L’avocat de Philippe Truchon s’est plutôt mal défendu à la radio
Chronique criminelle
15 juillet 2011
Je suis étonnée de la sentence dont a écopé Philippe Truchon, ce cyberprédateur, qui en l’espace de cinq mois a convaincu 285 adolescentes de se dévêtir devant la caméra pour son plaisir personnel. La Couronne avait demandé cinq ans de détention, mais ce sera finalement deux ans qu’il passera derrière les barreaux.
Ce matin, l’avocat de Truchon, Me André Boissonneault, était interviewé par Guy Simard au 98,5 fm, La puissance des mots. L’avocat de la défense explique qu’en termes de circonstances atténuantes, rien de “concret” ne s’était passé entre les victimes et celui qu’il ne considère pas comme un cyberprédateur, mais plutôt comme un voyeur informatique. Qui plus est, les évaluations dont a fait l’objet son client ne le dépeignent pas comme quelqu’un de dangereux.
Jusque là, l’entrevue se déroule plutôt bien. Elle prend cependant une tournure différente à 1:03, lorsque l’animateur demande à Me Boissonneault si Truchon agissait pour son plaisir personnel. A ce moment, l’avocat de la défense commence sa phrase et laisse échapper un rire:
“Oui, bien, il était dans une période où il était en chômage (rires) et qu’il avait juste ça à faire j’ai bien l’impression parce qu’il en a fait beaucoup en peu de temps”.
Silence, malaise.
L’animateur demande à Me Boissonneault, d’un ton grave, si ça le fait vraiment rigoler et ce dernier répond que ça le fait rigoler parce que “pas grand chose n’est arrivé finalement”, à savoir qu’il a demandé aux “p’tites filles” de se déshabiller, oui, mais qu’il n’a pas violé personne, ni amené personne dans un motel. Il ajoute que ce qu’à fait son client est très grave et sérieux, mais met l’accent sur le fait que rien de concret ne s’est passé entre celui-ci et les victimes. Mais le mal était déjà fait, le ton était donné à l’entrevue, qui s’est poursuivie en dents de scie, pour se terminer en queue de poisson.
Me Boissonneault a tenté d’expliquer que la preuve n’a pas été faite que les 285 jeunes filles ont été traumatisées puisque son client a plaidé coupable, donc aucun procès n’a été tenu, par conséquent les vicitmes n’ont pas été amenées à témoigner.
L’animateur enchaîne immédiatement avec une citation de Me Boissonneault tirée d’un article qui n’a pas été nommé, en lui demandant ce que ça veut dire:
“Les enfants vivent dans une époque où ils sont pas mal plus réveillés qu’on peut l’imaginer”
L’avocat s’énerve et répond:
“Ça veut dire, allez vous promener dans la cours d’école, pis provenez-vous donc sur la rue près des écoles et vous allez voir que les enfants ne sont pas aussi niaiseux que dans le temps de nos grands-mères”
L’entrevue dérape et l’avocat met un terme à la conversation quand l’animateur lui dit qu’il tente de lui refléter la stupidité de ses arguments en lui donnant comme exemple qu’il pourrait, si on suit la logique exposée, proposer à la fillette de douze ans de Me Boissonneault (fictive, Me Boissonneault n’a peut-être même pas d’adolescente de cet âge) de se dévêtir devant une caméra web en prétextant qu’elle en tirerait du plaisir.
Est-ce simplement un avocat qui s’est mal défendu à la radio et dont les propos ont été mal interprétés? Est-ce un avocat qui minimise les délits commis par son client? Est-ce que l’animateur a tenté de mettre l’avocat en boîte? Chose certaine, je ne crois pas qu’il se moquait des victimes en tant que telles lorsqu’il a laissé échapper un rire à 1:03. Cependant, l’entrevue a tellement dégringolée à partir de ce moment que ça nous donne une drôle d’impression.
Qu’est-ce que vous en pensez?
La Criminologue
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