La prison à vie pour une jeune Sri-Lankaise
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Ouch....
La prison à vie pour une jeune Sri-Lankaise
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... ACTUALITES
Christiane Desjardins
La Presse
Quatre mois après son arrivée au Canada, une Sri Lankaise de 21 ans, Suganthini Mayuran, assassinait de 45 coups de couteau sa belle-soeur enceinte. Au-delà de ce fait divers, qui s'est conclu récemment par la condamnation de Suganthini, c'est l'implacable destin de ces deux jeunes femmes que l'on découvre. Un destin scellé par leur mariage arrangé avec des jumeaux de Montréal.
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Suganthini Mayuran
Dayani Manchutan et Suganthini Mayuran avaient toutes deux 21 ans lors des événements tragiques du 3 décembre 2004. Catapultées dans un pays dont elles ne connaissaient ni les coutumes ni la langue, elles se sont retrouvées mariées à deux inconnus, à vivre sous le toit et l'autorité de la belle-famille. Dans cette promiscuité obligée, elles en sont venues à se détester.
Le crime dont il est question ici s'est produit dans un logement de cinq pièces de l'avenue de l'Épée, dans Parc Extension. Les sept acteurs du drame y habitaient : un couple de Tamouls originaire du Sri Lanka, soit Ponnuthurai Thangarajan et sa femme, Thanikasaladevi Sundran; leur fille cadette, Sajanthini, leurs fils jumeaux, Manchutan et Mayuran, ainsi que les épouses respectives de ces derniers, Dayani et Suganthini. La mère des jumeaux s'était rendue au Sri Lanka expressément pour choisir des épouses à ses fils, comme elle l'avait fait avant cela pour choisir un mari à sa fille aînée.
«Tout le monde me disait de ne pas marier mes enfants avec des garçons et des filles d'ici parce qu'ils ne sont pas bons... Alors je les ai mariés au Sri Lanka», a expliqué la mère, après le drame. Pour ce faire, les deux jumeaux se sont rendus chacun leur tour au Sri Lanka pour leurs épousailles, sont revenus seuls au Canada puis ont entrepris le parrainage de leur femme. Dayani est arrivée la première, en avril 2003, et Suganthini a suivi en juin 2004.
Les mariages arrangés, avec dot à la clé, sont encore très courants au Sri Lanka. On s'étonnera toutefois d'une étrange particularité : l'un des facteurs qui entrent en compte dans le choix des époux (qui, souvent, ne se connaissent même pas) est leur horoscope, ou plutôt leur thème astral. Mme Thanikasaladevi a d'ailleurs raconté avec une certaine fierté que des Tamouls d'ici avaient montré de l'intérêt pour ses jumeaux. Certains avaient même insisté pour qu'elle leur montre le thème astral de ses rejetons pour voir s'ils étaient compatibles avec ceux de filles à marier. Mais elle avait toujours refusé. «Ici, on ne connaissait pas beaucoup les gens, alors au lieu de mal choisir, on voulait retourner au pays pour choisir pour mes fils», a-t-elle expliqué.
La famille, on le constate, restait fermement ancrée dans ses traditions et vivait un peu en vase clos dans son pays d'adoption, bien qu'elle y fût établie depuis un certain temps. Le père était arrivé le premier, seul, en 1986. Sept ans plus tard, en novembre 1993, son épouse et leurs quatre enfants (la fille aînée, les jumeaux, âgés alors de 16 ans, et la cadette) débarquaient à leur tour. Malgré tout, à l'exception de la cadette de la famille, qui a fréquenté l'école Lucien-Pagé, où elle a appris le français, tous les membres de la famille ont eu besoin d'un interprète pour témoigner au procès, car ils ne maîtrisent toujours pas le français ni l'anglais.
Dans le cadre de la procédure judiciaire, madame a expliqué qu'elle avait toujours tenu à préserver sa famille. «Moi, je fais très attention aux filles, a-t-elle dit. Je ne laisse pas d'autres gens venir les influencer d'une manière ou d'une autre...» Au sujet de ses fils, elle dira : «Ils ne vont jamais chez des inconnus et ils ne parlent pas à beaucoup de gens.»
