Marco Polo a écrit : Chronique de Richard Martineau
Pauvre monstre
14/05/2011 09h42
Plus capable de ces textes qui banalisent la violence conjugale, en disant que c’est ce qui arrive quand on aime «trop intensément».
LE MONDE À L’ENVERS
Je connais plusieurs amis qui se sont séparés, et aucun d’entre eux n’a tué ses enfants.
Et je connais plusieurs couples qui se sont aimés (ou qui s’aiment encore) intensément, et aucun d’entre eux ne se tape sur la gueule.
On est en train de faire passer des comportements extrêmes pour des gestes normaux, que «tout le monde» pourrait poser !
Au lieu de mettre les meurtriers au ban, on pointe les personnes saines du doigt et on leur dit qu’elles cachent toutes un monstre au fond d’elles-mêmes !
C’est le monde à l’envers… Tout juste si on ne dit pas que les gens malades sont normaux, et les gens normaux, malades !
On est tombé sur la tête, ou quoi ?
VOUS ET MOI ?
Je veux bien, la compassion, mais il y a une limite…
Le docteur Turcotte n’est pas « vous et moi ». Je ne me reconnais absolument pas dans le portrait que les témoins ont tracé de cet homme…
Lâchez-moi, avec vos longues tartines sur la passion, la souffrance et les peines d’amour !
L’amour, ce n’est pas tuer ses enfants ou taper sur sa blonde.
Sommes-nous si confus que nous ne savons plus ce qui est bien et ce qui est mal ? Ce qui est acceptable et ce qui est condamnable ?
Devrions-nous monter une pièce sur la pôvre calvaire enduré par le docteur Turcotte ?
Avec Cantat à la guitare ?
UNE TENDANCE INQUIÉTANTE
Vous me direz que je juge.
Oui, je juge, et j’en suis bien heureux !
Au lieu de pleurer sur le sort des bourreaux, on devrait pleurer un peu plus sur celui des victimes. Et au lieu de vanter la « fougue enflammée » des batteurs de femmes, on devrait saluer tous ces hommes qui aiment leur compagne dans le plus grand respect, préférant les caresses aux coups de poing !
Cette tentative de « banalisation » des actes monstrueux commis par le docteur Turcotte ne fait pas que me scandaliser, elle m’inquiète et me terrifie. C’est ça qu’on veut ? Une société tellement déboussolée qu’elle ne sait plus faire la différence entre le bien et le mal ?
Des citoyens tellement blasés qu’ils trouvent l’anormalité normale, et la normalité, anormale ?
L’ENFER
« Things are going to slide in all directions / Won't be nothing you can measure anymore / The blizzard of the world has crossed the threshold and it has overturned the order of the soul », chantait Leonard Cohen dans The Future.
(« Les choses vont glisser dans toutes les directions, tu ne pourras plus mesurer rien, le chaos du monde va traverser le seuil de ta porte et mettre ton âme sens dessus dessous… ») Avec cette chanson, Cohen brossait un portrait de l’enfer.
Eh bien, l’enfer est là, ici, maintenant.
Les anges meurent dans l’indifférence et le diable récolte pitié et miséricorde.
http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/ric ... 94217.html
Bravo Martineau
