enfants. Après plusieurs semaines, les pleurs de Laurence ont enfin diminué. Pour la première fois de sa courte vie, la fillette a commencé à sourire au réveil. Et la dépression qui se profilait a été évitée.

Chez d'autres enfants, la détresse est déjà si profondément installée qu'on doit leur prescrire du Prozac. C'est le seul antidépresseur approuvé pour les enfants. Il leur sauve parfois la vie, mais il peut aussi accroître les risques de suicide.

Aux États-Unis, où le système de santé est très différent du nôtre, les psychiatres et pédiatres en prescrivent à tort et à travers, dénonce le psychologue Michel Yapko dans ses livres et ses conférences. «Un médecin m'a avoué en avoir déjà donné à un bébé de 18 mois, alors qu'aucune étude ne permet d'en connaître les effets sur un cerveau aussi jeune!» s'indigne-t-il en entrevue.

«Nous avons trop tardé à reconnaître la dépression chez les enfants. Et maintenant que ce problème prend de l'ampleur, nous avons de toute urgence besoin de solutions. Pris seuls, les médicaments causent le plus fort taux de rechute, parce qu'ils n'enseignent pas aux jeunes comment résoudre leurs problèmes. Et les thérapies traditionnelles, axées sur la parole, ne sont pas adaptées aux enfants.»

Au Québec, les pédopsychiatres se disent très réticents à prescrire des médicaments aux écoliers. Lorsqu'ils le font, c'est justement pour que la psychothérapie et la thérapie familiale aient des chances de fonctionner, précisent-ils.

Cela s'impose souvent lorsque, comme dans le cas de Laurence, plusieurs problèmes coexistent. «La dépression associée à de l'anxiété devient beaucoup plus chronique et difficile à traiter», explique Jean-Jacques Breton, chercheur à Rivière-des-Prairies.

À l'hôpital de Montréal pour enfants, la Dre Lila Amirali tente d'attendre quelques semaines avant de prescrire des médicaments. «Mais dans une grande proportion des cas, on finit par en donner, dit-elle. Les enfants nous arrivent trop tard. Après plusieurs mois, les symptômes ont déjà fait trop de dégâts. Il faut d'abord les gérer.»

Signe d'un manque criant de ressources, en région éloignée, les enfants se voient souvent prescrire immédiatement des médicaments, précise la pédopsychiatre, parce qu'ils n'ont tout simplement pas accès à d'autres formes de traitements.

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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h41 | Mis à jour à 15h41
Un mal typique des familles favorisées
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Les enfants issus de familles nanties ou de la classe moyenne sont trois fois plus susceptibles d'être touchés par la dépression que ceux de milieux défavorisés.

La psychologue et chercheuse Lise Bergeron est arrivée à cette conclusion surprenante au terme de l'Enquête sur la santé mentale des jeunes Québécois. Des chercheurs new-yorkais ont observé le même phénomène.

«Cette découverte mérite d'être approfondie. Les parents plus fortunés sont peut-être moins présents pour leurs enfants ou ont peut-être des attentes plus élevées», avance la Dre Bergeron.

«Certains enfants sont très poussés, confirme le pédo-psychiatre Sylvain Pallardy, responsable des tout-petits à l'hôpital Sainte-Justine. Et c'est lourd à porter, le devoir d'être parfait. On voit des enfants qui se demandent toujours si leur papa sera content.»

Avant les Fêtes, une porte-parole de Postes Canada en a eu la preuve dans une lettre envoyée au père Noël: «Ma petite-fille a commencé la maternelle, indique une missive signée Mamie. Son problème, c'est qu'elle veut toujours faire mieux pour que son père soit fier d'elle. Elle refuse souvent de s'amuser pour performer. Je lui ai expliqué que le jeu est important, mais peut-être que si c'est le père Noël qui le dit, elle va le croire.»

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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par Anya »

Publié le 12 février 2011 à 15h32 | Mis à jour à 15h32
Triste cocktail
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Souvent, chez l'enfant, la dépression ne se manifeste pas seule. Une fois sur deux, environ, elle coexiste avec un ou plusieurs autres troubles qui compliquent le traitement. «Lorsqu'on intervient, il faut tout cerner, sinon les rechutes sont beaucoup plus fréquentes», précise le Dr Jean-Jacques Breton, chercheur et pédopsychiatre à l'hôpital Rivière-des-Prairies.