La jalousie s'installe
On ne saura jamais avec certitude pourquoi Suganthini, qui ne fait pas 5 pi et qui ne pèse pas 100 lb, a tué sa belle-soeur. Ni pourquoi elle y a mis autant de rage, au point de sectionner la veine jugulaire et l'artère carotide de la victime, qui est morte au bout de son sang. L'explication la plus plausible, qu'elle a elle-même donnée avant de changer de version, est que Dayani l'humiliait en se prétendant mieux éduquée qu'elle. La mère de Dayani était apparemment chimiste avant de devenir directrice d'école à Jaffna, au Sri Lanka, tandis que le père de Suganthini était fermier...
Mais ce n'est pas tout : une certaine compétition s'était apparemment installée entre les deux belles-soeurs. Toutes deux se plaignaient à leur mari que l'autre n'en faisait pas beaucoup dans la maison. Les maris n'y portaient pas attention. La cuisine et le ménage, c'est l'affaire des femmes, se défendront les deux hommes. Ils ajouteront que c'était leur mère qui s'occupait de la discipline et des tâches à distribuer à ses belles-filles. Une chose est sûre : personne dans la famille ne se doutait que la situation était devenue à ce point explosive entre les deux jeunes femmes et qu'une petite étincelle allait allumer la mèche.
Le crime
Nous voilà le 3 décembre 2004, dans l'appartement 3 du 7277, avenue de l'Épée. Le père est parti à l'aube au temple hindou, où il travaille comme gérant. Vers 7 h 45, les jumeaux partent à leur tour pour aller s'occuper du dépanneur qu'ils ont acheté il y a quelques mois rue Cartier, à Laval. Leur mère les accompagne. Dayani, enceinte de trois mois, songeait à y aller aussi. Mais il fait froid dans le dépanneur, et le médecin lui a recommandé de se ménager parce qu'elle a déjà fait une fausse couche. Donc, elle reste.
À 10 h 30, Sajanthini, la soeur des jumeaux, sort à son tour afin d'aller à ses cours privés de mathématiques. Ne restent plus que les deux belles-soeurs dans le logement. Le drame survient dans l'heure qui suit. Vers 11 h 30, Suganthini, tout énervée, appelle son beau-père pour lui dire qu'un voleur est dans la maison.
Le père des jumeaux accourt, ne peut pénétrer dans la maison, appelle le 911, prévient ses fils, qui reviennent aussi en vitesse vers l'avenue de l'Épée. Il n'est pas encore midi quand les policiers pénètrent dans le logement. Suganthini est assise par terre dans une chambre et pleure à chaudes larmes. Dans une autre chambre, Dayani gît sur le parquet, inerte et ensanglantée. Les tentatives de réanimation seront vaines.
Les versions
Interrogée par la police, Suganthini racontera d'abord qu'un inconnu est entré, a attaqué sa belle-soeur et s'est enfui par la porte de derrière. Mais les policiers ne voient aucune trace de pas dans la fine couche de neige tombée récemment. Pour expliquer ses blessures aux mains, Suganthini dira qu'elle s'est accidentellement pris la main dans la porte quand, par peur du voleur, elle s'est enfermée dans sa chambre. Mais les plaies racontent une autre histoire. C'est le genre de coupure qu'un agresseur s'inflige quand il poignarde quelqu'un à répétition. Dans un tiroir de la cuisine, on saisit un couteau mal lavé où apparaît encore un peu de sang, et dont la lame est brisée. C'est l'arme du crime. Les expertises détermineront que l'ADN de Suganthini et de la victime s'y trouvent, et on découvrira le bout de lame dans le cadavre de Dayani.
Suganthini est le suspect no 1. Interrogée de façon serrée par un enquêteur le soir même du crime, elle maintiendra l'explication du mystérieux voleur, qui n'a rien volé. Puis, au bout de plusieurs heures, elle craque. Elle raconte que le matin, après le départ de tout le monde, une querelle a éclaté entre elle et sa belle-soeur. Dayani lui a promis de ne jamais la laisser en paix, a dit qu'elle s'arrangerait pour que sa belle-famille ne l'accepte pas. Elles se sont chamaillées et, à un certain moment, Suganthini est allée chercher un couteau et a commis l'irréparable.
