La télé vue par Madame Louise
La cruauté de Radio-Canada
Louise Cousineau / TV Hebdo - 2011-05-25 10:53:50
Comment se fait-il que Radio-Canada soit si allumée en journalisme d’enquête et si nulle les grands soirs d’élections?
Le mystère reste entier.
Le journalisme d’enquête, c’est une conquête perpétuelle de l’Everest. Les reporters ne sont pas convoqués à des conférences de presse pour recevoir l’information toute cuite dans le bec. Il leur faut vérifier et contre-vérifier continuellement les moindres parcelles d’information. Trouver des confirmations. Fréquenter des gens qui ne veulent surtout pas être cités. Et, patiemment, car c’est un travail de moine, échafauder une preuve solide qui pourra être diffusée.
Les journalistes enquêteurs de Radio-Canada méritent une médaille.
Le Service de l’information qui régit les enquêteurs gère aussi les soirées d’élections.
Et là, c’est l’échec.
Illisible!
On regarde la télé le soir des élections pour avoir des résultats.
Depuis des années, Radio-Canada traîne de la patte en infographie. Le 2 mai au soir, les tableaux de résultats étaient si minuscules à gauche et en bas de l’écran que je ne pouvais pas les déchiffrer.
C’était tellement enrageant que j’ai zappé à TVA, où les tableaux étaient clairs.
TVA a été le premier réseau à développer des tableaux lisibles en un coup d’œil sans qu’on ait à plisser des yeux. À chaque élection, ce réseau a perfectionné ses techniques informatiques.
En début de soirée, Radio-Canada nous a montré des cartes intéressantes qui rappelaient les innovations de CNN le grand soir de Barack Obama. Je me suis dit: «Ça y est, ils l’ont trouvée, l’affaire!»
Mais non. Arrivés aux résultats en chiffres, c’était toujours la dèche.
Les chiffres étaient minuscules, et on ne voyait même pas qui était le candidat!
Le public a tranché
Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est l’incapacité de Radio-Canada à réaliser que son infographie est nulle. Et cela dure depuis des années.
À croire que les patrons sont aveugles ou se fichent carrément d’informer les téléspectateurs.
À moins que, eux aussi, passent la soirée des élections à regarder TVA!
Les sondages ont démontré que le public a très majoritairement suivi les résultats à TVA. Un réseau qui n’a pas les mêmes moyens financiers ni autant de personnel que Radio-Canada.
Le secret de TVA: on n’oublie pas la mission essentielle. Le téléspectateur veut d’abord voir, ensuite savoir.
Connivence, ignorance, déchéance
Radio-Canada nous présente cet été le nouveau quiz
Connivence, animé par Sébastien Benoit. Le concept n’est pas mauvais. Deux tandems s’affrontent. Au départ, chacun choisit 5 sujets sur les 15 offerts. Le meilleur des deux pourra gagner de l’argent en finale avec les cinq sujets délaissés au départ.
Les questions ne sont pas très difficiles. Mais quand les participants ratent la capitale de l’Égypte, le pays où est situé le Mont Logan ou le nom du premier ministre du Québec en 1988,
Connivence commence à rimer avec ignorance.
Et avec impatience de ma part.
Les quiz américains font passer des tests d’aptitude aux candidats, histoire de s’assurer qu’ils ne sont pas complètement ineptes. Radio-Canada devrait faire la même chose.
Ils pourraient offrir aux recalés un gratteux pour
La poule aux œufs d’or. Là où personne n’a besoin de connaissances pour gagner. Un vrai jeu de hasard. Mais, dans un jeu de savoir, la décence impose qu’on empêche les ignorants finis d’aller s’y ridiculiser.
Réalité extrême
La chaîne addikTV se spécialise dans les séries de fiction mais, depuis le début de mai, elle nous offre la téléréalité la plus déprimante que j’aie jamais vue.
Désordre extrême nous amène chez des angoissés qui sont incapables de jeter quoi que ce soit à la poubelle. Les logements sont des soues où il est souvent impossible de trouver un bout de plancher pour circuler. Le titre original de la série est
Hoarders.
Arrive un point où une ville ordonne un grand ménage pour cause d’insalubrité. Le ou la malpropre doit jeter des choses. La victime est parfois épaulée pas un membre de sa famille, et une travailleuse sociale essaie de faire passer l’angoisse.
Une terrible dépendance
Le déchirement d’avoir à jeter la peluche du bébé mort il y a 40 ans arrache le cœur. On l’a retrouvée dessous une pile de vieux journaux. La maison est tellement encombrée que l’occupant ne sait même plus ce qu’il y a dans le désordre.
Le toutou réapparaît, et voilà le vieux chagrin qui revient avec l’intensité du début.
Horrible.
Les collectionneurs compulsifs argumentent qu’ils ont le droit de vivre à leur goût chez eux. Mais quand les coquerelles qui se cachent dans un trésor trouvé dans les vidanges se mettent à proliférer dans un immeuble, le proprio beugle: «Assez!» Et l’angoisse du ramasseux se déchaîne.
La dépendance aux objets est une compulsion. Dans cette série, vous verrez des thérapeutes tenter de convaincre les victimes de se débarrasser de leur fouillis. Mais leur arracher un objet, fut-il brisé, est quasi impossible. Ils résistent. Ils savent qu’ils risquent de devenir encore plus fous.
Je ne regarderai pas cette série très souvent. Finalement, j’ai pas mal de traîneries à larguer.