À l'hôpital Sainte-Justine, les cas de dépression majeure demeurent rares, mais les symptômes dépressifs, eux, sont assez fréquents, chez plusieurs enfants. «C'est spectaculaire, une étiquette, mais ça ne devrait pas être notre seul guide. On minimise trop souvent la détresse des jeunes qui ont d'autres problèmes beaucoup plus courants», déplore le pédopsychiatre Sylvain Pallardy.

Hyperactivité, troubles de l'attention ou de comportement, troubles envahissants du développement, retards de langage ou moteur... Les enfants qui en souffrent sont frustrés par leurs limites, rejetés par leurs camarades et sermonnés par les adultes. «À la longue, souligne le Dr Pallardy, ce n'est pas génial pour l'estime de soi.»

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Anya
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

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Publié le 12 février 2011 à 15h43 | Mis à jour à 15h43
Déprimés et oubliés
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Dans sa classe de 29 élèves, Julia Simard a toujours «7 ou 8 cas compliqués».

«Alors l'enfant triste qui reste dans son coin, il m'échappe, se désole l'enseignante de cinquième année. Je m'occupe de mille et une choses et, à la fin de la journée, je réalise que j'ai encore oublié d'aller jaser avec lui.»

Il y a deux ans, l'un de ses élèves, victime de rejet, a eu beau clamer qu'il pensait à se jeter en bas du troisième étage, elle n'a jamais réussi à obtenir des services pour lui. «La psychoéducatrice est débordée», dit-elle.

Et c'est bien ce qui inquiète de plus en plus médecins et chercheurs. Parmi tous les enfants atteints d'un problème de santé mentale, seulement un sur cinq est suivi. Et les enfants anxieux ou déprimés sont oubliés plus souvent que les autres.

«On se soucie bien davantage des problèmes de comportement que de la vie intérieure des enfants moins perturbateurs. Pourtant, la dépression est un problème chronique: plus on la dépiste tôt, meilleure sera notre intervention», souligne le pédopsychiatre Jean-Jacques Breton, chercheur au centre Fernand-Seguin.

Plusieurs de ses collègues de l'hôpital Rivière-des-Prairies militent justement en ce sens. «Pour éviter qu'un enfant se rende à la conduite suicidaire, il faut s'y prendre de bonne heure, plaide la psychologue et chercheuse Lise Bergeron. Mais rien ne sert de faire du dépistage si on n'a pas les ressources pour répondre ensuite aux besoins. Il faut donc trouver une solution qui ne surcharge pas les services.»

Dans les années 90, un projet-pilote a permis à son équipe de faire du dépistage dans les écoles de quelques secteurs très défavorisés. Son collègue pédopsychiatre Jean-Pierre Valla a proposé de généraliser l'expérience. Il a toutefois essuyé un refus de l'Institut national de santé publique, qui préfère s'en tenir aux programmes de prévention universels.

Autant donner des vitamines à tous les enfants plutôt que des antibiotiques aux enfants infectés, déplore encore aujourd'hui le Dr Valla. «Vu la fréquence de la dépression, vu les coûts sociaux qu'elle entraîne, c'est devenu un problème de santé publique, dit-il. On n'aura pas le choix de changer de cap dans 10 ou 20 ans.»

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Anya
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par Anya »

:/ Bien triste cette détresse chez nos jeunes, seulement en parler est déjà un premier pas pour y apporter des solutions.

* :) Excusez la longueur des textes, la journaliste Marie-Claude Malboeuf n'avait long à dire sur le sujet.
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LeeLou
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par LeeLou »

Anya a écrit : Publié le 12 février 2011 à 15h32 | Mis à jour à 15h32
Triste cocktail
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Souvent, chez l'enfant, la dépression ne se manifeste pas seule. Une fois sur deux, environ, elle coexiste avec un ou plusieurs autres troubles qui compliquent le traitement. «Lorsqu'on intervient, il faut tout cerner, sinon les rechutes sont beaucoup plus fréquentes», précise le
Dr Jean-Jacques Breton, chercheur et pédopsychiatre à l'hôpital Rivière-des-Prairies.

À l'hôpital Sainte-Justine, les cas de dépression majeure demeurent rares, mais les symptômes dépressifs, eux, sont assez fréquents, chez plusieurs enfants. «C'est spectaculaire, une étiquette, mais ça ne devrait pas être notre seul guide. On minimise trop souvent la détresse des jeunes qui ont d'autres problèmes beaucoup plus courants», déplore le pédopsychiatre Sylvain Pallardy.

Hyperactivité, troubles de l'attention ou de comportement, troubles envahissants du développement, retards de langage ou moteur... Les enfants qui en souffrent sont frustrés par leurs limites, rejetés par leurs camarades et sermonnés par les adultes. «À la longue, souligne le Dr Pallardy, ce n'est pas génial pour l'estime de soi.»