«Montre-moi comment tu as fait», lui dit alors l'enquêteur.
Dayani a montré avec un crayon comment elle s'y est prise pour assassiner sa belle-soeur. En frappant symboliquement l'enquêteur avec le crayon, elle signe son crime. Car les endroits qu'elle vise correspondent aux blessures que le pathologiste va relever plus tard sur le cadavre. Elle raconte aussi que, après le crime, elle a regretté son geste, car sa colère était tombée.
«Quelle est ma punition?» demande ensuite Suganthini à l'enquêteur.
Ce dernier lui répond que ce n'est pas à lui d'en décider et qu'elle aura un procès. Mais, pour l'heure, Suganthini s'inquiète bien plus de ce que sa belle-famille va penser d'elle.
«Déjà, quand Dayani et moi faisons une petite erreur de rien du tout, ils nous crient après pour rien. Du fait que j'ai commis ça, ils vont être encore plus fâchés», redoute Suganthini.
Cette déclaration incriminante, le jury du procès n'en a jamais pris connaissance puisqu'elle a été écartée de la preuve par la juge France Charbonneau. Cette dernière a tenu compte, entre autres choses, de l'arrivée récente de l'accusée au pays, de la différence de culture et de la mauvaise traduction de l'interprète pendant l'interrogatoire policier. Elle a conclu que la jeune femme n'avait pas bien compris la portée de sa décision lorsqu'elle a choisi de ne pas se prévaloir de son droit à un avocat. Quoi qu'il en soit, Suganthini répétera sensiblement la même confession à son mari avant de changer sa version pour le procès.
Au procès, Suganthini fera valoir que c'est Manchutan qui a tué sa femme par jalousie, parce que Dayani n'était pas enceinte de lui mais de son jumeau, Mayuran, le mari de Suganthini. Elle avance une nouvelle explication pour ses coupures à la main : elle s'est blessée en tentant d'enlever le couteau des mains de son beau-frère. Elle trouvera d'autres explications boiteuses pour se disculper au sujet d'autres éléments de preuve accablants.
Lors des plaidoiries, le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier, a fait valoir que le récit de Suganthini était truffé de mensonges et d'invraisemblances. L'avocate de l'accusée, Me Sharon Sandiford, a soutenu qu'il y avait doute raisonnable. Le jury a rendu son verdict en moins de 24 heures, le 16 février dernier : coupable de meurtre non prémédité, ce qui a valu à la jeune accusée une condamnation automatique à la prison à vie. La juge lui a toutefois imposé le minimum de temps à purger dans les circonstances avant d'être admissible à une liberté conditionnelle, soit 10 ans.
Notes de procès>
Dayani et Suganthini suivaient des cours d'intégration à l'école St. Pius X. Elles étaient dans la même classe et partageaient le même sac d'école. Le jour du crime, elles n'y étaient pas allées.
> Lors de l'autopsie, le pathologiste adécouvert que Dayani était atteinte de tuberculose, maladie hautement contagieuseà déclaration obligatoire.
> Au procès, la belle-mère apprendra que sa belle-fille Dayani ne l'aimait pas et qu'elle la trouvait injuste et autoritaire. «Si elle pense qu'après la naissance de l'enfant je vais rester à la maison, elle se trompe», disait notamment Dayani.
> Depuis le crime, le mari de Suganthini aentrepris une procédure de divorce, toujours pendante parce que «ça coûte cher». Il a témoigné au procès de Suganthini, après que la cour se fut assurée qu'aucune réconciliation avec son épouse n'était possible. Dans le cas contraire, il aurait été exempté de témoigner.
> Dayani a le statut de résidente permanente au Canada.
> La famille au grand complet est maintenant établie à Toronto.
