Affaissements de sol à Québec
Des familles doivent quitter
Agence QMI
Diane Tremblay
28/05/2011 10h11
QUÉBEC – Les mouvements de sol observés au cours des derniers jours sur une colline située à proximité de la côte de la Sucrerie, dans l’arrondissement de Charlebourg, à Québec, inquiètent au plus haut point les autorités qui recommandent aux résidants de quitter leur domicile, ce qu’on fait une vingtaine d’entre eux.
Entre 30 et 40 crevasses pouvant atteindre jusqu’à cinq mètres de profondeur ont été dénombrées sur le flanc d’une colline appartenant à une érablière.
«C’est inquiétant. Les constats sont impressionnants. On ne veut pas prendre de chance. Il y a plusieurs familles qui vivent à proximité et pour certaines crevasses, il n’y a pas eu de signes avant-coureurs. Même les experts ne sont pas en mesure de nous rassurer», a déclaré Mme Odette Simoneau, présidente de l’arrondissement.
Les crevasses, qui font l’objet d’une attention particulière depuis une semaine, ont commencé à apparaître au cours des derniers mois. Face à cette menace, la Ville a rencontré les résidants, mercredi, pour leur recommander de quitter les lieux.
«On n’a pas de contrôle. Cela ne s’est jamais vu au Québec, une situation comme celle-là. Personne n’est capable d’expliquer ce phénomène. Ça va prendre des analyses», a ajouté M. Claude Pigeon, directeur par intérim du Bureau de la sécurité civile de la Ville.
La présence d’un cours d’eau souterrain n’est pas écartée non plus parmi les hypothèses envisagées. Une entreprise spécialisée en géophysique sera dépêchée sur place pour déterminer s’il y a présence de vides souterrains.
Tragédie de Saint-Jude
Évidemment, tout le monde a à l’esprit la tragédie de Saint-Jude où une famille complète a été emportée par un glissement de terrain, l’année dernière. Malgré tout, seulement la moitié des résidants ont choisi de partir.
«Pour ceux qui restent, c’est à leurs risques. On les a bien mis au courant», a ajouté M. Pigeon. La menace vise une quinzaine de bâtiments, dont plusieurs triplex et duplex. Une quarantaine de personnes sont directement touchées.
Les résidants évacués ont été pris en charge par la Croix-Rouge. Certains sont hébergés à l’hôtel en attendant de savoir s’ils pourront réintégrer leur logement.
Pour le moment, la Ville a dressé un large périmètre autour de la zone d’une superficie de 600 mètres carrés, située sur des terrains privés.
Un geyser
Parallèlement aux crevasses, les autorités ont observé un écoulement d’eau en bordure du boulevard Henri-Bourassa.
«Ce n’est pas de l’eau qui vient de la canalisation de la ville. Ça aussi c’est un phénomène qui préoccupe les spécialistes», a dit M. Pigeon.
Il s’est écoulé presque une semaine avant que les médias soient informés de cette situation. La Ville soutient que sa priorité était d’assurer la sécurité des résidants.
La pluie ajoute au stress
Avec la pluie qui s’annonce, Martin Lagacé et son fils de 11 ans ne prennent pas de chance. C’est à l’hôtel qu’ils logeront pour les prochains jours.
« Je pars pour la fin de semaine, mais je reviens lundi, c’est sûr! C’est la pluie qui me stresse le plus. Depuis un bout de temps, il y a un gros torrent qui descend la montage. On voit que le sol est gorgé d’eau », a-t-il confié.
L’apparition des crevasses dans le secteur ne date pas d’hier. Selon la Ville, des affaissements de terrain se sont déjà produits sur ce territoire qui accueillait autrefois une sablière. Les terrains ont été remaniés par la suite et des affaissements sporadiques ont été constatés par des citoyens au cours des ans.
« Quand j’ai agrandi ma maison, il y a deux ans, il y a eu un affaissement. Ça a pris le chargement d’un dix roues et demi pour le refermer », a poursuivi M. Lagacé.
Cette année, le problème a pris une telle ampleur que tout le monde est sur le pied d’alerte. Les cavités se multiplient, de sorte que plus personne n’ose s’aventurer sur le terrain par crainte de voir le sol s’affaisser sous ses pieds.
Mauvais «timing»
Pour M. Lagacé, qui a investi près de 200 000 $ pour agrandir sa maison afin d’y ajouter des logements, cela survient à un bien mauvais moment.
«Je suis dans l’impasse. Côté assurance, il n’y a rien qui me protège. Si je perds mes locataires, je perds mes revenus. En plus, j’ai pris une semaine de congé spécialement pour voir ce qui se passe avec ça», a-t-il dit.
Adoptant une mesure d’exception, la Ville a décidé d’apporter une aide financière aux personnes ayant quitté leur domicile, au-delà de la période habituelle de 72 heures, soit jusqu’au 9 juin. Par la suite, elles pourront bénéficier de programmes d’indemnisation du ministère de la Sécurité publique. Pour l’instant, la Ville ne peut dire si la situation risque de s’aggraver.
Affaissement de sol à Québec : des études géophysiques en cours
La Ville de Québec a commandé trois études géophysiques du secteur de l'arrondissement Charlesbourg où on a constaté des affaissements de terrains, ces derniers jours.
Vendredi et au cours de la fin de semaine, à l'aide d'un géoradar et d'un deuxième procédé qui reste à déterminer, une « échographie » de la colline où se sont produits ces affaissements sera effectuée. On procédera ensuite à des forages, dans les secteurs où on a constaté des anomalies, pour confirmer les résultats déjà obtenus. Enfin, on va procéder à un balayage radar de l'ensemble de la colline pour vérifier s'il y a des mouvements de sol.
Parallèlement, les structures des maisons du secteur seront vérifiées pour voir jusqu'à quel point elles peuvent résister à des mouvements de sol.
Les résultats des analyses de sol devraient être livrés dans deux semaines. D'ici là, la Ville de Québec se garde bien de faire quelque spéculation que ce soit sur la cause du phénomène. On a cependant confirmé qu'une des crevasses s'était agrandie depuis jeudi.
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/a ... 01132.html" onclick="window.open(this.href);return false;