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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par LeeLou »

Anya a écrit : :/ Bien triste cette détresse chez nos jeunes, seulement en parler est déjà un premier pas pour y apporter des solutions.

* :) Excusez la longueur des textes, la journaliste Marie-Claude Malboeuf n'avait long à dire sur le sujet.
:( :jap:
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par LeeLou »

Anya a écrit : Publié le 12 février 2011 à 15h43 | Mis à jour à 15h43
Déprimés et oubliés
Marie-Claude Malboeuf
La Presse

Dans sa classe de 29 élèves, Julia Simard a toujours «7 ou 8 cas compliqués».

«Alors l'enfant triste qui reste dans son coin, il m'échappe, se désole l'enseignante de cinquième année. Je m'occupe de mille et une choses et, à la fin de la journée, je réalise que j'ai encore oublié d'aller jaser avec lui.»

Il y a deux ans, l'un de ses élèves, victime de rejet, a eu beau clamer qu'il pensait à se jeter en bas du troisième étage, elle n'a jamais réussi à obtenir des services pour lui. «La psychoéducatrice est débordée», dit-elle.

Et c'est bien ce qui inquiète de plus en plus médecins et chercheurs. Parmi tous les enfants atteints d'un problème de santé mentale, seulement un sur cinq est suivi . Et les enfants anxieux ou déprimés sont oubliés plus souvent que les autres.

«On se soucie bien davantage des problèmes de comportement que de la vie intérieure des enfants moins perturbateurs. Pourtant, la dépression est un problème chronique: plus on la dépiste tôt, meilleure sera notre intervention», souligne le pédopsychiatre Jean-Jacques Breton, chercheur au centre Fernand-Seguin.

Plusieurs de ses collègues de l'hôpital Rivière-des-Prairies militent justement en ce sens. «Pour éviter qu'un enfant se rende à la conduite suicidaire, il faut s'y prendre de bonne heure, plaide la psychologue et chercheuse Lise Bergeron. Mais rien ne sert de faire du dépistage si on n'a pas les ressources pour répondre ensuite aux besoins. Il faut donc trouver une solution qui ne surcharge pas les services.»

Dans les années 90, un projet-pilote a permis à son équipe de faire du dépistage dans les écoles de quelques secteurs très défavorisés. Son collègue pédopsychiatre Jean-Pierre Valla a proposé de généraliser l'expérience. Il a toutefois essuyé un refus de l'Institut national de santé publique, qui préfère s'en tenir aux programmes de prévention universels.

Autant donner des vitamines à tous les enfants plutôt que des antibiotiques aux enfants infectés, déplore encore aujourd'hui le Dr Valla. «Vu la fréquence de la dépression, vu les coûts sociaux qu'elle entraîne, c'est devenu un problème de santé publique, dit-il. On n'aura pas le choix de changer de cap dans 10 ou 20 ans.»

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C'est trop peu..

Ici au clsc il y a moins d'attente si t'es un adulte.Peu de spécialistes pour les enfants.
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par Anya »

Le Mercredi 30 mars 2011 | Mise en ligne à 12h18 |
Un enfant qui bouge? Il est hyperactif!

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François Cardinal

Le quotidien de nos enfants, on s’entend, n’a plus rien à voir avec celui de leurs ancêtres.

À l’époque, les plus jeunes devaient marcher des kilomètres pour se rendre à l’école, ils devaient couper et corder du bois, nourrir les animaux, aider leurs parents à s’occuper de la terre. On voyait alors comme d’immenses atouts l’énergie, la vitalité, la fougue, l’impulsivité.

Plus maintenant. Les qualités d’antan sont aujourd’hui des défauts. Plus sédentaire que jamais, la société ne tolère plus ces enfants qui sont incapables de rester sagement assis, qui ont besoin de bouger, qui ont de l’énergie à revendre.

D’où une réaction musclée à l’encontre de ces enfants perçus comme turbulents : diagnostic de TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité), puis médication.

D’où, par le fait même, une dérive vers un trop grand nombre de diagnostics du genre et de prescriptions à l’avenant.

C’est ce qu’a confirmé ces derniers jours le neuropsychologue Benoît Hammarrenger lors d’une conférence devant l’Association québécoise des troubles d’apprentissage. Le Devoir en parle ici.

http://www.ledevoir.com/societe/educati ... n-inquiete" onclick="window.open(this.href);return false;

Le Dr Hammarrenger soutient en effet que l’on confond trop souvent les cas d’enfants immatures, dotés d’un quotient intellectuel très élevé, atteints d’un trouble envahissant du développement ou réellement hyperactifs.