La prison à vie pour une jeune Sri-Lankaise
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... ACTUALITES
Christiane Desjardins
La Presse
Quatre mois après son arrivée au Canada, une Sri Lankaise de 21 ans, Suganthini Mayuran, assassinait de 45 coups de couteau sa belle-soeur enceinte. Au-delà de ce fait divers, qui s'est conclu récemment par la condamnation de Suganthini, c'est l'implacable destin de ces deux jeunes femmes que l'on découvre. Un destin scellé par leur mariage arrangé avec des jumeaux de Montréal.
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Suganthini Mayuran
Dayani Manchutan et Suganthini Mayuran avaient toutes deux 21 ans lors des événements tragiques du 3 décembre 2004. Catapultées dans un pays dont elles ne connaissaient ni les coutumes ni la langue, elles se sont retrouvées mariées à deux inconnus, à vivre sous le toit et l'autorité de la belle-famille. Dans cette promiscuité obligée, elles en sont venues à se détester.
Le crime dont il est question ici s'est produit dans un logement de cinq pièces de l'avenue de l'Épée, dans Parc Extension. Les sept acteurs du drame y habitaient : un couple de Tamouls originaire du Sri Lanka, soit Ponnuthurai Thangarajan et sa femme, Thanikasaladevi Sundran; leur fille cadette, Sajanthini, leurs fils jumeaux, Manchutan et Mayuran, ainsi que les épouses respectives de ces derniers, Dayani et Suganthini. La mère des jumeaux s'était rendue au Sri Lanka expressément pour choisir des épouses à ses fils, comme elle l'avait fait avant cela pour choisir un mari à sa fille aînée.
«Tout le monde me disait de ne pas marier mes enfants avec des garçons et des filles d'ici parce qu'ils ne sont pas bons... Alors je les ai mariés au Sri Lanka», a expliqué la mère, après le drame. Pour ce faire, les deux jumeaux se sont rendus chacun leur tour au Sri Lanka pour leurs épousailles, sont revenus seuls au Canada puis ont entrepris le parrainage de leur femme. Dayani est arrivée la première, en avril 2003, et Suganthini a suivi en juin 2004.
Les mariages arrangés, avec dot à la clé, sont encore très courants au Sri Lanka. On s'étonnera toutefois d'une étrange particularité : l'un des facteurs qui entrent en compte dans le choix des époux (qui, souvent, ne se connaissent même pas) est leur horoscope, ou plutôt leur thème astral. Mme Thanikasaladevi a d'ailleurs raconté avec une certaine fierté que des Tamouls d'ici avaient montré de l'intérêt pour ses jumeaux. Certains avaient même insisté pour qu'elle leur montre le thème astral de ses rejetons pour voir s'ils étaient compatibles avec ceux de filles à marier. Mais elle avait toujours refusé. «Ici, on ne connaissait pas beaucoup les gens, alors au lieu de mal choisir, on voulait retourner au pays pour choisir pour mes fils», a-t-elle expliqué.
La famille, on le constate, restait fermement ancrée dans ses traditions et vivait un peu en vase clos dans son pays d'adoption, bien qu'elle y fût établie depuis un certain temps. Le père était arrivé le premier, seul, en 1986. Sept ans plus tard, en novembre 1993, son épouse et leurs quatre enfants (la fille aînée, les jumeaux, âgés alors de 16 ans, et la cadette) débarquaient à leur tour. Malgré tout, à l'exception de la cadette de la famille, qui a fréquenté l'école Lucien-Pagé, où elle a appris le français, tous les membres de la famille ont eu besoin d'un interprète pour témoigner au procès, car ils ne maîtrisent toujours pas le français ni l'anglais.
Dans le cadre de la procédure judiciaire, madame a expliqué qu'elle avait toujours tenu à préserver sa famille. «Moi, je fais très attention aux filles, a-t-elle dit. Je ne laisse pas d'autres gens venir les influencer d'une manière ou d'une autre...» Au sujet de ses fils, elle dira : «Ils ne vont jamais chez des inconnus et ils ne parlent pas à beaucoup de gens.»
