Publié le 13 décembre 2011 à 11h09 | Mis à jour à 15h37
Le conjoint de Diane Grégoire arrêté
David Santerre
La Presse
La découverte, le 21 novembre, des ossements de Diane Grégoire sur un terrain boisé de Côteau-du-Lac, environ 45 minutes à l'ouest de Montréal, avait donné un nouveau souffle à cette enquête fleuve initiée par la police de Longueuil. C'est là que s'était amorcée l'enquête car selon la version des faits donnée par Laplante le 31 janvier 2008, jour où il a signalé la disparition de sa femme, il l'avait perdue de vue au centre commercial Promenades Saint-Bruno.
Après des fouilles de plusieurs semaines, au début de l'automne, au cours desquelles des tonnes de terre ont été soigneusement tamisées près de l'incinérateur d'une ferme porcine de Saint-Valérien-de-Milton, dans la région de Granby, la police de Longueuil avait même soumis son dossier d'enquête au Directeur des poursuites criminelles et pénales, jugeant avoir assez de matière pour qu'un suspect soit accusé du meurtre.
Cependant, quand les ossements ont été découverts par un marcheur, très loin de la ferme porcine, l'enquête a été transférée à la SQ, car le corps a été trouvé sur son territoire.
C'est aussi pour cette raison que Laplante sera formellement accusé mercredi matin de meurtre au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, car c'est dans ce district judiciaire que se trouve Côteau-du-Lac et que le meurtre aurait pu être commis.
Dans un point de presse bref et laconique, le lieutenant Guy Lapointe, de la SQ, a confirmé l'arrestation sans confirmer l'identité de Laplante. Une pratique policière habituelle quand un suspect n'est pas encore formellement accusé.
Il a confirmé que l'arrestation a eu lieu à Saint-Hyacinthe, en milieu d'avant-midi. C'était une arrestation sans mandat, comme le permet la loi dans certaines situations, et Laplante n'a pas résisté.
Il est arrivé au quartier général de la SQ, rue Parthenais, vêtu de son uniforme de camionneur chez Pepsico Canada, veste à l'effigie du distributeur alimentaire et dossard jaune fluorescent, menotté et fixant le sol constamment, en vue d'être interrogé avant sa comparution demain.
Le lieutenant Lapointe a aussi refusé de mentionner si des éléments recueillis sur la scène où fut découvert le cadavre de Diane Grégoire ont permis de le relier au meurtre. Il a cependant confirmé ses dires de l'époque de la découverte, c'est-à-dire que ce développement ne les a pas forcé à reprendre leur enquête à zéro, mais a plutôt permis d'étoffer le dossier jusque-là concocté par les enquêteurs longueuillois.
Rappelons que le jour de la disparition, selon certaines versions des faits données par Laplante dans les jours suivants le 31 janvier 2008, il se serait rendu avec Diane Grégoire dans la région de Vaudreuil-Dorion, près de Côteau-de-Lac, pour y jeter un oeil sur des terrains résidentiels à vendre. Ce n'est qu'après qu'ils seraient revenus aux Promenades Saint-Bruno, où il disait avoir perdu sa femme de vue.
Paul Laplante ne possède qu'un antécédent judiciaire en matière criminelle, soit une accusation de harcèlement criminel survenu un an et demi après la disparition de Mme Grégoire.
La Presse rapportait d'ailleurs en exclusivité le 30 novembre dernier que M. Lapante doit subir un procès en février prochain pour avoir, pendant un an, harcelé un très proche cousin et voisin de Diane Grégoire.
Paul Laplante avait dû s'engager, en attente de son procès, à ne pas s'approcher de la résidence de Daniel Grégoire, ni «le suivre de place en place». On ignore la raison de ce harcèlement que M. Laplante aurait fait subir au cousin, mais l'avocat de l'accusé, Me Robert La Haye, affirmait que cela n'avait aucun lien avec la disparition de Diane Grégoire.
Contacté aujourd'hui, Me La Haye affirme ne pouvoir en dire beaucoup plus sur son client, secret professionnel oblige. Il confirme seulement son arrestation et le fait que, comme le prévoit la loi, Laplante a pu le contacter une fois arrêté, avant d'être interrogé par la police.
La Presse a aussi tenté de discuter avec les voisins du condo de Blainville où Laplante a habité ces derniers mois en compagnie d'une nouvelle conjointe. Nous avons toutefois appris qu'il n'y habitait plus depuis «trois ou quatre semaines», selon un voisin.
Chantal Morin, membre du Comité de recherche de Diane Grégoire, qui avait été formé peu de temps après sa disparition, s'est dite heureuse de ce dénouement.
«Ça vient combler nos désirs. On s'y attendait depuis quelques semaines», a-t-elle commenté.
Elle ne veut dire si elle est surprise ou nom de l'identité du suspect, Paul Laplante, se contentant de dire qu'il s'est peu impliqué dans la recherche de sa conjointe dans les semaines suivant la disparition.
«Les seule fois où il est venu, c'était pour la marche, au début, qui avait réuni 400 personnes. Il était resté retiré dans un coin tout le temps de la marche. Il était aussi là pour la célébration d'amour et d'espoir. Mais pour les opérations de recherche et sensibilisation, il n'était pas là. Ce sera maintenant à la justice de prouver que c'est lui», conclut la dame.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/qu ... cueil_POS3" onclick="window.open(this.href);return false;