Je bouge, donc je suis hyperactif, en somme…

Clairement, nous avons collectivement la mèche de plus en plus courte. Nous tolérons moins que les enfants sortent du rang, qu’ils fassent du bruit au restaurant, qu’ils s’agitent au centre commercial, qu’ils dérangent en classe.

Nous les souhaitons convergents, surtout pas dissidents. Sinon, hop, le Ritalin…

Qu’en pensez-vous, les enfants aujourd’hui sont-ils réellement plus agités à votre avis? Est-on trop rapide sur la gâchette avec les pilules?

http://blogues.cyberpresse.ca/edito/201 ... yperactif/" onclick="window.open(this.href);return false;
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Re: Épidémie de détresse chez les enfants

Message par Anya »

Publié le 02 avril 2011 à 10h15 | Mis à jour à 10h15
La supervision parentale pointée du doigt
Mathieu Perreault
La Presse

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Le congrès annuel de la Société de recherche sur le développement de l'enfant, qui se termine aujourd'hui au Palais des congrès, rassemblait à Montréal 5000 chercheurs des quatre coins du monde.
Photo: PC


On savait depuis longtemps que les enfants les moins populaires sont plus à risque d'avoir des problèmes de comportement. Plus récemment, des études ont montré que ce risque s'étend aussi aux enfants qui trônent au sommet de l'échelle sociale.

La réalité est plus complexe, selon une psychologue québécoise qui étudie à l'Université de l'Oregon. Les «enfants controversés», une nouvelle catégorie d'enfants qui sont populaires, mais aussi détestés dans leur école, seraient les plus susceptibles d'avoir des problèmes de comportement - de mentir, de se battre ou de consommer précocement de l'alcool et des cigarettes. Leur popularité leur fournirait un appui dans leurs tentatives de défier la morale et l'autorité des adultes.

Les constats de Marie-Hélène Véronneau, qui a présenté les résultats de son postdoctorat au congrès annuel de la Société de recherche sur le développement de l'enfant, mettent en évidence l'importance de la supervision parentale à la préadolescence. Les 1300 enfants de son échantillon, qui ont été rencontrés en sixième et en huitième années, l'équivalent de la deuxième secondaire, bénéficiaient tout particulièrement d'une «supervision indirecte», où les parents savaient généralement ce qu'ils faisaient et qui ils fréquentaient après l'école, ainsi que la nature de leurs activités avec leurs amis. C'était encore plus vrai pour les enfants dits controversés.

«Il y a des parents qui baissent les bras à l'adolescence et se disent que leurs enfants ont besoin de liberté, qu'ils ne doivent plus s'occuper de leurs affaires, explique Mme Véronneau. Mais les adolescents ont encore besoin du regard de leurs parents, tout particulièrement vers 12, 13 ans, alors qu'ils vivent des changements importants. Ils veulent plus d'autonomie, mais aussi savoir que leurs parents sont au courant de ce qui se passe dans leur vie. Par exemple, prévoir que l'enfant appelle un parent quand il arrive à la maison après l'école, ce n'est pas seulement rassurant pour le parent, mais aussi pour l'adolescent.»

L'innovation de la psychologue québécoise a été d'utiliser deux échelles pour évaluer la popularité de ses cobayes, une pour le rejet et une autre pour l'acceptation. «Quand on évalue la popularité avec une seule question, les enfants controversés se retrouvent dans la moyenne, dit Mme Véronneau. Or, ils forment vraiment un groupe à part.»

L'analyse des données montre qu'avec des parents fournissant peu de supervision, les problèmes de comportement sont identiques chez les enfants bien acceptés. Mais ils explosent chez les enfants qui sont à la fois très aimés et très détestés. Avec des parents fournissant beaucoup de supervision, les troubles de comportement restent stables chez tous les enfants, peu importe leur taux de rejet et d'acceptation, entre 12 et 14 ans.

L'étude de Mme Véronneau s'est aussi penchée sur l'impact de la surveillance parentale, du rejet et de l'acceptation chez les garçons et les filles. Certaines études ont avancé que les filles sont plus sensibles à l'influence de leurs pairs parce qu'elles ont davantage tendance à avoir des meilleures amies plutôt que de se définir par l'appartenance à un groupe, comme les garçons. Ses données n'ont pas permis de valider cette hypothèse, mais elle a pu observer l'effet protecteur des amitiés avec des élèves performants, qui limitent l'impact de facteurs de risque tels que des amitiés avec des enfants antisociaux.

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