La jalousie s'installe
On ne saura jamais avec certitude pourquoi Suganthini, qui ne fait pas 5 pi et qui ne pèse pas 100 lb, a tué sa belle-soeur. Ni pourquoi elle y a mis autant de rage, au point de sectionner la veine jugulaire et l'artère carotide de la victime, qui est morte au bout de son sang. L'explication la plus plausible, qu'elle a elle-même donnée avant de changer de version, est que Dayani l'humiliait en se prétendant mieux éduquée qu'elle. La mère de Dayani était apparemment chimiste avant de devenir directrice d'école à Jaffna, au Sri Lanka, tandis que le père de Suganthini était fermier...
Mais ce n'est pas tout : une certaine compétition s'était apparemment installée entre les deux belles-soeurs. Toutes deux se plaignaient à leur mari que l'autre n'en faisait pas beaucoup dans la maison. Les maris n'y portaient pas attention. La cuisine et le ménage, c'est l'affaire des femmes, se défendront les deux hommes. Ils ajouteront que c'était leur mère qui s'occupait de la discipline et des tâches à distribuer à ses belles-filles. Une chose est sûre : personne dans la famille ne se doutait que la situation était devenue à ce point explosive entre les deux jeunes femmes et qu'une petite étincelle allait allumer la mèche.
Le crime
Nous voilà le 3 décembre 2004, dans l'appartement 3 du 7277, avenue de l'Épée. Le père est parti à l'aube au temple hindou, où il travaille comme gérant. Vers 7 h 45, les jumeaux partent à leur tour pour aller s'occuper du dépanneur qu'ils ont acheté il y a quelques mois rue Cartier, à Laval. Leur mère les accompagne. Dayani, enceinte de trois mois, songeait à y aller aussi. Mais il fait froid dans le dépanneur, et le médecin lui a recommandé de se ménager parce qu'elle a déjà fait une fausse couche. Donc, elle reste.
À 10 h 30, Sajanthini, la soeur des jumeaux, sort à son tour afin d'aller à ses cours privés de mathématiques. Ne restent plus que les deux belles-soeurs dans le logement. Le drame survient dans l'heure qui suit. Vers 11 h 30, Suganthini, tout énervée, appelle son beau-père pour lui dire qu'un voleur est dans la maison.
Le père des jumeaux accourt, ne peut pénétrer dans la maison, appelle le 911, prévient ses fils, qui reviennent aussi en vitesse vers l'avenue de l'Épée. Il n'est pas encore midi quand les policiers pénètrent dans le logement. Suganthini est assise par terre dans une chambre et pleure à chaudes larmes. Dans une autre chambre, Dayani gît sur le parquet, inerte et ensanglantée. Les tentatives de réanimation seront vaines.
Les versions
Interrogée par la police, Suganthini racontera d'abord qu'un inconnu est entré, a attaqué sa belle-soeur et s'est enfui par la porte de derrière. Mais les policiers ne voient aucune trace de pas dans la fine couche de neige tombée récemment. Pour expliquer ses blessures aux mains, Suganthini dira qu'elle s'est accidentellement pris la main dans la porte quand, par peur du voleur, elle s'est enfermée dans sa chambre. Mais les plaies racontent une autre histoire. C'est le genre de coupure qu'un agresseur s'inflige quand il poignarde quelqu'un à répétition. Dans un tiroir de la cuisine, on saisit un couteau mal lavé où apparaît encore un peu de sang, et dont la lame est brisée. C'est l'arme du crime. Les expertises détermineront que l'ADN de Suganthini et de la victime s'y trouvent, et on découvrira le bout de lame dans le cadavre de Dayani.
Suganthini est le suspect no 1. Interrogée de façon serrée par un enquêteur le soir même du crime, elle maintiendra l'explication du mystérieux voleur, qui n'a rien volé. Puis, au bout de plusieurs heures, elle craque. Elle raconte que le matin, après le départ de tout le monde, une querelle a éclaté entre elle et sa belle-soeur. Dayani lui a promis de ne jamais la laisser en paix, a dit qu'elle s'arrangerait pour que sa belle-famille ne l'accepte pas. Elles se sont chamaillées et, à un certain moment, Suganthini est allée chercher un couteau et a commis l'irréparable.
«Montre-moi comment tu as fait», lui dit alors l'enquêteur.
Dayani a montré avec un crayon comment elle s'y est prise pour assassiner sa belle-soeur. En frappant symboliquement l'enquêteur avec le crayon, elle signe son crime. Car les endroits qu'elle vise correspondent aux blessures que le pathologiste va relever plus tard sur le cadavre. Elle raconte aussi que, après le crime, elle a regretté son geste, car sa colère était tombée.
«Quelle est ma punition?» demande ensuite Suganthini à l'enquêteur.
Ce dernier lui répond que ce n'est pas à lui d'en décider et qu'elle aura un procès. Mais, pour l'heure, Suganthini s'inquiète bien plus de ce que sa belle-famille va penser d'elle.
«Déjà, quand Dayani et moi faisons une petite erreur de rien du tout, ils nous crient après pour rien. Du fait que j'ai commis ça, ils vont être encore plus fâchés», redoute Suganthini.
Cette déclaration incriminante, le jury du procès n'en a jamais pris connaissance puisqu'elle a été écartée de la preuve par la juge France Charbonneau. Cette dernière a tenu compte, entre autres choses, de l'arrivée récente de l'accusée au pays, de la différence de culture et de la mauvaise traduction de l'interprète pendant l'interrogatoire policier. Elle a conclu que la jeune femme n'avait pas bien compris la portée de sa décision lorsqu'elle a choisi de ne pas se prévaloir de son droit à un avocat. Quoi qu'il en soit, Suganthini répétera sensiblement la même confession à son mari avant de changer sa version pour le procès.
Au procès, Suganthini fera valoir que c'est Manchutan qui a tué sa femme par jalousie, parce que Dayani n'était pas enceinte de lui mais de son jumeau, Mayuran, le mari de Suganthini. Elle avance une nouvelle explication pour ses coupures à la main : elle s'est blessée en tentant d'enlever le couteau des mains de son beau-frère. Elle trouvera d'autres explications boiteuses pour se disculper au sujet d'autres éléments de preuve accablants.
Lors des plaidoiries, le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier, a fait valoir que le récit de Suganthini était truffé de mensonges et d'invraisemblances. L'avocate de l'accusée, Me Sharon Sandiford, a soutenu qu'il y avait doute raisonnable. Le jury a rendu son verdict en moins de 24 heures, le 16 février dernier : coupable de meurtre non prémédité, ce qui a valu à la jeune accusée une condamnation automatique à la prison à vie. La juge lui a toutefois imposé le minimum de temps à purger dans les circonstances avant d'être admissible à une liberté conditionnelle, soit 10 ans.
Notes de procès>
Dayani et Suganthini suivaient des cours d'intégration à l'école St. Pius X. Elles étaient dans la même classe et partageaient le même sac d'école. Le jour du crime, elles n'y étaient pas allées.
> Lors de l'autopsie, le pathologiste adécouvert que Dayani était atteinte de tuberculose, maladie hautement contagieuseà déclaration obligatoire.
> Au procès, la belle-mère apprendra que sa belle-fille Dayani ne l'aimait pas et qu'elle la trouvait injuste et autoritaire. «Si elle pense qu'après la naissance de l'enfant je vais rester à la maison, elle se trompe», disait notamment Dayani.
> Depuis le crime, le mari de Suganthini aentrepris une procédure de divorce, toujours pendante parce que «ça coûte cher». Il a témoigné au procès de Suganthini, après que la cour se fut assurée qu'aucune réconciliation avec son épouse n'était possible. Dans le cas contraire, il aurait été exempté de témoigner.
> Dayani a le statut de résidente permanente au Canada.
> La famille au grand complet est maintenant établie à Toronto.
Un "projet" est un rêve qu'on décide un jour de réaliser en y mettant la persévérance et le courage qu'il faut... quitte à se donner des coups de pieds au cul tous les matins !!!
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Citation :Les mariages arrangés, avec dot à la clé, sont encore très courants au Sri Lanka. On s'étonnera toutefois d'une étrange particularité : l'un des facteurs qui entrent en compte dans le choix des époux (qui, souvent, ne se connaissent même pas) est leur horoscope, ou plutôt leur thème astral. Mme Thanikasaladevi a d'ailleurs raconté avec une certaine fierté que des Tamouls d'ici avaient montré de l'intérêt pour ses jumeaux. Certains avaient même insisté pour qu'elle leur montre le thème astral de ses rejetons pour voir s'ils étaient compatibles avec ceux de filles à marier. Mais elle avait toujours refusé. «Ici, on ne connaissait pas beaucoup les gens, alors au lieu de mal choisir, on voulait retourner au pays pour choisir pour mes fils», a-t-elle expliqué.
Un bel exemple qui démontre qu'il y a choc des cultures. Une femme même au Canada n'est encore qu'une simple marchandise esclave de sa belle-famille.
Pour l'histoire il serait intéressant de savoir si le bébé était vraiment du beau-frère, c'est faisable par l'ADN. Car, encore culture oblige, une femme enceinte d'un autre homme que son mari est toujours coupaple peu importe que ce soit voulu ou non.
Un bel exemple qui démontre qu'il y a choc des cultures. Une femme même au Canada n'est encore qu'une simple marchandise esclave de sa belle-famille.
Pour l'histoire il serait intéressant de savoir si le bébé était vraiment du beau-frère, c'est faisable par l'ADN. Car, encore culture oblige, une femme enceinte d'un autre homme que son mari est toujours coupaple peu importe que ce soit voulu ou non.
Fabine a écritCitation :Les mariages arrangés, avec dot à la clé, sont encore très courants au Sri Lanka. On s'étonnera toutefois d'une étrange particularité : l'un des facteurs qui entrent en compte dans le choix des époux (qui, souvent, ne se connaissent même pas) est leur horoscope, ou plutôt leur thème astral. Mme Thanikasaladevi a d'ailleurs raconté avec une certaine fierté que des Tamouls d'ici avaient montré de l'intérêt pour ses jumeaux. Certains avaient même insisté pour qu'elle leur montre le thème astral de ses rejetons pour voir s'ils étaient compatibles avec ceux de filles à marier. Mais elle avait toujours refusé. «Ici, on ne connaissait pas beaucoup les gens, alors au lieu de mal choisir, on voulait retourner au pays pour choisir pour mes fils», a-t-elle expliqué.
Un bel exemple qui démontre qu'il y a choc des cultures. Une femme même au Canada n'est encore qu'une simple marchandise esclave de sa belle-famille.
Pour l'histoire il serait intéressant de savoir si le bébé était vraiment du beau-frère, c'est faisable par l'ADN. Car, encore culture oblige, une femme enceinte d'un autre homme que son mari est toujours coupaple peu importe que ce soit voulu ou non.
Et après ça, on viendrait me dire que l'égalité des femmes et des hommes est acquise au Canada!!! Que les femmes ont le libre choix ici!
Un bel exemple qui démontre qu'il y a choc des cultures. Une femme même au Canada n'est encore qu'une simple marchandise esclave de sa belle-famille.
Pour l'histoire il serait intéressant de savoir si le bébé était vraiment du beau-frère, c'est faisable par l'ADN. Car, encore culture oblige, une femme enceinte d'un autre homme que son mari est toujours coupaple peu importe que ce soit voulu ou non.
Et après ça, on viendrait me dire que l'égalité des femmes et des hommes est acquise au Canada!!! Que les femmes ont le libre choix ici!
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Une femme condamnée pour meurtre aura un nouveau procès
Publié le 07 octobre 2011 à 08h40

Christiane Desjardins
La Presse
Dans une décision très partagée, la Cour d'appel vient d'ordonner qu'une jeune Sri Lankaise, condamnée en février 2007 pour le meurtre de sa belle-soeur, ait un nouveau procès.
Des instructions différentes en droit, notamment l'ouverture d'une défense de provocation, auraient pu amener le jury à déclarer l'accusée, Suganthini Mayuran, coupable d'homicide involontaire, plutôt que de meurtre au deuxième degré, estiment deux des juges qui siégeaient en appel, Nicole Duval Hesler et Marc Beauregard. Le troisième juge, André Rochon, aurait laissé les choses telles quelles, car à son avis, cette défense n'avait aucune chance de réussir. D'abord, parce que cette théorie n'a même pas été évoquée par la défense lors du procès. De fait, l'accusée niait être l'auteure du crime. Ce n'est que dans l'exposé d'appel que la défense de provocation a été évoquée. Mais voilà, le juge estime que la provocation alléguée n'était pas de nature à priver quelqu'un de sa contenance.
L'accusée et la victime, Dayani Manchutan, avaient toutes deux 21 ans lors du drame, qui s'est produit le matin du 4 décembre 2004. Mme Mayuran, qui n'était au pays que depuis quatre mois, a poignardé Mme Manchutan à 45 reprises, dans l'appartement de l'avenue De L'Épée, dans Parc-Extension, où elles vivaient avec leurs maris respectifs (des jumeaux), les parents et la soeur de ces derniers. La provocation viendrait du fait que la victime, qui était enceinte de trois mois, se serait moquée de l'accusée en disant qu'elle était plus instruite qu'elle. Au départ, l'accusée avait soutenu qu'un voleur avait commis le crime. Elle a ensuite changé sa version et accusé un des jumeaux. Mais toutes les preuves pointaient en direction de l'accusée, qui était seule avec la victime dans l'appartement au moment du drame. Les deux jeunes femmes avaient épousé les jumeaux dans le cadre de mariages arrangés par leurs parents.
Au terme du procès, le jury avait déclaré l'accusée coupable de meurtre au deuxième degré, et la juge France Charbonneau lui avait imposé la peine minimale à purger, soit 10 ans.
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Publié le 07 octobre 2011 à 08h40

Christiane Desjardins
La Presse
Dans une décision très partagée, la Cour d'appel vient d'ordonner qu'une jeune Sri Lankaise, condamnée en février 2007 pour le meurtre de sa belle-soeur, ait un nouveau procès.
Des instructions différentes en droit, notamment l'ouverture d'une défense de provocation, auraient pu amener le jury à déclarer l'accusée, Suganthini Mayuran, coupable d'homicide involontaire, plutôt que de meurtre au deuxième degré, estiment deux des juges qui siégeaient en appel, Nicole Duval Hesler et Marc Beauregard. Le troisième juge, André Rochon, aurait laissé les choses telles quelles, car à son avis, cette défense n'avait aucune chance de réussir. D'abord, parce que cette théorie n'a même pas été évoquée par la défense lors du procès. De fait, l'accusée niait être l'auteure du crime. Ce n'est que dans l'exposé d'appel que la défense de provocation a été évoquée. Mais voilà, le juge estime que la provocation alléguée n'était pas de nature à priver quelqu'un de sa contenance.
L'accusée et la victime, Dayani Manchutan, avaient toutes deux 21 ans lors du drame, qui s'est produit le matin du 4 décembre 2004. Mme Mayuran, qui n'était au pays que depuis quatre mois, a poignardé Mme Manchutan à 45 reprises, dans l'appartement de l'avenue De L'Épée, dans Parc-Extension, où elles vivaient avec leurs maris respectifs (des jumeaux), les parents et la soeur de ces derniers. La provocation viendrait du fait que la victime, qui était enceinte de trois mois, se serait moquée de l'accusée en disant qu'elle était plus instruite qu'elle. Au départ, l'accusée avait soutenu qu'un voleur avait commis le crime. Elle a ensuite changé sa version et accusé un des jumeaux. Mais toutes les preuves pointaient en direction de l'accusée, qui était seule avec la victime dans l'appartement au moment du drame. Les deux jeunes femmes avaient épousé les jumeaux dans le cadre de mariages arrangés par leurs parents.
Au terme du procès, le jury avait déclaré l'accusée coupable de meurtre au deuxième degré, et la juge France Charbonneau lui avait imposé la peine minimale à purger, soit 10 ans.
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